Encerclés, c’est le terme qui convient. A l’Est, des islamistes démocratoïdes et des vengeurs masqués. A l’Ouest, des monarchistes réformistes adeptes prudents du containment. Au Nord, des républicains modernistes en campagne électorale permanente, et enfin au Sud, des chaotistes attentistes, défenseurs de la fin du monde, mais par référendum. Que faire quand on se situe historiquement et géographiquement au milieu de tout ce beau monde ? Rien justement. Attendre, résister, oublier, louvoyer, invoquer les erreurs d’arbitrage au lieu de jouer le match. Prendre du recul ou des réservations sur des places d’avion.
Faire le dos rond ou le nez haut, jeter quelques miettes aux revendeurs de libertés et aux grossistes de l’espoir. Ni centraliste, ni libérale, ni atlantiste, ni islamiste et pas même alarmiste, l’Algérie reste un mystère aux yeux des puissances internationales et de sa propre opinion interne. A cheval entre 51 et 49% et sur un dos d’âne entre le bon sens et l’archaïsme, elle ne sait toujours pas s’il faut pencher ou se balancer, ouvrir ou fermer, libérer ou contrôler, élire ou nommer, décentraliser la décision ou la rassembler dans les doigts de quelques mains. Comme prévu, M. Ould Khelifa, le nouveau patron de l’Assemblée, vient d’invoquer la «spécificité algérienne» pour se dire, avec de fausses larmes, «inquiet pour les pays du Printemps arabe».
Mais dans quelle saison vit l’Algérie ? Automne ou hiver ? Mange-t-elle avec les loups en pleurant avec les bergers ou a-t-elle déjà mangé les bergers à cause d’un élevage intensif de loups ? L’Algérie n’est ni concernée par le Printemps arabe ni par les manifestations anti-américaines, et là réside toute sa grandeur. Elle n’est concernée par rien. Espérons qu’avec son nouveau gouvernement, elle pourra trouver sa voie. N’importe laquelle, mais une voie, une. Car l’Algérie a peut-être raison. Ou pas. C’est tout le problème.