ParisNicolas Sarkozy a rendu, vendredi, un hommage électoraliste aux harkis et à leurs descendants. A moins de six semaines du premier tour de l’élection présidentielle, il est donné par les sondages largement perdant face à François Hollande.
De notre correspondante
Dans un discours prononcé devant leurs représentants, Nicolas Sarkozy a reconnu que les autorités françaises s’étaient rendues coupables d’«injustice» et d’«abandon» envers les 200 000 supplétifs recrutés par l’armée française pendant la guerre d’Algérie et reconnu que la France avait «une dette» à leur endroit, sans toutefois parler de «réparation». «Pour que vous puissiez pardonner, il faut que la République reconnaisse qu’il y a eu une injustice, qu’il y a eu une forme d’abandon, c’est fait. Maintenant, pardonnez parce que la République a besoin de vous», a-t-il conclu. Pendant sa précédente campagne, il avait promis aux harkis et à leurs familles des «excuses» et des «réparations», promesses qui, selon leurs associations, n’ont pas été tenues.
«Sarkozy est dans une logique de pardon alors que les familles de harkis sont dans une logique de justice, de vérité et de responsabilité» et «la déclaration de Nice est une opération de communication électorale d’un candidat aux abois qui part désespérément à la chasse aux voix», ont réagi des proches de harkis.(«L’injonction incroyable de Sarkozy aux enfants de harkis : ‘Maintenant, pardonnez !’», lettre de Farida Jul sur le site «Harkis Droits de l’homme»). Le candidat socialiste François Hollande avait de son côté adressé, en octobre, un «message» aux harkis et aux rapatriés dans lequel il s’est engagé, en cas d’élection, à «ouvrir l’ensemble des archives concernant cette période et en particulier celle qui a suivi la signature des Accords d’Evian et le cessez-le-feu du 19 mars 1962».
Nicolas Sarkozy compte rattraper son retard sur le candidat socialiste par le vote des rapatriés pieds-noirs, des harkis et de leurs proches, estimés à 3,2 millions d’électeurs potentiels, que lui dispute également le Front national. Selon les sondages, cette communauté est aujourd’hui partagée. En 2007, ils avaient voté à 31% pour Nicolas Sarkozy, 18% pour le candidat du Front national Jean-Marie Le Pen et 20,5% pour la candidate socialiste Ségolène Royal. Pour la présidentielle à venir, c’est Marine Le Pen qui est en tête de ses intentions de vote avec 28%, Nicolas Sarkozy étant à égalité avec François Hollande à 26%.
Au second tour, le président sortant et son rival socialiste seraient aussi à égalité dans cette communauté.