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L’Algérie suspendue à l’évolution du marché mondial

 

 

 

Les prix du pétrole détermineront les priorités économiques

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L’Algérie risque de payer cher sa dépendance aux hydrocarbures à moyen et long termes.

Le prochain Président et son administration devront composer avec le fait que la concurrence sur le marché pétrolier et gazier dans les quelques années à venir sera de plus en plus rude (lire l’entretien de Francis Perrin). L’émergence de nouveaux pays producteurs, le développement des gaz non conventionnels et l’arrivée des Etats-Unis comme exportateurs de gaz sont autant d’éléments qui vont reconfigurer le marché. Et ce sont les recettes d’exportation de l’Algérie qui seront en péril. De plus, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déjà prévu à l’horizon 2018 une croissance de la demande pétrolière moins rapide que la production, pouvant ainsi déboucher sur une baisse des cours du pétrole.

Avec un niveau d’importation très élevé et des recettes éventuellement moins importantes, l’Algérie pourrait être confrontée à une question de choix quand il s’agira de consentir des investissements, alors que la relance de la machine productive s’annonce déjà comme une priorité. Une urgence d’autant plus que le pays aura à peine cinq ans pour construire une économique capable de résister à la concurrence induite par l’entrée en vigueur, en 2020, de la zone de libre-échange avec l’Union européenne.De nouvelles barrières tarifaires seront levées devant d’autres produits industriels européens importés.

Les acteurs économiques et sociaux ont multiplié ces dernières années les propositions pour faire face à ces exigences. Récemment encore, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a fait une liste de 25 propositions destinées à relancer l’investissement et à développer la production nationale. Le salut de l’économie algérienne passe, selon la centrale syndicale, par la promotion du made in Algeria, la limitation des importations aux produits non fabriqués localement, l’encouragement des partenariats public-privé, et la levée des barrières bureaucratiques.

Du côté des entreprises, on promeut davantage la libéralisation de l’initiative privée et le renforcement du soutien de l’Etat à ce secteur. Le Forum des chefs d’entreprise propose notamment de réorienter vers la production les subventions actuellement destinées à la consommation.

«Choc macro-économique»

Certains avis d’experts vont dans ce sens. La forte pression des besoins sociaux «a installé l’Etat durablement dans une gouvernance de l’urgence marquée par le recours à la dépense et le report de la sanction économique et de la sanction tout court», note l’économiste Mohamed Bahloul. Ce mode de gouvernance caractérisé par «les laxismes monétaires et budgétaires expose le pays, dans une perspective de baisse des revenus pétroliers, à un nouveau choc macro-économique plus dur que les précédents».

Pour le prévenir, le pays aura tout de même quelques avantages à son actif, notamment une dette extérieure réduite à moins de 4 milliards de dollars, un taux de chômage autour de 9%, une gestion prudente des réserves de change et des dépenses en infrastructures théoriquement moindres dans les années à venir compte tenu de ce qui a déjà été consenti ces 15 dernières années.
Développer la production nationale et l’exporter, limiter les importations et la dépendance aux hydrocarbures, renforcer les capacités concurrentielles des entreprises, encourager l’investissement privé, rationaliser la dépense publique, dynamiser le secteur bancaire, lever les blocages administratifs…

Ces défis qui se dressent devant le prochain Président sont colossaux, mais ce ne sont pas les seuls. Pour l’économiste Mohamed Bahloul, la priorité doit aller à «la formation des institutions de l’économie», car «le multiplicateur d’investissement ne peut fonctionner dans une économie ouverte et peu structurée par des règles, des organisations et des normes sociales stables et efficientes».
 

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