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Bouteflika, et après ? rien comme avant.dictature

 

 

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Fin de l’acte 1 du feuilleton de la maladie du président de la République ; s’ouvre maintenant un second chapitre, celui de sa capacité à renouer avec ses activités, ne serait-ce celles, minimales, qu’il exerce depuis 2005 pour qu’il puisse «tenir» encore physiquement jusqu’en avril 2014, date de l’élection présidentielle. Cependant la réalité est là, médicalement prouvée : l’AVC qui l’a terrassé il y a 80 jours a considérablement fragilisé son organisme, déjà ébranlé par l’ulcère hémorragique apparu il y huit années. Si sa vie n’est pas en danger, il est toutefois devenu impotent, incapable de faire face ne serait-ce à un minimum de tâches présidentielles. Il va être contraint de suivre d’incessantes séances de rééducation physique. Sa première maladie l’a déjà contraint à réduire quasi totalement ses apparitions publiques. Il a rompu l’essentiel des contacts avec la population et les pays étrangers. Cet effacement a considérablement appauvri la vie politique, économique et diplomatique du pays : lois et décrets au compte-gouttes, absence de suivi des projets structurants, ce qui a favorisé nombre de pratiques corruptives, y compris au niveau des entreprises publiques et des chantiers stratégiques.

Le processus dit de changement, enclenché au lendemain des émeutes de janvier 2010, a été stoppé. La révision constitutionnelle, la toute dernière réforme, est remise en cause dans la forme et dans le fond du fait de l’aggravation de l’état de santé du chef de l’Etat, qui a plongé le pays dans l’incertitude. Un arrêt salutaire, car le président de la République ambitionnait, en triturant une nouvelle fois la Loi fondamentale, de renforcer davantage ses pouvoirs, de redonner du sursis au système et de réduire le champ politique démocratique, et cela dans la logique des lois promulguées ces deux dernières années (partis politiques, information, associations).

Sollicité il y a 80 jours pour jouer le pompier, le Premier ministre Sellal s’est trouvé confronté à un premier obstacle, celui de ses prérogatives constitutionnelles. En amendant la Constitution de 1996 pour s’assurer la totalité et la globalité des pouvoirs, Bouteflika a supprimé la fonction de chef de gouvernement au profit d’un poste de Premier ministre réduit à n’assurer que la coordination gouvernementale. Dans sa quête d’absolutisme politique, il n’avait pas imaginé qu’il pouvait un jour être mis hors jeu et que, comme tout être humain, de surcroît âgé et déjà souffrant, il pouvait sombrer dans la maladie. Les grandes démocraties se sont préservées du cumul des pouvoirs de l’Exécutif aux mains d’un seul homme et c’est un des gages de leur succès. Des mois durant, Sellal a dû gouverner dans la solitude, avec une marge de manœuvre extrêmement réduite, ne tablant que sur son volontarisme, son expérience ministérielle et ses relais dans les administrations. Tant bien que mal, il a pu tenir le cap, prenant quelquefois des décisions courageuses, démontrant sans le vouloir que l’Algérie pouvait se passer de son président de la République pour peu que les autorités administratives soient responsabilisées et que soient levés les blocages bureaucratiques.

C’est un des signes, parmi d’autres, que le pays, aujourd’hui, n’a plus besoin d’un leader providentiel, autocratique et drapé dans de la légitimité historique. L’Algérie est en quête d’un chef d’Etat normal, assez jeune, un technocrate doté d’un sens politique aiguisé, ouvert à la modernité politique, sociale et culturelle, un président de la République de rupture et de changement, en mesure de rassembler les Algériens sans exclusive, pouvant redonner aux jeunes espoir en leur avenir tout en les réinscrivant avec intelligence dans leur patrimoine historique. Ce profil de président de la République existe dans le pays, pour peu que la succession à Bouteflika (par la mise en œuvre de l’article 88 de la Constitution qui autorise l’empêchement ou la compétition présidentielle d’avril 2014) ne soit pas, comme toutes celles qui l’ont précédé, l’œuvre du système en place, de ses clans et de ses familles. La succession doit être ouverte à tous, dans la compétition politique la plus saine possible.

 

Ali Bahmane

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