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faillite

  • L’école algérienne, des listes et des chiffres

    benbouzid


    Par Le Matin DZ | | Réactions (17)
     

    "Le cerveau des enfants est comme une bougie allumée dans un lieu exposé au vent : sa lumière vacille toujours."

    Le système éducatif algérien a atteint un niveau de déliquescence inquiétant.

    Une collégienne ayant obtenu 20/20 en maths avec une moyenne générale de 19,83/20 au BEM normalement sélectionnée au lycée d’excellence de Kouba, se retrouve refoulée en cette rentrée 2012. Et le père de conclure fataliste : "Je sais que notre cas n’est pas unique." (1) On ne cesse de la donner sinistrée avec paroles d’experts et classements internationaux à l’appui et voilà que l’école algérienne sort de son chapeau de magicienne de petits génies et des établissements d’excellence pour récolter pourquoi pas des pépites nobélisables. Ça console quand on pense à ces milliers d’élèves qui se serrent comme des sardines sur leur banc rêvant à une lampe d’Aladin qui fera jaillir de terre un modeste lycée loin de toute mention.

    Un ancien prof avait l’habitude de dire à ses élèves : "Le 20 c’est pour Dieu le 19 pour moi et le 18 pour vous." A son époque même le 18/20 se comptait sur les doigts d’une seule main au niveau national. Mais heureusement, notre généreuse école Fondamentale nous a gâtés avec ces chiffres "subliminaux" et le nouveau moyen les a bien adoptés. Ah les maths, cette reine des disciplines détrônée par des politiciens qui s’en méfient au point de faire dire à un ex-Le sysministre de l’enseignement français : "Les mathématiques sont en train de se dévaluer de façon quasi inéluctable : désormais, il y a des machines pour faire les calculs, idem pour les constructions de courbes."(2) Sauf que ceux qui ont inventé les machines les calculatrices l’informatique ne l’ont pas fait avec de la prose politicienne.  Grosso-modo, une école sans maths fera bien son affaire, on y est presque à voir le programme qui exige de moins en moins de l’élève un esprit d’analyse de rationalité et avec la marginalisation de la géométrie on a réduit les sujets de cette matière à de simples opérations de calcul. "Les mathématiques sont devenues une liste de resultats et de techniques que les élèves mémorisent comme des perroquets." (3) Devant son recul technico-scientifique et le classement tout juste moyen de son école par l’OCDE avec son test Pisa 2010, la France est en train de revoir sa copie. 1/3 de ses chercheurs sont d’origine étrangère, en pénurie, elle les importe et l’Algérie est un excellent réservoir avec un nombre de scientifiques expatriés dépassant celui des victimes du terrorisme.

    En Corée du Sud, le redoublement est interdit et l’Etat dépense dans ce domaine moins que l’Hexagone mais les petits Coréens parviennent à être premiers en maths (Pisa 2010). Dommage, nos gosses ne participent pas à ce genre d’épreuves  ni avec les étrangers ni avec les frères arabes. On doit se contenter des chiffres qui émanent de l’unique source officielle comme ceux du vote. La seule certitude qu’on a c’est que nos jeunes diplômés qui émigrent sont obligés de se recycler, de remettre le compteur à zéro avec de fortes chances de dépasser la quarantaine pour entrer dans la vie active. Exemple, ces trois Algériens, un aide-soignant un toubib et un journaliste obligés de suivre la même formation au Canada pour devenir  infirmiers.

    En 2000 l’Allemagne a eu un mauvais classement qui entraina un véritable traumatisme national. Elle a revu tout son cycle primaire s’est inspirée des méthodes étrangères et a devancé rapidement la France. Les experts de l’OCDE affirment que tout se joue avant 12 ans et que les facteurs de la réussite scolaire sont variés mais une seule constante : la formation de l’enseignant. En Algérie on est allé plus loin, on a fait l’élève avant de faire le maître avec l’algérianisation à tout prix. Mais à présent, c’est fini, on a des licenciés à ne plus savoir quoi en faire, des anciens élèves qui ont eu avant et après 12 ans des enseignants qui pour la plupart sans bac. Or si la dépréciation de la valeur des diplômes n’est pas spécifique à notre pays, on a d’autres grains de sable dans la machine.

    Aujourd’hui, pour le master, les LMD protestent, ils préfèrent le risque des listes imposées à celui des concours truqués. Ils sont bien placés pour le savoir, de l’école primaire à l’université, le piston règne en maitre. Personne n’est épargné ni le personnel ni les élèves. Inimaginable pour les experts de l’OCDE, non que la corruption n’existe pas chez eux mais jamais au péril de leurs institutions surtout scolaire. Autant livrer le ministère de l’Education et de l’Enseignement à la maffia et se libérer de tous les tracas. Depuis la chute de l’empire ottoman et la deuxième guerre mondiale, on sait que la force d’une nation réside dans le QI  de ses citoyens pas dans le nombre de ses soldats. Les USA ont beau tendre la main aux Chinois pour avoir de l’argent, c’est eux qui détiennent le plus grand nombre d’inventeurs. On sait simplement que sur 50 bébés qui naissent 1 est doué et ça peut être n’importe qui comme une loterie. Aucun scientifique n’a réussi à faire le lien entre la matière grise et l’ADN d’une famille ou d’un groupe. Chez nous à tous les niveaux, ce lien est omniprésent, c’est notre constante nationale prioritaire. Combien de compétences ont été écartés combien d’enfants prédisposés  ont été dégoûtés avant d’atterrir dans l’enfer de la rue à cause de cet "handicap". Tout chef est nommé par son chef jusqu’au sommet et à chaque étape le roitelet constitue sa cour pour préserver le "pédigrée" de la lignée. Ce tri incestueux génèrent d’autres injustices au-delà de l’incompétence il y a l’immunité. Une plainte contre n’importe quel petit caïd et nous voilà face au pote au parent au complice qui nous rira au nez et nous devrions remercier Dieu d’avoir sauvé notre peau de ses griffes. On se souvient de ce directeur accusé par trois enseignantes de harcèlement sexuel. Sujet ultra sensible chez nous, les autorités concernées se sont montrées pleine de compassion : les victimes ont été simplement mutées.Tous les jours, les journaux nous révèlent la malédiction de ces preux chevaliers qui se retrouventderrière les barreaux ou candidat s à l’exil au suicide. Le piston est devenu le seul papier qui compte dans un dossier à remplir, la seule compétence exigée partout où on va. D’où ce cercle vicieux qui gangrène toute l’institution et qui fait dire à ce parent que son cas n’est pas unique. Dans cette mélasse empoisonnée, aucune réforme ne peut aboutir si on ne nettoie pas d’abord pour semer ensuite.  Pour le moment la question ne se pose même pas tant la réponse fait peur. Il ne reste aux enseignants mécontents que les grèves pour des causes zen comme les salaires les primes les logements les œuvres sociales la surcharge des classes des programmes etc. Avec en plus de la baraka puisque leur débrayage semble booster les résultats des examens nationaux au lieu de les saboter. Il ne reste aux parents qu’à continuer à se sacrifier pour les cours privés, les écoles privées même si leur programme fait du collé-copie avec l’officiel. Et pour les autres, au mieux pour leurs rejetons, la débrouille dans le commerce formel ou informel, au pire, le spectre de la délinquance.

    Cette saignée qui nous a enfanté le terrorisme, calmé depuis, mais qui est en mesure de nous certifier qu’il est bien mort ? On ne voit de l’espoir que dans une collaboration d’associations de parents d’élèves indépendantes soucieuses de l’avenir de leur progéniture et les enseignants qui continuent à résister à ce système explosé pourri jusqu’à la moelle. Le proverbe dit que si on veut on peut. "Les leçons de l’Histoire paraissent claires. Les sociétés en pleine ascension sont simples, sans fard, intransigeantes."

    Mimi Massiva

    (1) Fénelon (De l’Education des filles)

    (2) El Watan 24/9/2012 

    (3) Claude Allègre (France-Soir 23/11/1999)

    (4) Science et Vie (Jean-Pierre Demailly mathématicien académicien)

    (5) John Saul(Les bâtards de Voltaire)

  • La Algerie:faillite de la houkouma coûtera cher aux algériens : un pays à l’abandon

     

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    El Watan le 24.08.12

    Pas de réunion des ministres, ni d’audition présidentielle. Nos dirigeants sont aux abonnés absents. Si l’on en croit l’ENTV, «Djazaïr el injazat» n’a rien à craindre. Alors que la rentrée parlementaire approche, les députés n’ont pas de textes sur lesquels se pencher. Pendant ce temps, le pays continue de s’enfoncer.

    Le Conseil des ministres ne se réunit plus en Algérie. Réalité que tout le monde connaît mais qui ne suscite aucune réaction ni de l’opposition ni des «milieux» éclairés d’Alger ou d’ailleurs. Fatalité ? Non Indifférence ? Possible. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui termine dans une année et demie son troisième mandat, ne voit visiblement plus «l’utilité» de réunir les ministres pour étudier les projets de loi et prendre des décisions qui impliquent tous les Algériens. Sans la réunion de ce conseil, aucune loi ne peut atterrir sur le bureau de l’APN. Et, indirectement, le conseil du gouvernement, déjà largement limité dans ses prérogatives, est ligoté. Ses réunions, qui ne sont pas annoncées officiellement, ressemblent presque à une forme protocolaire, une tentative de meubler le vide.

    Durant le mois de Ramadhan, Bouteflika a disparu, parti en Suisse, paraît-il. Il en est de même pour Ahmed Ouyahia, «son» Premier ministre. Une dizaine de ministres n’ont pas donné signe de vie, eux non plus. Le ministre de la Solidarité nationale, Saïd Barkat, par exemple, a abandonné son poste le mois où théoriquement il devait le plus travailler. Idem pour le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Tout ce que ce ministre a «raconté» sur la régulation du marché s’est avéré faux, complètement faux. Le résultat de cette faillite généralisée de la gouvernance était clair : un pays livré à lui-même.

    Des coupures d’électricité partout, un patrimoine forestier détruit à large échelle, une anarchie totale sur le circuit commercial, violence et agressions multiples dans les villes, pénurie de médicaments, désorganisation dans les hôpitaux, forte inflation… Tout cela coûte cher, très cher à l’Algérie. Le fisc ne pourra jamais rattraper la perte d’argent du marché informel. Et il faudra deux à trois siècles pour remplacer les milliers d’arbres fruitiers (154 000 arbres ont été détruits par le feu depuis le début de l’été) perdus dans les incendies provoqués et programmés par des mains criminelles.

    Sanctions

    Un chef d’Etat préoccupé par la défense des intérêts du pays qu’il gère aurait demandé à la justice d’ouvrir une enquête sur les pyromanes téléguidés qui brûlent les forêts et les maquis. Un chef d’Etat qui gère réellement les affaires du pays aurait pris des sanctions après les coupures d’électricité qui «pourrissent» la vie des Algériens. Un chef d’Etat qui n’est pas «un trois quart» de président se serait intéressé à «la mafia» qui tire les ficelles au marché parallèle et qui profite de la pénurie voulue des produits pharmaceutiques.

    Tout cela ne semble pas attitrer l’attention de Abdelaziz Bouteflika au point de susciter plusieurs interrogations dont celle-ci : le locataire du palais d’El Mouradia est-il capable de suivre ce qui se passe en Algérie ? Sinon, comment expliquer qu’aucune mesure ne soit prise pour rassurer les Algériens sur l’existence d’un président de la République qui décide et qui contrôle l’action des institutions ? L’efficacité avec laquelle le président égyptien Mohamed Morsi a entamé son mandat en tant que chef d’Etat élu a brusquement ouvert les yeux sur la dure réalité algérienne : quelque chose ne va pas dans le pays ! Mais quoi au juste ?

    La fragile santé de Bouteflika qui l’oblige à s’éloigner durablement de la scène nationale ? De graves différends entre la hiérarchie militaire et la présidence de la République ? L’absence de perspective ou de «plan B» après la fin du troisième mandat de Bouteflika en 2014 ? Les Algériens ont bien l’impression que le chef de l’Etat a abandonné le pays. En d’autres termes, cela porte un nom : vacance du pouvoir. C’est presque inévitable.

    Vacance

    En faisant éteindre son «signal» du radar, Ahmed Ouyahia a renforcé ce sentiment. Il a fallu attendre la veille du 27e jour du Ramadhan, proclamée «nuit du destin» en Algérie, pour que Bouteflika réapparaisse sur les écrans. L’image ? Un homme fatigué assis dans une mosquée. La religiosité tactique dans toute sa splendeur. Trois jours plus tard, Bouteflika, pour une fois vêtu de blanc, réapparaît une deuxième fois assis, tout aussi fatigué, assis dans la même mosquée. C’est le jour de l’Aïd El Fitr. Ce jour-là, il fallait bien écouter le prêche politique de l’imam officiel. «Ce qui se passe dans le monde arabe est le résultat d’un complot de l’Occident. Son objectif est déstabiliser la ouma islamique et créer la fitna (…).

    N’écoutez pas ceux qui vous parlent de conflit de générations. Ce conflit n’existe pas. C’est une invention de l’Occident», a-t-il lancé. A ce moment-là, Bouteflika admirait le tapis de la mosquée. Ouyahia, à quelques mètres de là, en faisait de même. C’est pourtant ce même Ouyahia, alors ministre de la Justice, qui avait introduit en 2001 des amendements au code pénal interdisant… l’utilisation de la mosquée à des fins politiques. Durant le Ramadhan, Bouteflika n’a pas «auditionné» les ministres. L’opinion publique n’a eu droit à aucune explication à ce brusque changement dans «la façon» de faire du locataire du palais d’El Mouradia. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999 à l’appel des généraux, Bouteflika s’est habitué à la pratique, héritée du parti unique, de n’écouter de ses collaborateurs que tout ce «qui va bien».

    Aveuglement

    Les bilans présentés par les ministres durant «les auditions» ramadhanesques des années précédentes étaient tous, sans exception aucune, positifs. L’ENTV, qui a oublié qu’un vent souffle toujours sur le monde arabe arrachant les dictatures l’une après l’autre, a repris sa mauvaise habitude d’ignorer tout ce qui préoccupe les Algériens et présenter «une image» faussement parfaite de l’Algérie, «Djazaïr el injazat» (l’Algérie des réalisations). Ce n’est là qu’un petit exemple de l’aveuglement ambiant. Trois mois et demi après les législatives, les ministres «élus» députés n’ont toujours pas été remplacés. Six secteurs importants sont livrés aux quatre vents. Mais il ne se passe rien ? On fait comme si cela était normal, naturel, dans l’ordre des choses. Alors, l’Algérie terre des miracles ? Il y a tout lieu de le croire. Les partis sont devenus complices par leur silence. La chaleur de l’été a-t-elle «assommé» tout le monde ?

    Début septembre, la saison parlementaire sera ouverte. Mais de quoi débattront les députés ? A peine «désignés» représentants du peuple, ils se sont offerts, eux aussi, trois mois de vacances pleins et entiers. Un Parlement réel aurait imposé une session extraordinaire pour se prononcer sur les dossiers importants, obliger le gouvernement à rendre des comptes. La nouvelle APN, mal élue comme celle qui l’a précédée, attendra que le gouvernement lui envoie des lois pour les adopter à défaut de les examiner ou de les rejeter. Il n’y a pratiquement aucune chance que les nouveaux députés décident d’engager une commission d’enquête sur les feux de forêt ou sur les coupures électriques.

    A moins d’un sursaut d’orgueil. Sans contre-pouvoirs, sans projet politique clair, sans perspectives et sans vision économique, le pays se dirige droit dans le mur. La fragilité interne va compliquer toute entreprise stratégique de prévention de la principale menace extérieure : la situation d’instabilité au Sahel. L’explosion sociale n’est pas loin aussi en raison de la situation actuelle de flottement. Que l’imam officiel de l’Aïd l’accepte ou pas : la politique de la fuite en avant ne peut plus durer. «Complot» ou pas !

    Fayçal Métaoui