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bouguenoura

  • esque un pays arabe a critiquer l'algerie,ben non! pourtant c'est une dictature flagrante.

     

    Révolutions arabes : le leurre permanent

    Par
     
    Il ne suffit pas de faire tomber des dictateurs. La démocratie est une longue construction.

    Est-ce le fait de chasser un Ben Ali, un Moubarek, lyncher un Kadhafi, et demain fermer la porte d’El Mouradia à Bouteflika, peut être considéré comme un acte révolutionnaire, voulu comparable par exemple à celui consistant en la prise des armes contre l’occupant colonial ?

    Les Occidentaux en tout cas veulent le présenter en nous le faisant accroire comme tel. Cela nous flatte, en même temps que ça nous leurre. Déjà bien avant le premier équinoxe de l’année précédente, la presse occidentale annonce au monde le "printemps" arabe, histoire d’ouvrir une page d’un planétaire bidonnage évènementiel clientéliste qui rappelle le renversement du roi Farouk, Idris Sanoussi, Réza Pahlavi, peut-être sous peu Mohamed VI. 

    C’est du pipo, ya el khawa, c’est du pipo. Excepté dans le Liban, toutes les actions entreprises dans le sens du combat pour les libertés dans le sens intégral de l’accomplissement, très sincères au tout début et très dramatiques, ont été transformées en farces respectives qui n’ont pas beaucoup de gloire à raconter à l’Histoire. Que se fut-il passé de légendaire avec Nasser quand Tsahal tout de suite après s’être accaparé du Sinaï et le logement social en Egypte emprunte aux espaces sépulcraux ?  

    De quelle grandeur s’est emparé le destin de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque au lendemain de la Jamahiriya, malgré ou grâce à ses inépuisables ressources hydrocarbures, sinon de faire rire le globe terrestre tout entier des agissements quasi clownesques de leur leader ne ratant jamais une occasion de faire parler de lui en fomentant, ici et là, des guérillas médiatiques et des attentats spectaculaires?

    En quoi les mollahs, qui ont raté de peu le chah pour le pendre, ont-ils été révolutionnaires si le niveau de vie des Perses aujourd’hui est plus misérable qu’il ne le fût sous l’empereur. De quelle manière leurs coreligionnaires à qui il est donné le pouvoir actuellement, en Egypte, en Tunisie, au Maroc, dans quelques mois en Algérie, s’acceptent-ils comme révolutionnaires quand le devenir des citoyens de leur pays est entre les mains de diasporas rendant des comptes à des consortiums martio-financiers basés à New York, Londres, Paris et Berlin ?

    Il faut hésiter de commencer à croire que le monde arabe change vraiment de cap. Parce que tout simplement il n’a pas les moyens de le faire ; il a beau s’étoffer de toutes les constituantes qu’il pourrait, il est compris certainement dans un ostensif remous mais il ne s’achemine en aucune façon sur celui qu’il lui faut pour que ses élites puissent dire aux citoyens qui écoutent l’opinion qu’il s’agit bel et bien de la bonne solution.    

    L’Europe et l’Amérique sont dans leur troisième siècle de révolution industrielle, d’ère des lumières et de découverte – avant la prière de la djamouâ des centaines de brevets d’invention d’importance pour le bien-être de l’humanité, vont se faire réglementer dans les villes occidentales tandis que des milliers de conditions psychologiques et matérielles vont dans la même durée bousiller la qualité de la vie dans le monde arabe.

    Juste avant-hier, entre un aller-retour au marché, une conduite souterraine d’eau pète à deux pas de la Sûreté de daïra de Bouzaréah, je suis sorti il y a un moment, le déversement dans la rue est encore plus important.

    J’ai encore en image ce regard perfide d’un représentant de gros matériel médical électronique rencontré par hasard à l’hôpital de Douéra quand il me disait juste après l’investiture de Marzouki, la joue flatteuse : "On avait peur au début du printemps arabe mais maintenant ça nous semble heureusement bien se passer."

    J’ai bien précisé qu’il ne s’agit pas d’un cadre diplomatique mais d’un fourgueur de marchandise qui coûte très cher et dont nos pauvres malades ne peuvent s’en passer. Qui s’en fout comme de son dernier slip du nouveau président tunisien ou du futur chef d’Etat algérien parce que dans son esprit nourri dans la source de l’Occident maître de l’univers nous ne pouvons être, pour son bonheur, que ce que nous savons faire.  

    Mais ce salopard-là, s’il est encore vivant dans quelques années quand des gens auront à devoir courir après les remplaçants de Moubarek et Ben Ali pour les tuer ou les juger parlera toujours de révolution arabe, avec dans sa tête, alors riant sous cape, la "révolution chez les Arabes".

    Nadir Bacha