Réagissant à la décision du Président de la République Française de faire défiler les troupes des Etats Africains anciennement sous domination française, aux Champs Elysées à Paris, le 14 Juillet 2010, pour commémorer le Cinquantenaire de l’Indépendance de ces pays, des militants camerounais, dirigeants de Union des Populations du Cameroun (UPC), nous écrivent pour exprimer leur indignation.
« Le Président de la République Française sait certainement que seuls des amis peuvent commémorer ensemble, des évènements heureux. Or, jusqu’à ce que des rapports sains soient établis entre nos Peuples et la France, les Gouvernements successifs de la France et les Peuples africains, ne sont pas des amis.
Si ce qu’on appelle les « Indépendances » de 1960 de certains pays africains a été un évènement heureux pour les Gouvernements français, par contre, pour les Peuples africains, c’est dans les souffrances, la désolation, la guerre pour certains avec de nombreux assassinats de patriotes africains, que ces « Indépendances » ont été acquises de haute lutte.
Les Gouvernements français n’ont jamais envisagé d’accepter positivement l’indépendance de quelque pays africain que ce soit et encoure moins, de donner celle-ci comme le prétend l’Histoire officielle. »
Ils reprennent les arguments contenus dans une récente déclaration du Comité Directeur de l’UPC qui estime que ce défilé est indécent.
« A l’occasion du Cinquantenaire des « indépendances » des pays africains, faire défiler, le 14 Juillet à Paris, aux Champs Elysées, en France, des soldats africains et français, est non seulement indécent, mais aussi une insulte et une provocation intolérables à l’endroit des peuples africains. C’est une insulte intolérable à la mémoire des héros et martyrs des luttes pour cette indépendance. Le Président de la République française serait donc bien inspiré de renoncer à son projet.
Car, au Cameroun par exemple, tout le monde sait que le 1er Janvier 1960, était tout, sauf une fête pour le peuple, puisque le sang des Camerounais continuait à couler ce jour là, par la faute des armes et des soldats colonialistes français !
Les Peuples d’Afrique n’oublieront jamais les crimes commis en Afrique par les colonialistes. Mais le pardon est possible, à condition que la France reconnaisse sa responsabilité, comme l’ont fait d’autres pays européens ou d’ailleurs qui reconnaissaient avoir mal agi contre d’autres Peuples et Nations. »
Etablissant une longue liste de ces crimes, les militants camerounais citent :
- Les massacres de Douala au Cameroun en Septembre 1945
- Les massacres de Sétif en Algérie en Mai 1945
- Les massacres de Madagascar en Mars - Avril 1947 (80 000 morts)
- L’exil du roi Mohamed V du Maroc
- La répression en Tunisie contre le Néo Destour de Bourguiba
- Les massacres de Dimbokro en Côte d’Ivoire (un Sénateur assassiné et plusieurs morts et arrestations (29 Janvier 1950).
- Le sabotage de l’indépendance de la Guinée Conakry en Septembre 1958
- La guerre (désormais reconnue) d’indépendance en Algérie (1954 – 1962)
- La guerre (niée) d’indépendance du Cameroun (1955 – 1971)
• Les coups d’Etat commandités
- L’assassinat ciblé de leaders nationalistes et indépendantistes :
• En Centrafrique : Abbé Barthélémy BOGANDA, alors Premier Ministre dans un bizarre accident d’avion (29 Mars 1959)
• Côte d’Ivoire : Suicide surprenant de E. BOKA, ancien Président de la Cour Suprême (5 Avril 1964)
• Au Cameroun : Ruben UM NYOBE : 13 Septembre 1958
Félix Roland MOUMIE : 3 Novembre 1960
• Etc.
Cette liste de crimes du colonialisme français en Afrique, n’est pas exhaustive, peu s’en faut.
En dehors de ces crimes de sang, il en existe bien d’autres. Ainsi :
- Les économies africaines, en tous cas au Sud du Sahara, sont victimes de la voracité du Gouvernement français et des Sociétés françaises. Qui en Afrique ignore les noms de ELF, BOLLORE ou de BOUYGUES ? Pour ne citer que ces trois. Qui a inventé le Parti Unique, soi-disant pour mieux cimenter l’Unité nationale et hâter le développement ? Or, l’objectif de ce parti unique a été de museler l’opinion publique africaine et d’étouffer toute velléité de revendications pour un système démocratique susceptible de démasquer la confiscation par les colonialistes français de ces « indépendances ». Pendant qu’on imposait le Parti Unique dans nos pays, en France même, on trouvait normal, l’existence de plusieurs partis. Pendant qu’on critiquait les élections gagnées ailleurs à 99 %, on les soutenait en Afrique « francophone » à 99,99 %. »
Les militants camerounais sont sans nuances : « Pour que l’heure du calumet de la paix réelle avec l’Afrique sonne, cela dépend du Gouvernement français.
Pas un soldat africain, le 14 Juillet aux Champs Elysées à Paris ! Car autrement, ce serait une fois encore trahir l’Afrique ! Sur ce problème, c’est la position de l’UPC au service du Peuple camerounais. »
Une proposition pour conclure :
« Si les pays africains anciennement sous domination française, éprouvent un quelconque besoin de faire défiler ensemble leurs troupes pour commémorer le Cinquantenaire des « Indépendances », alors l’Union des Populations du Cameroun (UPC), propose que ce défilé ait lieu à ADDIS ABEBA, capitale de l’Ethiopie et siège actuel de l’Union Africaine ou une quelconque capitale africaine choisie d’un commun accord par les pays concernés. Le jour de ce défilé pourrait être le jour de la création de l’Union Africaine (U.A.) ou le 25 Mai (African Liberation Day). »
Signé :
David EKAMBI DIBONGUE Sébastien NGANSOP et Charles BAKEMHE
Président de la VIe Session Secrétaires de la VIe Session
Docteur Samuel MACK-KIT MOUKOKO PRISO Martin TCHUANYO
Président de l’UPC Secrétaire Général de l’UPC Vice Président de l’UP