Par Mélissa Krazem le 21 mars 2012 à 12:30
Le Sahara algérien est-il devenu le nouvel Eldorado des chasseurs émiratis en mal de sensations fortes ? Avec l’accord des autorités, ceux-ci se livreraient à de joyeuses parties de chasse, visant principalement les gazelles et les outardes houbara (grands oiseaux maladroits et fragiles), dont seraient friands les émirs mais qui demeurent (très accessoirement)protégées par des conventions internationales.
Pour assouvir leur soif d’aventure, les braconniers semblent privilégier la région située entre El Bayadh et Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie. Partis enquêter sur l’affaire à Ghardaïa, les journalistes du Matin ont recueilli de nombreux témoignages dénonçant les dérives des riches chasseurs. « Les émirs et autres riches des pays arabes viennent par avion spécial avec tout le nécessaire. Une fois arrivés, ils sont escortés par d’impressionnants escadrons de la gendarmerie dans le désert », affirment des locaux.
D’autres, au service des émirs, fournissent plus de détails sur les pratiques parfois douteuses des participants pendant les safaris. « Ces émirs munis de kalachnikovs, de serviteurs pakistanais et de femmes de jouissance et de toute la logistique nécessaire chassent impunément l’outarde dont ils extraient le cœur et la gazelle pour garder rien que leur tête en guise de trophée ».
Par le passé, les émirs avaient bien tenté d’imposer le braconnage en Tunisie, acte qui avait provoqué une levée de boucliers de la part des associations de défense des espèces menacées. En Algérie, les autorités semblent se montrer bien plus conciliantes avec les chasseurs. Il n’en demeure pas moins que le pays fait figurer la gazelle et l’outarde dans la liste des 73 espèces protégées par le pays. Espérons qu’argent et sens aigu de la persuasion n’auront pas raison de l’existence de ces races, déjà en voie d’extinction.
Source : Slate Afrique