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Conférence antiterroriste à Alger : un camouflet pour Bouteflika

 

Par Le Matin DZ |

 

 

Alors qu'elle se targue d'abriter depuis hier mercredi une conférence antiterroriste maghrébo-africaine, Alger n'a pas condamné l'attentat meurtrier contre le consulat américain à Benghazi, en Libye, mais elle a exprimé sa vive indignation contre le film "Innocence des musulmans".

 

Bouteflika n'a pas condamné l'acte terroriste meurtrier contre le consulat américain à Benghazi, en Libye.

 

Les travaux de la Conférence antiterroriste "Afrique du Nord et Sahel" du Centre d'excellence de sécurité chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN) se sont ouverts hier à Alger et se cloturent aujourd'hui jeudi dans un contexte international tendu, marqué par l'attentat terroriste ayant visé mardi soir le consulat  américain à Benghazi, en Libye, dans lequel quatre Américains, dont l'ambassadeur, ont été tués et par les vives manifestations dans plusieurs capitales arabes dont le Caire et Tripoli contre la diffusion du film Innocence des musulmans, jugé insultant envers l'islam. Cette rencontre qui coïncide également avec la commémoration du 11ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 et dont l'objectif principal vise "le renforcement des capacités des pays du Sud pour lutter efficacement contre le trafic illicite des matières sensibles et atténuer les risques de terrorisme d'armes improvisées de destruction massive", ne peut ainsi faire l'impasse sur ces derniers événements d'autant que la Libye participe à cette rencontre au coté de l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Maroc, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Soudan, et le Tchad.

 

De toutes les réactions maghrébines à l'attentat contre le consulat américain, celle de l'Algérie est la plus tiède, la plus effacée; elle limitée à un message de "condoléances et de sympathie" du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à à son homologue américaine, Mme Hillary Clinton. En revanche, L’Algérie a réservé sa "forte indignation" contre l’"rresponsabilité" des auteurs du film "Innocence of muslims" : "Partant de son profond attachement à la concorde entre les différentes  confessions et au respect de toutes les religions, l’Algérie déplore fortement l’irresponsabilité des auteurs du film Innocence of muslims qui offense l’islam et son prophète (…) Les outrages aux symboles religieux sacrés, quels qu’ils soient, ne  peuvent que susciter réprobation et indignation, car ces provocations visent à attiser la haine et les tensions et à contrarier les efforts menés au niveau international dans le cadre du dialogue des civilisations et des religions» lit-on dans le même communiqué du département de Mourad Medelci.

 

Minimisant comme à son habitude l'alerte lancée ce mercredi par l'ambassade américaine à Alger enjoignant ses ressortissants d'éviter tout déplacement non urgent en Algérie, les autorités algériennes prises au dépourvu par ces derniers événements alors qu'elle abrite une conférence anditerroriste à laquelle participent les pays qui en sont concernés en premier chef, semblent mises au pied du mur par leurs flagrantes contradictions. Alors que le président tunisien Moncef Marzouki a dénoncé ce mercredi, à la télévision libyenne, au cours d’une visite éclair à Tripoli, l’attaque meurtrière perpétrée mardi soir contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, la qualifiant de "sales actes terroristes" "une attaque ignoble qui ne peut, en aucun cas, être justifiée"  et que, à son tour, le Maroc l'a qualifiée d'"agression ignoble", les autorités algériennes ont été promptes à condamner le film et à se faire les défenseurs invétérés de l'islam offensé, justifiant implicitement l'acte terroriste perpétré contre le consulat américain qu'elle n'a pas condamné officiellement; le département de Medelci l'ayant réduit à un "faire-part".

 

Comment l'Algérie qui se targue d'abriter une telle conférence antiterroriste maghrébo-africaine, peut-elle à ce point minimiser l'ampleur des répercussions sécuritaires, politiques, diplomatiques, d'un tel attentat perpétré, qui, plus est, à Benghazi, lieu emblématique d'où est partie la Révolution armée contre le régime de Kadhafi ?  L'échec de cette initiative est d'ores et déjà prévisible pour Alger qui, en ne condamnant pas l'acte terroriste qui a tué l'ambassadeur américain et trois de ses collaborateurs et en se sentant visée par le film "anti islam" qu'elle a vivement dénoncé, se déjuge sur son rôle "moteur" dans la tenue de cette conférence. Loin d'être l'expression d'une volonté ferme dans la lutte antiterroriste, cette initiative d'Alger, rattrapée pour ainsi dire par ce qu'elle est censée "étudier" et contrer sur le long terme, s'avère être un camouflet de plus pour Abdelaziz Bouteflika qui continue d'observer une omerta sur l'assassinat par le Mujao du vice-consul Tahar Touati  et sur le sort des trois autres otages toujours détenus par ce groupe terroriste au Mali.

 

R.N

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