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À Alger, la France veut expulser des locataires

 

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A Alger, la tension sur le logement est des plus exacerbée.

Des familles de la cité Aïn Allah, à Alger, refusent de quitter leurs logements, dont l’ambassade de France veut retrouver l’usage.

Dans une lettre ouverte adressée à des responsables politiques français, des habitants de la cité Aïn Allah, sur les hauteurs d’Alger, poussent un cri d’alarme, refusant de quitter leurs logements "attribués par l’ambassade de France", qui en a la gestion. "L’ambassade de France en Algérie veut expulser soixante-dix familles par la force", accusent-ils. 

Parmi les locataires priés de quitter les lieux se trouvent des retraités ou d’anciens employés de l’ambassade. Laquelle souhaite retrouver l’usage de ces logements pour loger des personnels. Menacés d’expulsion, aussi, des journalistes, dont notre confrère de L’Humanité, Hassane Zerrouky, ou encore le photojournaliste Hocine Zaourar, ex-photographe de l’AFP, auteur du célèbre cliché la Madone de Bentalha, lauréat du World Press en 1997. Certains habitants d’Aïn Allah, sous le coup de décisions de justice les condamnant à quitter leur logement, ont fait appel, s’appuyant sur le "droit algérien, qui stipule qu’un locataire occupant un logement, même s’il s’agit d’un logement de fonction, plus de neuf ans, ne peut être expulsé".

La représentation française, qui conteste le nombre de 70 familles concernées sans livrer d’autre chiffre, évoque en guise de réponse "des abus manifestes auxquels il convient de mettre fin", accuse certains locataires de "sous louer" des logements, et livre une version tout autre : "Dans la confusion des années 1990, certains logements ont pu être récupérés temporairement par des personnes n'ayant aucun lien avec l'Ambassade". Ces "logements ne sont pas la propriété de l’État français", font valoir, de leur côté, les signataires de la lettre. Faux, rétorque l’ambassade, qui assure, sans produire de titre, qu’ils sont "propriété de l'Etat français en vertu des accords d'Evian". Les locataires menacés d’expulsion soupçonnent, eux, "une opération de spéculation immobilière" et disent vivre l’expulsion de "familles algériennes à la veille du 50e anniversaire de l’indépendance" comme une "provocation" propre à "ternir l’image de la France".

Un bras de fer judiciaire est engagé. "En Algérie comme en France, un logement de fonction ne peut être occupé que pendant l'exercice de ses fonctions", se défend-on à l’ambassade de France, qui a saisi la justice algérienne. Les locataires menacés d’expulsion, déjà mobilisés en février, se disent, de leur côté, "sans autre solution que de se retrouver à la rue". Ils sont "déterminés à se défendre".

Rosa Moussaoui

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