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  • Le rejeton d’un ex- « ministre » de la république bananière dépensait en moyenne 10 000 DA par jour pour se « shooter »!!!

     

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    Sévère réquisitoire contre des inculpés «à désintoxiquer»
    El Watan, 23 août 2011
    Après plusieurs heures d’audition, les sept prévenus, dont les enfants du général à la retraite, Alioua, et de l’ancien ministre, Abderrahmane Belayat, ont tous nié le délit de trafic de drogue, en reconnaissant n’être que des consommateurs, pris en otages par des dealers nigérians. Le parquet requiert 20 ans de prison ferme et la défense plaide l’innocence.

    Classé dernier au rôle des affaires devant être jugées dimanche dernier par le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d’Alger, le procès des sept prévenus impliqués dans un trafic d’héroïne s’est ouvert, dimanche en début d’après-midi, devant une assistance composée essentiellement de journalistes et des proches des mis en cause. La mine défaite, ces derniers sont tous des jeunes, pour la plupart des étudiants dont l’âge est compris entre 22 et 30 ans. Ces derniers, qui doivent répondre de deux chefs d’inculpation (trafic et consommation de drogue), risquent une peine maximale de 20 ans de prison. Le premier à être entendu est Fahci Belayat, fils de l’ancien ministre, membre influent du FLN. A peine 22 ans, étudiant à l’Ecole nationale de commerce et de management d’Alger, il est présenté par l’expertise médicale judiciaire comme «non encore mature». D’emblée, il lance au juge : «Je ne suis pas un trafiquant de drogue. J’achetais les capsules d’héroïne pour ma propre consommation.»

    Une consommation assez régulière, 3 à 4 capsules jour, qui a fait de ce jeune «un toxicomane». Son histoire avec l’héroïne dure depuis 6 ans. «Je contactais par téléphone Hassan, le Nigérian, et j’allais chez lui à Ouled Fayet, pour acheter la capsule à 3500 DA. Je dépensais une moyenne de 10 000 DA jour, parfois plus», dit-il.
    Ces montants constituent généralement son «argent de poche» ou encore «la revente» des objets de valeur qu’il «vole» de la maison familiale. «J’ai essayé de me soigner, en vain. Je suis devenu l’esclave de Hassan. J’avais peur de lui. C’est un sorcier. Il menaçait de me tuer et de tuer toute ma famille à distance avec des gris-gris. Il faisait des sortilèges et je le croyais. Il m’a donné un flacon contenant un liquide blanc qui devait faire disparaître les policiers en cas où ils m’attraperaient. C’est un vrai sorcier», déclare l’inculpé, avant de céder sa place à son ami Lotfi Alioua, fils du général à la retraite, Alioua. A peine la vingtaine dépassée, étudiant à la même école ; lui aussi, il est dépendant de l’héroïne depuis déjà plus de deux ans. Il accompagne souvent Hafci, à Ouled Fayet, pour acheter sa dose auprès de Hassan avec l’argent que lui donnent ses parents ou celui qu’il ramasse auprès de ses camarades qui veulent «se faire piquer ou snifer». Il nie toute intention de faire dans le commerce de la drogue expliquant que les capsules qu’il se procurait étaient destinées à sa consommation personnelle.

    Les mêmes propos sont tenus par Kaci Salah Mehdi, coinculpé, étudiant également à l’Ecole de management. «Lotfi, Hafci et moi cotisions pour acheter les capsules. Je ne les ai jamais revendues», déclare-t-il. Il précise : «J’ai arrêté de me droguer l’été dernier.» Fonctionnaire dans une entreprise publique, Bouabdellah, qui approche la trentaine n’arrive pas à comprendre comment il s’est retrouvé en prison. Il reconnaît être un consommateur dépendant de cette drogue dure depuis trois ans, mais réfute catégoriquement l’inculpation de trafic. «Les policiers sont venus me demander de les aider à confondre le Nigérian Hassan, en prenant rendez-vous avec lui. Hassan ne répondait qu’à mes appels. Je n’ai pas hésité un seul instant. Lorsque j’ai fait la commande, les policiers lui ont tendu une souricière. Mais ils ne m’ont pas laissé partir, alors qu’ils m’avaient promis de me libérer», affirme-t-il, avant de laisser place à Kacis Yanis, un jeune étudiant des Beaux-Arts. «Lorsque je suis en manque, je vais acheter les capsules du côté du café Chergui, chez les Africains. Lorsque je n’ai pas d’argent, je cotise avec Kaci Ousalah, ou bien je vends quelques effets personnels», explique-t-il. Commerçant de profession, Hafs Sofiane s’adonne à la drogue depuis 2007. Il a déjà été condamné à une peine de prison pour détention, mais il dit avoir réussi à s’en débarrasser durant les sept mois d’incarcération. Il n’a pas cessé de jurer qu’il n’a jamais fait le commerce de l’héroïne, précisant que le numéro de téléphone que les policiers ont trouvé chez Hassan le Nigérian n’est pas le sien.

    Le dernier inculpé à être auditionné par le juge est Chelli Réda, propriétaire d’un bureau de tabac. Il dément avoir vendu de l’héroïne et souligne que les 7 capsules (lui ne reconnaît que 2) sont destinées à sa propre consommation. Le juge appelle les deux ressortissants nigérians Hassan et Brahim cités comme témoins, en attendant qu’ils soient déférés au tribunal criminel, pour commercialisation internationale de drogue. Très sereins, les deux nient formellement avoir connu les inculpés ou vendu de la drogue, avant de quitter la salle. Le représentant du parquet n’a pas tenu compte des propos des inculpés et a préféré requérir à leur encontre 20 ans de prison ferme. Une demande qui fait bondir l’ensemble des avocats. Ces derniers plaident tous l’innocence de leurs mandants qui, selon eux, «ne sont que les victimes d’un fléau qui ravage la jeunesse et non pas des dealers». Pour les robes noires, les inculpés doivent être «désintoxiqués et non condamnés. Ils étaient les esclaves des dealers. Hassan a donné du poison à Belayat en lui faisant croire que le produit allait le protéger de l’emprise des policiers…» Certains avocats ont préféré mettre l’accent sur les conséquences dramatiques de ce fléau sur les familles. «Certains inculpés sont obligés de voler leur propre mère pour acheter une capsule. Ils ont ruiné les leurs et jeté l’opprobre sur eux. Ce sont des malades à soigner et non pas à interner», plaide la défense avant de réclamer l’innocence. En leur donnant la parole, l’ensemble des inculpés jurent de ne plus toucher à la drogue tout en demandant au tribunal de leur donner une chance, d’autant qu’ils ont tous reconnu avoir subi une cure de désintoxication en prison. Le magistrat lève l’audience en fin de journée, et le verdict ne sera connu que le 28 août.

    Salima Tlemçani

  • Drogue et autres fléaux : politique et décadence

     

    indexdr.jpegPar : Mustapha Hammouche
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    L’Algérie a donc ses réseaux de trafic de drogue et la drogue y est officiellement “présente partout”, selon l’Office de lutte contre la toxicomanie. C’est déjà un progrès que, sur certains fléaux, certaines institutions se soient départies de la fausse pudeur qui nous empêchait de nous regarder dans la réalité de notre détérioration sociale. On se souvient des ripostes effarouchées contre une avocate qui, l’an dernier, avançait le chiffre de huit mille maisons closes à Alger. On se souvient aussi de médecins nous rassurant, en dépit de leur fonction préventive, sur les risque de MST parce que “les mœurs de notre société nous préservent de ce fléau”.
    C’était au temps où nous tirions un certain orgueil, et quelque arrogance, de notre “spécificité” culturelle : la prostitution, le sida, la drogue, enfin… l’enfer, c’est les autres. Aujourd’hui, l’information sécuritaire sur la lutte contre le trafic de drogue masque la communication sur l’épidémie toxicologique : un grave problème de sécurité et de santé publique est réduit à matraquage médiatique de bilan sur les “quintaux” et les “tonnes” de cannabis saisis et sur les “barons”. Comme les “émirs”, en matière de terrorisme, les barons qu’on croit en nombre semblent pulluler lorsqu’on considère le rythme auquel ils sont neutralisés.
    De même que la prostitution, clandestine mais organisée et lucrative, prospère dans les alcôves feutrés et les hôtels standing, pendant qu’on pourchasse les couples dans les jardins publics et dans les sous-bois. Depuis longtemps cramponnée à l’illusion de sa pudicité et sa salubrité “traditionnelles”, la société ne voulait pas se regarder “évoluer” et le pouvoir ajoutait dans cet aveuglement hypocrite en servant au peuple un discours sur les “constantes nationales” qui facilite la fuite en avant. Toutes les dérives, du terrorisme à la toxicomanie, sont “étrangères à nos valeurs”. Mais les valeurs qui changent.
    Puis, l’islamisme est tombé à point nommé pour faciliter la tâche d’un pouvoir qui ne demande qu’à se mettre, à moindre frais avec la norme sociale. Et la norme sociale, selon l’islam politique, est de soigner les apparences pour mieux dissimuler le fondement mafieux des castes politiques et cléricales. Un kamis ou un hidjab et des salamalecs normalisés : tels sont les signes d’adhésion à la norme sociale, les signes apparents de la piété. Alors, sus aux buveurs de bière et “dé-jeûneurs” de Ramadhan, transgressions détectables à l’odeur et à vue d’œil !
    La société, ainsi dispensée de réprouver ce qui ne contredit pas les apparences, s’attaque, par commandos interposés aux bars et aux “casseurs” de jeûne, soutenue en cela par la force publique et l’appareil judiciaire. L’état ne se rend pas compte que la même société ne lui est d’aucun secours quand il s’agit de traquer la corruption, la drogue ou les prostitutions clandestines. Ces fléaux, invisibles et inodores, ne perturbent pas l’ordre public des pieux voisins que nous sommes devenus. Vains efforts alors que ceux d’un monsieur Sayah, par exemple : la cité des fidèles a remplacé la cité des citoyens et dicte la loi de ses mentors.
    L’état est condamné à accompagner la décadence civique qu’il a, par calcul idéologique, suscitée, et qu’il a ensuite, par faiblesse, accompagnée, et qui a fini par le dépasser.

    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr