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  • Victimes de représailles après avoir dénoncé la corruption


    Quinze officiers supérieurs des douanes en grève de la faim

    Samir Rahim et Samia Amine

    Quinze cadres des douanes ont entamé une grève de la faim ce dimanche 20 novembre devant le siège de l’UGTA à Alger pour « dénoncer des dépassements, l’abus de pouvoir dont ils se disent victimes de la part de leur hiérarchie », après avoir dénoncé la corruption au sein des douanes.
    Ces douaniers, dont des membres du Conseil de Coordination syndicale (CCS), un contrôleur général des douanes et le directeur de la mutuelle des travailleurs des douanes, affirment être l’objet de représailles de la part de leur direction après avoir dénoncé dans une lettre adressée aux plus hauts responsables de l’État, dont le président de la République, des situations très graves portant atteinte à l’économie nationale. Onze d’entre eux, tous membres du conseil national fédéral des douanes, ont fait l’objet, le 10 novembre dernier, d’une décision de suspension de toute activité syndicale de la part du secrétaire général de la Fédération nationale des douanes (FND) mis en cause pour son implication dans plusieurs affaires.

    Interrogé par TSA, un de ces officiers supérieurs, également syndicaliste, qui s'est refusé à révéler son identité, a indiqué que leur dénonciation porte, entre autres, sur le transfert illicite de fonds, le blanchiment d’argent, le trafic de grosses cylindrées (Mercedes, Porsche...). « Mes camarades et moi sommes déterminés à aller à l’extrême pour faire éclater la vérité. Notamment celle qui nous a valu de subir quotidiennement des mesures d’intimidation et de représailles, allant jusqu’à priver l'un de nous de son salaire, sa seule ressource de vie avec sa famille », a affirmé à TSA l’un des grévistes.
     
    Avant d’ajouter : « c'est parce que nous avons voulu défendre les intérêts de notre pays que nous sommes victimes de cabales. Notre démarche de dénonciation de plusieurs affaires a été réalisée dans un cadre organisé conformément aux dispositions de l’ordonnance du président de la République. Les menaces de mort qui nous parviennent quotidiennement ne nous impressionnent pas. Nous ferons d’autres révélations sur des affaires beaucoup plus graves aux médias ».
     

    « On les a harcelés, ils ont commencé à donner des coups »

    Les grévistes affirment aussi porter des revendications syndicales. « Tout a commencé par un conflit syndical. Nous sommes onze membres de la commission exécutive du syndicat à avoir demandé la tenue d'une réunion autour du statut particulier et du régime indemnitaire des fonctionnaires promulgués », raconte Karim Amrouz, syndicaliste et gréviste. La direction générale et le syndicat refusent d’autoriser cette réunion, selon M. Amrouz. « Les textes dont on voulait discuter ne répondaient aucunement aux attentes des travailleurs. Tout le monde était mécontent. La direction générale ne voulait donc pas. On les a harcelés pour la réunion, ils ont commencé à nous donner des coups, en mutant des syndicalistes et en suspendant d’autres d’une façon arbitraire de leurs fonctions de syndicalistes », affirme‑t‑il.

    M. Amrouz dénonce le silence du patron de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd sur cette affaire. « On n’a commis aucune faute professionnelle.Depuis mars 2011, on a adressé quatorze correspondances à Sidi Saïd, il n'a jamais répondu », ajoute‑t‑il, tout en déplorant le fonctionnement « archaïque » de la direction des ressources humaines des douanes. « Nous sommes des cadres, nous avons beaucoup de choses à dire sur la gestion. La direction des ressources humaines est dirigée d'une façon archaïque, c'est malheureux ce qui nous arrive, cela fait cinq ans qu'ils sont à la tête de cette institution », ajoute‑t‑il.

  • L’État, agence de placement pour privilégiés du système

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Surprenant déclassement ! Il y a peu, Ould-Abbès devait faire de nous, coup sur coup, un pôle de biotechnologie avec un partenariat américain, et, avec la coopération, un pays exportateur de médicaments, puis quelques semaines plus tard, il est dessaisi de toute prérogative en matière de médicaments au profit d’une agence créée exprès pour mettre la gestion des produits pharmaceutiques à l’abri de son action, ou de son inaction… on ne sait plus.
    Bouteflika a inauguré une longue décennie de nomadisme gouvernemental. Depuis 1989, il y a eu peu de “nouveaux” ministres ou premiers ministres.
    Mais, pour autant, rares sont les portefeuilles qui ont connu quelque stabilité ministérielle. Par la pratique du jeu de chaises musicales, les incessants “remaniements” ont fait des ministères, certains plus que d’autres, des escales pour ministres en transit. Même l’inamovible Benbouzid a eu à subir une année sabbatique au ministère de la jeunesse et des sports.
    Mais comme le choix des ministres ne repose ni sur le critère de compétence, ni sur celui de l’expérience, ni même sur celui de la conviction politique, mais sur la seule logique clanique, clientéliste et de gestion des rapports de force, la correspondance entre les exigences d’un secteur et le profil du bénéficiaire constitue un souci secondaire. Souvent, après test trop insatisfaisant, on permute les ministres, pour ne pas les remplacer : entre agriculture et santé, entre santé et affaires sociales. Sinon, on ajoute ou retranche des fonctions, pour délester un ministre d’une tâche ou pour enrichir le portefeuille d’un autre. Avant de penser à mieux doter un ministère malmené, on pense à sauver le ministre défaillant !
    Pour Ould-Abbès, l’Agence du médicament, qui, comme le conseil de la concurrence et autres instances spécialisées, n’existait que sur papier, tombait à pic : sa mise en service permettait de libérer le médicament d’une gestion hasardeuse sans avoir à relever le ministre de la santé, ou plutôt sans avoir à le déplacer, car à l’évidence, Ould-Abbès semble être, comme d’autres homologues, un ministre non “démissionnable”.
    C’est pour cette catégorie de personnalités qui, du point de vue du régime, sont nées pour être ministres et pour le rester, qu’on crée des postes ministériels dépourvus de toute pertinence gouvernementale : on a ainsi un ministère de la Prospective et des Statistiques, dans un pays géré par l’arbitraire et l’improvisation et un premier ministère adjoint qui a longtemps attendu qu’on lui invente des prérogatives ! Car, en plus de la technique des permutations et du calibrage de ministères sur mesure, on peut composer des ministères pour satisfaire l’attente de ministrables.
    Le résultat en est que, même si certains ministres prennent leurs fonctions au sérieux et font ce qu’ils peuvent à partir de leurs prérogatives, l’Algérie dispose d’un gouvernement conçu en fonction de contraintes de nominations.
    Le système s’est inventé une véritable logique organisationnelle maison : jusqu’au plus haut niveau de l’État, les structures sont conçues pour les besoins de promotion des membres du clan, de la clientèle et des hommes des forces alliées. Et non en fonction du besoin de gestion des domaines concernés.
    Tout l’État en devient un alibi aux statuts des heureux élus du système.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr