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Le bovarysme et les 50 ans d’indépendance de l’Algérie

 

Le bovarysme cache des vérités peu reluisantes... Le bovarysme cache des vérités peu reluisantes...

 

"Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude". Cette phrase de "Madame Bovary" de Gustave Flaubert, mythe du bovarysme littéraire, conviendrait à la situation déplorable de l'Indépendance de l'Algérie qui en porte les 50 ans d'asservissements...

 

C’est sans doute symptomatique que ce soit le Président aux mandats inassouvissables qui boucle à la tête du pays le demi-siècle de l’indépendance historique de l’Algérie avec, à la clé, son décalage des Révolutions arabes qui ont brisé le règne des dictatures qui ont de près ou de loin, été les invités de marque des 1er Novembre 54 et des 5 juillet 62. Ainsi donc, l’indépendance de l’Algérie est une quinquagénaire aigrie, aux facultés dégénérescentes avant l'heure, comme née du "bovarysme littéraire" issu du roman de Gustave Flaubert "Madame Bovary" : "Ainsi, se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude".

 

Ce bovarysme, concept de la  pathologie littéraire, pourrait tout aussi bien servir de pathologie politique exprimant un début d’indépendance dégénératif à une situation limite de celle-ci au-delà de laquelle on sort du bovarysme proprement dit vers la paranoïa.
De ce chef-d’œuvre littéraire de Gustave Flaubert, Madame Bovary est devenue l’archétype psychanalytique et philosophique sur les pathologies mentales : la fausse idée de soi, la santé mentale ou le déséquilibre, la naïveté ou la lucidité, et peut-être aussi cette "auto-invention de soi" dont parlent les cliniciens. Une fiction de soi-même par le déni de sa propre réalité, une sorte de dédoublement de la personnalité en perpétuel antagonisme.

 

Madame Bovary et l’indépendance de l’Algérie qui a l’âge de ses servitudes et celui de ses désillusions se partagent leur "passion de l’irréel" mais aussi de leur fausseté, passant du conte merveilleux au conte fantastique. La jeune Emma, éternelle mineure, dépendante d’abord de son père, puis de son époux, a été victime du "mythe du Prince charmant" dont elle a mis longtemps à se défaire pour se jeter à corps perdu dans les bras d’autres hommes, amants qu’elle finit par harasser de son trop plein d’amour et de ses incessantes demandes effrénées de preuves de leur passion pour elle. Or, elle ne rencontre qu’indifférence, abandon et mépris. Elle finit par se suicider en avalant de l’arsenic. Le bovarysme de l’indépendance de l’Algérie a eu également son " mythe du Prince charmant" sublime mais éphémère gardien de son Histoire. 

 

En cinquante ans d’existence, elle n’a eu que ses deux premières années où elle vécut dans une sorte de chimère, d’euphorie exaltante et exaltée, se croyant prémunie à vie, forte de son butin historique, se fondant dans la masse juvénile, héroïne par laquelle tous les rêves étaient permis et réalisables. Elle avait même un "sandouq etadhamoun", une cave d’Ali Baba, sans se douter un seul instant qu’il serait, comme dans le conte, son conte, la convoitise de quarante voleurs, ceux qui la portaient à tour de bras, ne juraient que par elle, la protégeaient comme la prunelle de leurs yeux. Malheur lui en prit, se découvrant démunie de tout droit civil et politique, mais imposable d'une religion et d'une vertu, comme Emma, de remettre en cause le système, de s’en émanciper, de revendiquer autre chose que l’illusion et les promesses. Elle rompt avec le mariage historique pour assumer son adultère avec des pouvoirs successifs qui ont fait d’elle une bonniche de luxe. Ils lui ont offert un méchant tablier de cuisine, un balai, un seau pour laver les vomissures de leur règne. Son impossible quête du bonheur, d’un bonheur illusoire mène Emma à sa perte, à sa mort et peut-être même, en définitive, à son indépendance.

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