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Les policiers n'ont pas permis aux manifestants d'entamer leur marche

 

Quelque 2 000 personnes ont tenté de marcher samedi à Alger à l'appel de l'opposition pour "changer le système" mais ont été bloquées par un très important dispositif de sécurité, qui a procédé à des interpellations musclées.
Par Ahmed TAZIR / Zouheir AIT MOUHOUB , correspondants de FRANCE 24 à Alger (vidéo)
Tahar HANI , envoyé spécial à Alger (texte)
 

Alors que tout le monde espérait un scénario à l'égyptienne, la place du 1er Mai, à Alger, s'est finalement vidée progressivement de ses manifestants. Les policiers qui jouaient au chat et à la souris avec les jeunes, ont fini par dissuader ces derniers de quitter les lieux sous le bruit assourdissant des hélicoptères.

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C’était prévisible. La marche, en réponse à l'appel lancé par la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC), formée de partis d'opposition, de la société civile et de syndicats autonomes, n'a pas eu lieu. Tôt le matin, et sur l’ensemble du parcours prévu par les manifestants, depuis la place du 1er Mai jusqu'à la place des Martyrs en passant par le front de mer, des véhicules blindés et des troupes étaient fin prêts pour intervenir.

Cette hyper-présence policière n'a pas empêché des milliers de manifestants - environ 5000 personnes selon les organisateurs - d'occuper la place du 1er mai, au milieu d’un dispositif sécuritaire mobilisant environ 30 000 policiers. Des solgans comme "Algérie libre et démocratique", "A bas la dictature", "Bouteflika, pouvoir assassin, marche pacifique", ou "Moubarak est tombé, le tour de Bouteflika viendra" ont été scandés par la foule qui entourait les organisateurs, dont Saïd Saadi, chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti laïque kabyle d’opposition, ainsi que Ali Yahia Abdenour, président d’honneur de la Ligue algérienne des droits de l’Homme. Agé de 90 ans, ce dernier a été piétiné par la police.

Heurts entre partisans et opposants du président Bouteflika

A 11 heures, la place du 1er Mai était noire de monde. Les policiers, armés de matraques et de boucliers, ont tenté de provoquer les organisateurs afin de les disperser. Des jeunes partisans de Bouteflika ont infiltré le rassemblement pour scander des slogans en faveur du régime en place. "Bouteflika n’est pas Moubarak", "le peuple et l’armée sont avec vous Bouteflika", ou "Bouteflika, donne-nous des visas", criaient-ils à haute-voix. Une bagarre généralisée aurait pu éclater entre les deux camps si les forces de l’ordre ne s'étaient interposées.

Selon les organisateurs de la marche, ces jeunes venus des quartiers alentours comme El-Harrach et Belcourt, auraient reçu comme instruction de saboter la manifestation, comme ce fut le cas en 2001. Nabil, âgé de 26 ans, sans emploi, fait partie des gens qui sont venus soutenir le régime de Bouteflika. "Pourquoi demander le départ de notre président ? Il a payé la dette du pays et a amélioré la situation économique. Bouteflika ne m’a rien donné, mais je l’aime quand même." 

Un de ses amis, portant des basket Nike, a expliqué son tour que l’Algérie n’était pas l’Egypte. Arborant une pancarte sur laquelle "le peuple n’est pas dupe", et s'en prenant aux violemment Kabyles, il a déclaré préférer le régime de Bouteflika quand bien même la situation sociale est intenable. Qualifiant les Kabyles de "sionistes", il les a même invité à "quitter la capitale" et à "retourner dans leurs montagnes."

Volte-face chez des manifestants

En face, quelque peu désarçonnés par la présence ô combien stridente de ces contre-manifestants, les partisans du changement de régime ont tenté de crier plus fort pour se réapproprier le terrain. Ce qui a finalement eu lieu puisque, en début d’après-midi, les jeunes en faveur du régime ont tourné casaque et rejoint les manifestants.

Un scénario de la discorde qui a attristé Belkacem Abdelwahab, un ancien syndicaliste. "Pourquoi le régime algérien continue-t-il d’instrumentaliser sa population et de nous monter les uns contre les autres ?" Ce dernier a poursuivi : "Les gens veulent le changement. L’Algérie est assise sur un terrible volcan. Il faut un véritable régime parlementaire dans notre pays. Nous voulons un État juste qui partage les richesses avec son peuple. Pourtant nous assistons tous les jours au contraire." Et de conclure : "Les jeunes préfèrent être mangés par la mer que de rester ici."

A 13h00, alors que tout le monde s'attendait à ce que la place du 1er Mai se vide suite au départ des organisateurs de la marche, c’est le contraire qui s’est produit. Des centaines d’autres jeunes sont arrivés des autres quartiers de la capitale, notamment de Bab el-Oued, scandant des slogans hostiles à Bouteflika et au régime. Ils ont pris possession de la place. Mais ce n’était que pour un temps. Les policiers, toujours plus nombreux et plus déterminés ont réussi, en jouant au chat et à la souris, à les disperser, vidant ainsi la place du 1er Mai de la majorité de ses contestataires.


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