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ait ahmed

  • Législatives : un faux scrutin, des votants fictifs et l’armée de Buzzati

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    Par Le Matin DZ     

    Les législatives du 10 mai ont ceci de cocasse, de buzzatien, pourrait-on dire : dans l’interminable attente de l’ennemi attendu du haut des remparts, les pronostiqueurs perdent patience et se déchirent entre eux.

    Dahou Ould Kablia ou le désert des armées électorales

    Les personnages soldats pourraient être des pastiches drolatiques du célèbre roman de Le désert des Tartares de l’écrivain italien Dino Buzzati dont le personnage, soldat de carrière, vieillit dans sa tour et meurt après une longue attente de l’ennemi supposé arriver du désert. Dans le fort, pourtant, les entraînements se poursuivent, les gardes sont sur le qui-vive, les armées en alerte et les ardeurs au combat redoublées. Un conte absurde, épique dans son absurdité même.

    Mais, les tartarins du scrutin législatif du 10 mai sont loin d’avoir l’étoffe de Drogo (le héros militaire de Buzzati) dernière sentinelle d’une frontière morte. Ils s’appellent Mohamed Seddiki, président d’un parti lilliputien en dépit de son appellation supra-historique ; Daho Ould Kablia, le vigile des paris perdus et scribe des votants algériens fictifs ; Bouguerra Soltani dont le nom transcrit comme il plaît à Dieu dans la presse, le comptable en faux et usage de faux.

    Commençons par le premier. Mohamed Seddiki, membre du parti Ahd 54, a été élu, le 27 février, président de la Commission de surveillance des élections législatives, une aubaine pour sortir de l’ombre. En ces temps de vaches maigres, il accorde un entretien brûlot au journal électronique "TSA" (Tout sur l’Algérie) dans lequel il fait siennes les accusations portant sur la manipulation, trituration, fausseté, du fichier électoral et s’élève même contre le vote des contingents de l’ANP dont l’institution, dans ce contexte électoral, s’indigne de la vieille appellation dont la presse l’affuble : la grande muette, à la buzzatienne, justement : "Cette procédure n’est pas légale, selon moi, pour plusieurs raisons. Premièrement, la wilaya de Tindouf compte 45 000 habitants, cela signifie que le nombre d’électeurs ne doit, en aucun cas, dépasser les 22 000 personnes. Or, du jour au lendemain, la wilaya se retrouve avec près de 60 000 électeurs. Alors, nous sommes en droit de nous poser plusieurs questions. Est ce que ces militaires ont changé de résidence ? Si oui, ont ils ont été radiés de leur commune d’origine ? Et puis, pourquoi l’administration n’a t elle pas respecté la réglementation en vigueur concernant le changement de résidence ? Et, surtout, pourquoi le recours à l’inscription en bloc, cette procédure n’est pas prévue par loi."

     

    Ainsi, pour Mohamed Seddiki, c’est, cette fois, l’institution militaire qui porte préjudice à la solvabilité du scrutin, comme si l’ombre des "janviéristes" de 1991 planait cette fois sur un fichier électoral de toutes les discordes avant même la tenue du scrutin.

    Le deuxième, l’ordonnateur, celui par qui une flopée de petits partis cocote-minute, rejetons du système, ex-ministres se bousculant pour une rente de députés en "rois fainéants", réagit aux propos du président de la commission de surveillance des élections et néanmoins, aussi, président du parti aux consonances chimiques AHD 54 et protège comme il peut "son" fichier électoral, objet de toutes les convoitises: "La commission de surveillance devrait introduire un recours si elle constate des cas de non-respect de la loi lors des inscriptions", a-t-il indiqué à TSA.

    Le troisième, enfin, Bouguerra Soltani, chef énigmatique du MSP, qui a quitté l’alliance dans "le bruit et la fureur" et fort de son alliance arrachée de ses congénères, s’est félicité également de la participation du Front des forces socialistes (FFS) d’Aït Ahmed. Il fait de son trio d’alliances autant de boucliers contre l’ennemi virtuel, attendu et soupçonné de ressurgir du scrutin maudit de 1991 "contre la fraude électorale." Mobilisant ses coalisés et surveillant des remparts le tumulte d’une autre alliance, celle qu’il a quittée après qu’elle l’eut engraissé, le Soltani jure d’être aux aguets. Il annoncera les résultats du scrution avant Daho Ould Kablia, a-t-il déclaré, péremptoire et sûr que cette armée de coalisés, du FLN, du RND, du PT et de la "voletaille" sur les lignes arrières finira bien par traverser le désert et engager la bataille des batailles ce 10 mai prochain.

     

    R.M

  • Communiqué : Le harcèlement de syndicalistes et l’interdiction de manifester se poursuivent en Algérie, malgré la levée de l’état d’urgence

     

     

    Genève-Paris-Alger, le 01 mars 2012,

    Un an après la levée de l’état d’urgence, le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme – un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), leurs membres algériens la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme et le Collectif des Familles de Disparu(e)s d’Algérie, ainsi que SOS-Disparus, le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP) et l’Institut du Caire pour les Etudes des Droits de l’Homme s’inquiètent de la poursuite des attaques contre les défenseurs des droits de l’Homme, et notamment contre les syndicalistes.

    Le 26 février 2012 au matin, lors d’un sit-in réclamant les droits des chômeurs et travailleurs précaires devant la Maison de la Presse à Alger, 40 syndicalistes du Comité des travailleurs du pré-emploi et filet social, affilié au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) ont été arrêtés avant d’être libérés en fin d’après-midi sans charge. Parmi eux se trouvaient Mme Malika Fallil, présidente du Comité des travailleurs du prés-emplois et filet social, et de M. Tahar Belabès, porte-parole de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC).

    Le même jour, 40 enseignants contractuels, ainsi que le président et le secrétaire général du Conseil national des enseignants contractuels, affilié au SNAPAP, ont également été arrêtés lors d’un sit-in devant la Présidence de la République, à Alger, pour réclamer leur titularisation. Tous ont également été libérés sans charge dans la journée.

    Ce genre d’arrestations est devenu récurrent contre certains militants des droits de l’Homme et syndicalistes, qui font l’objet d’un harcèlement policier et judiciaire constant. Ainsi, Mme Malika Fallil, et de M. Tahar Belabès, avaient déjà été arrêtés le 22 février lors d’un rassemblement devant le palais des expositions d’Alger, où ils avaient tenté d’interpeller le ministre du Travail et le représentant du Président de la République M. Belkadem Abdelaziz sur les droits des chômeurs et des travailleurs précaires. Ils avaient déjà fait l’objet de plusieurs arrestations de ce type en 2011, de même que d’autres militants syndicalistes.

    Par ailleurs, MM. Hadj Aïssa Abbas et Mohamed Seddik Bouamer, représentants de la section locale de la CNDDC à Laghouat (400 km au sud d’Alger), ont été condamnés le 18 janvier 2012 en première instance à 18 mois de prison ferme pour «attroupement sur la voie publique » (art. 297-298 du Code pénal), après avoir pris part à une manifestation pacifique revendiquant les droits des chômeurs en août 2011 à Laghouat. La décision a été rendue par le Tribunal de Laghouat en l’absence des accusés, qui n’avaient reçu aucune convocation et ont fait opposition à ce jugement. Ces condamnations très lourdes constituent un message aussi clair qu’inquiétant envoyé aux syndicalistes et défenseurs des droits de l’Homme qui réclament le droit au travail et à des conditions de vie dignes.

    Nos organisations dénoncent vivement ces actes de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme algériens, et rappellent que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” (Article 1 de la déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme).
    Nos organisations demandent instamment aux autorités algériennes de mettre un terme à ces actes de harcèlement, et de se conformer en toutes circonstances aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs ainsi qu’aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme ratifiés par l’Algérie.

    Le REMDH affirme par ailleurs dans son dernier rapport, La levée de l’état d’urgence : Un trompe l’œil. Exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation en Algérie[1], que la levée de l’état d’urgence n’est qu’un trompe-l’œil derrière lequel les entraves à l’exercice des libertés publiques et individuelles ainsi que les violations des droits de l’Homme se sont aggravées, la plupart des dispositions de l’état d’urgence ayant en réalité été intégrées dans la législation ordinaire.

    Contacts:
    REMDH: Hayet Zeghiche: +32 2 503 06 86 / +32 488 08 00 41
    FIDH: Karine Appy / Arthur Manet: +33 1 43 55 25 18
    OMCT: Delphine Reculeau: +41 22 809 49 39
    CFDA: +33 1 43 44 87 82
    LADDH: +213 21 23 80 86
    SNAPAP: +213 21 52 03 72
    CIHRS: + 202 27963757