Pour l’heure, rien n’a filtré sur le contenu de ces publications. Mais comme les autres documents publiés depuis hier, ils devraient contenir des informations sur les positions des officiels algériens exprimées lors de rencontres avec les responsables américains qui se sont multipliées ces derniers mois. Les Etats-Unis et l’Algérie ont en effet intensifié leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme et dans le domaine économique. Les documents de Wikileaks devraient aussi contenir des appréciations de diplomates américains sur les responsables algériens.
C’est connu : à Alger, les hauts responsables de l’Etat sont habitués à une certaine culture du secret. Ils s’expriment très peu dans la presse et se confient rarement aux journalistes, y compris sur des dossiers comme le terrorisme ou la diplomatie, des sujets sur lesquels les responsables des autres pays s’expriment régulièrement. La publication des documents de Wikileaks pourrait donc permettre de mieux cerner les positions des uns et des autres sur les sujets régionaux, voire ceux concernant des questions internes comme la démocratisation et les droits de l’Homme.
A Alger, les diplomates américains s’intéressent particulièrement à ces deux sujets sensibles. Ils s’intéressent aussi aux questions économiques. On devrait notamment avoir un aperçu, via les documents, de la gestion des contrats pétroliers, attribués en grande majorité à des groupes américains. On peut aussi espérer un véritable « retour » sur la perception des entreprises américaines du climat des affaires en Algérie.
Mais la publication des documents secrets américains pourrait aussi provoquer quelques dégâts et compliquer les choses au sommet de l’Etat. Comme l’a montré la déclassification de certains documents « secret défense » en France dans l’affaire des moines de Tibéhirine, certains hauts responsables algériens se sont montrés un peu trop bavards en présence de leurs interlocuteurs français à Alger. Il n’est pas exclu que d’autres aient fait de même avec les Américains, croyant sans doute que leurs paroles et prises de position ne sortiraient jamais des salons feutrés qui accueillent ce type de rencontres.