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Gouvernement de “technocrates”, dites-vous ?

Par : Mustapha Hammouche

C’est à grands renforts médiatiques qu’on tente d’imposer à l’opinion publique une légitimité “technocratique” du “nouveau” gouvernement. (Le libertinage sémantique du discours officiel nous oblige au recours exagéré, mais inévitable, aux guillemets).
Par quel procédé communicationnel transforme-t-on donc un gouvernement au moins aussi “politique” que son prédécesseur en gouvernement de “technocrates” tout en ne renouvelant qu’un cinquième des ministres ? Comme, avec ses relais officiels ou officieux, le pouvoir occupe l’essentiel des canaux de communication, il use de ce procédé de communication totale pour couvrir toute objection quant à la légitimité du (ou des) chef(s) qu’il nous a choisi(s). Le matraquage sémantique via les médias, relayé par une dose de complaisance de ce qui nous tient lieu de faiseurs d’opinion, fait passer un acte politique ou une personnalité, individuelle ou collective, pour ce qu’elle n’est pas. C’est là un traditionnel procédé du système algérien. Rappelons, pour l’illustration de la méthode, qu’en 1993, Zeroual, avant de devenir président de l’État, puis d’être élu président de la République, fut le premier ministre… civil de la Défense nationale, et qu’en 1999, Bouteflika fut d’abord candidat “du consensus”, sans précision des parties liées à ce consensus. Ce qui fait que sa candidature et son élection ne pouvaient  souffrir quelques contestations, celles-ci ayant déjà emporté le consensus. Aujourd’hui, un gouvernement coordonné par un ancien ministre, qui fut directeur de campagnes présidentielles et comptant une vingtaine de responsables et députés de formations politiques dont quelque quatre ou cinq chefs de parti, de petits partis, mais de partis quand même, passe pour un gouvernement de rupture : on rompt avec la “politique” et pour promouvoir la “technicité” !
On brandit les diplômes de certains “nouveaux” ministres, alors que les ministres partis n’en étaient pas dépourvus ? Ceux-là ne pouvaient-ils pas prétendre à la qualité technocrate ? Et puisqu’il est question d’énarques, comme premier argument “technocratique”, signalons que le Premier ministre sortant était justement un transfuge de cette illustre école.
Ce qui normalement le prédestinait à figurer dans un Exécutif de “diplômés”. Certes, certains membres du gouvernement sont issus de structures “techniques” et doivent principalement leur promotion à leurs qualifications professionnelles. Mais, comme pour nous rappeler que la compétence scientifique est toujours sujette au pouvoir politique, ils sont généralement affectés à des positions de secrétaires d’État auprès d’un ministre.
La “techno” légitime rarement la “cratie”, même dans les fonctions techniques ! Enfin, n’est-ce pas la moindre des choses qu’en 2012 un ministre doive jouir d’un niveau universitaire, fut-il un ministre “politique” ?
Même avec trois doctorats d’État, un gouvernement reste un gouvernement ; inutile d’en faire une académie pour ne pas avoir à expliquer l’incohérence politique, relevée par Louisa Hanoune, d’un gouvernement théoriquement composé sur la base des résultats d’une élection législative. Comme forme de désaveu de ce résultat, ce gouvernement, loin d’être “de technocrates”, n’est que politique.

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