Au moment où la Cour des comptes est réactivée et un ensemble de dispositifs mis en place pour lutter contre la corruption, on arrête le président de l'Association de lutte contre la corruption pour une ridicule affaire d'ordonnances, dans un pays où tout le monde fait semblant d'être malade. Ce n'est pas une blague, logiquement, si l'on veut lutter contre la corruption, on associe à cette opération ceux qui activent dans le domaine. Il s'est passé exactement le contraire, on a arrêté ceux qui luttent contre la corruption. On peut se poser, vu le niveau d'amateurisme, quelques questions sur l'efficacité du régime : pourquoi ne pas avoir plutôt mis un kilo de cocaïne dans la poche de Djilali Hadjadj ? Pourquoi ne pas avoir acheté un témoin qui jurerait que Djilali Hadjadj lui a volé un poster de Michael Jackson ? Cette absence de finesse conduit à se demander s'il faut encore tenter de sauver le soldat Ryan, en se disant que le régime algérien est capable d'évoluer.
Difficile, d'autant que deux rapports viennent de tomber, qui épinglent l'Algérie pour son agressivité à l'encontre des droits de l'homme et sur son incapacité à avoir une économie performante. Qui pourrait encore défendre les gouvernants, en sachant, comme Djilali Hadjadj, que la corruption est installée au sommet de l'Etat ? Eh bien ! il faut bien admettre que le régime a encore des défenseurs, les Algériens se divisant en quatre catégories : ceux qui sont contre lui, ceux qui sont avec lui parce qu'ils mangent avec lui, ceux qui sont contre lui tout en mangeant avec lui et, enfin, ceux qui ne mangent rien et ne sont contre personne. On le voit bien, il suffit que la première catégorie enlève à manger à la deuxième et fasse manger la quatrième avec la troisième pour tout régler. En théorie, c'est faisable. En pratique, c'est plus compliqué. Probablement parce qu'en Algérie, le soldat Ryan a le grade de général-major.
Chawki Amari