La grève nationale des greffiers largement suivie
Par : Malika Ben
Des huissiers de justice ont été sollicités pour remplacer les greffiers des tribunaux. Ce qui n’a pas été du goût des avocats qui ont préféré demander le renvoi de leur dossier.
Le conseil national des fonctionnaires de la justice, affilié au Snapap, a réussi, hier, son test de vérité ! Le premier jour de la grève a été marqué par un large suivi. Cours et tribunaux du territoire national ont été complètement paralysés dès les premières heures de la matinée par le débrayage des greffiers. À Alger, tous les tribunaux étaient à l’arrêt. Seuls les greffiers de la cour du Ruisseau ont assuré le service de la matinée.
Les tribunaux ont été plongés dans une ambiance indescriptible et une cacophonie totale. Nul ne s’attendait à ce que les greffiers passent à l’action et “statuent” sur l’arrêt total des activités et autres missions des instances judiciaires. Seul un service minimum était assuré pour les prestations urgentes telles que la délivrance des permis d’inhumer, le dépôt de recours, appel et pourvoi en cassation. Une fois de plus, des huissiers de justice ont été appelés à la rescousse pour siéger aux postes de leurs collègues greffiers, mais ceci n’a pas été du goût des robes noires qui ont préféré demander le renvoi de leurs dossiers. La tenue de ces audiences est la seule activité que les tribunaux et des cours ont tenté de ne pas bloquer mais le reste des missions, dont les greffiers sont chargés, ont été totalement paralysées. Selon le premier responsable du conseil du Snapap, “le procureur adjoint et le greffier en chef de la cour d’Alger ont fermé les portes pour que les greffiers ne puissent pas sortir de leur bureau”. Mourad G. dénoncera “la diffusion avant-hier d’un communiqué falsifié portant en-tête du syndicat et signé à mon nom et commençant par des versets coraniques appelant au gel de la grève”. Une ruse qui n’a pas servi puisque le mouvement a été suivi “largement”. C’est pratiquement du “100%”, selon le syndicat. Une première pour le secteur de la justice dont les moindres protestations sont étouffées à leurs premiers balbutiements. Jamais, en effet, un appel à la protestation d’un syndicat du secteur n’a été suivi d’une telle mobilisation. “Même les greffiers du syndicat dit de la tutelle ont répondu au mot d’ordre. Preuve que le malaise est profond”, révèle un membre du bureau exécutif provisoire du syndicat de la tutelle. Et de faire remarquer que cette grève retardera l’examen des recours déposés par les candidats aux législatives au niveau des tribunaux administratifs. À signaler, enfin, que les greffiers luttent depuis des années pour l’amélioration de leurs conditions de travail et leur protection des abus de leurs supérieurs hiérarchiques.