Depuis le dernier remaniement gouvernemental, le pays ne semble avoir qu’une seule et unique voix de décision : Ahmed Ouyahia.
Considéré comme le représentant informel des services de sécurité, ce dernier est devenu l’interlocuteur privilégié des délégations étrangères et le tout-puissant décideur que personne n’ose contredire. Américains et Français ne cherchent même plus à négocier avec Abdelaziz Bouteflika. Claude Guéant l’émissaire de Sarkozy, est venu rencontrer Ouyahia avant d’être « invité » à la dernière minute à « saluer Bouteflika ». Les Américains s’adressent directement aux Tagarins ou au Premier ministre. Même le tout puissant big boss d’Orascom, l’Egyptien Naguib Sawiris, dont l’entreprise est malmenée par Ouyahia, s’est rendu à l’évidence : Bouteflika ne peut plus rien pour ses anciens alliés arabes. Du temps où il le croyait, Sawiris, qui veut vendre Orascom à l’état algérien à un prix largement supérieur à sa vraie valeur, avait indélicatement balayé l’offre du gouvernement algérien, exigeant un prix trois fois plus important que celui proposé par l’Algérie. Il comptait sur ses relations avec El-Mouradia et le concours de Moubarak. Or, selon le site Maghreb intelligence, Housni Moubarak, venu présenter ses condoléances à Abdelaziz Bouteflika après la mort de son frère, et qui en a profité, lors de son tête à tête avec le président algérien, pour trouver une issue heureuse au contentieux qui oppose l’Algérie à Naguib Sawiris, patron d’Orascom, est reparti bredouille. Bouteflika lui a signifié que le dossier n’est plus entre ses mains.
Aussi Naguib Sawiris s’est-il résigné à écrire, le 21 juillet dernier, au Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Dans cette lettre, rendue publique par le site d’information Tout sur l’Algérie, Sawiris lance un appel de détresse : il supplie le chef du gouvernement algérien de revenir à la table des négociations.et de réagir en urgence à défaut de quoi Orascom Telecom Algérie risquerait la mort. « Tout retard dans la conclusion de la vente de Djezzy, dans les conditions d’exploitation actuelles, pourrait avoir des conséquences très préjudiciables pour OTH et ses investisseurs. » Depuis le 15 avril dernier, la Banque centrale d’Algérie a bloqué toutes les transactions internationales de l’entreprise, l’empêchant ainsi de payer ses fournisseurs ou de rapatrier ses dividendes. « Depuis avril 2010, Djezzy n’a pu remplir ses obligations de paiement aux fournisseurs pour un montant de plus de 1,524 milliard de dinars (…). Les fournisseurs de Djezzy (…) ont menacé de suspendre leurs services et même d’intenter des actions en justice pour non-paiement », écrit le PDG d’Orascom.
Bien évidemment, le gouvernement algérien n’a donné aucune réponse se confinant dans un silence radio justifié par le ministre du budget par la nécessité de « prendre le temps nécessaire ». Le temps qu’Orascom s’écroule ? Sans doute. Comme le souligne TSA, « le gouvernement semble pour l’instant jouer la carte de la montre dans ce dossier en faisant durer l’évaluation financière d’OTA ». Le 22 juillet dernier, le ministre de la Poste et des TIC, Moussa Benhammadi, et le ministre des Finances, Karim Djoudi, avaient laconiquement déclaré que les négociations commenceraient « bientôt ». L.M.