Ce qui attend nos ministres à leur retour de vacances
Cette année, nos ministres se sont contentés de vacances locales, selon plusieurs sources, précisément en Oranie et à Tlemcen, la Tunisie, destination familiale privilégiée étant devenue «dangereuse» en ces temps de révoltes arabes et les bienfaiteurs étant en exil en Arabie Saoudite donc «plus de passe-droit».
Pour certains, attirés par l’Europe, la grève d’Air Algérie a chamboulé le programme, pour d’autres «il est interdit de voyager à l’étranger sauf avec l’accord du Premier ministre». Les ministres absents de la scène ? Pas si sûr, puisqu’ils étaient tous accrochés à leurs téléphones selon des collaborateurs. «Mon ministre était obligé de suivre les événements à distance jusque tard dans la soirée. Il faut dire que les syndicats ont gâché son congé», confie un proche de Ould Kablia, ministre de l’Intérieur. Peu importe le lieu, l’essentiel pour les ministres est de recharger les batteries qui risquent d’être usées dans un mois. En effet, Ouyahia leur a signifié dans une note que désormais il n’y aura plus de week-end pour eux. Pourront-ils pour autant faire oublier à l’opinion publique les désastres et autres scandales de ce début d’année ? Certainement pas.
Il faut dire qu’il y a des rattrapages à faire surtout qu’ils seront reçus par le Président pour les désormais traditionnelles auditions du mois de Ramadhan. Le thé ne sera pas servi cette année, le président Bouteflika serait «furieux» contre ses ministres. Le bulletin de nos ministres est rempli de notes éliminatoires. «Ils savent pertinemment qu’aucune faute ne sera tolérée. Bouteflika compte même procéder à un remaniement profond pour deux raisons essentielles. La première : les ministres sont devenus cette source de nuisance permanente et la cause même des contestations et leurs interventions n’ont fait qu’accentuer les tensions. La deuxième : le président est obligé de changer le gouvernement à l’approche des élections législatives. Il a promis aux Algériens des élections libres et transparentes et il a été clair avec ses ministres sur ce point», confie une source proche d’El Mouradia. Au peloton des ministres les plus contestés de l’Exécutif Ouyahia vient Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé. Il doit en découdre avec les grèves des différents corps de son département et trouver en urgence une solution à la pénurie de médicaments constatée dans les officines.
Son collègue Amar Tou, ministre des Transports, par ailleurs en mauvais terme avec lui, devrait absolument faire marcher le métro en faisant d’abord appel à Youcef Youssefi, ministre de l’Energie, pour s’assurer de l’alimentation électrique le jour de l’inauguration étant prévue à une date que seul Amar Tou connaît. Le premier argentier du pays, en l’occurrence Karim Djoudi, doit se détacher de la revue de presse et appeler plus souvent ses collègues, notamment Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, et Benmeradi, ministre des
P et T, pour mettre un terme à la crise de liquidités qui n’a que trop duré. Quant à Dahou Ould Kablia, ministre de l’Intérieur, son agenda s’annonce chargé. Réformes des codes de wilaya, loi sur les partis, agrément de nouvelles formations, bureaucratie, colère sociale, répression des manifestations, passeport biométrique figurent sur sa liste des priorités. Ca risque de chauffer à la rentrée, d’autant que les pompiers annoncent un débrayage. Pour Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, il serait temps pour lui de réactiver les réseaux diplomatiques s’il en a toujours et se rapprocher plus des médias locaux et étrangers, afin de prémunir l’Algérie des attaques diplomatiques et des polémiques.