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  • #Ãlgerie Une pente douce mais sûre

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    L'enfoncement. Descendre, toujours, s'enfoncer encore. Jusqu'au point où la situation perd son aspect dramatique pour devenir risible. Une affaire Guerrara où les Mozabites accusent la police d'apartheid ; deux procès, un trafic de cocaïne jugé à Alger et un autre relatif à l’assassinat d’un militant politique à Oran, où des accusations de torture sont avancées. Avec, pour la dernière affaire, un tribunal qui refuse d’autoriser la défense à faire citer des témoins, à examiner les preuves avancées par l'accusation et à procéder au contre-interrogatoire de ses témoins, y compris le légiste qui a réalisé l’autopsie du professeur Kerroumi.

    Dans le même temps, un refus de visa pour Amnesty international, une interdiction de célébration pour la Journée contre la corruption, la dispersion par la police d'une manifestation devant le Palais du gouvernement, une conférence sur les droits de l'homme interdite à Constantine et le ministre de la Justice qui refuse de répondre à la question que tout le monde se pose au sujet du mandat d'arrêt algérien contre Chakib Khelil. Rien d'anormal, sauf qu'en cette Journée internationale des droits de l'homme et devant ces refus délibérés, Farouk Ksentini n'a rien trouvé de mieux que de décerner, au même moment, à Bouteflika, le prix national des droits de l'homme. Sur les 39 millions d'Algérien(ne)s, l'imprononçable CNCPPDH n'a pu trouver aucun militant harcelé ou figure de la lutte pour les droits de l'homme.

    Ayant cherché sans succès dans son répertoire téléphonique, Ksentini a donc décerné le prix à son Président, qui n'a d'ailleurs pas daigné assister à la cérémonie. Dans la foulée, on aurait aimé que le ministre des Sports remette aussi à Bouteflika la coupe d'Algérie de football. Ou, mieux, décerner à Ksentini le prix du meilleur cireur de l'année. Mandela, ne reviens pas à Alger. Ils sont capables de te mettre en prison. Juste pour rire.

     

    Chawki Amari
  • Encore une fois un leurre !

    : RÉFORMES POLITIQUES, LÉGISLATIVES 2012

    Par Abdelhak Bererhi(*)
    Décidément, le pouvoir est un mauvais élève ! Il n’a tiré aucune leçon ni des épreuves passées, ni de la décennie noire et son cortège de deuils, ni des révolutions du Printemps arabe.
    Autiste et aveugle, il réduit toutes les révoltes citoyennes éclatant çà et là dans toute l’Algérie, révoltes sévèrement réprimées, à des problèmes uniquement sociaux. Puisant à profusion dans les caisses de l’Etat, les caisses du peuple, il refuse d’y voir son échec et l’aspiration du peuple algérien à la démocratie, aux libertés, au changement. Dans sa fuite en avant, il poursuit toujours la même démarche pour perdurer coûte que coûte. Contrairement aux allégations officielles, c’est sous la pression des révoltes récurrentes dans le pays et sous la pression implacable des changements intervenus dans le monde arabe avec la chute en cascade de dictateurs, ainsi que sous la pression internationale, que le chef de l’Etat, dans un discours inattendu à la nation, après de longs mois de silence, annonça le 15 avril 2011 une série de réformes politiques à promouvoir. Le CCDR la résuma le 17 avril 2011 en une formule plus que jamais confirmée depuis : «Le changement dans la continuité, avec les mêmes acteurs et le même arbitrage !» Avec d’autres démocrates, le CCDR appelait alors à un dialogue national avec toutes les forces vives du pays, en lieu et place d’un débat dans un cénacle fermé. Le CCDR estimait que cette démarche citoyenne était la seule voie pacifique pour un réel changement. Du reste, il a toujours milité et sans cesse appelé, notamment dans son manifeste du 16 avril 2002, à une transition démocratique pour une véritable alternative démocratique. La suite des évènements confirma ces appréhensions, avec la mise en œuvre d’un débat tronqué, sur mesure, limité à quelques personnalités qui exprimèrent, dans leur majorité, leurs réserves et leur défiance quant à la méthode adoptée. Il y eut ainsi un vrai faux/débat, un simulacre de dialogue avec des représentants de partis «alignés» ou de partis «potiches», ainsi qu’avec des représentants d’une société civile réduite à la portion congrue, avec des laudateurs et des rentiers politiciens. Couronnement de cette mascarade, le Parlement, chambres basse et haute confondues, caisses de résonance assumées, toujours dans un «show» et vrai/faux débat, adopta les lois conservatrices et liberticides «des réformes politiques » censées apporter, sinon le changement, du moins une certaine ouverture La levée de l’état d’urgence et la persistance de l’entrave aux libertés en disent long sur la crédibilité du pouvoir. En fait, en agissant ainsi, le pouvoir ne fait que retarder l’échéance du véritable changement, avec le risque d’une déflagration aux conséquences imprévisibles, la rue. Avec la déferlante verte islamiste et ses deux versants, BCBG et salafiste, opportuniste et récupératrice des révolutions du Printemps arabe auxquelles elle ne participa pas, le pouvoir algérien flirte dangereusement avec l’islamisme dit «modéré», oubliant que l’islamisme est un (l’exemple turc tant vanté, devenu une référence, est en train de le prouver) comme la démocratie est une et ne pourrait en aucun cas être un objectif à géométrie variable. Un certain courant au sein du pouvoir joue avec le feu en encourageant la montée d’un tel islamisme. Alors qu’un autre courant lui oppose un nationalisme simpliste et réducteur, un nationalisme que la jeunesse marginalisée et déboussolée par une histoire confisquée ne comprend pas. En sachant que le nationalisme, et l’histoire l’a démontré, peut conduire à la haine des autres, alors que le patriotisme appelle à l’amour des siens ! A travers le monde, les radicalismes aussi bien nationalistes, religieux qu’identitaires sont en train de frapper de plus en plus fort aux portes républicaines. Cette attitude du pouvoir intervient dans un contexte régional et international favorable à ce dangereux glissement. Devant la révolte des peuples arabes contre la dictature, les pays occidentaux ont encouragé et poussé à la «démocratisation » des régimes autoritaires en intervenant même par la force, au nom du «devoir et du droit d’ingérence» dans certains pays arabes, mais pas tous, comme Bahreïn (livré à une répression sanglante collective ignoble) et les monarchies du Golfe et pour cause ! Dans certains cas, ils ont été jusqu'à financer des ONG, avec à leur tête des apprentis «révolutionnaires », pour former, selon la terminologie consacrée, des «activistes pour un changement pacifique» ! Certaines ont même pignon sur rue en Afrique avec le soutien d’ambassades dûment accréditées ! Exercer une pression politique pour défendre les droits de l’homme et les libertés est une chose, s’ingérer directement sous des couverts humanitaires, en acceptant au final de pactiser, pour des raisons évidentes, avec «le diable» s’il le faut, est une autre affaire ! Qu’on se souvienne du soutien indéfectible accordé par ces pays aux dictateurs déchus. Aveuglés par l’intérêt immédiat (contrôle des ressources énergétiques et des investissements), ces mêmes pays occidentaux n’ont pas tiré de leçons d’un passé douloureux récent. Ils renouent, malgré les drames endurés dans plusieurs pays dont l’Algérie, et les échecs subis notamment en Afghanistan, avec les méthodes d’instrumentalisation de l’islamisme à des fins géostratégiques et géopolitiques, préoccupés uniquement par les retombées financières immédiates, occultant un avenir des plus risqué pour la stabilité, la paix et la sécurité dans le monde. Car l’Histoire a donné la preuve de la nécessité de la séparation du politique et du religieux, condition essentielle et incontournable pour l’édification d’un Etat de droit respectueux de toutes les libertés. Et voilà que, dans une atmosphère politique, économique et sociale des plus délétère et explosive, les élections législatives 2012 sont annoncées à grands cris, avec un activisme et une mobilisation tonitruante de toutes les parties complices du naufrage de l’Algérie. Elles seront le couronnement d’une farce politique sans égal. Comme les précédentes, ces élections législatives sont un leurre, en l’absence d’une organisation neutre de contrôle du fichier électoral et du processus électoral lui-même. L’implication du pouvoir judiciaire ne changera rien aux «habitudes» compte tenu de sa dépendance du pouvoir politique, malgré les frémissements et les soubresauts d’hommes de loi crédibles. Transparence physique des urnes ne signifie nullement élections transparentes ! Toujours manœuvrier et pour faire bonne figure, le pouvoir annonce l’agrément imminent de nouveaux partis dans un pluralisme de façade savamment dosé, après une chape de plomb imposée durant de nombreuses années. Dans la foulée, il encouragera certainement quelques opportunistes à s’intégrer dans le jeu de la machine infernale du système, «équilibre oblige» ! En même temps, les vraies fausses querelles intempestives inter et intra-partisanes, pitoyables effets de manche, se multiplient. Tout cela fait partie du spectacle ; c’est de la poudre aux yeux qu’on nous jette ! Les tractations, la répartition des rôles, la confection du fichier électoral et la mise au point des quotas sont concoctées à l’abri des regards dans des officines rompues à ces manœuvres ! Refuser de participer à la mascarade électorale programmée, la dénoncer, c’est refuser la compromission avec un système et un pouvoir en fin de course qui ne cherchent, répétons-le, coûte que coûte qu’à survivre. Ne pas y participer, c’est refuser de donner un alibi et une caution à un pouvoir et à une gouvernance rejetés par l’Algérie profonde ; une Algérie meurtrie par le terrorisme islamiste ; une Algérie traitée par le mépris par un pouvoir aux antipodes de la démocratie ; une Algérie qui a soif de justice sociale et de libertés ; une Algérie où la citoyenneté, le patriotisme, l’intégrité et la compétence seront les vraies valeurs de conduite de la politique et du développement, en lieu et place du clanisme, de l’opportunisme, de la bureaucratie, de la prébende et de la corruption. En son temps, le CCDR avait déjà appelé les démocrates à ne pas participer aux législatives de 2002. Comme il l’avait fait également le 24 mars 2007, à travers une lettre ouverte fraternelle à ses amis démocrates «tentés» par les législatives de 2007.L’argument avancé à chaque fois par les tenants du pouvoir de l’irresponsabilité de la politique de la chaise vide ne tient plus. Que les courtiers du régime et les loubards politiciens l’occupent comme de coutume : elle a toujours été dressée pour eux sur mesure ! Depuis longtemps, malgré les manipulations et les roublardises, malgré le formatage des fichiers électoraux extensibles à souhait, contrôlés et gérés par une administration aux ordres, malgré la technique ô combien aguerrie et éculée des quotas et le bourrage des urnes, malgré l’annonce d’observateurs étrangers, le peuple algérien n’est plus dupe ! Les forts taux d’abstention (plus de 50%) enregistrés lors des précédents scrutins en sont la preuve cinglante. En se référant au sinistrement célèbre Naejelen, l’élève a largement dépassé le maître ! «Le bûcher des vanités» politiques est entrain de brûler, en reprenant le titre du retentissant best-seller de Tom Wolfe sur la ville de New York ! L’histoire jugera tôt ou tard ! Au risque de me répéter, les partis démocrates sont aujourd’hui, une nouvelle fois, plus que jamais interpellés. Ils ont dû ressentir, avec amertume et impuissance, les brûlures et la fatuité des sièges occupés au Parlement durant les précédentes mandatures. Devant le travail de sape du pouvoir, visant à atomiser toute la classe politique, à juguler toute liberté d’expression, et confinant le citoyen dans des luttes quotidiennes de survie, le nez dans le panier, ils doivent tirer les leçons du passé et ne pas répondre au chant des sirènes. Nous ne le répéterons jamais assez, ils doivent absolument dépasser leurs contradictions, les faux clivages et les fausses querelles et faire table rase du sempiternel faux écueil du leadership, dans un ultime sursaut patriotique. Il y va de leur crédibilité. Sans exagération aucune, leur responsabilité vis-à-vis de l’opinion citoyenne et de l’avenir du pays est plus que jamais engagée. Avec toutes les forces vives républicaines du pays, ils doivent s’unir pour faire front contre ces dérives conservatrices et liberticides, contre le maintien d’un statu quo aux antipodes du changement démocratique ; un changement à l’éclosion duquel ils pourront participer dans le cadre d’un dialogue national patriotique ; un changement que le peuple algérien appelle de tous ses vœux depuis tant d’années de sacrifices et de luttes dans la souffrance.
    A. B.
    (*) Universitaire et secrétaire général du CCDR.

    N. B. : Beaucoup d’amis découragés, désabusés et écœurés m’ont dit : Il n’y a rien à faire, rien ne sert d’écrire ou d’appeler encore au rassemblement. Après plusieurs hésitations, je me suis résolu quand même à nouveau à écrire et à appeler encore une fois au rassemblement démocratique, convaincu qu’une seule voix, même isolée, est un acte d’indignation et de résistance pour rester debout ! En lieu et place d’une lettre ouverte à mes amis démocrates républicains, qui aurait pu être perçue prétentieuse par certains, j’ai préféré avoir recours à une modeste contribution citoyenne, dans un contexte national des plus préoccupants pour l’avenir de mon pays. Si j’étais dans le système et non pas du système que j’ai combattu de l’intérieur comme de l’extérieur, notamment en claquant la porte du Sénat, sans prétention aucune et en toute humilité, j’ai été, je suis et je demeurerai toujours un homme libre, un homme de conviction, un homme qui a servi honnêtement et avec abnégation son pays comme beaucoup d’autres, mais sûrement pas et jamais un «harki» de ce système. En règle générale, si le silence est d’or, il peut être aussi perçu par certains comme un signe de découragement, de fatalité, voire d’indifférence ou au pire de complicité ! Je fais mienne l’une des phrases de Marguerite Duras : «Ecrire c’est aussi se taire, c’est ne pas parler, c’est hurler sans bruit !»

    le soir dz

  • Avec la consigne d'écarter toute raison politique

     

    Mission parlementaire sur les émeutes de janvier 2011 : une enquête biaisée dès le départ

     



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    La rue algérienne s’est révoltée en janvier dernier à cause  de la pénurie de sucre et d’huile sur le marché.  La conclusion est très vite tirée par la Commission parlementaire (lire nos révélations). Elle élude dans son rapport d’enquête toutes autres  raisons, sociales ou politiques.
    La commission  d'enquête sur « la pénurie et la hausse des prix de certains produits alimentaires de large consommation sur le marché national », présidée  par  le député FLN Kamel Rezki, a suivi  un fil  conducteur tracé d’emblée par le gouvernement et n’a eu à aucun moment de l’enquête le courage d’explorer d’autres pistes.
     
    Surtout, il n’était pas question pour la commission de faire le parallèle entre ce qui s’est passé dans le pays et la conjoncture régionale qui régnait  à l’époque. « Le printemps arabe »  ne nous concerne pas en Algérie, semble suggérer cette commission. Du coup,  le rapport s’est noyé  dans  des détails  techniques en rapport avec la gestion du  marché. Mais même dans cet entêtement à vouloir maquiller la réalité, les enquêteurs de la commission parlementaire ont contribué, apparemment  sans le vouloir, à mettre à nu  les carences en matière de gestion des affaires de l’État et les incompétences des dirigeants.
     
    Pour la énième fois, l’État  se montre fragile face aux lobbys économiques et remet en cause un processus que ses institutions ont mis en œuvre dans le cadre des réformes  économiques. On renonce  au paiement par chèque pour  calmer les grossistes.  Ces derniers, qui sont la pièce maîtresse  de l’enquête – bien évidemment si on admet la logique de l’enquête et les propos recueillis –  n’ont  même pas daigné répondre  aux  questions  de la commission parlementaire.
     
    Les grossistes sont-ils  plus puissants  qu’un  ministre d’État  ou qu’un opérateur économique ? La réponse est visiblement oui.  Reste à savoir d’où ils tiennent cette force. Et qui les protège. La commission de  Kamel Rezki omet de répondre à ces interrogations et se contente de se plaindre de ce  comportement auprès du  ministère du Commerce.
     
    Quel est  l’intérêt de cette enquête si elle ne contribue pas vraiment à élucider les énigmes ? Pourquoi tant de secrets  sur un rapport qui, au final, ne nous apprend rien. Tout le monde est  au courant du  dysfonctionnement du marché. Les ministres interrogés par la commission  étaient censés  apporter des  solutions. Ils se sont contentés de décrire une situation déjà connue de tous. Par ailleurs, l’enquête a remis sur le tapis l’étonnante incohérence de l’équipe gouvernementale.  Nous avons assisté à des déclarations contradictoires entre les ministres interrogés.
     
    Dans les coulisses,  on apprend qu’Abdelaziz  Ziari, président de l’APN, attend le feu vert du  gouvernement pour rendre public ce  rapport. Une copie aurait été adressée au président de la République. La Commission a donc bouclé sa mission mais le malaise social persiste dans le pays malgré le plafonnement  des prix  de l’huile et du sucre. D’ailleurs, après le plafonnement des prix, les émeutes se sont poursuivies, avec d'autres revendications. La Commission n'explique pas non plus pourquoi après les émeutes de janvier, le pouvoir a annoncé une série de « réformes politiques ».

  • nos ministres sont des bras cassés ,je m'enfoutisme esqu'en mois ils ont de l'instruction,je ne crois point. c'est le premier rapport parlementaire depuis l'indépendance bis!!

     

    TSA a consulté le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les émeutes de janvier 2011

    Il élude les aspects politiques, illustre l'incompétence des ministres et révèle l'incapacité de l'Etat face aux grossistes



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    Le rapport de  la Commission d'enquête sur « la pénurie et la hausse des prix de certains produits alimentaires de large consommation sur le marché national » reste entouré de la plus grande confidentialité. Le président de l’Assemblée populaire nationale  (APN), Abdelaziz  Ziari,  a donné de fermes instructions  aux parlementaires afin de ne pas divulguer  son contenu à la presse, allant jusqu’à menacer ceux qui ne respecteraient pas cette règle de  sévères sanctions. TSA a consulté une copie du rapport. 

    Le document se compose de 120 pages. Il est structuré en quatre  chapitres : « Audiences  et   visites  sur terrain »,   « Analyses des données »  (notamment  à travers les articles de presse),  « Axes de  l’enquête »,  et le dernier chapitre, le plus important, qui contient les « Conclusions et les recommandations de la Commission d’enquête ».
     
    Deux principaux enseignements se dégagent du rapport : une impuissance de l’État face aux grossistes – ceux‑ci ont refusé de répondre à la convocation de la commission d’enquête – et une incompréhension totale des mécanismes de fonctionnement du marché et de la distribution. Le rapport révèle également l’ampleur des contradictions entre les différents ministres et responsables auditionnés. Mais surtout, il occulte la dimension politique et le contexte social et régional – le printemps arabe – des émeutes qui ont secoué le pays au début de l’année 2011.
     
    Les principales conclusions du rapport
     
    Le rapport explique la hausse des prix des produits de première nécessité par la décision des opérateurs, particulièrement de Cevital – leader du marché – d’instaurer de nouvelles règles avec les grossistes. « Le recours  de l’opérateur  Cevital  à  des mesures décidées  unilatéralement et sans concertation,  faisant notamment obligation aux grossistes  de   prouver le  dépôt légal des comptes sociaux  et exigeant la présence  du  détenteur du registre du commerce  ainsi que  l’obligation de paiement par chèque,  a instauré un climat de méfiance chez  les  grossistes , lesquels  se sont abstenus  de s’approvisionner en produits  alimentaires   comme le sucre et  l’huile »,  note le rapport. Cela a créé une pénurie  au niveau du marché. Une situation exploitée par les grossistes qui ont augmenté fortement les prix. Ces derniers ont procédé  aussi à l’épuisement des stocks  en prévision de l’entrée en vigueur en avril 2011 de  l’obligation de paiement par chèque pour toute transaction dépassant les 500 000 DA.
    Une analyse des évènements contestée par Issâd Rebrab, patron de Cevital, cité dans le rapport. Il a déclaré aux enquêteurs : « les seuls documents exigés aux grossistes  pour  leur vendre les produits alimentaires sont  la carte fiscale et le registre du commerce », comme l’exige actuellement la loi. Durant la période des émeutes, les stocks chez les producteurs étaient considérables (3 mois chez Cevital). En revanche, ils étaient réduits chez les détaillants à cause de la rupture de la chaîne d’approvisionnement. Les détaillants ont alors augmenté leurs prix.
     
    La Commission parlementaire évoque d’autres phénomènes qui  ont interféré sur le marché national des produits alimentaires et provoqué des perturbations. La spéculation  vient en tête avec le fait que les commerçants pratiquent des prix relativement élevés sur les produits stockés avant la crise. Le  document  passe également  au crible le fonctionnement de l’Office national du lait et de l’Office  national des céréales. « Mauvaise  gestion, manque de transparence dans la gestion de  l’argent  public et  la non‑maîtrise  des  opérations d’achat des  produit alimentaires  de première nécessité  sur le marché international »,  sont autant de griefs  retenus  contre les deux  organismes. L’Onil  est  cité comme la source principale de la pénurie de lait. Les autres raisons signalées dans le rapport concernent  la mauvaise organisation du marché  et l’inefficacité  des mécanismes de contrôle ainsi que la suppression du principe des  quotas.
    De nombreuses contradictions entre les différents responsables
    Le rapport révèle de nombreuses contradictions dans les propos des responsables directement concernés par la gestion des prix. Exemple : selon Mustapha Benbada, ministre du Commerce, cité dans le rapport, c’est la décision du gouvernement d’instaurer le chèque qui a provoqué cette crise. « Les grossistes ont  acheté les produits en question en  grande  quantité avant l’entrée en vigueur de cette mesure. Cela a perturbé  le marché », a‑t‑il dit aux enquêteurs. Mais si les grossistes ont acheté les produits en grande quantité, d’où vient alors la pénurie ?
     
    Les propos de Benbada sont également contredits par Mohamed Leksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, et Karim Djoudi, ministre des Finances. Pour M. Leksaci, « il  n’y a aucun lien entre l’augmentation  des prix des  produits alimentaires et la pénurie constatée sur le marché national  avec  le recours  au paiement  par chèque ». Laksaci met en cause « un marché interne déstructuré et les limites de la politique de subvention, en l’absence de contrôle »
     
    Même constat chez Karim Djoudi : l’obligation de paiement  par chèque  prévu  par le gouvernement n’a pas contribué d’une manière ou d’une autre à la pénurie des produits  alimentaires de base, selon lui. « Ce n’est pas la première fois qu’on impose  cette règle », argumente‑t‑il devant les enquêteurs
     
    Karim Djoudi  rappelle en revanche que la hausse des prix  du pétrole  a eu des retombées directes sur les frais de production et de transport. Mais sur ce point, le premier argentier du pays est contredit par un autre membre du gouvernement. Selon Amar Tou, ministre des Transports, « durant le dernier trimestre 2010 et  le premier trimestre 2011, les dépenses  des  ports ,  ayant trait aux  deux   produits « sucre  et  à l’huile n’ont connu  aucun  changement ». « J’ai  personnellement consulté  les  factures de transport  et de livraison, je n’ai constaté aucune augmentation », a‑t‑il ajouté, selon le rapport. Comprendre : la hausse des tarifs des transports n’a eu aucun impact sur les prix du sucre et de l’huile, contrairement aux affirmations du ministre des Finances.
  • y'a à marre de APN du senat dissolution approuvé par le peuple, lois obsoletes ,kif kif ,on revient au moyen age

    La question a suscité une polémique au niveau de la commission des affaires juridiques
    Le bureau de l’APN décide d’expédier les plus importants projets

    El Watan,

    Les responsables de la commission des affaires juridiques ont été sommés d’envoyer, au plus vite, les projets de loi sur les partis, sur les associations et sur l’information à la plénière.

    Le retard accusé dans la programmation du projet de loi organique relatif aux partis politiques a suscité la colère de certaines formations politiques siégeant à l’Assemblée, ainsi que des personnalités qui attendent depuis de longues années la mise sur pied de leur parti, et ce, en vue de participer aux prochaines joutes électorales. Des députés de la Chambre basse accusent ouvertement les partis de l’Alliance présidentielle de manœuvrer pour laisser traîner aussi longtemps ces projets dans le but de gagner du temps. «Les élections législatives sont prévues pour le mois de mai prochain, mais le chef de l’Etat peut convoquer le corps électoral trois mois avant cette date. Si l’on se réfère à cette donne, aucun nouveau parti politique ne prendra part à cette échéance, car aucun parti n’aura eu l’agrément», note un parlementaire.

    Partant de cette hypothèse, si de nouveaux partis ne prennent pas part aux élections législatives de mai prochain, l’Algérie composera dans le futur avec une Assemblée qui sera identique à celle d’aujourd’hui, c’est-à-dire avec les mêmes partis et peut-être les mêmes députés.
    Ces jours-ci, une polémique s’est installée à l’APN autour de cette question. Les élus, ayant demandé à l’ouverture de la session parlementaire d’automne de procéder par ordre de priorité la programmation des projets, sont déçus par les décisions prises par le bureau de la Chambre basse et, par conséquent, de la non-prise en charge de leurs préoccupations.

    «Le ministre de l’Intérieur et le bureau de l’APN s’accusent mutuellement et chacun renvoie la responsabilité à l’autre en matière de retard dans l’examen de ces projets», nous affirme-t-on. Aucune partie ne veut endosser la responsabilité des retombées de cette démarche.
    Aujourd’hui, pour tenter de remédier à cette situation, le bureau de l’APN a accéléré la cadence en programmant les quatre plus importants projets sur une période ne dépassant pas une semaine (du 23 au 28 novembre). Ces textes de loi seront expédiés en quatre jours. «La commission juridique a voulu élargir les consultations en invitant les leaders des partis politiques et d’autres experts, mais elle a été sommée de conclure ses travaux pour soumettre le projet à débat en plénière», regrette un parlementaire.

    Les députés parlent sans hésitation de bâclage et d’expédition de projets. Sinon, comment expliquer que des textes très importants, tels que le projet de loi sur les partis politiques, celui relatif aux associations et le code de l’information, soient débattus en une journée ? Nul n’ignore qu’en dépit de l’accélération des travaux, le projet sur les partis politiques ne sera jamais mis en œuvre dans les délais, ce qui pénalisera les nouveaux partis. «Une fois débattu à l’APN, le projet sera soumis au Conseil de la nation avant son renvoi au secrétariat général du gouvernement et enfin sa promulgation par Bouteflika puis sa publication au Journal officiel. Sans omettre les délais impartis à l’administration pour l’étude des dossiers des nouveaux partis», souligne-t-on.
    Nabila Amir

  • les bouriquots découvrent les lois qui ont votées

    Des députés découvrent les absurdités qu’ils ont votées

    Par : Mustapha Hammouche

    Ce n’est certainement pas le résultat qu’il en attendait quand le FLN a initié la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur les révoltes de janvier dernier. Conçue pour confirmer les motifs “alimentaires” des manifestations et accréditer la thèse du complot par la hausse des prix du sucre et de l’huile, elle s’est, certes, appesantie sur le problème de la maîtrise des prix des denrées de première nécessité, mais a surtout soulevé les éléments de politiques publiques qui sont à l’origine de l’anarchie du marché.
    C’est donc sur des règles que l’Assemblée nationale a toujours allègrement entérinées que la commission est revenue. En commençant par le mode de calcul du budget que nos élus n’ont jamais remis en cause, ni même interrogé. Un artifice fondé sur le déficit structurel du budget corrigé par la différence entre le prix de référence et le prix réel et qui brouille la perception des capacités réelles du pays. “Le budget de l’État est calculé sur la base d’un baril à 37 dollars. Actuellement, le pétrole vaut 100 dollars sur le marché. Si le prix du baril de pétrole baisse au-dessous de 60 dollars, d’où va-t-on ramener l’argent pour continuer à subventionner les prix des produits ?” s’interroge le député et président de la commission, Kamel Rezki. Il y a longtemps que les députés auraient dû édicter des normes qui assurent la continuité budgétaire et qui devait libérer le train de vie de l’État et de la société de la contingence pétro-boursière.
    Les députés enquêteurs découvrent ensuite l’absurdité aventureuse de la technique de subvention des prix adoptée comme instrument de politique sociale à grande échelle. En plus de pousser à des dilatations budgétaires qui peuvent devenir incontrôlables, elle a pour effet d’augmenter la consommation : “les importations de matières premières pour la fabrication des produits subventionnés ont pratiquement doublé cette année, ce n’est pas normal”, note le président de la commission.
    Elle est de fondement injuste puisqu’elle profite autant aux industriels et artisans qui utilisent le produit soutenu qu’aux consommateurs sans distinction de niveaux de revenus : “ce n’est pas normal de vendre le lait au même prix pour le riche et le pauvre. Aujourd’hui, l’État soutient les yaourts, les sodas, les pâtisseries. Ce n’est pas normal de soutenir tout le monde”, commente encore notre président de commission. Il suggère donc de “plafonner les importations des matières (subventionnées) en fonction des besoins”, de constituer “un fichier national des catégories démunies” et de “favoriser les investissements dans la production des produits de large consommation afin d’augmenter l’offre sur le marché et de faire baisser les prix”. Tout un programme ! Alors qu’il est tellement plus simple de dépenser, tant qu’il y a des sous et d’avoir… la paix !
    Les grossistes, qui connaissent la logique du système, n’ont même daigné répondre à la convocation des députés, “contrairement aux… ministres et aux opérateurs économiques”. N’est-ce pas le conseil des ministres qui les a dispensés de présenter un registre du commerce, d’être facturés ou de payer par chèque pour leur approvisionnement ?
    C’est toujours ça de gagné de voir des députés s’émouvoir de l’anarchie que leur institution a régulièrement votée.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

  • Ahmed Adimi. Professeur des sciences politiques

     

     

    «L’Algérie a perdu son âme révolutionnaire et sa diplomatie a pris un coup de vieux»

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    - Quel regard portez-vous sur la politique étrangère algérienne ? Avons-nous une doctrine diplomatique avec ses déclinaisons arabe, africaine et internationale ?


    A l’heure actuelle, parler de doctrine diplomatique serait trop dire pour l’Algérie. Je pense que rares sont les pays du Tiers Monde dont la diplomatie est basée sur une doctrine élaborée et clairement définie. Il faut d’ailleurs préciser qu’en Algérie, depuis 1988, le pays n’a eu aucune doctrine ni en matière de politique étrangère, ni en politique économique, ni dans d’autres domaines. Depuis cette date, les actions du pouvoir politique, avec tous les gouvernements qui se sont succédé, se sont limitées à la résolution de problèmes politiques, économiques ou sociaux au cas par cas, c’est-à-dire attendre l’arrivée des crises parfois même jusqu’à ce qu’elles s’aggravent pour ensuite essayer de leur trouver des solutions à la hâte et sous la pression. Le plus souvent de la rue…

    Parler de doctrine comme fondement de toute politique, c’est parler d’un Etat moderne avec des institutions solides et une vision politique très claire, avec des objectifs précis. Malheureusement ce n’est pas le cas pour notre pays. Concernant la politique étrangère de l’Algérie, je remarque, avec beaucoup d’amertume, que mon pays a complètement perdu son dynamisme d’antan, son âme révolutionnaire et sa voix qui résonnait fortement aussi bien au niveau régional, arabe, africain qu’aux Nations unies. Notre diplomatie a pris un coup de vieux.

    Elle agit maladroitement et avec beaucoup de retard. Elle est également sans perspective ni stratégie. Nos responsables n’arrivent pas à comprendre toutes les mutations opérées par les technologies de l’information et de la communication dans notre village planétaire. Pourtant, notre ministère des Affaires étrangères ne manque pas de cadres compétents. Ces derniers ont prouvé leur compétence durant la décennie du terrorisme, pendant laquelle l’Algérie était exposée à de réelles pressions et menaces d’interventions extérieures. En plus, c’était une période où les caisses de l’Etat étaient vides, mais grâce à sa diplomatie très active, notre pays a pu écarter le danger d’intervention. Où est passée cette cadence diplomatique ?
    La diplomatie actuelle n’est plus à l’image de ce grand pays qui était jadis incontournable sur la scène politique, surtout arabe et africaine et au moment des grandes crises. Une diplomatie se contentant de gérer les affaires courantes n’est pas une diplomatie. Cette dernière est par essence dynamique, active, éveillée et parfois même agressive. Elle doit exercer toutes formes de pression et d’influence pour sauvegarder les intérêts du pays. Une véritable diplomatie sait agir pour s’assurer le maximum d’alliés afin de défendre ses positions.


    - D’aucuns pensent que le principe de non-ingérence érigé en sacro-saint pilier de la diplomatie algérienne est dépassé par les enjeux géostratégiques dans notre région ? Pensez-vous que le gouvernement algérien adopte effectivement des positions anachroniques par rapport à ce qui devait être sa ligne de conduite ?


    Ecoutez, le monde a beaucoup changé ces dernières années, les principes des années soixante et soixante-dix sont complètement dépassés. On est dans l’ère de la mondialisation. Celle-ci a ses principes, ses valeurs et ses méthodes. Ne pas s’ingérer dans les affaires des autres est un principe louable, à condition qu’il ne touche pas à la sécurité du pays et ne l’expose pas au danger.
    Ce qui se passe actuellement dans notre région a des effets directs sur notre sécurité nationale. La Libye est un pays voisin avec lequel nous partageons des centaines de kilomètres de frontière. Et puis, comme vous le savez bien, en diplomatie comme en relations internationales, il n’y a pas de principes, il y a uniquement des intérêts à défendre.


    - Permettez-moi de poser cette question : quel est le candidat à la présidentielle française que l’Algérie soutiendra ?


    Parler dans ce cas d’ingérence serait témoigner d’une complète ignorance de la chose politique. Nous avons beaucoup d’intérêts à défendre en France, qui compte plus d’un million d’Algériens sur son sol. On doit donner des consignes de vote aux Algériens des deuxième et troisième générations.
    Il faut avoir des cellules de veille au niveau de toutes nos représentations diplomatiques en France, qui doivent suivre de près ces élections pour miser sur le candidat qui arrange le mieux les intérêts de l’Algérie. C’est ainsi que ça se passe avec les pays dont la diplomatie repose sur une doctrine élaborée et bien définie. Regardez Israël par exemple, un pays minuscule, monté de toutes pièces, qui arrive à imposer ses choix sur les candidats français à travers ses 600 000 voix juives en France.


    - Le Printemps arabe, notamment les révolutions tunisienne et libyenne, ont mis à mal la diplomatie algérienne, réduite à réagir par des démentis récurrents à une succession d’accusations. La «Mecque des révolutionnaires» est-elle devenue soudain la terre d’asile des contre-révolutionnaires ?


    Il y a là un problème de syntaxe, moi je préfère le mot «soulèvement» ou «intifadha» pour désigner ce qui se passe actuellement dans certains pays arabes. Je ne pense pas qu’on puisse parler, au stade actuel, de révolution en évoquant l’exemple de la Tunisie ou celui de l’Egypte. Concernant la Libye, il est difficile de croire au sursaut révolutionnaire et démocratique soudain soutenu par l’Occident.
    A savoir que ces mêmes forces occidentales ont toujours bloqué les mouvements de changement démocratiques dans le Monde arabe et musulman en apportant un soutien sans faille aux dictateurs qui le gouvernaient. Vous conviendrez avec moi qu’ils interviennent maintenant en faveur de ces soulèvements populaires dans le seul but de sauvegarder leurs intérêts économiques et non au nom d’un quelconque principe, aussi démocratique soit-il.

    Concernant la position de l’Algérie, elle reste incompréhensible et injustifiée pour les Algériens ainsi que pour les opinions publiques arabes. Rappelez-vous le rôle joué par l’Algérie lors des deux guerres du Golfe. Durant la guerre irano-irakienne, notre pays a beaucoup fait pour mettre fin au conflit qui déchirait deux peuples frères. Il a payé un prix très lourd en la personne du meilleur ministre des Affaires étrangères que l’Algérie ait eu depuis son indépendance, feu Mohamed Seddik Benyahia.

    Lors de la première guerre du Golfe, le président Chadli avait visité plusieurs pays arabes et s’était même préparé à aller aux Etats-Unis pour tenter de persuader les responsables américains des dangers de la guerre contre l’Irak.
    Pour ce qui est de la Libye, franchement, personne ne comprend la position algérienne. L’Algérie aurait dû coordonner sa position avec les pays africains pour qu’El Gueddafi quitte le pouvoir sans l’intervention des Occidentaux. Elle avait les moyens et les compétences pour réussir une telle action diplomatique.


    - Pensez-vous justement, à la lumière des débats ambiants en Algérie, que l’opinion publique algérienne soit en conformité avec la ligne de conduite de la politique étrangère suivie par le pouvoir ? Plus clairement, s’agit-il d’une diplomatie d’Etat ou d’une diplomatie de régime ?


    C’est une diplomatie de régime, bien sûr. Nous avons l’impression que tout est fait uniquement pour défendre ou conserver le pouvoir. On ne sent plus la présence d’hommes qui défendent les intérêts de l’Algérie et de l’Algérie uniquement.
    C’est le problème de tous les pouvoirs arabes. Il y a amalgame entre le pouvoir politique et l’Etat. Toute opposition politique contre le régime éponyme, dans les pays arabes, est vite considérée comme une rébellion contre l’Etat.


    - Comment expliquer que de petits pays comme le Qatar et les émirats bousculent la hiérarchie mondiale des pays qui comptent, pendant que le rôle de l’Algérie, qui était le guide, s’efface de plus en plus ?


    Je vous ai dis qu’avec la mondialisation, beaucoup de chose ont changé et d’autres vont l’être. Certains petits Etats ont compris les défis et les enjeux de cette ère nouvelle, d’autres plutôt grands n’ont pas encore compris que le train des changements ne les attendra pas. Le petit Etat de Qatar est dirigé par un émir qui a fait des études supérieures en Grande Bretagne.
    Il est l’un des rares chefs d’état universitaires dans le monde arabe. Il fait appel à toutes les compétences du monde, dont des dizaines d’Algériens, pour développer son pays Cet émir s’est doté de moyens lui permettant une présence et une influence dans tout le monde arabe. Dans un livre intitulé Le Choc de la communication globale. Pouvoirs et sociétés arabes face au défi, publié en France il y a 6 ans et que j’ai moi-même traduit en langue arabe, l’auteur, Fouad Ben Halla, disait que «depuis la fin du XVIIIe siècle, toute politique étrangère d’une nation a pour point d’appui trois piliers : le génie diplomatique, le poids économique et la puissance militaire. Ces trois dimensions restent valables, mais une quatrième s’est glissée progressivement dans la deuxième moitié du XXe siècle pour devenir l’axe indispensable à toute politique extérieure d’un pays. Il s’agit de la communication et de la présence culturelle». Vous remarquez ici que le Qatar, qui n’est pas une puissance militaire, a su marier son génie diplomatique et son poids économique avec la nouvelle donne qu’est la communication.


    - Pourquoi l’Algérie a-t-elle réduit ses ambitions en rechignant à chaque fois à postuler à la direction des organisations internationales comme l’Union pour la Méditerranée, la Ligue arabe ou l’Unesco ? Est-ce une manœuvre tactique ou un simple manque d’ambition ?


    C’est par manque d’ambition. L’essence de tout régime politique est de servir les intérêts suprêmes de son pays, directement ou indirectement. Etre présent à la tête des organisations régionales ou internationales permet de défendre l’image et les intérêts du pays, mais pas les intérêts individuels menant à défendre et conserver le pouvoir.
    Cette absence est d’autant plus inacceptable que l’Algérie paye d’importantes cotisations à ces organisations sans en tirer aucun profit.


    - Faut-il, à votre avis, revoir les fondamentaux de la politique étrangère algérienne à la lumière des nouveaux enjeux et de nouvelles menaces ?


    Effectivement, il y a de nouveaux enjeux et de nouvelles menaces à prendre en considération. Il faut donc avoir une doctrine pour notre politique étrangère érigée par des spécialistes, surtout que notre pays dispose de beaucoup de compétences mal exploitées ou poussées à l’exil, malheureusement.

     

    Hassan Moali