Plus de vingt ans après les événements d’Octobre qui ont endeuillé le pays, la question du « fonctionnement » de la police revient malgré tout à l’ordre du jour. Que peut-il bien y avoir au-delà de cette « pseudo » guerre des chefs qui a transpiré, dernièrement dans la presse, entre le directeur de la DGSN et le ministre de l’Intérieur, autour d’une soi-disant réorganisation de ce corps de sécurité ? Au point où Ali Tounsi a parlé de « conspiration ». Derrière ce « conflit de compétences », les observateurs avertis se sont rendus compte que l’un des enjeux et non des moindres est le contrôle sans partage des Renseignements généraux. El Watan a d’ailleurs rapporté, selon des sources internes à l’institution (voir les éditions des 15 et 24 septembre), que des responsables des RG au niveau d’un nombre de wilayas du pays sont soupçonnés fortement d’avoir « monté de faux rapports, impliquant des hautes personnalités et même des officiers de police ». En clair, les RG auraient été purement et simplement manipulés. Rien que cela ! Alors qu’en 2005, Ali Tounsi avait annoncé, devant toute la presse réunie, la destruction de milliers de « dossiers tendancieux », concernant entre autres des cadres et des hauts fonctionnaires de l’Etat, laissant croire que cela ne se reproduirait plus.
Il y a décidément de quoi être inquiet quand, trois ans après cette annonce médiatique, on constate que rien n’a changé. Et surtout la facilité avec laquelle les RG peuvent être instrumentalisés, sans qu’il y ait le moindre recours, la moindre protection, la moindre garantie à la préservation de l’intégrité morale des individus contre de telles atteintes aux libertés. Les RG, hérités de l’organisation française de la police en Algérie avant 1962, sont très vite devenus après l’indépendance, ce qu’ils sont actuellement, une police politique dont les premières cibles sont les partis politiques, l’opposition au régime en place, les associations, les syndicats, la presse… Tels qu’ils ont été « reconduits » chez nous et tels qu’on les a vus fonctionner – y compris dans le pays où ils ont été inventés – notamment par le fichage des citoyens sans que cela ne soit réglementé ni « balisé » par la loi, ils ne peuvent que conduire à de graves atteintes à la démocratie.
Et surtout, parce que souvent leur méthode de travail, si elle n’est pas orientée à dessein dans le souci de nuire à la personne concernée, est à la base erronée, parce que subjective. Par conséquent, ils ne peuvent être que facilement instrumentalisés, que ce soit dans le cadre des fameuses enquêtes d’habilitation ou toute autre « instruction » qu’elle soit requise par les magistrats ou par d’autres cercles du pouvoir. Tous ces faits sont autant d’arguments qui plaident pour une disparition pure et simple de cette police politique que sont les RG. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que ni Yazid Zerhouni ni Ali Tounsi ne sont favorables à une telle éventualité.
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