Abdelaziz Bouteflika annoncerait, ce week-end, un remaniement gouvernemental assez significatif, croit savoir le Soir qui cite " une source très bien informée ". Le principal changement serait la désignation de Yazid Zerhouni, l’actuel ministre de l’Intérieur, à la tête du ministère de l’Énergie et des Mines en remplacement de Chakib Khelil, "brûlé" par les derniers scandales de Sonatrach.
Zerhouni, lui, céderait le ministère de l’Intérieur à Abdelmalek Sellal ou alors à Dahou Ould Kablia.
Le gouvernement sera toujours conduit, toutefois, par Ahmed Ouyahia.
Si l'information se confirme, elle attesterait de la gravité des scandales en cours dans le secteur de l'Energie et d'une panique au sein du clan de Bouteflika, obligé de "lâcher" l'Intérieur pour envoyer leur homme de confiance "éteindre" le feu à l'Energie et bloquer les enquêtes en cours.
Rappelons que les investigations sont toujours en cours dans l'affaire Sonatrach et que l'étau se resserre autour de Chekib Khelil.
En janvier 2010, une enquête du DRS avait mis Sonatrach au cœur du plus gros scandale de corruption qu’ait connu l’Algérie. Son PDG, Mohamed Meziane (soixante ans), et 10 cadres dirigeants dont trois vice-présidents ont été inculpés par la justice pour divers affaires présumées de corruption. Deux des vice-présidents, un ancien PDG de la banque publique, le Crédit populaire d’Algérie (CPA), et son fils, dirigeant un bureau d’études, ainsi que les deux enfants de M. Meziane et un entrepreneur privé ont été placés sous mandat de dépôt. Tous accusent le ministre de l'Énergie, proche du président Bouteflika
Quinze autres personnes exerçant dans la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach ont été mises sous mandat de dépôt, dont trois vice-présidents de l'ancien président-directeur général, Mohamed Meziane.
Chekib Khelil lâche le mot de trop et parle d’« attaque contre le clan présidentiel », reconnaissant publiquement l’existence de clans au sein du pouvoir !
Son neveu, Mohammed Rédha Hemch, ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach, recherché, serait l'homme-lige des malversations à Sonatrach pour le compte du clan présidentiel. Le ministre de l’Energie a organisé sa fuite pour le mettre à l’abri des éventuelles retombées de l'enquête et l'a placé dans la filiale Sonatrach International Holding Corporation filiale (Samco) à Lugano.
L'enquête du DRS porte sur des marchés publics contractés dans des conditions frauduleuses et des dilapidations de biens publics.
L'audition a été renforcée par l'envoi d’une commission rogatoire auprès de banques suisses et anglaises et américaines pour le recensement des biens de quelques inculpés.
Rappelons aussi que le DRS a entamé une autre enquête au sujet des sommes faramineuses déboursées dans le cadre de l'organisation de la 16e conférence internationale du gaz naturel liquéfié (GNL16) qu'a abritée la ville d'Oran en avril dernier. Selon le quotidien Le Temps, qui cite des "sources dignes de foi", Abdelhafid Feghouli, directeur de l'activité «aval» de Sonatrach qui a occupé le poste de président-directeur général intérimaire lors de la tenue de la Conférence sur le GNL, est désormais dans le collimateur des services de sécurité. Il devrait comparaitre dans les prochains jours devant la justice pour s'expliquer sur l'enveloppe déployée pour le financement de la 16e conférence internationale du GNL, laquelle est de l’ordre de 800 millions de dollars.
L'enquête des services de sécurité vise à démontrer si cette somme d'argent astronomique qui été déboursée pour assurer la bonne organisation de la Conférence du GNL16 n'a pas fait l'objet d'une surfacturation. Et il n'y a pas que les services de sécurité qui enquêtent à ce sujet.
La mission de Zerhouni serait donc de bloquer toutes ces enquêtes.
A suivre...
L.M.