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gouvernement

  • algerie:gouvernement absences irreguliere: motif destruction de l'agerie

    Sadomasochisme par consentement mutuel !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : hlaalam@gmail.com
    Finance mondiale. Si ça continue comme ça, l’Algérie
    va devoir imposer un…

    … rééchelonnement au FMI !

    Juste une question : le Mohamed Seddiki élu à la tête de la Commission de surveillance des élections locales, c’est le même que le Seddiki Mohamed élu à la tête de la commission de surveillance des législatives du 10 mai dernier ? On me murmure à l’oreille que oui ! En même temps, un parfait homonyme, Mohamed Seddiki, et membre lui aussi de Ahd 54, doit pas y en avoir des masses. Donc, c’est bien lui. Le monsieur qui n’a pas arrêté de jouer le poil à gratter lors du scrutin pour l’Assemblée. Le mec qui a crié à la fraude sur tous les toits surveillés et fliqués de la République. Le gus qui a affirmé sur tous les balcons barreaudés du système que le scrutin n’avait pas été crédible. Et si je comprends bien, c’est ce «prototype» qui est reconduit à la tête d’une autre surveillance électorale, celle-là communale. Marquis ! Hou ! Houuuu ! Marquis de Sade où êtes-vous ? Si vous êtes parmi nous, faites-moi signe, signalez votre présence par un geste. Je ne sais pas moi… par un coup de fouet, par exemple. Je promets de faire «aïe» tout de suite après. Les proprios du Palais et de ses douves savent que le Seddiki va gueuler sa race à la fraude, ne va en rater aucune pour signaler des dépassements, et c’est pourtant lui qu’ils font élire par leurs 52 partis. Et lui, Mohamed le valeureux, sait par avance que l’élection sera bidouillée, qu’il aura beau s’égosiller dans le désert, ça n’effrayera que les dernières outardes non encore tirées, et malgré tout cela, il a rempilé ! Et ensemble donc, régime et surveillant en chef du vote, ILS L’ONT FAIT ! Ils se sont reconduits dans un épisode d’un rare sadomasochisme mutuellement consenti. Mon Dieu, quelles mœurs ! On aurait voulu nous dire que ces locales seront une mascarade, on ne s’y serait pas pris autrement ! Le Palais aurait souhaité nous faire comprendre qu’il se paie une nouvelle fois nos têtes ahuries, qu’il n’aurait pas procédé d’une autre manière. C’est même plus du simple foutage de gueule. Non ! C’est carrément, je me paie ta tronche, et en même temps, je prends un mégaphone pour te le dire, te l’hurler à l’oreille au cas où, triple buse, tu n’aurais pas compris ! Marquis ? Eh ! Oh ! Marquis, vous êtes là ? Si oui, fouettez-moi ! Remettez-en une couche Marquis de Sade ! Mmmmm ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.

  • Gouvernement Algerien!!!

    Notre prochain gouvernement: trouvé dans un autre forum


    > > Chef de l'état: Abou Kalypse (Apocalypse)
    > > Chef du gouvernement: Abou Kimoun (Pokémon)
    > > Ministre de la défense: Abou Yemat-Yemmas
    > > Ministre de l'intérieur: Abou Liss (Police)
    > > Ministre des affaires étrangéres: Abou M'rang (Boomerang)
    > > Ministre des industries lourdes: Abou Lone (Boulon)
    > > Ministre des industries légères: Abou Choune (Bouchon)
    > > Ministre des travaux publics: Abi Ton (Béton)
    > > Ministre de l'habitat: Aba R'tement (Appartement)
    > > Ministre de la culture: Abou Fiass (la poufi****) ou (la *****asse) ^^
    > > Ministre des finance: Abou Yémmahoum
    > > Ministre des affaires religieuses: Aba Jahl
    > > Ministre de la jeunesse et des sports: Abou D'souffle ( a bout de souffle)
    > > Ministre de la santé: Abou Dwa
    > > Ministre de la justice: Abou Gato
    > > Ministre de la pêche: Abou Nitt
    > > Ministre des transports: Aba Rouite (Brouette)
    > > Ministre du travail: Abou Nariènne (Bon à rien)
    > > Ministre de la recherche scientifique: Abou Bri (à peu près)
    > > Ministre de l'éducation: Abou Riko
    > > Ministre de l'énergie: Abi Trol
    > > Ministre de l'agriculture: Abou Mditir (Pomme de terre)
    > > Ministre du commerce: Aba Znazi
    > > Ministre de l'environnement: Abi Yisage
    > > Ministre des postes et des télécommunications: Abou Staoui

  • Pourquoi je ne vote pas.

     

     

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    Radjef Saïd

    Certains pour justifier leur participation à la mascarade électorale du 10 mai, nous sortent des ennemis de partout, de l’intérieur et de l’extérieur. « Votre boycott va profiter aux ennemis de la nation », nous disent-ils sur un ton de menace. Ils nous parlent comme si la nature des choses, la providence et le destin ont condamné les algériennes et les algériens à se haïr, à se mépriser, à s’entretuer et à combattre leur unité, leur union et à ne plus vivre harmonieusement en concitoyens autour des mêmes objectifs : la liberté, la paix et le savoir. Ils nous parlent comme si la providence leur a ordonné qu’ils soient les maitres à vie de ce pays, nos eternels tuteurs. Ils nous parlent comme si les algériens n’ont retenu aucune leçon de leur passé douloureux et tumultueux, aucun enseignement de leurs divisions qui ont fait leur impuissance devant les maitres de la colonisation. Ils nous parlent comme si l’imaginaire collectif qu’ils ont tenté de corrompre et de déstructurer par le mythe et le mensonge, est incapable de concevoir à nouveau les symboles de son unité dans la diversité, les bases d’une république citoyenne en mesure de survivre aux mutations et au basculement de l’univers, de sa liberté dans le respect des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et de son épanouissement. Ils nous parlent comme si en leur absence, le pays serait dévoré par l’anarchie et la barbarie.

    L’Algérie existe depuis toujours. Et à travers toutes les étapes de l’histoire, elle a marqué sa présence grâce au génie de son peuple. Elle ne peut pas faillir à cette tradition. Le peuple a su faire de sa diversité la force de son union, le socle de sa culture. Pendant des siècles, des civilisations, des cultures et des religions ont cohabité dans une parfaite harmonie, se nourrissant les unes des autres pour faire de notre pays un acteur actif dans le progrès du savoir et la liberté des hommes. Pourquoi faillirait-il cette fois à cette tradition si ancrée dans sa mémoire collective ?

    Si la vérité est persécutée, l’Algérie est condamnée à l’émiettement, à l’éclatement. Or, il se trouve que les élections générales du 10 mai, plus qu’une verité que l’on persécute de façon dédaigneuse, sont un mensonge grotesque. Un mensonge qui ne trompe désormais personne ; un mensonge qui ne répond nullement aux attentes du peuple. Un régime qui a assuré l’impunité aux plus grands criminels de ce siècle, qui continue de bâillonner l’histoire avec la complicité tacite de l’opposition et qui protège les prédateurs qui ont humilié la république en la vidant férocement de ses vertus citoyennes par l’exil forcé et massif de la population universitaire ; un régime qui empêche le peuple de se réconcilier avec le savoir, la science et son histoire en considérant que les européens d’origine algérienne, les pieds noirs et les juifs d’Algérie sont une menace pour la sécurité de l’ Etat et un régime qui professe la terreur , la corruption, l’ignorance et la haine, peut-il organiser une élection libre et transparente ? Le régime algérien a compris que sa puissance vient de l’ignorance et de l’humiliation du peuple. Il refuse d’écouter et de comprendre les attentes du peuple. Il veut le trainer par de fausses promesses. Mais le peuple ne croit plus à aucune promesse, non pas par allégeance à telle personne ou à telle autre. Du reste que pèsent les Saadi, Ghouzali, Hanoun, Belkhadem ?…C’est à peine s’ils représentent leurs propres personnes.

    Le régime n’est pas l’Algérie. Il porte en lui tous les germes de la division et toutes les menaces de nouveaux drames. Le peuple veut refonder à nouveau son union. Or, cette refondation ne peut s’accomplir à travers un scrutin dont l’issue est connue d’avance. Instinctivement, le peuple la sent de plus en plus. Cette union est certaine. Le peuple la veut. Le peuple refuse d’aller aux élections du 10 mai, parce que la providence qui l’a malmené dans de nombreuses épreuves cruelles le lui ordonne à présent avec la promesse d’un avenir radieux. L’histoire a fini par l’armer d’expériences pleines d’enseignements et lui faire comprendre qu’aucune trêve n’est possible avec les tyrans. Les tyrans, on les chasse !

  • Le mirage de l’après-pétrole

    Par : Mustapha Hammouche

    L’argument principal justifiant la révision de la loi sur les hydrocarbures est que la consommation nationale de carburants et d’électricité serait en augmentation et que cette augmentation irait en s’accélérant dans les quinze prochaines années.
    Pour une fois que nos dirigeants voient loin, c’est pour hâter l’inventaire des réserves en hydrocarbures et encourager les multinationales à intensifier l’exploitation du sous-sol national. Pour que nous puissions consommer de plus en plus d’énergie fossile.
    Le plan d’action du gouvernement de campagne a donc oublié d’aborder la question des conditions d’une politique pour l’après-pétrole ! Il est vrai que l’horizon 2014, trop proche, n’est pas propice à ce genre d’interrogations. Ne serait-ce que pour rester dans la tradition du verbe magique, le gouvernement aurait pu se demander ce qu’il pourrait faire pour réduire cette croissance de consommation de ressources énergétiques au lieu de l’accompagner  d’un surplus de pompage des réserves souterraines. Ainsi, par exemple, et puisque l’État est principal maître d’ouvrage d’importants programmes de logements, pourquoi ne pas envisager les matériaux, les équipements de bâtiments et les architectures économes d’énergie ? Où sont passés les effets institutionnels du discours sur l’investissement dans les énergies renouvelables ?
    Au lieu de cela, le ministre de l’Énergie nous dit : “La réflexion sur le long terme (!) nous amène à prioriser nos actions : intensifier l’exploration pour augmenter les réserves des hydrocarbures, investir dans le raffinage et la production d’électricité de façon à sécuriser les approvisionnements énergétiques.” Le long terme, c’est donc toujours plus de pétrole ! Ne serait-ce pas plutôt “l’après-pétrole”, le solaire et d’autres voies innovantes ?
    C’est un fait inédit que la courbe de croissance des besoins nationaux en essence, gasoil, gaz et électricité soit anticipée. S’il en fut toujours ainsi, le pouvoir aurait su prendre ses disposition en matière d’industrie de raffinage et de production d’électricité, il n’aurait pas été  contraint à des importations massives de carburants et de nous regarder subir, dans l’impuissance, des “black-out” de plusieurs jours pour certaines agglomérations. En dehors de savoir prolonger son pouvoir, notre régime ne sait pas trop prévoir ; il réagit à la crise. Même pour la pomme de terre, c’est le marché de détail qui actionne la décision de commande à l’importation !
    L’inconvénient de la navigation à vue, de la gestion à la petite semaine, c’est que l’argent n’est pas perçu comme un capital mais comme une trésorerie, “bach iqabel”, “de quoi réagir”, comme l’exprime le langage populaire. Par précaution, il faut donc répertorier tout ce qui peut se vendre, tout ce qui est réalisable, comme disent les financiers, pour pouvoir dépenser à tout moment. Y compris le gaz de schiste qui fait peur même aux puissances nucléaires.
    Pour racler les fonds du sous-sol, s’il faut attirer plus d’opérateurs, plus de technologies, il faut aussi des encouragements financiers.
    Les sociétés intervenantes doivent gagner plus pour travailler plus. La loi sur les hydrocarbures a été revue dans ce sens.
    Nous sommes bien dans un cas de gestion par la dépense. Une dépense qui croît. Bien plus vite que notre consommation. Contrairement à la logique de développement durable, l’Algérie, au lieu de s’en rapprocher, fait des efforts pour s’éloigner de l’après-pétrole.

     


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr

     

  • Réformes à rebours

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Le Conseil des ministres du “nouveau” gouvernement, le second de l’année, s’est enfin tenu. Et le plan d’action de l’Exécutif a été adopté.
    Pourquoi un plan d’action et non un programme de gouvernement (.) ? Parce que cet Exécutif, dont la quasi-totalité des membres a été désignée sur des critères politiques, est réputé pour être un gouvernement de “technocrates” et d’action. Le programme du gouvernement, c’est le programme du Président.
    Dans notre contexte, il n’y a pas plus politique que la désignation d’un ministre. Mais pas politique au sens républicain du terme. Si le gouvernement est là pour l’action qui met en œuvre le programme du Président, et les ministres sont auditionnés pour rendre compte de leurs performances exécutives, à quoi sert donc l’Assemblée nationale ? Du point de vue du programme du gouvernement et des modalités de sa mise en œuvre, à rien. Ou plutôt si !  À la formalité exécutive qui consiste à voter les lois qui soutiennent l’action du gouvernement. Le programme étant celui du Président élu en 2009, il n’y a pas de raison d’attendre des “surprises” de ce côté-là. À moins que le changement ne se décline ici en termes d’efficacité, ce qui signifierait qu’il suffit de rebaptiser un gouvernement de “politique”, de “gouvernement de technocrates”, pour que l’équipe améliore son rendement exécutif.
    Que le Président soit seul responsable de l’Exécutif est, depuis 2008, constitutionnel. Mais la Constitution révisée n’a pas clairement exclu le Parlement de l’inspiration du programme de gouvernement et de son contrôle. Mais nous sommes dans une situation de fait de désarmement politique du législatif qui a le choix entre l’approbation machinale ou la crise.
    Dans le gouvernement actuel, “coordonné” par un Premier ministre “non partisan”, mais au demeurant très politique, il n’y a pas de rapport entre l’assortiment politique — au sens partisan — de l’Assemblée nationale et le mixage gouvernemental. Le message est clair : si les partis majoritaires soutiennent le Président, ils doivent soutenir son programme sans revendiquer le droit d’être aux commandes des instruments de sa mise en œuvre.
    Tout cela est concevable en tant que situation politique de fait. Mais le problème se pose lorsqu’on se rappelle que le pays est supposé avoir entamé, depuis le 15 avril 2011, un processus de réformes. Ce tacite principe qui fait de l’Exécutif l’unique pouvoir formel devient alors incompatible avec le couplet sur les réformes “approfondies”, reproduit depuis un an et demi.
    Dans le contexte actuel, les “réformes”, cela ne peut s’entendre que dans le sens d’un surplus de démocratie, c’est-à-dire d’une réhabilitation de la fonction législative et, par conséquent, de la voix du peuple. Or, une conception “technocratique”, ou plutôt une labellisation “technocratique” du gouvernement qui vise à supplanter sa nécessaire légitimité parlementaire, c’est le contraire de la démocratie, et donc le contraire de “réformes”.
    Certes, les lois dites “de réformes” ont déjà montré que les réformes en question empruntaient le sens inverse de celui qu’on prête, de nos jours, à la notion de réforme. Ce sont justement ces lois qui ont permis “l’élection” d’une APN dont le président reprenait avant-hier le fameux couplet sur la pertinence démocratique de nos “réformes”. Il saluait, en fait, du haut du  perchoir, une réforme à rebours.

  • Algérie : secouer le système au lieu de se focaliser sur Bouteflika

     

    Par Le Matin DZ |

     

     

    En remerciant les hommes-clés de ce qu’on appelle communément son clan, Bouteflika confirme les propos qu’il a tenu à Sétif le 8 mai dernier pour passer la main aux plus jeunes dés la fin de son mandat si Dieu le veut bien entendu, autrement ce sera bien avant.

     

    Réhabiliter les services de l'Etat au profit des Algériens est une urgence capitale.

     

    C’est une évidence eu égard à son absence répétée de la gestion du pays durant pratiquement tout ce dernier quinquennat. C’est une spéculation intéressante à savoir mais en quoi elle peut constituer un souci pour la majorité des Algériens qui ont réellement des préoccupations beaucoup plus graves ? Pourquoi cette panique à la rumeur de son décès ? En effet, l’Algérie va très mal non pas pour les crises auxquelles les citoyens sont confrontés : celle du chômage, du logement, de l’envolée des prix et de tous les fléaux sociaux qui rendent leur quotidien extrêmement difficile mais parce qu’elle n’a aucune vision stratégique claire qui l’assure de son avenir. Après plus de 50 ans qui la sépare des premiers départs des colons, elle reste toujours dépendante économiquement de l’extérieur. Elle a donc raté son indépendance totale et reste néo-colonisée dans le sens qu’à voulu le général de Gaulle et, par l'entremise de son homme de l'ombre Jacques Foccart, de la Françafrique. Il s’agit là d’une double trahison des différents responsables qui ont à conduire le pays depuis pratiquement la mort du président Houari Boumedienne.

     

    Nous montrerons plus loin qu’en dépit d’avoir favorisé inconsciemment la constitution du système au pouvoir à ce jour, ce président avait une démarche qui pouvait mener l’Algérie vers son indépendance économique. Cette trahison est l’une vis-à-vis de ceux qui se sont sacrifiés pour l’indépendance politique de ce pays et l’autre des générations futures qui ne voient pas encore le bout du tunnel. Ce serait une erreur grossière de tout mettre sur le dos de Bouteflika et surtout de croire qu’il est un parrain capable de maîtriser la maffia politico-financière. Il a une part de responsabilité comme tous ceux qui l’ont précédé mais compose avec le système qui l’a ramené aux commandes du pays. Qu’on dise qu’il est régionaliste, d’autres l’ont bien été avant lui. Qu’il aurait favorisé ses proches, c’est une pratique courante dans tous les pays du tiers monde. De nos jours et face à la confusion qui règne dans ce pays, c’est un discours politiquement rentable à tous les niveaux mais désormais ce n’est pas la réalité qu’on cherche à tout prix de cacher, pourquoi ? Le système pour se maintenir au pouvoir tente de surmonter ses contradictions en réduisant la situation actuelle de l’Algérie au seul départ de Bouteflika.

     

    En général, trois possibilités s’offrent à un président en Algérie : soit il résiste et dénonce les agissements du système, il est automatiquement éliminé (cas de Boudiaf). Il refuse d’obéir mais se tait, il démissionne avant la fin de son mandat (cas de Chadli et Zeroual). Il compose avec le système et il termine son mandat. C’est le cas du président en cours d’exercice. Il mènera son mandat à terme et dira j’ai mis mon expertise au service de mon pays pour le réhabiliter à l’échelle mondiale. Il rappellera par ailleurs le rôle actif de l’Algérie dans le Nepal et l’Union africaine, le règlement des conflits de l’Ethiopie/Erythrée, la paix en Somalie, la réhabilitation de la Libye dans ses moments difficiles avec la communauté internationale, la médiation au Soudan et enfin la tentative de rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis etc. il vantera certainement les efforts considérables que l’Algérie a accompli en matière de lutte contre le terrorisme et son avancée pour comprendre ce fléau social qui s’étend d’année en année à travers le monde entier. Enfin il dira je suis le seul président qui partira en laissant les caisses pleines (plus de 200 milliards de dollars à l’horizon 2014 selon les prévisions de la Banque mondiale). Mais il reconnaîtra et il l’a fait à maintes reprises ses échecs, qu’il n’est pour rien pour la constitution de cette manne financière et qu’il n’a pas réussi à mettre en place une stratégie à même de faire sortir le pays de sa dépendance vis-à vis des hydrocarbures. Il reconnaitra que l’avenir des générations futures est sérieusement compromis. Il l’a déjà dit et il le dira certainement en partant. Après, il prendra sa petite retraite comme tous ceux avant lui. Alors ! Est-ce pour autant les problèmes de l’Algérie sont réglés ? Certainement pas car le système ramènera quelqu’un d’autre et quelques années plus tard, on dira que le précédent était moins pire que celui là, on perdra encore quelques années et ainsi de suite. Quand est né ce système qui favorise ses membres au détriment de l’existence même de la nation ? Comment fonctionne-t-il ? de quelle manière il s’est ancré dans la société algérienne et avec la complicité de qui ? Est-il détrônable si oui de quelle façon ?

     

    Le processus de création de ce système est indissociable des étapes de développement de l’économie nationale depuis l’indépendance en 1962.Il s’est développé lui-même et s’est ancré à travers les incohérences de ces étapes historiques et surtout des événements qui les ont réorienté ou affaibli comme la mort subite du président Boumedienne. Pour bien comprendre le système, il faudrait passer en revue les différentes étapes de développement et mettre au point un certain nombre de principes qui ont servi de base au modèle de développement de l’économie Algérienne et qu’on tente sciemment aujourd’hui de pervertir pour justifier les échecs, quelques fois programmés.

     

    I - De la mise au point de certains principes et concepts

     

    1- La voie de l’option socialiste choisie par l’équipe au pouvoir au début de l’indépendance de l’Algérie figure bien dans les documents doctrinaux comme la charte d’Alger et entreprise juste par nécessité stricte de développement et non pas par mimétisme ou idéologie comme le prétendent certains écrits. (1). La vacance des moyens de production, suite au départ massif des colons et leur abandon au profit de la collectivité, n’offrait pas d’autres choix que la voie collectiviste qui permettait de contourner les difficultés de recherche des critères pour leur partage

     

    2- A la veille de l’indépendance nationale, un rapport d’une équipe de sociologues sous la direction de Pierre Bourdieu, subdivisait la population algérienne en six classes essentiellement prolétaires et paysannes. Ceci prouve qu’il n’y avait pas une bourgeoisie puissante pour orienter le pays vers une autre voie. En conséquence, note le rapport, tous les Algériens étaient en majorité au même niveau de vie malgré que les quelques années d’indépendance ont favorisé l’émergence d’une bureaucratie dont les intérêts s’opposaient à ceux des masses populaires, (2) mais leur nombre était insuffisant pour influer sur le cours du développement national. Après l’indépendance les propriétaires terriens et ceux qui détiennent les moyens de production aussi bien tertiaires qu’industriels ne représentaient en fait que 5% de la population, (3) avec évidemment aucun secteur stratégique de l’industrie comme le note Pierre Bourdieu dans un autre ouvrage : (4) "cette stratification sociale formée de couches fortement pauvres et pour lesquelles l’Etat est apparu comme "l’image inversée" de l’Etat colonial et il doit de fournir tout ce que l’autre n’a pas fait et par voie de conséquence la projection d’un Etat à tout faire. Cet état de fait ne peut que confirmer l’objectivité de la voie choisie". En dépit des différentes contraintes qu’a connues "l’autogestion" durant les premières années d’indépendance aussi bien agricole qu’industrielle, son émergence a empêché la bourgeoisie bureaucratique de s’accaparer des biens collectifs (4) et s’est imposée comme le montre Koulitchizky "comme idée mobilisatrice des énergies en face d’une certaine carence du pouvoir politique, elle montre la faiblesse du pouvoir, illustre les mutations que connurent toutes les composantes de la société sous l’exclusive bannière du nationalisme". Il est apparu une relation "intime" entre la masse populaire et l’Etat considéré comme seul protecteur des moyens de production "commun" et en face des différentes difficultés rencontrées par les entreprises autogérées, nombreux sont les travailleurs qui souhaitaient leur passage sous le contrôle de l’Etat (5).

     

    En bref, le statut d’un travailleur chez l’Etat est mieux vantée que celui d’une organisation privée. C’est la preuve par 9 que les nouveaux riches d’aujourd’hui qui brassent les milliards n’ont de justification que la triche, la fraude fiscale ou la spéculation qui reste le seul moyen de procurer en près de 30 ans de telles fortunes colossales qui menaceraient aujourd’hui l’existence même de l’Etat. Ce sont ces données que le plan test a rassemblé pour préparer les fondements de l’étape allant jusqu’au 1978 qui s’est fortement inspirée du programme de Tripoli, considéré comme conforme aux aspirations populaires. Ceci peut être facilement vérifié en parcourant les grandes lignes du plan quadriennal qui couvre la période 1970-1973 et dont l’objectif primordial est de créer les conditions qui permettraient de fournir un emploi durable à l’ensemble de la population masculine active d’icil’horizon 1980 (6). Quels que soit les moyens utilisés, ce plan vise essentiellement l’épanouissement des citoyens ce qui est effectivement une aspiration fortement populaire. Les principes retenus pour permettre sa réalisation sont :

     

    • le renforcement de l’indépendance économique en diversifiant les échanges extérieurs et le recours des investissements étrangers comme apport aux moyens nationaux et jamais facteurs dominants,

     

    • l’établissement de nouveaux rapports de production pour la construction d’une société socialiste,

     

    • la mobilisation des travailleurs fondée sur leur adhésion et leur association à tous les aspects de la vie économique du pays,

     

    • l’industrialisation qui doit engendrer un mouvement de croissance auto-entretenue (7). C’est en vrai projet de société que s’érige ce plan, il définit les règles de jeu et fait appel à l’adhésion de toutes les forces vives pour entamer une deuxième révolution cette fois industrielle et culturelle pour parachever le processus d’indépendance économique, moyennant bien entendu des sacrifices à l’instar de la révolution armée.

     

    3 - Le modèle de l’industrie industrialisante largement développé et commenté par D. De Bernis (8) est basé sur la création de puissante sociétés nationales qui agissent pour le compte de l’Etat et capable d’acquérir, de capitaliser, de consolider et surtout de fertiliser le savoir et le savoir faire au profit de tous les secteurs pour permettre au pays dans un laps de temps raisonnable d’accéder à son indépendance économique. Les intérêts individuels doivent se dissoudre dans l’intérêt général ; c’est pour cela que le schéma des industries industrialisantes ne peut être mené que par l’Etat et ne peut aboutir sans une "Planification rigoureuse" (9). L’inefficacité de ce modèle n’a jamais été prouvée scientifiquement sinon qu’il gênait les capitaux étrangers qui ont tout fait pour l’étouffer dans les pays qui le pratiquaient entre autres l’Algérie.

     

    II- Des justifications qui ont mené à la dislocation de ce modèle

     

    A la mort du président Boumedienne, la bureaucratie naissante qui était jusqu’à cette événement en veille, a saisi l’occasion pour aider des technocrates d’accéder au pouvoir mais à sa solde. Ces derniers étaient fortement influencés par le modèle américain, certains y ont vécu même dans ce pays. Ils ont ramené dans leurs valises des consignes claires : celles de déstructurer le tissu industriel algérien qui commençait moyennant des sacrifices énormes à donner ses fruits. Ils ont commencé par un changement de discours dont les implications sur le terrain s’écartaient peu à peu de la ligne suivie pour atteindre les objectifs consensuels et qui est pour rappel celui de l’indépendance économique le gigantisme des sociétés nationales, l’efficacité selon le principe "Small is beautifful", la tentative d’abandon des hydrocarbures comme stratégie de développement, le désengagement progressif de l’état vis-à-vis des différentes institutions publiques, pour, selon le discours politique, une meilleure efficacité budgétaire.

     

    Cette remise en cause a été en réalité (10) à l’origine des multiples formes de résistance des actions collectives (grèves) et aux pratiques individuelles : absentéisme, turn over, etc. Pour rappel, durant les années 1981-1982, l’absentéisme a tellement inquiété les autorités qu’elles ont impliqué les forces de sécurité et de l’ordre pour procéder à des contrôles en dehors de l’entreprise jusqu’à dans les lieux publics (cafés et autres). Mais ceci n’a pas empêché cette équipe de poursuivre cette destruction en optant pour une vraie réorientation de l’économie nationale. Le diagnostic semble léger et ne justifie en rien l’amorce d’un tel processus. Un ancien premier ministre rappelle que cette réorientation n’étant pas spécifiquement motivée (11) de part les meilleurs résultats enregistrés avec un secteur public en pleine croissance car selon le même auteur sa part dans le produit intérieur brut qui était de 34,4 % en 1969 est passé à 65,42 % en 1978. Enfin une rente pétrolière de plus en plus croissante et qui permettait de résoudre les différentes contradictions inhérentes au procès de travail (12).

     

    A part donc le malaise général de l’été 1977 et qui sera analysé plus loin, rien ne justifiait un tel changement du moins scientifiquement. Les rumeurs colportées par la bureaucratie au pouvoir ce sont soldées pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie par une grève de portée nationale : Celle des cheminots en 1978.

     

    En tout état de cause, aucune donnée particulière contraignante ne laisse présager une volonté quelconque de changement de ligne de conduite et du rythme de développement qui devait mener à l’indépendance économique, sinon un léger réajustement dans la marche à suivre. En dépit de l’année de réflexion qui a permis à l’équipe au pouvoir après la mort de Houari Boumediene une pause et une évaluation de la situation, le diagnostic n’a pas semble-t-il été quantitatif mais se basait sur des opinions et surtout se cachait derrière des décisions supposées collégiales car le décret 80-242 du 4 octobre 1980 portant sur la restructuration organique et financière des entreprises ne fait allusion à aucun rapport de diagnostic mais à la résolution du 4eme congrès extraordinaire du front de la libération national (FLN) et les décisions de son comité central dans ses 2eme et 3eme sessions. H. Temmar, qui traitait il n’y pas si longtemps les entreprise publiques de veilles quincaillerie soutenait avec M.E Benissad dans une évaluation des perspectives de développement décennal "qu’en 1980, tout changement brutal de stratégie de développement entraînerait un gaspillage des ressources humaines formées à l’industrie et signifierait que les sacrifices supportés par la population l’auront été vains" (13). Et pourtant ce changement a bien eu lieu. Cette nouvelle voie de développement a fragilisé l’économie nationale en la rendant fortement dépendante de facteurs exogènes. Il aurait fallu en 1985 une chute des prix du pétrole suivi juste après par la détérioration du cours de dollar pour que le pays se mette à genoux, mains liées au FMI. Normalement et en dépit de son caractère brusque, la chute des prix du pétrole ne devait pas surprendre les spécialistes car elle rentre dans le cadre de la stratégie de l’agence internationale de l’énergie (AIE) en réponse à l’embargo décrété par les pays arabes membres de l’OPEP en 1973. Il fallait s’y attendre et donc orienter les recettes des hydrocarbures pour renforcer les projets en cours afin de produire des biens d’équipements qui non seulement dynamiseraient l’activité économique mais lui assureraient son indépendance économique de l’extérieur et fera sans aucun doute face ou du moins amortira le choc d’une telle situation encore une fois dans le domaine du prévisible. Quand bien même l’on suivait la logique des initiateurs de ce projet de réorientation au nom de l’efficacité de gestion et de la politique d’ouverture ; il aurait donc fallu accepter un programme de réforme structurelle à partir du début des années 1980 puisque la balance des paiements algérienne a entamé son déficit depuis 1982 (14) et donc utiliser cette restructuration économique dans le cadre d’un programme avec le fond monétaire international et l’orienter ainsi au bénéfice du développement national au lieu peut être de donner une image fausse qui a dû contribuer à aggraver la situation, désormais aujourd’hui inextricable.

     

    III - Des premières conséquences immédiates

     

    En plus de ce qu’ont constaté les éminents économistes cités plus hauts, la désarticulation du processus intégré a affecté l’économie algérienne sur au moins un triple plan :

     

    • Sur le plan économique

     

    Le peu de savoir et savoir-faire capitalisé par les puissantes sociétés nationales dans les différents secteurs s’est effrité. Les Algériens ne savent plus travailler la terre. Elle est devenue un vaste champ artisanal. Le célèbre grenier Algérien connu bien avant la colonisation a été bétonné. On importe tout. Le ridicule a été poussé jusqu’au jour où un certain "Azzoug" se présente à la télévision nationale pour proposer d’importer la viande à 60 DA le kg. Si ce projet avait été concrétisé que serait devenu l’élevage des bovins en Algérie ? On ne sait plus construire des bâtiments, des routes et on fait appel au Chinois et aux européens pour le faire. Les catastrophes naturelle comme les différents séismes qu’à connu le pays, ont montré l’amère regret d’avoir éclaté la Sonatiba et la DNC. On ne sait plus produire et distribuer de l’énergie sans faire appel aux étrangers. Les techniques d’extraction des hydrocarbures ont été laissées aux américains sous les bons auspices de l’ancienne puissance coloniale (TFT, Hassi Berkine, Tiguentourine etc.).L’expertise parapétrolière a été abandonnée au profit des multinationales comme Schlumberger, Wetherford etc. et, ce avec la mort programmé de Alfluid, Aldia pour ne citer que cela. Le boosting des gisements fatigués a été confié aux Japonais sans aucune intervention des nationaux. La base logistique de Beni Mered à Blida était construite pour produire des pièces de rechanges grâce à ses puissants fours s’est limitée au moulage des statuts pour Riadh El Feth qu’on montre comme une fierté nationale. En somme, on est passé d’une économie en voie d’industrialisation à celle de bric à brac qui a permis aux fortunes indûment acquises de s’incruster pour justement former et consolider le système en vigueur à ce jour ;

     

    • Sur le plan social

     

    Le modèle de développement choisi n’a pas été gratuit, mais a demandé des sacrifices énormes mais aussi et surtout un coût humain.(15) qu’il ne convient pas de considérer comme une conséquence de l’échec du modèle de développement mais plutôt comme un fort tribu payé pour atteindre l’objectif visé. Ils auraient sans aucun doute été facilement dissipés si le rythme de développement n’aurait pas été rompu ou s’ils avaient donné un résultat. Ce coût humain consistait dans un changement radical des structures sociales anciennes :

     

    La dislocation de la famille par migration, l’acquisition de nouvelles habitudes de consommation et de mode de vie, la contradiction entre vie au travail et hors travail, la lutte acharnée parfois humiliante contre le pouvoir bureaucratique, l’acculturation par un procès de travail installé par les sociétés capitalistes sensé fonctionné dans les conditions locales, un environnement international hostile à l’industrialisation dans le tiers monde en général et l’Algérie en particulier pour s’emparer de la matière première à des prix avantageux.

     

    • Sur le plan politique

     

    La notion de "bien commun" qui constituait le ciment de la cohésion sociale, est désormais passée sous silence par toutes les études faites sur le modèle de développement entre autres sociologiques. Alors qu’elle constitue la base de la démobilisation de part son lien aux valeurs culturelles de la société algérienne (16). L’un des partisans de la politique actuelle d’ouverture disait que "la réussite de cette période tient dans la cohérence de la politique suivie avec les objectifs visés" (17). Cette cohésion disparue, la manipulation est devenue très facile pour être utilisée à des fins partisanes très connue et qu’il est inutile de le rappeler ici.

     

    IV-de l’émergence et du développement du système

     

    Trois facteurs ont favorisé l’émergence et l’ancrage d’un système dans la société algérienne :

     

    • Une population déroutée par un changement brusque de discours. L’Etat qui l’assistait depuis l’indépendance, se désengage subitement sans lui donner la moindre garantie. Cette nouvelle situation la rend facilement manipulable pour devenir une cible facile pour tous les corps étrangers ;

     

    • Une bureaucratie fraîchement enrichie mais longtemps en berne a trouvé toutes les conditions favorables pour tisser sa toile d’araignée dans l’espace et dans le temps ;

     

    • Un Etat affaibli par une crise qu'il n’avait pas prévu mais qui s’aggrave de jour en jour jusqu’à le pousser à faire appel au FMI.

     

    Les carriéristes du parti unique se chargent de créer des entrées, brèches et des opportunités au sommet de l’Etat pour le compte des nouveaux riches issus de la bureaucratie et ses spires. Ils prennent leur part et arrosent la majorité de la population pour qu’elle se taise. Ainsi la loi portant cession des biens vacants de l’Etat a plus bénéficié aux bureaucrates qu’au peuple dans sa majorité. Lorsque le simple citoyen achète un appartement de 60 m2, un membre au sommet en prend une villa de 500 m2 pour une bouchée de pain. Ces carriéristes à travers leurs satellites dans les différentes franges de la société (jeunesse, femmes syndicats, corporations etc.) ont pris le contrôle total pour orienter le peuple là se trouvent leurs intérêts et ceux de leurs commanditaires. Ce cercle s’est agrandi et s’est développé dans l’espace pour fonctionner comme un système dans lequel chacun trouve son compte. Les services se rendent mutuellement par le biais d’un artifice d’encanaillement. L’Etat trouve son compte dans la paix sociale que les carriéristes lui assurent. Ces derniers s’incrustent et s’enrichissent sur le dos du peuple. La majorité des citoyens reçoivent des miettes mais s’en accommodent pendant que la minorité observe impuissante. C’est ainsi que s’est crée un ordre établi que toutes les parties essaient de maintenir au détriment de l’existence même de la nation entière et qui reste en vigueur à ce jour. Lorsque le président de la république a nommé un nouveau premier ministre en la personne de Sellal, la première question que les observateurs se sont posée c’était celle de savoir s’il était du système ou pas. Et lorsqu’ils ont appris qu’il y était, ils ont vite compris comment l’Algérie a pu fonctionner avec un gouvernement intérimaire pendant plus de 4 mois.

     

    V- Des crises du système

     

    Ceux qui continuent de penser que l’Algérie a passé son printemps arabe en octobre 88 se leurrent lourdement. La crise de l’été 77, celle d’octobre 88 et les émeutes de janvier 2011et bien d’autre qui n’étaient pas ostentatoires, ne sont en fait que des purges pour permettre au système de surmonter ses contradictions et retrouver son équilibre.

     

    A chaque fois que l’exécutif tente mettre de l’ordre dans la gestion du pays pour plus de transparence, le système lui crée un soulèvement ou lance des rumeurs pour le dissuader et ainsi de suite. Il y a réussi à chaque fois.

     

    Cette rentrée 2012/2013 a été selon toute vraisemblance réservée à l’éradication du marché informel de toutes les villes et villages en Algérie. Une telle opération de grande envergure touche directement les intérêts des barons de l’import/export qui utilisent ce circuit pour écouler leur marchandises. On verra d’ici janvier 2013 les conséquences qui en découlent.

     

    VI - Conclusion

     

    Contrairement au système russe ou chinois et plus particulièrement celui de la maffia italienne, celui de l’Algérie n’est pas du type "hard" mais relève de la délinquance. C’est surtout la complicité de l’administration qui lui a donné une importance. La Banque mondiale conseille l’Algérie d'aller vers les grands chantiers : la relance des investissements publics et l’ouverture des capitaux, d’éviter l’effet d’éviction du secteur privé etc., pour uniquement retrouver une croissance que les Occidentaux veulent partager avec elle. Ils s’en foutent royalement des difficultés internes que rencontrent les gouvernants. Or ces grands chantiers dans le cas Algérien constituent une niche pour le système. Plus nombreux sont les chantiers, plus importants sont les montants de la corruption, plus fort sera le système. C’est pour cela qu’il conviendra d’orienter sa politique vers des axes simples mais qui peuvent nettoyer ou assainir le système mais persévérer dans leur application quelqu’en soient les conséquences :

     

    1- Réhabiliter l’administration pour la rendre au service du citoyen. Les fonctionnaires ripoux doivent sévèrement payer et ils sont visibles à l’œil nu. Peut-être faudra-t-il payer plus mais exiger de la qualité des services publics. C’est l’unique façon de stimuler la confiance et susciter l’adhésion du citoyen qui deviendra plus productif et pourquoi pas créateur ;

     

    2- Assurer l’indépendance des juges pour limiter les passe-droits, devenus un phénomène de société.

     

    3- Intervenir immédiatement pour mettre fin à l’anarchie dans la distribution du revenu national. Des entreprises payent quelquefois 10 fois plus que d’autres sans justification de productivité. Des entreprises étrangères offrent parfois jusqu’à 20 fois le SMIG pour vider le secteur public et refacturent tout cela pour le travail qu’elles réalisent sans perdre un centime Mais l’Algérie aura perdu des cadres qu’elle a formé à coup de devises sans compter l’impact négatif sur l’équité sociale.

     

    4- Mettre de l’ordre dans les opérations d’import/export et surtout assainir et normaliser les circuits de distribution. C’est la seule façon de protéger le citoyen contre l’augmentation des prix et de l’alléger du poids de son couffin.

     

    5- Il est scandaleux que les marchés parallèles s’établissent prés des banques nationales au vu et au su des autorités et dans lesquels des milliards s’échangent chaque jour. Rien ne justifie cela sinon la faiblesse et la complicité des administrations étatiques. Ce marché parallèle est en phase de menacer la nation dans son existence même donc une lutte sans merci doit être entreprise pour l’éradiquer ou éventuellement le normaliser pour mieux le contrôler et dans un délai très court. D’autres actions similaires peuvent compléter cette liste qui n’est pas exhaustive.

     

    Cet assainissement est préalable pour retrouver l’efficacité des chantiers dont recommandent les organisations internationales. Il se peut que ces opérations ne soient pas faciles à mener et peuvent être sanguinaires. C’est pour cela que les différents responsables qui se sont succédé les évitent en les passant chacun à l’autre mais c’est un mal nécessaire qu’il faut absolument assumer si réellement on pense à l’intérêt de la nation. De toutes les manières, on ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs

     

    Rabah Reghis, consultant, économiste pétrolier

     

    Renvois :

     

    1. Discours du ministre de l’économie devant l’assemblée nationale le 30/12/63

     

    2. P. Bourdieu Travail et travailleurs en Algérie, Édition Mouton Paris 1963 P.382.

     

    3. J.C.Martens Le modèle algérien de développement : bilan d’une décennie, Édition SNED Alger 1973. P.277.

     

    4. P. Bourdieu Question de sociologie, édition Minuit Paris 1973 P.251

     

    5. S. Koulitchizk Y L’autogestion, l’homme et l’Etat : l’expérience Algérienne, Édition Mouton 1974 P.32

     

    6. Préambule du premier plan quadriennal 1970-1973 Alger 1970

     

    7. J.C Martens OP .Cit Page 53

     

    8. D. De Bernis in Economie Maghrébine, collectif CRESM-CNRS 1971

     

    9. D De Bernis Industrie lourde, industrie légère, in industrialisation du Maghreb édition Maspero 1963

     

    10. B. Semmoud Contribution à l’étude de la structure et de la formation des conflits collectifs de travail dans l’industrie Algérienne, Annuaire de l’Afrique du Nord P.132.

     

    11. Ahmed Benbitour L’expérience Algérienne développement 1962-91 leçons pour l’avenir, édition ISGP Alger 1992 P.23-24

     

    12. A. Bouyacoub La gestion de l’entreprise industrielle en Algérie, édition OPU 1987 P.10-11

     

    13. M.E Benissad, Economie de développement : sous-développement et socialisme, 2éme édition OPU Alger 1982 P.147

     

    14. In Perspective n° 34 semaine du 5 au 11-12-91

     

    15. M.E Benissad Op .cit.157-165

     

    16. La conception socio-dynamique du bien commun met l’accent sur la sécurité, la culture, le niveau de vie, la liberté et le droit à plus de bien-être. Lire J.C Fauvet et Xavier Stefan La socio-dynamique un art de gouverner, édition organisation Paris 1983 page 123.

     

    17. Ahmed Benbitour Op cit. P.41

  • Au bout de la dérive, le choc

     

    Par : Mustapha Hammouche

    On ne change pas une équipe qui gagne. Ou légèrement, si cela s’impose. Partant de cette règle, on peut déduire que le président de la République est globalement satisfait des performances de son gouvernement. On ne sait pas lesquelles, mais lui le sait sûrement. Mais son attachement à l’équipe reste le premier message de ce remaniement. Sur une trentaine de ministres et Premier ministre, on compte quelque six nouveaux noms. C’est donc du neuf avec 80% de vieux, ou du changement à 20%, pour les optimistes.
    Le changement de coordinateur n’altère en rien le contenu du message : dans le type de fonctionnement adopté depuis le début du troisième mandat, la qualité du coordinateur est sans effet sur le mode de gestion des affaires publiques. Ouyahia et Belkhadem ne sont pas à leur premier départ, ni à leur premier… retour. Les réjouissances qu’on observe à ce sujet ne se justifient point : en Algérie, les changements d’hommes ne correspondent jamais à des changements politiques, parce que le système s’arrange pour tenir les hommes de changement bien loin des instruments de pouvoir.
    Les alternances maison puisent dans le panier géré par le système de clans.
    Les deux seules fois où le changement aurait pu se faire, c’était en 1992, avec la victoire du FIS ou l’arrivée de Boudiaf.  Dans les deux cas, il en a été décidé autrement.
    Le départ de quelques “permanents” de l’Exécutif, même dans des secteurs où l’échec s’était durablement installé, n’a pas de signification politique. La longévité de Benbouzid à la tête d’une éducation bâclée tournait à l’insoutenable aberration, et on n’aurait pas trouvé meilleure doublure à Ould-Abbès que Ziari, par exemple. Et pour colmater les petits vides, on n’a pas été cherché bien loin : parmi les conseillers du Président, par exemple, ou parmi le staff de ministres en vue. Et devant la menace de retrait de la caution islamiste du MSP, on a appelé en renfort un islamiste avéré pour la Communication et maintenu, en plus du désormais chef de parti Ghoul, un ministre du… MSP.
    Sur la base de ce faux changement de gouvernement, on peut d’ores et déjà entrevoir que le seul horizon qui préoccupe le sérail est celui des élections présidentielles de 2014. Comme depuis l’Indépendance, et même comme depuis avant l’Indépendance, la question centrale pour le pouvoir est la question du pouvoir. On ne demande donc pas plus à un gouvernement que de contribuer au contrôle de la société pour éviter tout dérapage en termes de paix civile jusqu’à l’échéance prochaine. Pendant ce temps-là, derrière les murs feutrés des états-majors de clans, se concoctent les conspirations et se négocient les alliances. Toutes les convictions sont les bienvenues puisqu’il n’est pas question de projections de l’Algérie dans le futur. Ne pas en avoir — de convictions — constitue même, dans ce contexte, un gage de promotion politique. Il n’y a que des stratégies de pouvoir et nul besoin de stratégies pour l’Algérie. Le pétrole est là pour l’entretien du pouvoir au quotidien.
    Dans cette situation, où la gestion du quotidien est au service de l’immobilité politique, il n’y a point de place ni pour la projection, ni pour la prévision. Avec tant d’intérêts claniques à son bord, tout en la regardant dériver, l’Algérie ne relève plus que de la seule théorie du chaos.

  • Remaniement du gouvernement de Bouteflika : et après ?

     

    Par Le Matin DZ |

     

    On annonce, imminente, la désignation d'un nouveau gouvernement par Abdelaziz Bouteflika suite aux résultats du scrutin législatif du 10 mai qui ont "consacré" le retour en force au sein de l'hémicycle de l'ex-parti unique, le FLN.

     

    Abdelaziz Bouteflika: le maître du jeu

     

    Le suspense entretenu sur la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale semble conforter l'idée que celle-ci mettrait enfin fin à l'absence du chef de l'Etat de la scène politique nationale et que cette "nouvelle" équipe sera la solution à la vacance du pouvoir. Abdelaziz Bouteflika qui reste le maître du jeu, a plusieurs options. Selon les observateurs, trois solutions s'offrent au chef de l'Etat :

     

    1) Se permettre de reconduire l'essentiel de l'équipe gouvernementale avec à sa tête, l'actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, patron du RND qui, après le FLN, a raflé la mise sur les sièges de l'APN. Le FLN et le RND qui en détiennent plus de 62% seraient ainsi confortés par un statu quo de l'équipe gouvernementale avec quelques nominations pour combler des postes vacants ou sur des secteurs jugés non stratégiques comme la culture, le tourisme…

     

    2) Maintenir l'actuel Premier ministre qui se chargera de nommer une nouvelle équipe en fonction de la nouvelle carte politique dessinée par les législatives. La nomination de ministres issus de la formation de Hocine Aït Ahmed, le FFS, qui s'est rallié en dernière minute, aux réformes et au scrutin législatif, n'est sûrement pas à écarter, et cela conforterait ses 21 sièges obtenus. C'est d'ailleurs ce qu'attend son secrétaire général, Ali Laskri, après la "purge" au sein de ses nombreux cadres entrés en rébellion. La nomination d’un ministre FFS serait une percée "notable" tant attendue par Bouteflika en Kabylie, région qui lui est fermée depuis le Printemps noir de 2001.

     

    3) Accepter la démission formelle d'Ahmed Ouyahia. Bouteflika nommera ainsi son nouveau Premier ministre lequel pourra reconduire ou non des ministres en place en octroyant quelques postes de secrétariats d'Etat aux têtes de listes de partis créés par Daho Ould Kablia qui a permis la dispersion des voix et une saturation "partisane" au profit du couple FLN/RND. La multitude des partis agréés par le ministre de l’Intérieur a soutenu mordicus les réformes de Bouteflika et certaines de ses formations pourraient être "récompensées" pour services rendus. 

     

    Mais cette dernière option n'est qu'une variante des deux précédentes dans la mesure où quelle que soit la variante, il n'y aura pas de changement politique. Bien au contraire, le raz-de-marée du FLN dans une APN encore plus soumise à Abdelaziz Bouteflika, conduit à un gouvernement sous l'ornière du chef de l'Etat. D’autant que la constitution de ce "nouveau gouvernement" (qui n'aurait de "nouveau" que le badigeonnage de la façade) a en ligne de mire les élections communales qui approchent. 

     

    Que Ahmed Ouyahia soit maintenu avec l’ancienne ou une nouvelle équipe, que soit nommé un "nouveau" Premier ministre, ce ne serait qu’un déplacement mineur dans un espace clanique commun : celui de Bouteflika et de sa cour.

     

    Le véritable changement n'est surtout pas dans les résultats de ces légistlatives et de tout scrutin législatif quel qu'il soit, encore moins dans la formation d'un gouvernement, mais dans l'éjection de tout le système politique qui en constitue le noyau dur. Dès lors, cette désignation d’un "nouveau" gouvernement n’est qu’une supercherie de plus, un "traquenard" tendu par un processus électoral corrompu et corrupteur.

     

    R.N

  • ALGERIE FRONT SOCIAL: Vers une rentrée explosive

    source:le soir dz

    Le front social, qui n’a pas eu à observer de répit, comme de coutume, durant la présente période estivale tirant à sa fin, avec ses émeutes de l’eau et de l’électricité, ses commodités de vie de base dont les récurrentes pénuries ont suscité bien des soulèvements tout aussi réguliers, risque tout bonnement de s’embraser davantage à la toute prochaine rentrée sociale.
    M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et c’est tout le «tableau de bord» de cette rentrée qui clignote au rouge avec ces préavis et ces menaces de grève qui émanent de bon nombre de secteurs de l’activité nationale, et pas des moindres. D’abord, celui de l’éducation nationale qui risque tout bonnement de connaître une reprise avortée car s’annonçant fortement mouvementée. Et pour cause, plusieurs intervenants de ce secteur névralgique annoncent d’ores et déjà la couleur en brandissant et sérieusement, la menace de débrayer. Les corps communs et ouvriers professionnels du secteur ont tout récemment interpellé le président de la République quant à la non-prise en charge par la tutelle de leurs revendications socioprofessionnelles. Pour le SNCCOPEN, «les laborantins, les agents de l'administration, les ouvriers professionnels et les agents de sécurité et de prévention, ont fait l'objet d'une injustice, car privés de leur intégration dans le secteur de l'Education nationale, selon le décret officiel 315/08». Menaçant d’une grève à la toute prochaine rentrée, tout ce beau monde réclame la promulgation des lois concernant les nouveaux régimes indemnitaires, signés par le Conseil des ministres, le 7 février dernier, dans le cadre du projet de la loi de finances complémentaire. Il exprime aussi sa désapprobation à l’égard du nouveau statut particulier des travailleurs de l'éducation qui marginalise les laborantins, en les excluant de l'intégration, eux qui assurent des missions purement pédagogiques au même titre que les enseignants. Les adjoints de l’éducation, le parent pauvre du secteur, ne sont pas en reste puisqu’ils envisagent de débrayer en plus d’observer des sit-in par-devant les Directions de wilayas de l’éducation. A l’appui de ce débrayage entériné samedi dernier, le coordinateur national du SNTE, avance la problématique de la classification de cette catégorie de fonctionnaires que le nouveau statut particulier du secteur met à l’échelon 8 au moment où les concernés revendiquent l’échelon 10. Ceci en sus du fait, poursuit Mourad Fertaki, que l'expérience professionnelle n’est pas comptabilisée pour une éventuelle promotion, déplorant l’absence de tout stage de formation ou de perfectionnement. Autre raison de la grogne des adjoints de l’éducation, le classement des nouveaux conseillers de l’éducation à l’échelon 10 au moment où eux, ayant, pourtant une grande expérience, n’ont eu droit à aucune promotion. Et il n’y a pas que ces acteurs de l’éducation qui brandissent la menace de débrayer puisque les «carburants» du mécontentement ne manquent pas. D’autres syndicats du secteur n’excluent pas le recours à la grève à l’image du Cnapest et du SNTE dont les toutes prochaines réunions auront à examiner le degré d’engagement de la tutelle à honorer sa promesse de verser la deuxième tranche des rappels liés aux récentes augmentations concédées aux enseignants, avant le 15 du prochain mois. Et en dehors de l’éducation, la grogne sera aussi au rendez-vous dans d’autres secteurs tout aussi névralgiques. Comme la grève de 8 jours que les communaux comptent observer dès le 4 septembre prochain. En fait, ces travailleurs ne font que renouer avec la contestation au bout d’une courte trêve d’un mois tant ils se disent avoir été bernés. Et dans son préavis de grève qu’elle vient de déposer auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et celui de l’Intérieur et des Collectivités locales, la Fédération nationale du secteur des communes relevant du Snapap, remet sur la table et au goût du jour les 14 points constituant leur plate-forme de revendications dont le bafouement de la liberté syndicale avec le refus opposé aux travailleurs désireux d’adhérer à d’autres syndicats autonomes, la révision du statut particulier et du régime indemnitaire des travailleurs du secteur, le respect des libertés syndicales et le droit de grève, l’abrogation de l’article 87 bis du code du travail dont le gouvernement a promis la révision, la révision de la gestion du FNPOS et la généralisation de la médecine du travail entre autres. Les communaux revendiquent également la réintégration de tous les syndicalistes licenciés et suspendus arbitrairement, l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs communaux et le maintien du régime de retraite sans condition d'âge, tout comme la révision du statut particulier des corps communs des ouvriers professionnels, des chauffeurs et des gardiens et l'intégration en priorité de tous les contractuels et vacataires en poste. Il y a aussi les gardes communaux qui «risquent» de reprendre leur mouvement de contestation tant les dernières «concessions» du département d’Ould Kablia ne semblent pas les agréer. Et le conseil national consultatif de la corporation qui se réunit demain jeudi à Blida aura à discuter de la nature de ces «acquis» et d’entériner une nouvelle feuille de route dont le recours à la rue n’est pas exclu. Un recours auquel d’autres acteurs de la vie nationale ne manqueront pas d’«épouser», la mort dans l’âme, ce qui ne fera que pimenter davantage le front social. Et ce n’est pas faute d’alertes de la classe politique dont plusieurs acteurs ont tiré la sonnette d’alarme quant à une rentrée sociale qui risque d’être explosive, plaidant pour des mesures sociales d’apaisement à même de conférer aux toutes prochaines élections locales la sérénité requise. Des demandes et des interpellations qui risquent de rester lettre morte tant le pouvoir, via le gouvernement, a déjà annoncé la couleur en faisant de la politique d’austérité la base de la loi de finances 2013.
    M. K.

  • La Algerie:faillite de la houkouma coûtera cher aux algériens : un pays à l’abandon

     

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    El Watan le 24.08.12

    Pas de réunion des ministres, ni d’audition présidentielle. Nos dirigeants sont aux abonnés absents. Si l’on en croit l’ENTV, «Djazaïr el injazat» n’a rien à craindre. Alors que la rentrée parlementaire approche, les députés n’ont pas de textes sur lesquels se pencher. Pendant ce temps, le pays continue de s’enfoncer.

    Le Conseil des ministres ne se réunit plus en Algérie. Réalité que tout le monde connaît mais qui ne suscite aucune réaction ni de l’opposition ni des «milieux» éclairés d’Alger ou d’ailleurs. Fatalité ? Non Indifférence ? Possible. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui termine dans une année et demie son troisième mandat, ne voit visiblement plus «l’utilité» de réunir les ministres pour étudier les projets de loi et prendre des décisions qui impliquent tous les Algériens. Sans la réunion de ce conseil, aucune loi ne peut atterrir sur le bureau de l’APN. Et, indirectement, le conseil du gouvernement, déjà largement limité dans ses prérogatives, est ligoté. Ses réunions, qui ne sont pas annoncées officiellement, ressemblent presque à une forme protocolaire, une tentative de meubler le vide.

    Durant le mois de Ramadhan, Bouteflika a disparu, parti en Suisse, paraît-il. Il en est de même pour Ahmed Ouyahia, «son» Premier ministre. Une dizaine de ministres n’ont pas donné signe de vie, eux non plus. Le ministre de la Solidarité nationale, Saïd Barkat, par exemple, a abandonné son poste le mois où théoriquement il devait le plus travailler. Idem pour le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Tout ce que ce ministre a «raconté» sur la régulation du marché s’est avéré faux, complètement faux. Le résultat de cette faillite généralisée de la gouvernance était clair : un pays livré à lui-même.

    Des coupures d’électricité partout, un patrimoine forestier détruit à large échelle, une anarchie totale sur le circuit commercial, violence et agressions multiples dans les villes, pénurie de médicaments, désorganisation dans les hôpitaux, forte inflation… Tout cela coûte cher, très cher à l’Algérie. Le fisc ne pourra jamais rattraper la perte d’argent du marché informel. Et il faudra deux à trois siècles pour remplacer les milliers d’arbres fruitiers (154 000 arbres ont été détruits par le feu depuis le début de l’été) perdus dans les incendies provoqués et programmés par des mains criminelles.

    Sanctions

    Un chef d’Etat préoccupé par la défense des intérêts du pays qu’il gère aurait demandé à la justice d’ouvrir une enquête sur les pyromanes téléguidés qui brûlent les forêts et les maquis. Un chef d’Etat qui gère réellement les affaires du pays aurait pris des sanctions après les coupures d’électricité qui «pourrissent» la vie des Algériens. Un chef d’Etat qui n’est pas «un trois quart» de président se serait intéressé à «la mafia» qui tire les ficelles au marché parallèle et qui profite de la pénurie voulue des produits pharmaceutiques.

    Tout cela ne semble pas attitrer l’attention de Abdelaziz Bouteflika au point de susciter plusieurs interrogations dont celle-ci : le locataire du palais d’El Mouradia est-il capable de suivre ce qui se passe en Algérie ? Sinon, comment expliquer qu’aucune mesure ne soit prise pour rassurer les Algériens sur l’existence d’un président de la République qui décide et qui contrôle l’action des institutions ? L’efficacité avec laquelle le président égyptien Mohamed Morsi a entamé son mandat en tant que chef d’Etat élu a brusquement ouvert les yeux sur la dure réalité algérienne : quelque chose ne va pas dans le pays ! Mais quoi au juste ?

    La fragile santé de Bouteflika qui l’oblige à s’éloigner durablement de la scène nationale ? De graves différends entre la hiérarchie militaire et la présidence de la République ? L’absence de perspective ou de «plan B» après la fin du troisième mandat de Bouteflika en 2014 ? Les Algériens ont bien l’impression que le chef de l’Etat a abandonné le pays. En d’autres termes, cela porte un nom : vacance du pouvoir. C’est presque inévitable.

    Vacance

    En faisant éteindre son «signal» du radar, Ahmed Ouyahia a renforcé ce sentiment. Il a fallu attendre la veille du 27e jour du Ramadhan, proclamée «nuit du destin» en Algérie, pour que Bouteflika réapparaisse sur les écrans. L’image ? Un homme fatigué assis dans une mosquée. La religiosité tactique dans toute sa splendeur. Trois jours plus tard, Bouteflika, pour une fois vêtu de blanc, réapparaît une deuxième fois assis, tout aussi fatigué, assis dans la même mosquée. C’est le jour de l’Aïd El Fitr. Ce jour-là, il fallait bien écouter le prêche politique de l’imam officiel. «Ce qui se passe dans le monde arabe est le résultat d’un complot de l’Occident. Son objectif est déstabiliser la ouma islamique et créer la fitna (…).

    N’écoutez pas ceux qui vous parlent de conflit de générations. Ce conflit n’existe pas. C’est une invention de l’Occident», a-t-il lancé. A ce moment-là, Bouteflika admirait le tapis de la mosquée. Ouyahia, à quelques mètres de là, en faisait de même. C’est pourtant ce même Ouyahia, alors ministre de la Justice, qui avait introduit en 2001 des amendements au code pénal interdisant… l’utilisation de la mosquée à des fins politiques. Durant le Ramadhan, Bouteflika n’a pas «auditionné» les ministres. L’opinion publique n’a eu droit à aucune explication à ce brusque changement dans «la façon» de faire du locataire du palais d’El Mouradia. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999 à l’appel des généraux, Bouteflika s’est habitué à la pratique, héritée du parti unique, de n’écouter de ses collaborateurs que tout ce «qui va bien».

    Aveuglement

    Les bilans présentés par les ministres durant «les auditions» ramadhanesques des années précédentes étaient tous, sans exception aucune, positifs. L’ENTV, qui a oublié qu’un vent souffle toujours sur le monde arabe arrachant les dictatures l’une après l’autre, a repris sa mauvaise habitude d’ignorer tout ce qui préoccupe les Algériens et présenter «une image» faussement parfaite de l’Algérie, «Djazaïr el injazat» (l’Algérie des réalisations). Ce n’est là qu’un petit exemple de l’aveuglement ambiant. Trois mois et demi après les législatives, les ministres «élus» députés n’ont toujours pas été remplacés. Six secteurs importants sont livrés aux quatre vents. Mais il ne se passe rien ? On fait comme si cela était normal, naturel, dans l’ordre des choses. Alors, l’Algérie terre des miracles ? Il y a tout lieu de le croire. Les partis sont devenus complices par leur silence. La chaleur de l’été a-t-elle «assommé» tout le monde ?

    Début septembre, la saison parlementaire sera ouverte. Mais de quoi débattront les députés ? A peine «désignés» représentants du peuple, ils se sont offerts, eux aussi, trois mois de vacances pleins et entiers. Un Parlement réel aurait imposé une session extraordinaire pour se prononcer sur les dossiers importants, obliger le gouvernement à rendre des comptes. La nouvelle APN, mal élue comme celle qui l’a précédée, attendra que le gouvernement lui envoie des lois pour les adopter à défaut de les examiner ou de les rejeter. Il n’y a pratiquement aucune chance que les nouveaux députés décident d’engager une commission d’enquête sur les feux de forêt ou sur les coupures électriques.

    A moins d’un sursaut d’orgueil. Sans contre-pouvoirs, sans projet politique clair, sans perspectives et sans vision économique, le pays se dirige droit dans le mur. La fragilité interne va compliquer toute entreprise stratégique de prévention de la principale menace extérieure : la situation d’instabilité au Sahel. L’explosion sociale n’est pas loin aussi en raison de la situation actuelle de flottement. Que l’imam officiel de l’Aïd l’accepte ou pas : la politique de la fuite en avant ne peut plus durer. «Complot» ou pas !

    Fayçal Métaoui
  • Ouverture de l'audiovisuel en Algérie : le gouvernement traîne les pieds



    El Watan, 3 mai 2012

    L’espace audiovisuel algérien est en mouvement. En dépit des interdits et des contrôles à tous les niveaux, de nouvelles chaînes de télévision s’installent comme El Djazaria, Echourouk TV, Dzaïr TV et Ennahar TV.

    Les journaux El Watan et El Khabar travaillent actuellement pour lancer leurs chaînes également. La citadelle ENTV connaît ses premières secousses. El Yatima, l’orpheline, surnom qui lui colle à la peau comme une matière visqueuse, n’aura plus le monopole de l’image. Cette télévision, qui se vide déjà de ses meilleurs journalistes et techniciens, continue à recycler la pensée unique. L’ex-RTA, plongée dans la bureaucratie et la mauvaise gestion, est insensible aux appels au changement qui émanent de la société. Cette télévision qui, chaque année, engloutit des milliards de dinars d’argent public et qui ne publie aucun bilan de ses activités, ignore les grèves, les protestations de rue, les cas d’immolation, les violences urbaines, les critiques de l’opposition, les revendications des syndicats autonomes…

    Bref, l’ENTV, qui ne possède aucune grille reconnue de programmes, n’est pas la chaîne de télévision de tous les Algériens, la chaîne publique. Elle est réduite à un simple canal de propagande officielle. Le travail que mène actuellement cette télévision pour «convaincre» les Algériens d’aller voter est un parfait exemple. Malgré cela, le ministre de la Communication, Nacer Mehal, se présente comme un avocat de l’ex-RTA. «Je veux qu’on arrête de critiquer la Télévision nationale car si j’ai été le premier à faire son procès, et je le revendique, je suis aussi le premier à la défendre», a-t-il soutenu dans entretien à l’agence APS. Faudrait-il dire alors «tout va bien» ? Il est clair qu’avec un tel état d’esprit, aucune avancée ne sera possible. Il est donc légitime que les Algériens regardent ailleurs. Le plus curieux est que les chaînes qui diffusent actuellement sur le satellite égyptien Nilesat ne peuvent pas le faire en direct à partir d’Alger.
    Elles sont obligées de localiser l’émission des signaux en dehors du pays.

    C’est simple : les initiateurs de ces nouvelles chaînes algériennes sont considérés comme des étrangers dans leur propre pays ! Une stupidité qui n’inquiète personne parmi le cercle large de ceux qui décident en Algérie. Au contraire, le gouvernement, qui fait de belles promesses aux invités étrangers sur «le paradis» démocratique en Algérie, traîne les pieds. Ne fait aucun effort et multiplie les déclarations. M. Mehal a annoncé, interrogé par nos confrères de l’Expression, que des «consultations» seront lancées en octobre 2012 avec les professionnels pour «élaborer» le projet de loi sur l’audiovisuel. Pourquoi n’avoir pas commencé ces «consultations» en janvier ou en février 2012 pour élaborer ce texte avec «le paquet» des autres lois relatives aux «réformes» dont la liberticide loi sur l’information ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps ? Il est évident que les autorités ne veulent pas d’une ouverture réelle du champ audiovisuel en Algérie. Une ouverture qui peut leur échapper.

    Après les législatives du 10 mai 2012, un nouveau gouvernement sera nommé. Gouvernement qui pourrait avoir d’autres priorités, pas forcément la loi sur l’audiovisuel. Octobre 2012 sera la période du déroulement des élections locales. Début 2013, le débat va se concentrer sur la révision de la Constitution par référendum. Ce sera suivi, lors de la deuxième moitié de 2013, par le début de la précampagne pour la présidentielle de 2014. Même si la loi sur l’audiovisuel était votée dans des conditions que l’on ne connaît pas puisque cela dépend de la composante de la prochaine Chambre basse du Parlement, il faudra encore attendre des mois avant l’installation de l’Autorité de régulation. Une fois installée, cette Autorité devra adopter son règlement intérieur et ses statuts, elle prendra tout le temps qu’elle veut avant de passer aux choses sérieuses.

    Ce n’est qu’après que les dossiers des nouvelles chaînes seront «étudiés, épluchés et examinés»… Autant dire qu’avec cette bureaucratie voulue, aucune ouverture du champ audiovisuel n’est possible avant cinq ou six ans. Peut-être.
    Fayçal Métaoui
    Télévision et radio publiques : l’opposition et les syndicats toujours interdits d’antenne

    L’ENTV demeure fidèle à ses pratiques de censure. Nous ne constatons aucun changement, aucune ouverture.

    L’Unique couvre seulement les officiels et boycotte l’opposition», déplore le docteur Mohamed Youcefi, premier responsable du Syndicat des spécialistes de santé publique (SNPSSP). 50 ans après l’indépendance, les citoyens regrettent que la liberté d’expression et d’information soit toujours bafouée en Algérie. Le syndicat des spécialistes, à l’instar des organisations autonomes, dénonce l’embargo des médias publics (audiovisuels notamment) imposé sur leur activité. Pour eux, les réformes annoncées par le président de la République restent lettre morte, puisque sur le terrain, la situation demeure toujours la même. Des grèves secouent plusieurs secteurs, mais l’Unique n’en souffle pas mot.

    Des citoyens se plaignent de la cherté de la vie, de la pénurie de médicaments, de la misère, du manque de logements, et la chaîne publique continue de servir des discours de ministères évoquant la distribution de milliers de logements, de la pomme de terre qui ne fait pas défaut, de l’absence totale de pénurie de médicaments… «La télévision algérienne est financée par le contribuable. Elle est censée donc être au service du citoyen. Malheureusement, en Algérie, ce n’est pas le cas», attestent les syndicats activant dans différents secteurs. Ces derniers ne comprennent pas l’attitude et la démarche de l’Unique qui donne la parole à un ministre qui menace les syndicats de ponction sur salaire et en parallèle, elle ne donne pas la parole à ces syndicats pour défendre leur cause et informer les citoyens de ce qui se passe. Selon eux, il s’agit là d’une pratique anticonstitutionnelle puisque le droit à l’information est une obligation. Le docteur Youcefi explique que les journalistes de cette chaîne ainsi que ceux exerçant à la radio font leur boulot convenablement, mais dans la plupart des cas, leur travail est censuré.

    Pour appuyer ses dires, le syndicaliste donne un exemple édifiant. Selon lui, la semaine dernière, une équipe de la radio s’est déplacée au ministère de la Santé pour couvrir le sit-in des praticiens. «Les journalistes ont respecté les règles de déontologie en donnant la parole à tout le monde. Seulement, lors de la diffusion de cet événement, la radio, comme la télévision, l’on a entendu que la partie officielle, à savoir le ministre de la Santé», déplore-t-il. «Nous avons pris attache avec les responsables de la radio pour demander des explications. Ceux de la rédaction nous ont clairement signifié qu’ils ont reçu des instructions d’en haut», affirme le docteur Youcefi qui se dit outré par une telle pratique.

    Il précise qu’il est normal que la Algériens se rabattent sur les chaînes étrangères pour s’informer et s’exprimer. Des syndicats, des fonctionnaires, des universitaires sont également «interdits» d’antenne en raison de leur position critique. «Nous sommes boycottés par l’Unique, car nous n’épousons pas les idées du pouvoir, mais nous sommes sollicités par les chaînes étrangères. C’est pour nous une opportunité pour expliquer aux Algériens qui tournent le dos à l’Unique nos préoccupations», note un enseignant. Les partis politiques d’opposition sont également victimes de cette censure. Les partisans du boycott des législatives, par exemple, n’ont aucune chance de passer à la TV et à la radio.
    Nabila Amir

  • la mauvaise gouvernance et la corruption menacent la sécurité nationale

    Algérie 2011 meme 2012

    Par Free Algérie

     

    La corruption à tous les étages de l'Etat gangrène sérieusement le pays.

    Transparency International dans son rapport du 1er décembre pour l’indice annuel de perception de la corruption rétrograde l’Algérie de sept places. Un indicateur qui prouve la faillite du président et de son exécutif en matière de bonne gouvernance. La suite...

     

    Il convient de se poser la question de savoir si l'on peut continuer dans cette voie hasardeuse, situation qui menace le fondement de l'Etat lui-même et la sécurité nationale. Dans ce cadre, la sphère informelle produit historique de l'extension de la bureaucratie rentière qui tire sa puissance de l'existence même de cette sphère tissant des réseaux diffus de corruption n'est que la traduction de la faiblesse de la démocratisation du système économique et politique, donnant d'ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l'information. Transparency International classe l'Algérie parmi les pays qui connaissent un taux de corruption élevé comme en témoigne les 9 derniers rapports de 2002 à 2011 sans aucune amélioration dont le dernier en date celui du 01 décembre 2011. Ainsi les surfacturations et l'utilisation de la distorsion du taux de change permettent la fuite de capitaux (la méthode résiduelle de la Banque mondiale l'évalue à plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1972 -2009, avec d'importants mouvements pour certaines périodes en fonction de la situation politique et socio-économique et des produits hors de la frontière fonction de la distorsion des prix intérieurs et internationaux.

     

    L'intégration de la sphère informelle selon une vision cohérente, dont la délivrance facile des titres de propriété, doit aller de paire avec une participation plus citoyenne de la société civile et devrait favoriser la légitimité de tout Etat du fait qu'elle permettra à la fois de diminuer le poids de la corruption à travers les réseaux diffus et le paiement des impôts directs qui constituent le signe évident d'une plus grande citoyenneté. Quels sont les deux éléments fondamentaux caractérisant le fonctionnement de l'Etat de droit ? Premier élément : la confiance est à la base des échanges : des interviews précises réalisées par De Soto un des plus grand spécialistes dans ce domaine montrent qu'à une question en Suède : "Est-ce que vous faites confiance aux autres Suédois ? La réponse est que 65% des Suédois disent oui, je fais confiance à un autre Suédois". Aux Etats-Unis presque 54% des Américains disent oui, je fais confiance aux autres Nord-Américains. Quand on arrive au Brésil, c'est seulement 8% qui font confiance aux autres Brésiliens. Quand on arrive au Pérou, c'est 6% et les Argentins, entre 1 et 2%. Qu'en est-il en Algérie où le cash prédomine dans toutes les transactions internes ? Dans les pays développés, la carte de crédit donne un droit de transaction alors que dans la plupart des pays en voie de développement est exigé souvent le liquide avec une intermédiation informelle qui traduit la faiblesse de toute politique monétaire interne de l'Etat . Et là, on revient à la confiance. Le deuxième élément est la relation dialectique entre économie de marché, Etat de droit et l'existence des titres de propriété. La question qu'il y a lieu de se poser est la suivante : s'il y a des actifs immatériels et physiques en Algérie, combien de ceux-là ont un titre reconnu par l'Etat ? C'est toute la problématique de la construction de l'économie de marché et d'une manière générale, la construction de l'Etat qui est posée. Là aussi les enquêtes de Hernando De Soto peuvent être des indicateurs importants pour réorienter la politique économique et sociale algérienne. En Egypte, objet d'enquêtes précises de l'auteur pour le gouvernement de ce pays, de la période de Nasser à 2004, les entrepreneurs ont créé quatre millions sept cent mille bâtiments sur des terrains agricoles illégalement. Donc, ces 4 700 000 bâtiments sans titres sont du capital mort bien qu'ils représentent une valeur estimée par l'auteur à 50 milliards de dollars de 2004 sans pouvoir les hypothéquer ni les utiliser comme garantie, sans que les banquiers ne sachent à qui ils peuvent prêter. Cela a des incidences sur la gestion de l'Etat qui ne sait plus planifier les besoins en eau potable, en électricité-gaz, téléphone, conduite d'évacuation et autres prestations de services. Autre élément significatif des enquêtes de l'auteur: combien de temps ça prend si vous voulez acheter les droits, c'est-à-dire la délivrance des titres de propriété. Si vous devez respecter le cheminement de tous les circuits (à cela s'ajoutent la faiblesse de la culture économique et politique du simple citoyen ainsi que l'amoncellement de tous les dossiers en litige au niveau des institutions du pays qui souvent ne sont pas informatisées) l'ensemble des démarches (longs circuits) pour avoir un titre légal prend 17 années en Egypte, 21 ans au Pérou et pour les Philippines 25 ans. Il y a lieu, également, de mesurer le temps pris en moyenne pour éviter la destruction et donc marchander avec la bureaucratie (corruption). Ainsi, un Egyptien passe entre 3 et 6 années de sa vie dans ce marchandage. Il serait intéressant que nos sociologues fassent une enquête pour le cas Algérie.

     

    Aussi, il faut éviter toute vision illusionniste. Réformer le droit de propriété n'est pas une question de registre foncier. Il faut intégrer toutes les procédures, y compris celles du droit coutumier, car existant des codifications au sein de cette sphère informelle. Dans la plupart des pays, ce sont des notables qui établissent des actes non reconnus, certes, par l'Etat, mais qui ont valeur de transaction au sein de cette sphère informelle. On peut émettre l'hypothèse que c'est l'Etat qui est en retard par rapport à la société qui enfante des règles qui lui permettent de fonctionner. En fait, l'importance de cette sphère informelle pose tout un problème politique. Où est la crédibilité d'un Etat qui ne contrôle que 30 à 40% des activités économiques ? Cela n'explique-t-il pas la difficulté de construire un Etat de droit ? Cela ne signifie pas à travers les expériences historiques qu'il ne peut y avoir d'économie de marché sans démocratie. En effet, nous avons assisté à une économie de marché très forte en Amérique latine notamment celle du Chili, venue à travers Pinochet et actuellement en Chine. Il en est de même en Asie à Singapour ou en Corée du Sud. Mais dans la plupart des cas, cela a été l'échec en raison notamment de la corruption généralisée du fait de la faiblesse de contrepoids démocratiques. Aussi la majorité des pays (avec des variantes options libérales ou social-démocrates et régimes présidentiels ou parlementaires) a opté pour des régimes démocratiques, avec une participation plus active de la femme , comme l'Occident, l'Asie récemment la plupart des pays de l'ex camp soviétique et depuis une décennie la plupart des pays Amérique latine, les pays arabes et surtout d'Afrique étant les plus en retard, ( la Chine , étant une exception allant vers une libéralisation progressive maîtrisée). Ainsi je reste persuadé à travers les expériences historiques que la vision autoritaire n'est pas soutenable sans la démocratie. Car avec le temps, et du fait des mutations mondiales, la dynamique socio-économique engendrera de nouvelles forces sociales avec de nouvelles exigences donc plus de liberté et de participation à la gestion de la cité.

     

    Docteur Abderrahmane Mebtoul ex-directeur central des études économiques et Premier conseiller à la Cour des comptes (1980/1983).