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7 a 77 ans

  • Ôte ta main de là !

     

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Hollande a téléphoné à Abdekka pour le féliciter après sa
    réélection et lui réaffirmer que la France est favorable à une
    accélération de la coopération…

    … médicale !

    Je ne suis pas un exemple de religiosité ! Loin de là ! J’assume même mon côté «anticlérical militant». Mais quand on assume, il faut tout assumer ! Assumer aussi, par exemple, ce côté paradoxalement mignon de l’Algérien qui se fout de l’imam à la première occasion, mais en même temps, qui ne peut passer devant un quignon de pain jeté au sol sans le ramasser, l’embrasser et le préserver dans un coin haut, loin des souillures. Nous sommes comme ça, élevés dans ce respect non pas d’une religion dogmatique, mais dans des fondamentaux humains. Il est des réflexes impossibles à censurer lorsqu’on a plus du demi-siècle au compteur de la vie. Si j’écoute la radio et que les programmes de musique rock sont interrompus par l’Adhan, je ne change pas de fréquences, comme tétanisé, j’attends la fin de l’appel à la prière pour ensuite me replonger dans Bruce Springsteen ! C’est ridicule, c’est infantile, personne ne peut m’obliger à mon âge à suivre ces rituels, je vous l’accorde, mais c’est comme ça ! Je m’y conforme parce que récipiendaire d’une éducation ancestrale que je perpétue, parfois à l’insu de mon plein gré. Pourquoi diable je vous raconte tout ça ? Parce qu’en ce moment précis, là, maintenant et dans les heures qui viennent, j’ai une pensée déjà émue, voire un pincement au cœur à l’évocation de la profanation à venir d’un objet que mes parents m’ont appris à respecter par-dessus tout, à sublimer. Bon ! Je dois bien l’avouer, moi, le mécréant, je n’ai pas suivi à la lettre les recommandations de mes Chibanis aujourd’hui sous terre. Mais en même temps, cet objet est là, dans mon intérieur. Il me suffit de le savoir ! Non pas que cela chamboule ma vie, ou que ça en conditionne son cours fondamentalement. Non ! Mais il est là ! Il m’est arrivé comme tout le monde de déménager souvent, surtout lors de la «décennie noire», j’ai dû alors, à chaque fois me séparer d’un tas de choses, par nécessité pratique, mais l’objet en question, je l’ai gardé toujours. Comme une sorte de talisman. Comme pour dire à mes parents, dans un dialogue entre le monde des vivants et celui des morts, «voyez ! Je ne suis pas le fils vertueux dont vous auriez peut-être rêvé, mais j’ai gardé l’objet précieusement, je l’ai mis à l’abri du temps et de ses vicissitudes, il m’est arrivé de le recoller, de le restaurer, et il est là». Puérile complainte d’un fils non encore résolue dans son rapport à Dieu ? D’un quinquagénaire encore indécis sur des interrogations d’ados ? Non ! Juste assumer cette part de contradiction délicieuse que nous portons pour beaucoup d’entre nous Algériennes et Algériens par rapport à cet objet sacré. Et si j’en «parle» aujourd’hui, si je partage tout cela ce jour, c’est que cet objet, du moins le même objet, similaire, le Saint Coran va subir un outrage dans quelques heures, à peine. Une main va se poser dessus et jurer ! Sacrilège ! Oui ! Profanation même à mes yeux d’enfant devenu adulte et aujourd’hui dans sa deuxième moitié de vie. Le Coran doit être préservé ! Le Livre Saint ne doit pas être ainsi livré aux «mains incertaines». Si ce n’est pas par religiosité, il faut le faire par respect à l’éducation que nous ont donnée, léguée nos parents. Ou juste par réflexe, comme on le ferait tous les jours avec le quignon de pain ramassé, embrassé, passé sur notre front et élevé au-dessus de la saleté des hommes. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.