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  • les bouriquots découvrent les lois qui ont votées

    Des députés découvrent les absurdités qu’ils ont votées

    Par : Mustapha Hammouche

    Ce n’est certainement pas le résultat qu’il en attendait quand le FLN a initié la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur les révoltes de janvier dernier. Conçue pour confirmer les motifs “alimentaires” des manifestations et accréditer la thèse du complot par la hausse des prix du sucre et de l’huile, elle s’est, certes, appesantie sur le problème de la maîtrise des prix des denrées de première nécessité, mais a surtout soulevé les éléments de politiques publiques qui sont à l’origine de l’anarchie du marché.
    C’est donc sur des règles que l’Assemblée nationale a toujours allègrement entérinées que la commission est revenue. En commençant par le mode de calcul du budget que nos élus n’ont jamais remis en cause, ni même interrogé. Un artifice fondé sur le déficit structurel du budget corrigé par la différence entre le prix de référence et le prix réel et qui brouille la perception des capacités réelles du pays. “Le budget de l’État est calculé sur la base d’un baril à 37 dollars. Actuellement, le pétrole vaut 100 dollars sur le marché. Si le prix du baril de pétrole baisse au-dessous de 60 dollars, d’où va-t-on ramener l’argent pour continuer à subventionner les prix des produits ?” s’interroge le député et président de la commission, Kamel Rezki. Il y a longtemps que les députés auraient dû édicter des normes qui assurent la continuité budgétaire et qui devait libérer le train de vie de l’État et de la société de la contingence pétro-boursière.
    Les députés enquêteurs découvrent ensuite l’absurdité aventureuse de la technique de subvention des prix adoptée comme instrument de politique sociale à grande échelle. En plus de pousser à des dilatations budgétaires qui peuvent devenir incontrôlables, elle a pour effet d’augmenter la consommation : “les importations de matières premières pour la fabrication des produits subventionnés ont pratiquement doublé cette année, ce n’est pas normal”, note le président de la commission.
    Elle est de fondement injuste puisqu’elle profite autant aux industriels et artisans qui utilisent le produit soutenu qu’aux consommateurs sans distinction de niveaux de revenus : “ce n’est pas normal de vendre le lait au même prix pour le riche et le pauvre. Aujourd’hui, l’État soutient les yaourts, les sodas, les pâtisseries. Ce n’est pas normal de soutenir tout le monde”, commente encore notre président de commission. Il suggère donc de “plafonner les importations des matières (subventionnées) en fonction des besoins”, de constituer “un fichier national des catégories démunies” et de “favoriser les investissements dans la production des produits de large consommation afin d’augmenter l’offre sur le marché et de faire baisser les prix”. Tout un programme ! Alors qu’il est tellement plus simple de dépenser, tant qu’il y a des sous et d’avoir… la paix !
    Les grossistes, qui connaissent la logique du système, n’ont même daigné répondre à la convocation des députés, “contrairement aux… ministres et aux opérateurs économiques”. N’est-ce pas le conseil des ministres qui les a dispensés de présenter un registre du commerce, d’être facturés ou de payer par chèque pour leur approvisionnement ?
    C’est toujours ça de gagné de voir des députés s’émouvoir de l’anarchie que leur institution a régulièrement votée.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • En qualité de chef suprême des forces armées

    Dites quelque chose Monsieur le Président…

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    le 28.08.11 |

    Dites quelque chose Monsieur le Président… Ils sont certainement nombreux les Algériens à vouloir faire cette remarque au chef de l’Etat.

    Ils veulent savoir si Abdelaziz Bouteflika est véritablement sensible à leurs inquiétudes et à leurs souffrances. Ils veulent savoir si le chef de l’Etat, et chef suprême des armées, tient bien le gouvernail du bateau Algérie. Un bateau qui tangue au grès d’un terrorisme «résiduel» terriblement nuisible et un agenda de réformes politiques parsemé de pointillés…
    Nos jeunes officiers et civils, explosés par la horde terroriste à l’Académie militaire de Cherchell ce vendredi, n’ont pas eu les honneurs de la République. Le président Bouteflika n’a eu aucun mot de gratitude à leur égard ou de soutien à leurs familles. Nos dix-huit compatriotes, ravis à la fleur de l’âge, ont eu, comme les centaines de victimes du terrorisme ces dernières années, un silence troublant en guise d’oraison funèbre.


    Dieu reconnaîtra les siens, pas la République… Et ce n’est pas le jeûne qui a empêché Abdelaziz Bouteflika de rompre la parole juste après la rupture du f’tour. Même amoindri, le chef de l’Etat a tout de même trouvé la force et le temps pour bombarder les auteurs de l’attentat contre le siège des Nations unis à Abuja au Nigeria, en les condamnant avec «la plus grande fermeté». Le président Bouteflika a été plus sensible aux 18 victimes nigérianes qu’à nos 18 officiers. C’est un constat que tous les Algériens ont fait.
    Le chef de l’Etat est si prompt à réagir aux malheurs qui adviennent aux autres et ne pipe mot quand la malédiction frappe à ses portes. Avant Abuja, il y a eu en effet le double attentat en Norvège qui a fait plus de 80 morts.
    Là aussi, notre président a dû réchauffer les cœurs des Vikings du nord en condamnant également avec «la plus grande fermeté» «ces actes odieux (…) et lâches». Le roi de Norvège, Harald V, a dû apprécier, malgré son affliction compréhensible pour le sort de ses bons sujets. Sans doute que les Algériens auraient très apprécié que Bouteflika écourta son f’tour et s’en alla à l’Académie de Cherchell remonter le moral des troupes.


    Abuja, Oslo… Cherchell


    Un moral qui était ce jour-là dans les rangers de nos officiers choqués par ces invités-surprises qui ont ébranlé leur forteresse. Mais, les 18 officiers de l’Académie de Cherchell ne sont ni des fonctionnaires des Nations unies à Abuja ni des sujets respectés du roi en Norvège. C’est juste des civils et des militaires algériens. Et cela ne semble pas suffire pour mériter les hommages présidentiels, pas même un petit mot de condoléances. Après tout, le terrorisme tue tous les jours en Algérie, semble dire le Président…  La vérité est que le chef de l’Etat fait preuve d’un détachement «physique» et psychologique à toute épreuve vis-à-vis des Algériens et de leur quotidien. Après les avoir «soûlés» avec ses discours kilométriques quand sa voix portait, Bouteflika a tiré le frein à main.


    Il ne parle que quand il est obligé de le faire. Aux étrangers de préférence. Ces rares apparitions publiques et ses petites phrases lâchées à l’ouverture de la foire où ailleurs, furent des moments difficiles pour lui.
    On sentait que l’homme accomplissait des corvées protocolaires. Sans plus. Mais comment se taire face à cet attentat spectaculaire commis à l’intérieur même de la prestigieuse Académie de Cherchell et qui a fait près d’une vingtaine de victimes ? On ne peut pas se taire tout simplement. Le président Bouteflika l’a pourtant fait. Comme d’habitude…


     

    Hassan Moali