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parlement

  • Élire une Assemblée, pourquoi ?

    Par : Mustapha Hammouche

    Le RND s’est dit satisfait de sa relative défaite. Un peu comme s’il acceptait la règle du jeu : après sa razzia sur l’APN en 1997, le FLN n’en finit pas de lui rendre la monnaie de sa pièce (199 contre 47 sièges en 2002, 136 contre 61 en 2007 et 22 contre 68 aujourd’hui).
    Mais ce n’est pas la fin du monde ; le système a besoin du RND, dans la proportion à laquelle il le taille. Et les législatives sont faites pour cela : pour redimensionner les partis politiques en fonction du rôle qu’on veut leur confier. Nul ne peut prétendre ignorer ce statut d’accessoires dévolu aux partis politiques. Et si certains poussent des cris d’orfraie devant leur maigre récompense, c’est juste parce qu’ils veulent faire semblant d’ignorer la véritable utilité des partis politiques dans le fonctionnement du système algérien. À l’évidence, le FLN et le RND sont les seuls à assumer cette fonction. Il faut dire qu’ils ont solidairement le beau rôle de partis majoritaires et de pouvoir. Certains petits partis se mettent en réserve dans une posture d’opposition “constructive”, en attendant qu’on pense à eux pour de plus valorisantes positions.
    Il n’est donc pas crédible de se scandaliser de l’opacité ou de l’irrégularité d’une élection cette fois-ci, à laquelle on a participé en connaissance de la nature du système. La démocratie, ce serait quand on gagne et l’arbitraire quand on perd.
    Il faut peut-être rappeler à ce qui nous tient lieu de classe politique que leur participation même est un acte de défiance à l’égard de l’électorat dont ces “leaders” déçus revendiquent les voix : les Algériens n’ont pas voté, sinon pour 35,24%. Car des 42,90 % votants, il faudrait retrancher les 1 668 507 d’électeurs qui sont allés glisser un bulletin nul ou blanc pour s’éviter les représailles bureaucratiques, soit 7,66%. Ce qui donne une abstention réelle de 64,76%. Ceci, en donnant crédit aux chiffres officiels !
    Mais qui représente alors les deux tiers d’électeurs qui se sont abstenus ? Sûrement pas les candidats qui se sont présentés, et leurs partis, qui, dans ce divorce entre le système et la majorité silencieuse, vraiment majoritaire pour le cas, ont pris le parti du système ?
    Et pour vider le vote de son sens, s’il en avait encore un, Belkhadem nous annonce — histoire de rassurer ses amis du RND — que  “la constitution du futur gouvernement est du ressort du seul Président et elle n’est pas tributaire d’une majorité ou d’une minorité parlementaire”. Il appelle cela le régime présidentiel. Aberration juridique, puisque dans le régime présidentiel, il y a une stricte séparation de l’Exécutif et du législatif et le Parlement peut bloquer la décision du Président quand elle n’est pas conforme aux vues de la majorité. Notre régime n’est pas parlementaire non plus, justement parce qu’en pareil cas, le gouvernement est nécessairement issu de la majorité.
    Nous sommes tout simplement sous régime autocratique. Et s’il y a une institution paradoxale, c’est bien le Parlement. Et l’électeur, en plus d’avoir compris la nature du système, a compris la vanité de la mise en scène législative.

  • Des chiffonniers et des ferrailleurs au Parlement

     

    Par

    Pourquoi avoir autorisé l'importation de la friperie? pourrait-on demander à nos élus nationaux. Est-il vital de revenir à l'exportation des métaux ferreux et non ferreux? Nous avons honte! Honte de cette image que nous renvoyons au monde entier! De chiffonniers et de ferrailleurs qui dictent leurs lois.

    Tout le monde aura remarqué que les vols de câbles électriques et de téléphone se multiplient et s'étendent à travers l'ensemble du pays. Tout le monde aura aussi remarqué l'agitation des parlementaires autour de la friperie. Deux symptômes en apparence différents mais aux effets identiques. Les deux phénomènes se rejoignent pour se retrouver aux ports. L'un en partance et l'autre en provenance de...Quand un ballot de vieux vêtements est déchargé sur le quai, un autre de métaux ferreux et non ferreux embarque pour l'étranger. Plus besoin de continuer encore dans les images pour comprendre que tous deux relèvent du commerce extérieur. C'est-à-dire des devises.
    C'est-à-dire des transferts d'argent. On peut englober tous ces détails dans le terme générique plus clair de «syndrome du container». Il ne faut pas être sorcier pour comprendre l'attrait qu'exercent sur nos «Businessmen» les marchés extérieurs. Peu importe le produit, pourvu qu'il se négocie en devises. Donc le phénomène n'est pas circonscrit aux câbles et à la friperie seulement. La panoplie est large. Même s'il est plus indiqué d'appréhender le problème dans son sens le plus large, disons quelques mots, tout de même, sur les câbles et la friperie. Certains de nos parlementaires ne se retiennent plus. L'indécence, la retenue, le sens des responsabilités, le respect des électeurs, sont des notions dont ils ont une perception plutôt personnelle qui n'a rien à voir avec ce qui est admis jusque-là. Pourquoi avoir autorisé l'importation de la friperie, pourrait-on demander à nos élus nationaux? Avez-vous pensé au sévère coup que vous portez à la production nationale déjà en butte à de multiples problèmes? Avez-vous pensé à la santé des citoyens qui vous ont fait, députés et sénateurs, VIP (Very Important Personnalité). Avez-vous pensé à l'économie nationale qui a plus besoin d'investissements et de diversification que de commerce?
    Comme nous ne sommes pas naïfs, nous n'attendrons pas de réponse de leur part. Nous allons poser des questions à ces mêmes élus, mais cette fois sur les câbles électriques pour avoir les réponses à nos premières questions sur la friperie. Non, non, ce n'est pas compliqué! Est-il vital de revenir à l'exportation (gelée depuis 2009) des métaux ferreux et non ferreux?
    Que rapporte cette exportation à l'économie nationale? Jusque-là que des scandales! Pour arrêter les vols de câbles d'électricité, de téléphone, de regards d'égouts, voire, dans un futur proche de rails de chemins de fer et de tout autre métal, comme cela s'est vu dans certains pays, il suffit de «fermer» le moyen d'en tirer profit. C'est-à-dire d'en interdire définitivement l'exportation et d'alourdir les sanctions prévues, dans ce cas, contre les contrebandiers! C'est tellement simple que devant la persistance de l'activité, il y a sérieusement lieu de se poser la question de la force du lobby qui est derrière et qui agite l'épouvantail de la contrebande. Le lobby du container. Au départ, pour les métaux et à l'arrivée, pour la friperie. Il est vrai que les transactions financières sont à sens contraire.
    Mais allez vérifier les surfacturations ou les sous-facturations selon qu'il s'agisse d'import ou d'export, lorsqu'il s'agit de produits déclassés au rang de «déchets». Le plus grave et qui touche à notre dignité est le fait d'avoir élu parmi les députés et les sénateurs, des chiffonniers et des ferrailleurs.
    C'est tout le niveau que nous avons assuré à notre représentation nationale. Donc, nous méritons qu'ils se «sucrent» sur notre dos. Nous devons totalement assumer la risée qu'ils provoquent à l'étranger. Nous ne pouvons que subir sans broncher puisque nous les avons nous-mêmes élus. Nous avons donc les députés et sénateurs que nous méritons.
    Et si dans un sursaut de fierté retrouvée, il nous viendrait à l'esprit de corriger cette monstrueuse erreur, il n'y a qu'à attendre l'année prochaine. L'année des législatives et des municipales. Il nous suffira alors de faire le bon choix et de sanctionner ceux qui auront failli en les privant de nos voix. Nous sommes de ceux qui pensent qu'il ne serait pas inutile de conditionner l'élection d'un député, d'un sénateur ou d'un maire par une prestation de serment.
    De loyauté. De patriotisme.
    De civisme. De servir et non de se servir. Dans un autre monde bien meilleur, des associations civiles auraient été mises à contribution. Pour poursuivre en justice les parlementaires lors des vols de câbles dont ils sont de facto des complices. De les poursuivre aussi lors des atteintes à la santé publique provenant de la friperie. En attendant, nous avons honte! Honte de cette image que nous renvoyons au monde entier! D'être tous des chiffonniers et des ferrailleurs. Pas dans le sens noble de toute profession. Dans le sens le plus péjoratif de valeurs déglinguées. Oui, nous avons honte!