L’économie expliquée aux moutons
Sa mission sur Terre semble d’une terrible simplicité, mais le mouton est une créature complexe, finalement plus rentable qu’un homme, même éleveur de moutons. Car une fois découpé et démonté, il reste dans le mouton une masse de pièces détachées qui peuvent être vendues à part.
La viande évidemment, les abats et la cervelle, mais aussi les os ou les cornes, les boyaux et, bien sûr, sa peau pour le cuir et sa laine pour la laine. On a ainsi pu calculer qu’un mouton, même acheté à 50 000 DA, peut être revendu à 100 000 en pièces détachées, avec une bonne stratégie commerciale.
L’inverse exact étant ce récent classement de l’Algérie pour ce qui est de la création d’entreprises et des lourdeurs étatiques, où elle a encore perdu plusieurs places, occupant la 152e position sur 183 pays étudiés. Ce triste classement a plusieurs raisons qu’il serait inutile de rappeler ici aux dépressifs. Mais surtout, il est établi dans ce rapport que pour les entreprises, les coûts à l’export sont égaux à ceux à l’import, là où tous les Etats donnent logiquement la priorité à l’export.
Ainsi donc, depuis des années, le gouvernement fait semblant de s’intéresser à l’exportation, assure qu’il aide les producteurs et fait tout pour sortir l’Algérie de sa dépendance des hydrocarbures. Et depuis toutes ces années, il ne s’en est jamais donné les moyens, considérant l’exportation comme une simple importation à l’envers, consignée dans un cahier pour analphabètes avec deux colonnes.
Qu’il soit Ouyahia ou son prédécesseur, on mesure toujours trop tard les dégâts occasionnés, la très faible croissance de 3% pour cette année n’étant que la conséquence d’une gestion d’amateurs. Donnez un mouton à un ministre de l’Economie, il importera une machine pour le découper, mangera sa viande et jettera le reste. En fin de digestion, il vous expliquera comment ne pas manger pour réduire
la facture d’importation.