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1er novembre

  • boutef tjrs absent dans un pays de bananes

    Le drame déchirant du poète oublié à l’entrée du douar !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Cette année, Abdekka sera absent le 5 Juillet. Oh ! Ça ne change pas grand-chose ! Il était déjà absent le…

    … le 1er Novembre !

    Dans cette histoire de double hospitalisation d’Abdekka au Val-de-Grâce et à l’hôpital des Invalides, on a pensé à tout, on a écrit sur tout, on a évoqué tous les scénarios possibles, on a calculé le nombre de jours passés par le raïs en France, les sadiques ont même compté en minutes, et les pervers en secondes, un séminaire de cartomanciennes et de médiums s’est même tenu à Aïn El Chouwafa sous l’intitulé savant «pourquoi appliquer l’article 88, chiffre de prédilection du Malin, du Diable, de Lucifer, de Azrayen ?», mais on a oublié une chose. Ou plutôt quelqu’un. Et c’est un cantonnier municipal, lecteur de «Pousse avec eux» de la veille, de l’avant-veille ou de plus loin encore dans le temps — en fonction de la date des exemplaires du Soir sur lesquels il tombe par hasard dans l’exercice de ses fonctions — qui me le dit : dans le magma de l’actualité hospitalière de notre cher, très cher Président on a oublié un… poète ! Oui, un poète oublié à l’entrée d’un minuscule village d’Algérie dénommé Aïn El Meddah. Les circonstances de cet oubli sont plutôt extraordinaires. La veille du fameux Mini-AVC qui s’est finalement mué en Méga Bug présidentiel, une caravane électorale a débarqué à Aïn El Meddah. En quelques heures, des banderoles et des affiches appelant à un 4e mandat de Boutef’ ont été accrochées aux quatre coins de cette localité. Des coins très rapprochés puisque Aïn El Meddah est une très petite bourgade de 5 000 habitants et 4 brigades de gendarmerie. Et donc, en un tour de main, les lieux ont été transformés en décor de kermesse vantant les mérites de la nouvelle «Ouh’da». Une chorale a été montée en quelques minutes. Deux chevaux ont été loués au gros bourg voisin pour une parade-fantasia improvisée et sans réelle chorégraphie. Et un poète de renommée certaine, ou de certaine renommée, c’est selon, a été placé sur un pouf en cuir, cousu de fil d’or (le pouf, bien sûr, pas le poète, cousu lui de fil blanc) et installé à l’entrée nord de Aïn El Meddah, l’entrée Sud ayant été définitivement rayée de la carte par Ould Kablia. C’est dans cette ambiance de fête, de liesse et de liasses pour le prochain budget communal qu’est tombée la nouvelle : Abdekka, victime d’un mini- AVC a été évacué en France, en urgence très modérée pour y subir une cure de paracétamol light. Stupeur à Aïn El Meddah, comme vous devez vous en douter. Ou pas, d’ailleurs ! Quoi qu’il en soit, les responsables de la caravane, qui, eux, savent toujours où se trouve le nord, ont vite fait de décrocher leurs banderoles et affiches pour un 4e mandat du châtelain, ont débranché la sono, ont négocié avec le bourg voisin une réduction sur la location avortée des deux canassons de la fantasia et s’en sont allés vers l’oubli selon les limiers de l’une des quatre gendarmeries du village. Sauf que dans la précipitation, ils ont oublié le… poète, bien sûr ! Toujours aussi cousu de fil blanc. Mais assis à même le sol, puisque la caravane avait quand même pris le soin d’emporter le pouf au fil d’or. Du coup, à Aïn El Meddah, on se retrouve avec un poète dont on ne sait pas trop quoi faire. Que faire d’un poète dans une bourgade pareille ? Je ne vois qu’une chose à faire. Le signaler à l’antenne locale de l’ONS, l’Office des statistiques. Puisque désormais, Aïn El Meddah compte une population de 5 001 âmes. Tiens ! Ça me rappelle un village un peu pareil. Làbas, leur poète, appelé aussi barde, ils l’attachent tout le temps et le bâillonnent. A Aïn El Meddah, où l’on a horreur de ce genre de pratiques barbares, ils ont opté pour une méthode plus douce. A chaque fois que leur poète veut déclamer des vers, ils l’obligent aussitôt à fumer du thé pour rester éveillé, bouche fermée, à ce cauchemar qui continue.
    H. L.

     

  • 1er Novembre

     

    Les faux Moudjahidine : ces fossoyeurs de l’Indépendance…

     

    Par | octobre 31, 2012 1:19

     

    moudjahidines

     

     


     

    Les joies de l’Indépendance n’ont pas étouffé ce scandale. Et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ces «faussaires de l’Histoire». Les faux Moudjahidine, ces personnes qui n’ont jamais contribué à la libération du pays mais qui bénéficient tout de même de tous les avantages inhérents à ce statut,  ont défrayé à maintes reprises la chronique. En 2008, un député du parti de l’opposition, le RCD, Nouredine Ait Hamouda, a jeté un véritable pavé dans la marre en annonçant que les faux Moudjahidine seraient au moins 20000.

     

    Tous ces faussaires touchent le plus normalement du monde des pensions qui font rêver les Algériens. Selon Nouredine Ait Hamouda, l’Etat est complice dans ce mensonge et cette manipulation car il entretiendrait savamment ce «clientélisme» pour s’assurer un soutien populaire. Nouredine Ait Hamouda, fils du colonel Amirouche, un véritable héros de la guerre d’Indépendance, est allé jusqu’à mettre en cause «le chiffre d’un million et demi de morts durant la guerre d’Indépendance». «Un chiffre qui n’est pas crédible», a accusé l’ex député de l’opposition lequel n’a pas manqué de s’attirer les foudres de la «famille révolutionnaire». Ces derniers ont même exigé sa déchéance du mandat parlementaire pour avoir diffamé des Moudjahidine. Mais la polémique ne s’est pas arrêtée car même le ministre des Moudjahidine, Chérif Abbas, a reconnu récemment que son département a suspendu pas moins de 12 000 dossiers de faux moudjahidines ! Un chiffre qui se rapproche de celui avancé par le député Nouredine Ait Hamouda.

     

    Mais ces statistiques sont loin de correspondre à la réalité. Preuve en est, le président de l’association des grands invalides de guerre de Libération nationale, Mohamed Bouhafsi estime, lui, à près de 85 000 les dossiers de demande de reconnaissance de la qualité de moudjahid qui sont bloqués depuis des années au niveau de la commission ministérielle du ministère des Moudjahidine ! Ce chiffre effarant ne surprend pas Benyoucef Mellouk. C’est par cet ancien chef de service du contentieux au ministère de la Justice que le scandale est arrivé en 1992.  En effet, Benyoucef Mellouk a dévoilé des preuves de l’existence de magistrats faussaires : 132 dossiers de magistrats faussaires et de faux Moudjahidine,  ainsi que 328 noms de personnes dont les dossiers avaient disparu. Mais depuis ces révélations, la vie Benyoucef Mellouk s’est transformée en cauchemar et lui et sa famille ont subi des pressions inqualifiables. Licencié, puis emprisonné, cet homme de 68 ans continue, aujourd’hui même, à subir des menaces et des intimidations. Sa volonté de mener jusqu’au bout son combat ne plait à certains décideurs qui tentent d’empêcher par tous les moyens que la lumière soit faite sur le dossier des «faux moudjahidine».

     

    Les poursuites judiciaires durent maintenant depuis 18 ans et opposent Benyoucef Mellouk à deux anciens ministres, à savoir Mohamed Djeghaba, ancien ministre des Moudjahidine, et Mohamed-Salah Mohamedi, ancien ministre de l’Intérieur. “Les historiques de la Révolution et les moudjahidine authentiques connaissent le dossier. Il faut qu’ils se prononcent tant qu’ils sont vivants”, avait récemment affirmé l’inépuisable sexagénaire qui ne baisse pas les bras, malgré toutes les intimidations, et espère toujours faire aboutir ce scandale

  • « Si ce pouvoir pouvait faire sauter la date du 5 Octobre du calendrier… »

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    Aujourd’hui, vingt-deux ans après, Azouaou, amputé de son bras gauche jusqu’à l’épaule et membre de l’Association des victimes d’octobre 1988 (AVO88), reviendra sur les lieux du drame et déposera une gerbe de fleurs à la mémoire des chouhadas d’octobre 88, et tout particulièrement, les 39 victimes tombées ce jour-là. « Moi je revendique un statut particulier pour les victimes d’Octobre en tant que victimes d’une bavure d’Etat et non pas d’un « accident de travail » comme on nous désigne honteusement », expliquera-t-il pour la vingt-deuxième fois. « C’est ici que je suis tombé » se remémorera-t-il pour la vingt-deuxième fois, en montrant du chef un portail vert attenant au lycée Emir Abdelkader. « Voyez ce mur : il y a encore les impacts de balles qui témoignent de la boucherie. Ce mur-là par contre a été recouvert de ciment pour effacer les stigmates des automitrailleuses » poursuit notre ami avec émotion. « Si ce pouvoir pouvait faire sauter la date du 5 Octobre du calendrier, il le ferait. Il fait tout pour effacer cette date, effacer ce qui lui est resté comme une tache noire », lâche Azouaou. « Nos mutilations sont considérées comme ‘’accident de travail’’. Accident de travail pour des gamins qui n’avait pas 18 ans à l’époque, ou même pour des enfants en bas âge touchés par des balles perdues. Accident de travail ! » dit Azouaou. Et ces centaines de jeunes qui ont subi la torture ? « Eux, ils n’ont rien. Alors là... », répond le président d’AVO88. « Depuis 1989, on a interpellé les gouvernements successifs, l’APN, les groupes parlementaires, nous avons déposé des mémorandums, des demandes...Nous voulons un statut », dit Azouaou. « Il faudrait bien que l’histoire condamne Lakhal Ayat (chef des services spéciaux militaires), Larbi Belkhir (directeur de cabinet du président Chadli), Khaled Nezzar et Hadi Lekhdiri (ministre de l’Intérieur) à divulguer les détails de ce qui s’était passé, surtout en ce qui concerne la torture », ajoute Azouaou qui préfère commémorer cet événement dans le deuil, seul. « Mais je salue RAJ (Rassemblement Action Jeunesse) qui dépose chaque année une gerbe à la Place des martyrs », dit Azouaou. 

    En 1990, le Parlement FLN décide de classer les victimes d'octobre 1988 sous la rubrique « accident de travail » au même moment que les députés du parti inique décrètent, déjà à l'époque, l'amnistie. En février 1989, les victimes et leurs proches se fédèrent dans une association, AVO 88, dont Azouou est membre du bureau. L'autorité rechigne à agréer l'association avant de proposer une proposition de statut : victimes de catastrophe naturelle ! Comme si les rafales de kalachnikovs fauchant des jeunes désarmés et les centres de torture étaient aussi naturels que les séismes ou les inondations. « C'est l'indécence même », dit Azouaou qui explique que les victimes ont refusé la proposition. Mais l'agrément est octroyé ensuite par défaut de statut. Est-ce un hasard également que les victimes du terrorisme et les proches de disparus n'ont ni statut ni associations agréées ' « Depuis 1989, nous n'avons pas arrêté : à chaque anniversaire d'Octobre nous avons interpellé tous les gouvernements, la présidence de la République, les groupes parlementaires. Sans la moindre réponse. » « En 1990 quelqu'un a daigné nous recevoir à la présidence de la République' habillé en survêtement. » Seule deux personnalités ont promis des avancées : Rabah Bitat, en 1989 alors président de l'APN et le regretté président Mohamed Boudiaf en 1992. Or, le premier a quitté son poste, le second, lui, a été assassiné. AVO 88 reste ainsi sans budget, ses membres sans statut et souvent sans espoir. L’espoir au fond d'un tonneau Sans espoir' et plein d'amertume. En colère. « En colère contre ces Betchine (ancien patron de la Sécurité de l'armée), ces Hichem Abboud (capitaine à l'époque de la Sécurité militaire, opposant à l'étranger) qui veulent se racheter une virginité alors qu'ils savaient qu'on tuait et qu'on torturait ! », explose Azouaou. Dans la foulée, il parle des crimes d'Octobre commis sous le règne de l'ancien président Chadli, Larbi Belkhir, Khaled Nezzar, le chargé du « maintien de l'ordre », Hadi Lekhdiri, le ministre de l'Intérieur, Mouloud Hamrouche, chef de file des réformateurs' « Il faudra préciser les responsabilités, parler de ces héritiers de Aussaress qui ont torturé en octobre, parler des voitures banalisées avec des tireurs anonymes à bord ciblant la foule' Il faut que les historiens ouvrent ces dossiers. »

     L'oubli est devenu le pire ennemi de Azouaou. « J'espère que le président Bouteflika se rappelle qu'il était signataire de la "motion des 18" », glisse-t-il. Publiée le 23 octobre 1988 et signée par dix-huit importantes personnalités politiques ' Mostefa Lachref, Lakhdar Bentobbal, Ali Haroun, Rédha Malek, etc. ' la déclaration fustigeait ouvertement la torture pratiquée durant et après la révolte d'Octobre et appelait à la fin d'une « légitimité historique qui s'est épuisée au fil des ans ». Fin 2005, lors de la campagne pour le référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Abdelaziz Bouteflika répétait que, en octobre 1988, « le peuple a été sorti », poussé dans des émeutes. Ça ne fait pas du tout sourire Azouaou. « Ils remettent en cause tous les acquis d'Octobre, il ne reste que la presse indépendante. C'est tout », soupire Azouaou en reposant sa tasse de café. En ce vingtième anniversaire, il compte se rendre à la place des Martyrs, non loin de là où son bras a été déchiqueté, avec l'association Rassemblement action jeunesses ' comme chaque année ' pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des 500 morts, des blessés, des torturés, des disparus. Il veut perpétuer la mémoire. Le combat est de plus en plus vital. « La situation des droits de l'homme chez nous est la même depuis 20 ans, ce sont juste les méthodes qui ont un peu changé. »

     

    L.M.