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Ya Baba Ya Latif

 

 

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Dans plusieurs villes du pays, des élèves sont sortis, furieux, après un sujet de philosophie au baccalauréat jugé trop difficile parce que non étudié en cours de terminale. Contestation, violences, bref, un scénario à l'algérienne, pays tendu où même les épreuves scolaires donnent lieu à des affrontements. Mais qu'y avait-il dans ce sujet ? Un thème banal, «la vérité est relative». Où est le problème alors ? Il est dans le programme de terminale, dans les cours de philosophie où l'on apprend aux élèves que c'est surtout la liberté qui est relative.

On peut comprendre ce choix des programmateurs pédagogiques, les libertés réclamées ici et ailleurs ne sont pas forcément bonnes pour tout le monde et il faut savoir les apprécier avec beaucoup de relativité, ce qui, pour le régime liberticide algérien, est utilisé comme propagande. Mais sur la vérité, c'est un tout autre problème. Car on enseigne depuis longtemps aux élèves, à leur parents et voisins qu'il n'y a qu'une seule vérité, celle de Dieu et pas n'importe lequel, et que ce dogme constitue quelque chose d'absolu et de non relatif. Comment ensuite disserter ? Le bug de l'élève devant cet obstacle majeur de la pensée n'est pourtant pas entièrement recevable ; quand on fait de la philosophie, on peut en théorie disserter sur n'importe quel sujet.

En pratique, l'abrutissement de masse engagé il y a plus de 14 ans par le très relatif Benbouzid a donné ses fruits mous, et l'arrêt volontaire de la pensée engagé par les pouvoirs publics, les imams, les médias publics, les instituteurs, les chauffeurs de taxi et les coiffeuses aura contribué à fabriquer des générations de méta-bloqués. Maintenant que le sénateur Benbouzid peut disserter dans les fauteuils feutrés de la République du haut de ses 400 000 DA mensuels, son successeur Abdelatif Baba Ahmed doit se demander ce qu'il faut faire. Ou défaire. Tout est relatif.

 

Chawki Amari

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