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G3 : “éloge de la lenteur”

 


 

Par : Mustapha Hammouche

Revoilà la G3 ! On se demande où le ministre des Postes et des TIC ou le directeur général d’Algérie Télécom trouve l’aplomb pour relancer, sans cesse, un projet qui commence à prendre des allures de serpent de mer.
Remarquons, ce doit être plus facile de faire des promesses à un peuple qui ne vous croit pas : n’ayant rien espéré de vous, il ne vous tiendra pas rigueur de ne pas être au rendez-vous.
Donc, cette fois-ci, ce sera pour novembre prochain. Et c’est tellement sûr que l’appel d’offres, qui, paraît-il, a été soumis à l’ARPT et attend son avis, sera émis début août. Dans deux semaines. Un peu comme l’État a racheté Djezzy “dans un an”, “dans six mois”… et renationalisé ArcelorMittal. “C'est une affaire d'une semaine ou deux, tout au plus”, assurait pourtant le comité de participation en mai dernier.
Nous en avons connus de ces projets dont les horizons reculent à mesure qu’on s’en rapproche. Des retards dans le lancement comme dans le délai de réalisation. L’aventure du métro d’Alger, pour être caractéristique de la nonchalance nationale en matière de développement, n’est pas la seule. Le retard est simplement la règle. Il concerne les grands comme les petits projets. S’il a fallu trente ans pour creuser une ligne du métro, il a fallu aussi quatorze ans pour construire le petit hôpital d’Azazga.
L’on ignore si les annonces servent à “nous faire passer le temps”, selon l’expression de maître Brel, ou à éprouver notre patience. Mais les pouvoirs semblent être incapables de se départir de ce réflexe qui consiste à diriger notre regard au plus loin vers le futur, histoire peut-être de nous empêcher de voir le désastreux bilan du passé et le lamentable état du présent.
Et puis, plus l’horizon est éloigné, plus le responsable a des chances de ne plus être en poste pour rendre compte de ses fausses promesses. Ces temps-ci, il pleut des projets aux termes les plus longs. Pour 2015, on nous annonce 2,5 millions de touristes, cinquante kilomètres supplémentaires de métro à Alger, 8 000 nouveaux kilomètres d’autoroutes et voies rapides pour le pays et nos ports atteindront une capacité de 100 millions. En 2020, cette capacité portuaire passera à 155 millions de tonnes et le nombre de PME dans l’industrie atteindra les 1 340 000 avant de culminer à deux millions en 2025. En 2030, 40% de la production d'électricité destinée à la consommation nationale sera d'origine renouvelable.
Sur la seule base des déclarations de ministres et présidents-directeurs généraux, on peut ainsi dresser des tableaux d’étapes d’un développement luxuriant, mais malheureusement virtuel, de l’Algérie. On l’éprouve depuis un demi-siècle : à mesure qu’on se rapproche du moment où il est question de jouir de notre bonheur programmé, son horizon fuit encore plus loin !
Cette logique du report indéfini qui fait qu’au moment où la technologie a annulé le temps de déplacement de l’information, l’Algérie aborde la question du développement des TIC avec l’approche hésitante du rentier qui fait ses courses : “J’achète… j’achète pas ; j’achète… j’achète pas.” C’est cela la tragédie de la rente : en ce qu’elle peut dispenser le pouvoir d’une politique de développement économique et technologique et scientifique, elle sert aussi à financer le sous-développement !


M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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