Par Le Matin DZ |
"A chaque fois que je vois le nombre 1, j’ai envie de l’aider à s’échapper…il a constamment à ses trousses, derrière, le zéro qui veut le rattraper et devant, toute la mafia des grands nombres qui le guettent." Romain Gary
[Abdelaziz Bouteflika ] Abdelaziz Bouteflika
Maintenant que pratiquement toutes les instances soi-disant officielles se sont exprimées pour exposer les résultats des élections législatives du 10 mai, consacrant encore une fois le FLN et son rejeton et acolyte le RND, une conclusion est pour le moins presque évidente à l’observation des chiffres et à l’écoute de l’opinion globale sur la question de la crédibilité.
Au-delà de l’algèbre kafkaïenne
La dernière institution qui vient de prendre la parole est le très sérieux Office national des statistiques. Il dit grosso modo que 80% des citoyens formant les effectifs électoraux ne se son pas exprimés. Autrement dit, sur les 21 millions d’électeurs, 4 millions environ ont donné leur avis dont à peu près 1 million 800 mille au profit du FLN-RND.
Et c’est ce résultat, dans son détail palpable de moins de 2 millions, beaucoup moins que la population de la wilaya d’Alger, qui peut sembler le plus intéressant. Parce qu’en dehors de sa "vraisemblabilité" par rapport à l’offre et à la demande, c’est-à-dire, l’appel à la voix sur 4 millions de potentiels face à plus de quarante partis d’inégales fortunes. D’un côté, la gueule de l’ogre à deux mâchoires, le parti de Abdelaziz Belkhadem et la formation d’Ahmed Ouyahia, face à des dizaines d’autres en rangs dispersés croyant plus au surnaturel, à la surprise ou au don du prince, que sur leurs capacités de mobilisation, si l’on excepte des fractionnements d’ordre cultuel, régionaliste ou pro syndical, dans les groupuscules de ladite Alliance verte, les patentés du FFS et les férus de Louisa Hanoune.
Proportionnellement parlant, dans le sens de l’échelle algébrique de la mesure et non pas dans celui du mode du scrutin, depuis l’entame du nouveau millénaire, c’est le même ratio qui revient, dans la quantité et dans la qualité. Le nombre des citoyens qui votent et le nombre de voix que les partis du pouvoir obtiennent. 4 millions de citoyens patents partis aux urnes, c’est le neuvième de la population, adultes et mineurs, mâles et femelles. C’est aussi le cinquième de la population électorale, mais les optant FLN-RND, les tenant de l’Administration, c’est le douzième des inscrits sur les listes et le 21ème de la population de l’Algérie.
Le chiffre magique de Bouteflika
Le 1,8 million, donc, ce n’est pas le nombre d’or, cher aux architectes soucieux de dessiner des merveilles dans une harmonie de bâtisse, mais il vient de lui-même comme trahissant une réalité sociale qui ne peut plus maintenant s’occulter : ce doit forcément être le nombre d’Algériens et d’Algériennes pour qui le régime de la force – de la farce aussi puisqu’il ne faut désormais plus éviter de jouer sur les mots, le président lui-même a démontré récemment, lors d’un discours cérémonial de commémoration dédié à la consultation, qu’il est bien en phase avec les allégories trompeuses pour ne pas rendre justice - et de ses systèmes émanant de la théorie et des pragmatismes de la rente, résout leurs problèmes en les désignant comme une sorte de supra citoyens qui ne veulent courir aucun risque pour une démocratie afin de perpétuer leurs privilèges alignés sur les prérogatives qui contrôlent la manne pétrolière. Ces citoyens qui vivent le mieux à moindre frais, sur le minimum de peines et d’angoisse, tirant les avantages des meilleures dispositions bureaucratiques sous les ordres du FLN et du RND.
Dans un pays "normal", c’est-à-dire où les citoyens vivent et projètent leur devenir à partir de richesses et de plus-values gagnées par le renouvellement du cycle humain du travail et non pas par celui du carbone, qui a une population égale à celle de l’Algérie, eh bien, ce nombre-là de 1,8 million d’âmes votant pour des formations politiques au pouvoir, pour un statut quo, raisonnablement, il est un noyau d’élites qui sait que les autorités pour lesquelles il opte pour leur maintien sur les rênes œuvre-t-il pour le plus probant devenir de la nation dans son ensemble. En quelque sorte un garde-fou d’opinion intelligente qui guide le pouvoir et le conforte pour le bien être de la majorité.
Le patriotisme des rentiers impénitents
Sur le plan moral, dans l’éthique sociale, ces fractions en Algérie, qui possèdent le mieux de leur pays en se dépêtrant de la contrepartie du devoir patriotique par l’acquit non mérité, logiquement, ils ne sont pas des traîtres, mais du point de vue du devenir intrinsèque de la nation ils sont pires. C’est un peu comme si vous avez un voisin qui ne peut pas acheter de la pomme de terre chez le maraîcher du quartier à raison de 150 dinars le kilo pour faire une frite omelette et vous allez rafler tout le stock pour le bouffer tout seul en famille sans lui donner au moins la chance de tenter un prélèvement de quatre livres à crédit, le temps de l’arrivée par la poste de l’avis de virement d’une dérivation de salaire qui déshonore la majorité des contribuables algériens. C’est un peu comme si vous envoyez vos enfants conquérir les plus up to date formations d’ingénierie et de management en revigorant un modèle de gouvernance dans votre pays, pour le seul domaine éducationnel, qui renvoie les enfants dans les paradigmes d’apprentissage dont les programmes pédagogique, dans les langues et dans le savoir scientifique, concourent à l’abrutissement tous azimuts. Et à l’incapacité d’entretenir les matériels et les services domestiques dans les agglomérations urbaines et rurales.
Retour à la fumisterie
En démocratie intelligible sur un nombre de 21 millions en droit de voter une législature, une majorité pour une formation particulière ou pour un groupe de partis ne doit pas descendre en deçà de 11 millions de voix porteuses, où pour 9 millions d’exprimées, il faut au moins 4, 6 millions de favorables. Par conséquent une majorité parlementaire de 1,8 million de bulletins glanés est non seulement la démonstration sur le terrain d’une fumisterie politique à inscrire derechef dans le Guinness ou à présenter dans les cursus universitaire de Science- Po sur les modules de l’insolite en action politique.
En tout cas, cette crème, si vous saisissez le sens populaire de l’expression, aura à coup sûr à répondre de tout ce qui va se dérouler à partir de la mise en marche de la machinerie législatrice. Le chef de l’Etat vient de poser la cerise sur sa tarte en désignant le président du Conseil supérieur de la langue arabe à la tête de l’hémicycle, Mohamed Larbi Ould Khelifa, âgé de 74 ans, qui s’insurge souvent dans le Comité central du FLN à propos des enseignes de magasins écrites en français. Il paraît même qu’il aurait vu d’un mauvais œil la décision de Boubekeur Benbouzid dans sa façon de faire enseigner les mathématiques, de la gauche vers la droite, moitié arabe, moitié français. Mais il aurait mis n’importe qui à la tête des députés, cette "crème" qui a élu l’Assemblée nationale, s’en fiche éperdument, ce n’est pas là son souci qui doit rester dans la formule les schémas d’intéressement quant à la distribution de la rente.
Nadir Bacha
législatives
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Pour Bouteflika l’Algérie compte 1,8 million d’habitants
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La priorité politique absolue est le boycott des élections législatives
zoom | © Souhil. B.ImprimerPDF Envoyer à un ami Flux RSS PartagerLes indignés, qui sont en froid avec ces élections et ont une inoxydable résistance à la résignation, se réfugient dans le boycott qui est une arme politique dont l’impact psychologique est considérable.
Les résignés, désespérés et désemparés par l’incertitude, l’inquiétude, l’angoisse, voteront. «Résignés, indignez-vous.» Les Algériens ont tous un ou plusieurs motifs pour s’indigner. Les réactions hostiles à la participation aux élections législatives sont très nombreuses et se caractériseront par un taux élevé d’abstention. Il faut s’attendre à un élan d’indignation de la part des résignés. L’abstention, qui progresse à chaque scrutin, est un acte de méfiance et de désaveu à l’égard du pouvoir qui interfère de manière directe dans le truquage de toutes les élections qui mènent à la normalisation autoritaire de la société.
L’appel au boycott, venu des profondeurs de la nation, est entendu et suivi par le peuple, particulièrement les jeunes qui dénoncent la régression politique et sociale réelle et profonde, dans laquelle vivent les Algériens. Malgré le matraquage médiatique, la participation au vote sera faible, parce que les mots simples et bien compris appellent mieux à la mobilisation en faveur du boycott. Le prochain scrutin sera marqué par un nouveau record d’abstention. Ne pas respecter les règles d’une élection propre, transparente, c’est s’attendre à une grande désaffection de l’électorat.
Le président Abdelaziz Bouteflika s’investit dans la campagne électorale
La raison et la logique, ainsi que le bon sens ne s’auraient accepter qu’il élève au rang de la révolution du 1er Novembre 1954 ou du référendum de juillet 1962 qui a consacré l’indépendance nationale, les élections législatives du 10 mai 2012, qui ne peuvent que consolider son pouvoir afin de lui permettre de réviser la Constitution, sa Constitution et de préparer sa succession. Les principes du 1er Novembre et du Congrès de la Soummam sont évacués, sacrifiés à des intérêts électoraux, au cynisme électoral. Les Algériens ont surtout retenu le péché d’orgueil dans lequel est tombé Bouteflika, la démagogie, le peu de sérieux, le dérisoire qui naufragent ses propos, qui ne sont qu’un coup d’éclat politicien, un coup de bluff, un dérapage de la pensée, faiblesse politique inexcusable, qui emploie les grands mots pour cacher les grands maux. Déçus par la politique politicienne du pouvoir, les Algériens désireux de préserver la cohésion nationale et la cohésion sociale boycotteront en masse les prochaines élections législatives qui n’incarnent pas l’esprit du 1er Novembre.
Le Parlement a abdiqué ses pouvoirs constitutionnels pour se mettre au service du pouvoir exécutif
Il faut diminuer le nombre de députés et non l’augmenter. Le Conseil de la nation, qui est une hérésie, car rien dans la sociologie politique du peuple algérien ne peut justifier son existence, a été créé par le président Liamine Zeroual dans le seul but de contrecarrer une éventuelle majorité à l’APN. Il faut le dissoudre dans les meilleurs délais, parce qu’il ne reflète en rien la réalité nationale et représente une dérive de la République. Le président de la République a fixé la marge de manœuvre du Parlement en lui demandant de voter tous les projets de loi que le pouvoir exécutif lui propose. Il a accentué la primauté présidentielle en fixant la marge d’action du Parlement, selon le principe : «Vous devez faire ce que j’ai décidé que vous feriez.»
A quoi peut servir une APN quand il n’ y a pas séparation mais confusion des pouvoirs, c’est-à-dire dictature ? Chacun des trois pouvoirs doit remplir strictement son rôle et s’y maintenir. Le président Bouteflika ne s’est pas passionné pour le Parlement, a minimisé son rôle réduit à deux chambres d’enregistrement. A quoi peut servir l’APN quand le Président attend qu’elle soit en vacance, pour légiférer par ordonnances ? L’APN, issue de la fraude électorale, n’a aucune crédibilité, s’enfonce dans un discrédit dont elle a du mal à se relever, fonctionne à vide sans prise réelle sur les problèmes du pays. Elle n’est en réalité qu’une maison de retraite lucrative destinée aux cadres du parti. La prochaine APN sera éphémère, parce que dans un bref délai, l’accélération de l’histoire mettra en place un régime politique basé sur la démocratie, la liberté, la justice et les droits de l’homme.
«Les élections législatives seront libres et honnêtes», a déclaré Bouteflika
Qu’a-t-il fait depuis 13 ans au pouvoir pour que les élections soient libres ? Il a été le premier à bénéficier d’élections truquées. Des élections propres et honnêtes, c’est une bataille perdue pour le pouvoir, parce qu’elles arrivent trop tard. Elles ont été libres en Tunisie, en Egypte, au Maroc, au Sénégal et partout ailleurs. Il faut rafraîchir la mémoire des Algériens sur la fraude électorale, vieille tradition coloniale, amplifiée depuis l’indépendance du pays, qui est au rendez-vous de toutes les élections. Elle déforme et pervertit le suffrage universel, fausse la voie des urnes et la vérité électorale. Ce ne sont pas les électeurs qui choisissent les élus, mais le DRS secondé par l’administration et la justice, en exerçant des pressions sur les volontés et les consciences, en trafiquant les élections par des fraudes massives et en distribuant des quotas. La répartition des tâches est faite, les Algériens doivent voter, mais la répartition des sièges relève de la compétence du pouvoir pour éviter des surprises.
Le plus simple serait sans doute, comme le recommande le journaliste Kamel Daoud, d’élire le ministre de l’Intérieur qui est aussi celui des élections, et de lui laisser le soin de répartir les sièges de députés, entre les partis qui ont un ancrage populaire et un poids électoral, et les partis de l’opposition qui sont devenus l’opposition du pouvoir. L’entrée en campagne du président Bouteflika, qui demande aux Algériens de voter en masse, a pour objectif de prouver au peuple algérien et au monde, particulièrement à l’Amérique et à l’Union européenne, que les élections législatives seront propres et honnêtes parce que leur contrôle est confié à des juges dont l’indépendance est conférée par la Constitution et qui n’exercent leurs fonctions qu’en appliquant la loi égale pour tous, et de leur conscience.
La mascarade de certains procès prouve que la justice est aux ordres. Dans les affaires de justice, qui ont une dimension politique, le droit doit triompher de la politique, la morale de la raison d’Etat. C’est une raison pour donner aux Algérien un Etat de droit qu’ils n’ont jamais connu, le seul Etat en mesure d’améliorer l’image de la justice, de rehausser son prestige et son audience. Il n’y a qu’à se souvenir des arrêts du Conseil d’Etat, juridiction administrative suprême, qui en 2004, dans l’affaire du FLN, s’est déjugé en retenant deux oppositions radicalement opposées. Le Conseil constitutionnel a validé toutes les élections entachées de fraudes massives. L’élection présidentielle d’avril 2009 a tourné au ridicule et à la mascarade, caractérisée par une fraude électorale massive, le truquage du scrutin et le bourrage des urnes. Il y a un côté mystique chez Bouteflika, bienfaiteur des zaouïas, qui ont fait de lui l’homme providentiel.
Le cheikh Nasreddine Chouadli, président des zaouïas, a écrit dans l’hebdomadaire algérien Al Mohakika(1) : «C’est par la volonté des saints éclairés que Bouteflika a pu mener à bien son œuvre. C’est également en conformité avec la volonté des saints que Bouteflika sera président à vie.» Mahmoud Chaâlal, président de l’Union nationale des zaouïas algériennes (UNZA) a déclaré : «Pour les élections présidentielles de 2004 et de 2009, Abdelaziz Bouteflika a été réintroduit au palais d’El Mouradia grâce à nous, ce qui nous a enchantés.» La fraude ne sera pas généralisée pour les élections législatives du 10 mai 2012, et l’électorat sera distribué en quotas selon l’équilibre des forces que le pouvoir veut établir sans faire émerger aucune force importante ou moyenne, en mesure de prétendre à la direction du gouvernement qui sera totalement remanié par le président de la République. Le bilan de 13 années de pouvoir dictorial, à défaut d’être positif est instructif.
Le Président ne peut initier de vraies réformes, parce que la dictature ne se réforme pas. Le monopole politique et la pensée unique étouffent la voix du peuple et conduisent à la régression des libertés. L’Algérie a un besoin urgent de vraies réformes, et non de celles retenues par le pouvoir qui ont atteint le seuil psychologique de l’intolérable. La jeunesse, soucieuse de rigueur et de cohérence, thermomètre de la température qui représente la vie, l’espérance, l’avenir, est délaissée. Le corps social ne peut être entier et fonctionner de manière harmonieuse, que si les femmes occupent la place qui leur revient de droit dans la société, toute leur place, leur juste place, c’est-à-dire l’égalité avec les hommes dans tous les domaines.
La priorité du sens de l’unité du peuple et de l’intérêt national est à retenir, pour comprendre la nécessité de mettre en œuvre d’urgence le pluralisme culturel et linguistique. Les résultats obtenus en matière d’éducation et de santé sont catastrophiques. Respecter la liberté d’expression, préserver la liberté de la presse sans exclusion ni exclusive et les règles de l’étique, est le combat qui est mené et qu’il faut continuer. La diplomatie algérienne manque de sérieux et de rigueur, accumule discrédit, perte d’influence, échecs, et humiliation. Récupérer les partis politiques est un des axes de la politique du pouvoir qui a toujours considéré que les dirigeants des partis, il faut d’abord tenter de les acheter avant de les combattre, et qu’ils sont capables d’abandonner leurs comportements en harmonie avec les principes qu’ils défendaient la veille, à condition d’y mettre le prix.
L’argent roi où tout s’achète est au cœur du pouvoir. Quand l’argent précède toutes les portes s’ouvrent. A quoi peut servir la richesse de la nation, à améliorer la vie du peuple ou à enrichir les cercles du pouvoir et ceux qui gravitent autour d’eux qui détiennent un patrimoine immobilier très important et des fortunes colossales. La corruption, inséparable de l’exercice du pouvoir, sévit à tous les niveaux et dans tous les domaines. Les deniers publics de l’Etat, sur lesquels le Président a la haute main, sont mobilisés en faveur des riches toujours plus riches, et non au profit des pauvres toujours plus pauvres. L’idéologie du libéralisme sauvage, sans règles ni garde-fou, ouvre la voie au marché informel qui fait la loi. Une partie du peuple vit dans la pauvreté qui s’étend à tout le pays, végète dans la misère, et le pouvoir qui ne répond pas à sa détresse et à sa souffrance donne encore plus à ceux qui en ont déjà trop. Ce qui est le comble de l’injustice. L’exigence sociale est portée par les syndicats autonomes qui luttent sur trois fronts : la protection sociale, l’emploi, le pouvoir d’achat et contre la fracture sociale qui se creuse de manière grave et fait remonter, en surface, la soif de la justice sociale.
Les Algériens veulent l’alternance, l’autre exigence est l’alternative
L’alternance qui est le droit souverain du peuple à choisir ses représentants au niveau de toutes les institutions élues de l’Etat, par des élections libres, ne s’est pas réalisée depuis l’indépendance du pays. Elle reste d’actualité. L’alternative passe par la réalisation de convergences autour d’un projet global de transformation sociale et sociétale. La fonction essentielle du pouvoir dictatorial est de consolider les liens de domination, de subordination et d’assujettissement qu’il exerce sur le peuple. Il voit dans la main de l’étranger, qui met en danger l’Algérie, dans toute contestation intérieure, pour avoir sous la main un épouvantail à agiter. Le tableau de bord des relations politiques au sommet de l’Etat voit ses indicateurs basés sur des divergences stratégiques, passer au rouge les uns après les autres.
Les uns disent le DRS fait tout et le Président fait le reste ; les autres disent le contraire. Il faut répéter avec force ce qui est dit depuis un certain temps, le départ du Président est un préalable absolu, un impératif même. Deux quinquennats, hélas, trois quinquennats, holà. La grande faute politique de Bouteflika est d’avoir révisé la Constitution en 2008 par un coup d’Etat constitutionnel pour s’octroyer un mandat à vie. L’Algérie a de nombreuses Constitutions, la 5e avec celle en préparation pour avoir leur respect et les règles de jeu qu’elles impliquent. Elles sont peu appliquées, usées et révisées avant d’avoir servi. Le Président veut donner, à la fin de son 3e mandat, un avenir qui ait un sens. Préoccupé par l’image qu’il veut léguer à l’histoire, il prépare sa sortie du pouvoir qui se fera après la révision de la Constitution ou à la fin de son 3e mandat en avril 2014, après avoir fait le changement qu’il veut, fait par lui et pour lui, pour assurer sa succession. Mais rien n’est définitivement acquis en politique, et les affaires humaines ne se déroulent pas souvent comme conçues et ne sont pas exécutées comme prévu. Quand se joue le destin du pays, l’avenir n’est pas écrit.
1 – Le Soir d’Algérie du 30 mars 2009, et El Watan du 29 avril 2012
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Législatives : un faux scrutin, des votants fictifs et l’armée de Buzzati
Par Le Matin DZ
Les législatives du 10 mai ont ceci de cocasse, de buzzatien, pourrait-on dire : dans l’interminable attente de l’ennemi attendu du haut des remparts, les pronostiqueurs perdent patience et se déchirent entre eux.
Dahou Ould Kablia ou le désert des armées électorales
Les personnages soldats pourraient être des pastiches drolatiques du célèbre roman de Le désert des Tartares de l’écrivain italien Dino Buzzati dont le personnage, soldat de carrière, vieillit dans sa tour et meurt après une longue attente de l’ennemi supposé arriver du désert. Dans le fort, pourtant, les entraînements se poursuivent, les gardes sont sur le qui-vive, les armées en alerte et les ardeurs au combat redoublées. Un conte absurde, épique dans son absurdité même.
Mais, les tartarins du scrutin législatif du 10 mai sont loin d’avoir l’étoffe de Drogo (le héros militaire de Buzzati) dernière sentinelle d’une frontière morte. Ils s’appellent Mohamed Seddiki, président d’un parti lilliputien en dépit de son appellation supra-historique ; Daho Ould Kablia, le vigile des paris perdus et scribe des votants algériens fictifs ; Bouguerra Soltani dont le nom transcrit comme il plaît à Dieu dans la presse, le comptable en faux et usage de faux.
Commençons par le premier. Mohamed Seddiki, membre du parti Ahd 54, a été élu, le 27 février, président de la Commission de surveillance des élections législatives, une aubaine pour sortir de l’ombre. En ces temps de vaches maigres, il accorde un entretien brûlot au journal électronique "TSA" (Tout sur l’Algérie) dans lequel il fait siennes les accusations portant sur la manipulation, trituration, fausseté, du fichier électoral et s’élève même contre le vote des contingents de l’ANP dont l’institution, dans ce contexte électoral, s’indigne de la vieille appellation dont la presse l’affuble : la grande muette, à la buzzatienne, justement : "Cette procédure n’est pas légale, selon moi, pour plusieurs raisons. Premièrement, la wilaya de Tindouf compte 45 000 habitants, cela signifie que le nombre d’électeurs ne doit, en aucun cas, dépasser les 22 000 personnes. Or, du jour au lendemain, la wilaya se retrouve avec près de 60 000 électeurs. Alors, nous sommes en droit de nous poser plusieurs questions. Est ce que ces militaires ont changé de résidence ? Si oui, ont ils ont été radiés de leur commune d’origine ? Et puis, pourquoi l’administration n’a t elle pas respecté la réglementation en vigueur concernant le changement de résidence ? Et, surtout, pourquoi le recours à l’inscription en bloc, cette procédure n’est pas prévue par loi."
Ainsi, pour Mohamed Seddiki, c’est, cette fois, l’institution militaire qui porte préjudice à la solvabilité du scrutin, comme si l’ombre des "janviéristes" de 1991 planait cette fois sur un fichier électoral de toutes les discordes avant même la tenue du scrutin.
Le deuxième, l’ordonnateur, celui par qui une flopée de petits partis cocote-minute, rejetons du système, ex-ministres se bousculant pour une rente de députés en "rois fainéants", réagit aux propos du président de la commission de surveillance des élections et néanmoins, aussi, président du parti aux consonances chimiques AHD 54 et protège comme il peut "son" fichier électoral, objet de toutes les convoitises: "La commission de surveillance devrait introduire un recours si elle constate des cas de non-respect de la loi lors des inscriptions", a-t-il indiqué à TSA.
Le troisième, enfin, Bouguerra Soltani, chef énigmatique du MSP, qui a quitté l’alliance dans "le bruit et la fureur" et fort de son alliance arrachée de ses congénères, s’est félicité également de la participation du Front des forces socialistes (FFS) d’Aït Ahmed. Il fait de son trio d’alliances autant de boucliers contre l’ennemi virtuel, attendu et soupçonné de ressurgir du scrutin maudit de 1991 "contre la fraude électorale." Mobilisant ses coalisés et surveillant des remparts le tumulte d’une autre alliance, celle qu’il a quittée après qu’elle l’eut engraissé, le Soltani jure d’être aux aguets. Il annoncera les résultats du scrution avant Daho Ould Kablia, a-t-il déclaré, péremptoire et sûr que cette armée de coalisés, du FLN, du RND, du PT et de la "voletaille" sur les lignes arrières finira bien par traverser le désert et engager la bataille des batailles ce 10 mai prochain.
R.M