L’œil de Bruxelles
Par : Azzeddine Bensouiah
L’Union européenne a répondu favorablement à la demande de l’Algérie, en envoyant des observateurs pour les élections législatives.
Huit “éclaireurs”, dépêchés par Bruxelles, sont déjà à pied d’œuvre depuis vendredi et vont préparer le terrain à la mission d’observation qui devrait comprendre, en tout, 120 personnes.
Cette mission exploratrice devrait décortiquer la presse, la campagne électorale, le temps de passage des candidats dans les médias lourds, les textes législatifs régissant cette élection. Bref, tout ce qui pourrait l’aider à mieux préparer le travail des autres équipes d’observateurs devant arriver au début de la campagne électorale.
Une première ! D’habitude, les observateurs conviés aux scrutins précédents se contentaient d’assister aux opérations de vote, généralement, dans les grandes villes et souvent triés parmi les soutiens du régime en place.
Cette fois-ci, les choses sont différentes. Lors de ses multiples discours de circonstance, le président de la République a martelé que les élections de mai prochain seraient transparentes et que toutes les garanties du respect du libre choix des électeurs avaient été données.
En acceptant de prendre part à la mission d’observation de ce scrutin, l’Union européenne ne compte, certainement, pas apporter une quelconque caution au pouvoir. Cette présence pourrait s’avérer une arme à double tranchant.
Bruxelles, très à cheval en matière de principes démocratiques et de réformes politiques, a gardé, jusque-là une attitude fort positive vis-à-vis des réformes politiques annoncées par Alger, tout en affirmant qu’elle suivait de près l’évolution des choses sur le terrain.
Et c’est dans ce sens que sa forte implication dans le scrutin de mai prochain est perçue comme un gage sérieux de sa part en direction des responsables algériens : des réformes politiques, c’est bon, encore faut-il que le peuple algérien en soit convaincu.
Globalement, l’Union européenne ne veut pas s’immiscer dans “la cuisine algérienne”. Mais elle sera très regardante sur les conditions de préparation et de déroulement du scrutin.
L’élection de la Constituante en Tunisie, en novembre dernier, devrait servir de leçon. Là, les observateurs du monde entier ont salué les conditions du déroulement du scrutin, peu importe qui en est sorti vainqueur.
Dans le cas algérien, le véritable enjeu du scrutin reste le taux de participation. En cas de fort taux d’abstention, quelle serait la conclusion des observateurs de l’UE et d’ailleurs ? Toute la crédibilité du scrutin et, par extension, des réformes politiques, dépend de ce paramètre.