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L’État, agence de placement pour privilégiés du système

 

Par : Mustapha Hammouche

Surprenant déclassement ! Il y a peu, Ould-Abbès devait faire de nous, coup sur coup, un pôle de biotechnologie avec un partenariat américain, et, avec la coopération, un pays exportateur de médicaments, puis quelques semaines plus tard, il est dessaisi de toute prérogative en matière de médicaments au profit d’une agence créée exprès pour mettre la gestion des produits pharmaceutiques à l’abri de son action, ou de son inaction… on ne sait plus.
Bouteflika a inauguré une longue décennie de nomadisme gouvernemental. Depuis 1989, il y a eu peu de “nouveaux” ministres ou premiers ministres.
Mais, pour autant, rares sont les portefeuilles qui ont connu quelque stabilité ministérielle. Par la pratique du jeu de chaises musicales, les incessants “remaniements” ont fait des ministères, certains plus que d’autres, des escales pour ministres en transit. Même l’inamovible Benbouzid a eu à subir une année sabbatique au ministère de la jeunesse et des sports.
Mais comme le choix des ministres ne repose ni sur le critère de compétence, ni sur celui de l’expérience, ni même sur celui de la conviction politique, mais sur la seule logique clanique, clientéliste et de gestion des rapports de force, la correspondance entre les exigences d’un secteur et le profil du bénéficiaire constitue un souci secondaire. Souvent, après test trop insatisfaisant, on permute les ministres, pour ne pas les remplacer : entre agriculture et santé, entre santé et affaires sociales. Sinon, on ajoute ou retranche des fonctions, pour délester un ministre d’une tâche ou pour enrichir le portefeuille d’un autre. Avant de penser à mieux doter un ministère malmené, on pense à sauver le ministre défaillant !
Pour Ould-Abbès, l’Agence du médicament, qui, comme le conseil de la concurrence et autres instances spécialisées, n’existait que sur papier, tombait à pic : sa mise en service permettait de libérer le médicament d’une gestion hasardeuse sans avoir à relever le ministre de la santé, ou plutôt sans avoir à le déplacer, car à l’évidence, Ould-Abbès semble être, comme d’autres homologues, un ministre non “démissionnable”.
C’est pour cette catégorie de personnalités qui, du point de vue du régime, sont nées pour être ministres et pour le rester, qu’on crée des postes ministériels dépourvus de toute pertinence gouvernementale : on a ainsi un ministère de la Prospective et des Statistiques, dans un pays géré par l’arbitraire et l’improvisation et un premier ministère adjoint qui a longtemps attendu qu’on lui invente des prérogatives ! Car, en plus de la technique des permutations et du calibrage de ministères sur mesure, on peut composer des ministères pour satisfaire l’attente de ministrables.
Le résultat en est que, même si certains ministres prennent leurs fonctions au sérieux et font ce qu’ils peuvent à partir de leurs prérogatives, l’Algérie dispose d’un gouvernement conçu en fonction de contraintes de nominations.
Le système s’est inventé une véritable logique organisationnelle maison : jusqu’au plus haut niveau de l’État, les structures sont conçues pour les besoins de promotion des membres du clan, de la clientèle et des hommes des forces alliées. Et non en fonction du besoin de gestion des domaines concernés.
Tout l’État en devient un alibi aux statuts des heureux élus du système.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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