L’envers du décor |
Pénurie de médicaments en...France
Le quotidien français Le Figaro, a eu ce titre: «Médicaments: des pénuries savamment orchestrées?» dans son édition de mardi dernier. Pour comprendre les pénuries chez nous, il faut suivre celles qui sévissent en France. C'est-à-dire d'où proviennent la majorité de nos médicaments!
Il n'y a pas que chez nous où l'on enregistre des pénuries de médicaments. En France aussi. Et comme chez nous, la question des pénuries organisées est soulevée. C'est ainsi que le quotidien français Le Figaro, a eu ce titre: «médicaments: des pénuries savamment orchestrées?» dans son édition de mardi dernier. Le journal nous apprend que les malades français ne trouvent pas chez leur pharmacien quelque 300 médicaments. Il nous apprend aussi que les «laboratoires, grossistes et autorités sanitaires se refilent la «patate chaude». Les laboratoires sont les premiers à réagir. Selon la Leem (association des entreprises du médicament en France) il faut voir du côté des «short-liners», de nouveaux intermédiaires inexpérimentés qui apparaissent dans le circuit de distribution. Bref, cette situation du marché du médicament en France nous intéresse, car 60% de nos importations proviennent de ce pays. Et si nous sommes confrontés au même problème, au même moment, il y a forcément un lien, une relation entre ces pénuries. Il paraîtrait que la stratégie des laboratoires français est en train de changer. Beaucoup de labos pensent qu'il est plus rentable de se consacrer sur les molécules soignant les maladies rares plutôt qu'au médicament soignant les masses. «La fabrication de molécules ajoutant 3 à 6 mois de vie à un patient déjà condamné par un cancer en phase terminale, est moins risquée que de soigner un diabétique avec toutes les complications et effets secondaires, comme le démontre l'affaire du médiator. La stratégie consiste à se concentrer sur peu de patients très rentables et peu risqués avec des traitements à 1500 euros, voire plus, plutôt que de soigner un grand nombre de malades avec des produits à 16 euros», avancent certains spécialistes. Le ministre français de la Santé voit dans la pénurie, l'exportation parallèle. Il explique: «Les grossistes-répartiteurs ont, de la part des laboratoires, des quotas pour la France qui correspondent aux besoins... Mais seulement certains (les short-liners certainement Ndlr) ont des systèmes par lesquels certains médicaments repartent vers d'autres pays...ce sont des systèmes d'importations parralèles...» Il menace de faire voter de nouveaux textes pour discipliner la distribution. En valeur, les exportations françaises de médicaments se portent plutôt bien. En 2010, elles ont représenté quelque 24 milliards d'euros avec un taux de croissance de + 4,5%. Le rapport de la Leem qui publie ces chiffres ne précise pas la proportion des médicaments à 1500 euros et ceux à 16 euros que nous avons évoqués plus haut. En tout état de cause, la Leem considère que l'industrie du médicament en France constitue un atout pour la croissance et la sortie de crise de leur pays. Un fait mérite notre attention. Toujours selon ce rapport: «Dans les cinq prochaines années, de nombreux laboratoires internationalisés réalisant un chiffre d'affaires annuel de 80 milliards de dollars vont tomber dans le domaine public, entraînant mécaniquement un fort développement du marché mondial des génériques». Nous voyons là, autant d'opportunités pour nos investisseurs nationaux qui ne manqueront pas, espérons-le, de s'y intéresser. En se contentant des produits «à 16 euros» seulement, ils réaliseront de gros profits tant nos besoins sont grands et ceux du continent africain encore plus. Les autorités publiques algériennes devraient voir de plus près les relations commerciales engagées avec ce nouveau type de grossistes français que sont les «short-liners». Ils sont un élément d'un marché parallèle que ne contrôle pas le gouvernement français et par voire de conséquence, porteurs de tous les dangers. Un marché parallèle qui n'en est qu'à ses débuts et prend de plus en plus d'ampleur. C'est-à-dire que si nous ne réagissons pas rapidement, un jour, pas très lointain, nous n'aurons que des trabendistes français chez qui acheter nos médicaments avec tout ce que cela représente comme absence de garanties et de visibilité commerciale. Pour comprendre les pénuries cycliques chez nous, il faut suivre celles qui sévissent en France. C'est-à-dire d'où proviennent la majorité de nos médicaments! Il y a comme une stratégie du générique à mettre en place dans notre pays.