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  • La sanction en attendant la réforme

     

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    Il n’est plus possible d’occulter l’échec du système éducatif national. A présent, il s’affiche dans la rue. Des candidats recalés à la dernière session du bac ont manifesté à Alger, mais aussi dans d’autres villes du pays. L’émeute aura été l’ultime épreuve de l’inénarrable baccalauréat 2013. Le pays est arrivé à un tel état de déliquescence que l’annonce des résultats du bac n’intéresse pas seulement les rectorats chargés de préparer la rentrée universitaire, mais également les commissariats de police qui doivent prévoir les effectifs des forces antiémeute pour contenir les débordements.

    Il est difficile d’imaginer d’autres formes que prendrait la déchéance de l’école algérienne, lorsque la course à la triche, puis le recours à la rue pour contester les délibérations sont sur le point de supplanter l’effort, l’assiduité et l’intelligence. Des enseignants interrogés sur ces tristes développements de la dernière session du bac ne paraissent pas surpris. «C’est la tricherie à longueur d’année», disent-ils. Et le taux de réussite de 44% est jugé plus conforme au niveau scolaire réel.

    L’on ne pouvait pas s’attendre à des résultats exceptionnels dans un contexte de baisse criante du niveau pédagogique constaté le long de l’année dans les établissements scolaires. L’épisode inédit de la triche en groupe en plein examen du bac est, par ailleurs, l’image frappante de la dérive du système éducatif, dont la responsabilité incombe en premier lieu aux autorités en charge du secteur. Celles-ci ont eu la main lourde pour sanctionner quelques milliers de tricheurs ou présumés tels, satisfaisant ainsi les syndicats des personnels de l’éducation qui ne pardonnent pas les dépassements subis par des surveillants dans les salles d’examen.

    Cette sanction d’une ampleur inégalée ne peut pas résoudre le problème et risque même d’en créer d’autres. L’exclusion à tort d’un seul candidat ou candidate disqualifierait l’ensemble de cette procédure disciplinaire qui s’apparente à une coupe sombre dans les listes des candidats de certains centres d’examen dont les scènes de fraude ont atterri sur les réseaux sociaux. Lorsque cet embrouillamini généré par le bac de cette année aura été résorbé, il restera à engager un véritable plan de sauvetage de l’école algérienne, dont les tares ont fini par se manifester dans les rues.

    Pour l’heure, il est annoncé un allègement du poids du cartable à la prochaine rentrée, prévoyant, entre autres, un seul cahier pour les cours d’éducation islamique et civique. Le problème le plus lancinant est le poids de l’idéologie qui a éloigné l’école algérienne des bases du savoir et de la connaissance.
     

     

    Djaffar Tamani
  • Ya Baba Ya Latif

     

     

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    Dans plusieurs villes du pays, des élèves sont sortis, furieux, après un sujet de philosophie au baccalauréat jugé trop difficile parce que non étudié en cours de terminale. Contestation, violences, bref, un scénario à l'algérienne, pays tendu où même les épreuves scolaires donnent lieu à des affrontements. Mais qu'y avait-il dans ce sujet ? Un thème banal, «la vérité est relative». Où est le problème alors ? Il est dans le programme de terminale, dans les cours de philosophie où l'on apprend aux élèves que c'est surtout la liberté qui est relative.

    On peut comprendre ce choix des programmateurs pédagogiques, les libertés réclamées ici et ailleurs ne sont pas forcément bonnes pour tout le monde et il faut savoir les apprécier avec beaucoup de relativité, ce qui, pour le régime liberticide algérien, est utilisé comme propagande. Mais sur la vérité, c'est un tout autre problème. Car on enseigne depuis longtemps aux élèves, à leur parents et voisins qu'il n'y a qu'une seule vérité, celle de Dieu et pas n'importe lequel, et que ce dogme constitue quelque chose d'absolu et de non relatif. Comment ensuite disserter ? Le bug de l'élève devant cet obstacle majeur de la pensée n'est pourtant pas entièrement recevable ; quand on fait de la philosophie, on peut en théorie disserter sur n'importe quel sujet.

    En pratique, l'abrutissement de masse engagé il y a plus de 14 ans par le très relatif Benbouzid a donné ses fruits mous, et l'arrêt volontaire de la pensée engagé par les pouvoirs publics, les imams, les médias publics, les instituteurs, les chauffeurs de taxi et les coiffeuses aura contribué à fabriquer des générations de méta-bloqués. Maintenant que le sénateur Benbouzid peut disserter dans les fauteuils feutrés de la République du haut de ses 400 000 DA mensuels, son successeur Abdelatif Baba Ahmed doit se demander ce qu'il faut faire. Ou défaire. Tout est relatif.

     

    Chawki Amari