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Manipulations médiatiques : Comment l'administration Bush façonne l'information

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C'est un article fleuve, de ceux que sait produire la presse américaine, une investigation fouillée, qui s'appuie sur l'examen de 8 000 pages de documentation. Le New York Times dénonce dans son édition du 20 avril les liens coupables entre les experts militaires employés par de nombreux médias américains et le Pentagone. Sur le site Internet du journal, les visages de ces analystes font la une, sous la mention "message machine".

L'article s'ouvre sur un voyage organisé à Guantanamo par l'administration Bush pour quelques uns de ces experts militaires. Chahuté par le scandale de "ce goulag des temps modernes" (expression d'Amnesty International), le gouvernement américain profite de ce voyage à bord de l'avion utilisé normalement par le vice-président pour faire valoir sa position auprès de ces anciens officiers devenus des relais d'opinion.

Il ne s'agit là que d'un exemple. Pour décrypter ces relations dangereuses entre consultants médiatiques et pouvoir, le journal a obtenu devant la justice que lui soient communiqués toute une série de courriels, transcriptions et documents. A la lecture de ceux-ci, le journal conclut à l'existence de "relations symbiotiques" qui outrepasse la ligne de partage qui doit séparer les journalistes et le gouvernement.

"FAÇONNER LE TRAITEMENT DU TERRORISME"

Des documents du Pentagone qulifient ces consultants d'"auxiliaires" chargés de "multiplier la force du message" et de diffuser les "thèmes et messages" de l'administration, en les faisant passer pour "leurs propres opinions". Ces liens sont souvent aussi très concrets : la plupart de ces commentateurs travaillent parallèlement pour des entreprises en contrat avec le département de la défense, sans toujours le révéler aux médias qui les emploie. Pour ces hommes, un voyage tel que celui organisé fin 2003 en Irak est aussi une opportunité rare d'entrer en contact avec ceux qui décident des achats militaires.

Le Times explique que le système s'est mis en place tandis que se préparait la guerre en Irak et n'a pas cessé de fonctionner depuis. Avec une seul objectif : "transformer les analystes en une sorte de cheval de Troie médiatique, un instrument destiné à façonner le traitement du terrorisme de l'intérieur des grands réseaux de radio et de télévision".

Interrogé par le journal, le Pentagone a défendu son travail avec ces consultants, en affirmant ne leur avoir toujours fourni que des informations exactes. Pour le porte-parole du DoD Bryan Whitman, "l'intention et le but n'est rien d'autre qu'une tentative sérieuse d'informer le peuple américain". Il ajoute qu'il serait "assez incroyable" de penser que des officiers à la retraite pourraient être utilisés "comme des marionnettes par le département de la Défense".

source Le Monde

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