Halim Benatallah. Secrétaire d’Etat chargé de la communauté nationale à l’étranger
Les citoyens doivent signaler les refus de visa signifiés pas le cachet «refusé»
le 27.08.10 | 03h00 2 réactions
Sitôt installé à la tête du secrétariat d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah laisse entendre qu’il a du pain sur la planche. En dépit de son manque de loquacité, l’on déduit la nécessité de débloquer plusieurs dossiers en suspens.
- Qu’en est-il du projet de décret relatif à la création d’un conseil consultatif pour la communauté algérienne établie à l’étranger ?
Ce projet est une priorité politique, mais ne verra pas le jour de sitôt. Car nous devons réunir toutes les conditions afin d’établir un travail préliminaire. Pour y arriver, il faudrait impliquer la communauté algérienne à l’étranger car le projet en question doit être porté par la communauté même. Les situations changent d’un pays à l’autre, pour cette raison, il nous reste beaucoup à faire pour concrétiser ce projet.
- Que fait l’Etat algérien pour récupérer les cerveaux fuyant le pays ?
La fuite des cerveaux est un dossier lourd qui nécessite de définir l’approche avec les compétences elles-mêmes. D’ailleurs, il faut procéder à un recensement de ces intellectuels, chose dont on ne dispose pas aujourd’hui. Mais il faut savoir que la majorité de cette catégorie préfère contribuer dans des actions et investissements entre l’Algérie et l’étranger au lieu de revenir s’installer définitivement dans son pays. Cela s’explique par les positions intéressantes dont ils bénéficient que ce soit en médecine, en commerce, dans la recherche scientifique ou dans d’autres secteurs... De notre côté, nous y travaillons sérieusement.
- Le secrétariat d’Etat chargé de la communauté nationale à l’étranger s’est-il penché sur le dossier des harraga ?
Ce dossier relève des affaires consulaires. Il est géré d’un point de vue consulaire. Et encore, car nous nous chargeons des affaires ayant trait aux compatriotes résidant à l’étranger, mais les harraga est une autre catégorie dont s’occupe les affaires consulaires dans les pays où ils se trouvent.
- Le gouvernement algérien fait-il des efforts pour promouvoir son lobby à l’étranger ?
On n’est pas encore là ! Ceci est dû au manque d’organisation dans le travail. Je ne vous apprends pas que rien n’est organisé chez nous. Pour cela, je préfère employer «les points d’influence», pour rester modeste ! Toutes les opérations de rapprochement prennent beaucoup de temps (20 à 30 ans). Constituer un lobby n’est pas chose aisée. Mais ce qui est rassurant, c’est que la communauté algérienne à l’étranger commence à s’organiser en réseaux, afin de tisser des relations avec les autres pays. Pour ce faire, nous avons besoin de notre communauté, car un lobby se forme dans les milieux scientifiques, à travers les élus à différents niveaux, les associations religieuses et locales, etc. Nous avons un potentiel énorme, donc, il faut créer des synergies afin d’éviter des contraintes qui retarderaient le projet, à savoir le manque de coordination entre les différents acteurs. En Algérie, les associations ne s’entendent pas entre elles. Idem pour les personnalités. D’un autre côté, les mésententes entre l’Algérie et l’étranger nous causent beaucoup de tort. Le travail va consister à dépasser toutes ces déficiences. L’essentiel, dans un premier temps, est de continuer à renforcer nos relations avec les autres pays afin de ne plus se heurter à des ruptures d’action.
- Des Algériens établis à l’étranger se plaignent des prestations des services consulaires dans leurs pays respectifs. Avez-vous enquêté sur cette défaillance ?
ça dépend sur quelle question. Des fois, ces plaintes sont vérifiées, parfois elles ne le sont pas. S’agissant de la question de la délivrance des pièces d’identité et du passeport, il y a quelques années, il fallait attendre plusieurs semaines. A présent, même en période de pointe, à savoir juste avant l’été, la communauté se précipite pour venir en Algérie et consulte le consulat pour renouveler les documents de voyage, et tout se fait en un temps très court. Donc, il y a un travail de proximité, mais parfois les consulats sont dépassés par le travail, notamment en période de pression. Lorsque mille personnes se présentent dans la même journée, comme c’est le cas à Marseille au mois de juin, il y a forcément des mécontents. Mais, en général, les documents sont délivrés dans la matinée et il est rare que les gens reviennent. Quant aux visas des étrangers désirant venir en Algérie, nous sommes bien plus souples que les procédures exigées et imposées aux Algériens par les différents consulats étrangers.
- Avez-vous essayé de pallier le problème de délivrance de visas aux Algériens ?
Le dossier des visas n’est pas du ressort du secrétariat d’Etat chargé de la communauté nationale à l’étranger. En revanche, j’ai été sensible sur ce point et j’ai soulevé la question avec l’ambassadeur d’Espagne, notamment sur la pratique du cachet «refusé». Mais cela n’est pas appliqué par tout le monde. J’ai entendu dire, à travers la presse, que les Français faisaient la même chose. Donc, on demande à nos concitoyens de nous en informer, mais on ne sait pas quelle est l’ampleur de cette pratique. Pour cette raison, je souhaiterais ne pas m’introduire dans un terrain qui n’est pas le mien.
- Sur quels points achoppent les négociations sur la révision de l’accord franco-algérien de 1968 ?
Idem pour ce dossier qui ne fait pas partie de mes prérogatives. Cela ne veut pas dire que, dans quelque temps, je ne vais pas m’en occuper.
Bio express :
Diplômé à l’Ecole d’administration algérienne (ENA), Halim Benatallah a embrassé une longue expérience dans la diplomatie. Il a été ambassadeur d’Algérie à Bruxelles de 2002 à 2008. Il a eu, entre autres, à gérer le dossier de l’accord d’association Algérie-UE, après avoir assuré la direction Europe au ministère des Affaires étrangères.