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La presse à l’origine de la crise du FFS ?

 

Par : Mustapha Hammouche

Quand Laskri reprend la formule présidentielle des “terroristes de la plume”, cela donne  ceci : “Après les assassinats par balle, d’aucuns tentent aujourd’hui l’assassinat par la plume.” On le sait : c’est  plus courageux d’ignorer “qui tue qui” par balle et de désigner les tueurs de la plume !
Le réflexe est désormais ancré dans le système : quand un responsable, une institution, un organisme, un parti, un syndicat ou simplement une personne se retrouve empêtrée dans les effets de ses imprudences, de ses agissements, de ses fautes ou de ses compromissions, il se retourne contre la presse et l’accable de prendre en charge le complot qui le vise. Celui par qui le scandale arrive s’en prend à celui par qui le scandale se sait !
Le cas actuel du FFS est plus significatif que tout autre : le parti n’est en conflit avec aucune autre partie, pas même avec le pouvoir, dont il se faisait le champion des opposants mais qu’il veut aider à “réhabiliter la politique”. C’est le problème d’une direction qui n’arrive pas à expliquer, à sa base, les raisons d’une initiative dont l’incompatibilité avec la philosophie jusqu’ici fièrement brandie par le parti est flagrante. La potion sémantique du “mouvement dans le statu quo” n’a pas pris. “Ntsa yezra” (lui, il sait)… D’accord…, mais des militants attendaient l’effet de cet ingénieux “choix tactique” pour le lendemain du scrutin. Mais “nini” :  ni un bénéfice électoral ni une évolution politique du système ! Peut-être même que la direction “locale” ne connaît pas les véritables raisons de cet imprévisible acte de normalisation du FFS.
Mais la question n’est plus dans ce mystérieux “choix tactique”. Les Algériens ne croient plus que le multipartisme, dans sa sociologie actuelle, et les élections, dans leur conception présente, puissent sortir le pays de son impasse historique. Les partis ont donc beaucoup moins d’ennemis qu’ils n’en fantasment et qu’ils ne le souhaitent, parfois.
Comme tous les partis, le FFS vit une crise existentielle. Leurs militants, ceux qui n’ont pas inscrit leur plan de carrière dans l’avenir de l’appareil, se posent la question de l’utilité politique de ces mêmes appareils.
Mais au lieu d’assumer la question du devenir de son parti, et voyant, devant le soulèvement massif de notables organiques, que l’arbitraire habituel n’opérera pas nécessairement, Laskri se rabat sur le bouc émissaire désigné, la presse, sans en identifier “les janissaires de la plume” qui “dictent à coup d’éditoriaux où le mensonge factuel le dispute à l’impudeur et à l’impudence des commentaires, la nouvelle feuille de route à des “militants” félons…”
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il leur dénie nationalisme, démocratie et… indépendance, comme si zaïmisme pouvait rimer avec indépendance !
Sous peu, des sites et blogs prendront le relais de cette rafale d’insultes pour accabler les journalistes, dans l’anonymat du virtuel, d’autres maux, comme le racisme, l’antiféminisme, voire la xénophobie ou encore… l’homophobie.
L’expérience “démocratique” algérienne, si elle a échoué, n’aura pas été avare de leçons. En voici une : l’intolérance à l’avis contraire est équitablement partagée entre le pouvoir et ceux qui le contestent (et, à l’occasion, pactisent avec lui). Et une autre : le statut d’opposant n’est pas un gage de démocratie.

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