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ISRAEL

La mauvaise conscience

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Israël avait pour habitude de profiter des crises internationales pour actionner sa politique du fait accompli. Mais cette fois, les crises arabes, jusque dans son plus proche environnement, n’ont pu étouffer certaines voix comme celle des Palestiniens déterminés à arracher leur siège à l’ONU. Ou encore celle des Turcs conséquents avec eux-mêmes puisqu’ils avaient prévenu, il y a exactement une année, que les relations entre leur pays et Israël ne seront plus les mêmes, et qu’ils se sont engagés dans cette voie. Cette décision, qui traduit une gradation dans l’action diplomatique, a été prise à la suite de l’attaque israélienne contre des bateaux principalement turcs chargés d’aide humanitaire pour la population palestinienne de Ghaza.

A vrai dire, même l’ONU a accentué la colère des autorités turques faisant sortir le chef de l’Etat turc de la réserve à laquelle il est traditionnellement astreint. Il fallait le faire et l’ONU a, de ce point de vue, réussi. Mais là s’arrête le constat, car Abdullah Gül, qui a déclaré «nul et non avenu» le rapport de l’organisation internationale sur l’attaque en question, n’a fait preuve d’aucune indulgence à son égard. Et pour cause, quand l’essentiel est occulté sinon perverti. Et là il s’agit du blocus imposé par Israël à la bande de Ghaza. Tous ceux qui ont abordé cette question l’ont qualifiée d’illégale, injuste et inhumaine.

C’est ce volet que la diplomatie turque s’emploie à porter devant l’opinion internationale en lançant normalement cette semaine une procédure devant la Cour internationale de justice (CIJ), alors que l’ONU a fait tout faux en estimant que le blocus israélien est légal. De quelle légalité peut-il s’agir, quand cela concerne des territoires occupés par la force ? Jusque dans les annales de l’ONU, la bande de Ghaza n’est pas un territoire indépendant. Quant aux conditions de vie de ses habitants, ces mêmes annales fourmillent de rapports adressés à cette même institution par ses propres organisations présentes sur le terrain.

Le document en question s’est laissé aller à des considérations juridiques qu’il serait inapproprié de dire qu’il ne les maîtrise pas. Pour le moins, c’est une manière de contourner le politique. C’est ainsi qu’il a également reconnu à Israël le droit à la légitime défense, bien qu’il occupe des territoires par la force. Deux notions qui marquent le parti pris que l’ONU refusait jusque-là d’endosser. Elle vient de le faire, malgré les conséquences que cela va inévitablement engendrer à l’approche d’un débat sur l’admission de l’Etat de Palestine
Même si elle a pris pas moins de cinq mesures, dont le renvoi de l’ambassadeur d’Israël et la suspension des accords militaires instituant une alliance stratégique, la Turquie refuse une quelconque bilatéralisation de cette question avec Israël en soulignant qu’il «s’agit d’une affaire entre Israël et la communauté internationale, le droit international et la conscience internationale». Celle-ci a besoin d’être secouée et même de manière assez conséquente pour aider le peuple palestinien à recouvrer ses droits nationaux. C’est une question de justice. Il en est beaucoup question ces derniers jours, mais il ne faudrait pas que cela soit sélectif.

Mohammed Larbi

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