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Mou, un peu paresseux et ayant perdu sa virginité depuis longtemps, le corps électoral va être convoqué, lui à qui on ne demande presque jamais rien. A l’ordre du jour, une élection présidentielle, qui consiste à glisser une enveloppe avec un nom dessus dans une fente étroite pour permettre à un homme de faire ce qu’il veut pendant 5 ans. Car en Algérie, quand il est élu (ou coopté par les lobbies), un Président estime qu’il est le seul maître à bord et personne n’a plus le droit d’émettre un avis avant le prochain mandat.

Le président Bouteflika l’avait d’ailleurs expliqué au début de son règne, alors que les Algériens ont voté pour lui, pourquoi devrait-il rendre compte de ses choix et de ses actions à l’Assemblée, aux partis majoritaires, au Conseil de la magistrature ou à l’opinion publique ? Il aura d’ailleurs dans cette logique rapidement changé la Constitution pour faire d’un régime déjà hyper-centralisé, un régime ultra-présidentiel qui a fermé la voie à toute opinion contraire. Pour cette raison, les régimes démocratiques ont établi des contre-pouvoirs afin d’empêcher un homme de diriger seul une nation sans n’associer personne, au risque d’embarquer tout le monde dans son erreur.

D’ailleurs, le président Bouteflika étant malade et tremblant, il pourrait se tromper et écrire une loi interdisant à tout homme de sexe masculin et toute femme de sexe féminin de se présenter à la présidentielle. Une partie des Algériens applaudirait, l’autre contesterait, l’Assemblée voterait oui à la majorité absolue, Saadani expliquerait que c’est une excellente loi, Bensalah qu’il soutient sans réserve le programme présidentiel et Sellal que le Président est en bonne santé et a donc raison. Résultat, pas d’élection. Et pas de problème pour le corps électoral déjà fatigué à l’idée d’être convoqué. Il irait simplement se recoucher sur le lit douillet des illusions de la nation perdue.

 

Chawki Amari

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