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saïd sadi dans une conférence à paris : il faut en finir avec l’

  • Saïd Sadi dans une conférence à Paris : Il faut en finir avec l’autisme politique

     


    Saïd Sadi dans une conférence à Paris : Il faut en finir avec l'autisme politique


    Invité par le Club des journalistes algériens de France (CJAF) à l’occasion de la sortie de son dernier livre, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, a dressé un bilan à charge contre le pouvoir algérien.


    Paris

    De notre correspondant

    Le constat est sans appel : « Les jeunes se réfugient au maquis où se jettent à la mer, les cadres fuient pour préserver leurs enfants d’un système éducatif suicidaire et le divorce entre peuple et dirigeants n’a jamais été aussi patent », diagnostique le docteur Saïd Sadi. Avec son sens de la formule qui fait tilt à chaque fois, le président tire au bazooka sur la politique du gouvernement. Pour lui, il n’y a plus d’Etat, mais un « conglomérat de clientèles lié par des archaïsmes tribaux d’où des risques évidents de dérapages ». Il en veut pour preuve la gestion des conflits souvent par la violence et ne cache pas son écœurement sur le manque de visibilité, de lisibilité de l’action gouvernementale. Un peu comme si l’Algérie navigue à vue et sans aucune ambition affichée. « Pour se rassurer, les différentes sectes se réfugient dans le recrutement tribal, chacune squattant l’espace qui lui est dévolu. Il n’y a plus d’Etat en Algérie. Les archaïsmes régionalistes ont étouffé les valeurs nationales laborieusement configurées par la guerre de Libération. Cet évanouissement éthique et la confusion politique qu’il génère ont transformé l’Algérie en jachère où divers concurrents se disputent les restes d’un cadavre. »

    Face à la presse internationale, Saïd Sadi n’a pas manqué de lancer un appel pour arrêter « la complicité » vis-à-vis des autorités algériennes. « Il reste que la communauté internationale doit assumer sa part de responsabilité en mettant un terme à une complaisance sinon une complicité avec des acteurs politiques de toute façon disqualifiés et dont l’incurie constitue aujourd’hui une menace régionale géostratégique. Les Algériens auront à prendre leur responsabilité pour réhabiliter leur nation dans l’unité en s’engageant pour un changement de régime et non un changement dans le régime. » Pour lui, la condition sine qua non pour un retour à un régime crédible, il faut que l’Occident arrête de cautionner les fraudes électorales.

    Revenant sur la polémique suscitée par son dernier livre, (Amirouche, éditions L’Harmattan), il dit qu’il a voulu un débat historique et qu’il a eu droit à une réaction hystérique. « Je viens de publier un livre sur le colonel Amirouche dont le parcours et la séquestration de ses restes par Boumediène sont un vrai condensé de l’histoire algérienne d’avant et d’après-indépendance. Les réactions massives, passionnées et souvent violentes soulevées par cet ouvrage sont, me semble-t-il, un double signal. D’une part le peuple algérien veut connaître la vérité sur son passé, d’autre part, du côté du pouvoir il n’y a aucune volonté à admettre la nécessité de prendre acte de la fin d’une époque pour en anticiper les suites et éviter au pays une fin de règne chaotique. » « Il en a été ainsi du pluralisme politique qui n’a vu le jour qu’après la tragédie d’octobre 1988, alors qu’à l’évidence le régime de l’époque était à bout de souffle. Du coup, l’irruption de la démocratie arriva par effraction et sous contrainte ; ce qui fait que l’on en mesure aujourd’hui les limites. L’Algérie ne vit certes pas sous le parti unique, mais elle est toujours régie par la pensée unique. »

    Pourtant dans cet océan de désespérance, il y a des îlots d’optimisme. « Des syndicats autonomes défiant les services de sécurité se rencontrent et fédèrent leurs énergies, y compris avec leurs collègues étrangers pour briser la tutelle du syndicat du parti unique. Des universitaires s’impliquent dans des contributions en appelant à une alternative au pouvoir et des anciens maquisards invitent publiquement à mettre le FLN au musée pour entreprendre une nouvelle Algérie d’après-guerre. » Après le « centralisme démocratique de Lénine », le « jacobinisme français » et l’unicisme de Khomeiny (sic), des forums et une journée citoyens ? Le psychiatre rêve d’un autre avenir pour son pays.


    Par Rémi Yacine