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sommes-nous contre le combat de liu xiaobo ?

  • Sommes-nous contre le combat de Liu Xiaobo ?

    Par : Mustapha Hammouche

    Nos autorités diplomatiques ont donc décidé que l’Algérie était à sa bonne place parmi les pays ayant boycotté la cérémonie de remise du Prix Nobel de la paix 2010 au militant chinois des droits de l’Homme, Liu Xiaobo.
    On ne peut pourtant pas dire que la récompense en question pèche par manque de prestige dans notre pays, et surtout pas parmi les fervents animateurs de l’autodithyrambe du régime. Au cours des années 2007 et 2008, les médias se sont fait l’écho d’opérations de lobbying initiées dans l’intention de faire décerner le prix au président Bouteflika. Dans son édition du 27 février 2008, Le Monde croit avoir la confirmation de “la candidature du Président algérien, soutenue par des députés de son pays pour ses actions audacieuses en vue d'unir et de réconcilier les Algériens” et pour “le retour et le maintien de la paix dans les pays voisins”. C’était avant que le troisième mandat et l’accommodement constitutionnel auquel il nous obligea ne viennent définitivement nous installer parmi les pays qui rament à contre-courant du sens démocratique de l’Histoire.
    Et ce n’est sûrement pas par hasard que l’on se retrouve dans cet attelage de boycotteurs de la cérémonie du comité Nobel, composé de pays comme la Chine, la Russie, le Kazakhstan, la Colombie, la Tunisie, l’Arabie Saoudite, le Pakistan, l’Irak, l’Iran, le Vietnam, l’Afghanistan, le Venezuela, l’égypte, le Soudan, l’Ukraine, Cuba et le Maroc. S’il n’y a eu que quelque soixante-cinq représentations diplomatiques à être invitées à assister à l’événement, on constate que parmi les décommandées d’entre elles, près de la moitié relève du monde géopolitique arabo-musulman. On ne peut pas dire, non plus, que pour le reste, nous sommes en compagnie de modèles de défense des droits de l’Homme avec la Russie ou Cuba. Somme toute, les autorités auront été conséquentes, dans cette attitude avec leur orientation et leur pratique en matière de démocratie.
    Pourtant, nos dirigeants n’ont jamais résisté à la tentation de soigner “leur” image… de l’Algérie à l’étranger, en se revendiquant de la vertu démocratique quand elle peut être acquise à moindre frais. Mais il semble que le nouveau grand frère chinois, initiateur de ce mouvement de grève protocolaire contre le Prix Nobel de la paix se soit fait trop insistant pour laisser le choix à ses plus proches amis. Le cas de certains pays, comme la Serbie, qui, jusqu’aux dernières heures, étaient partagés entre leur absence et leur présence, montre que la pression, de ce côté, comme du côté opposé, a dû être éprouvante pour certains gouvernements.
    D’ailleurs, l’Algérie est l’un des rares pays à n’avoir pas répondu à l’invitation du comité. Le fait de vouloir éviter l’annonce de notre boycott illustre le malaise qu’on ressent à refuser la participation à une telle manifestation.
    Choix délibéré ou effet de pression, l’Algérie n’était pas du bon côté dans la confrontation de l’arbitraire et de la liberté, dans cette affaire. Le régime avait le droit de son choix politique. Mais peut-être pas celui de proclamer, par ce geste, l’engagement du pays contre les luttes démocratiques des peuples, en Chine ou ailleurs.