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pétrole

  • Algerie Enquête sur une enquête

     

    Que ce soit la mort d’Ebossé, les détournements à Sonatrach, la fortune de Saadani, le tabassage de manifestants à Tizi Ouzou ou encore les morts de Ghardaïa et Touggourt, les enquêtes algériennes ont cette particularité de s’éterniser sans jamais arriver à une conclusion. Comme une promesse de réforme ou de relance de l’économie, l’essentiel est dans la formulation et jamais dans le résultat, les artistes de la conjugaison usant toujours du futur conditionnel pour éloigner la vérité et le mauvais sort.

    C’est connu, quand on veut noyer un problème, on crée une commission d’enquête. Et il y aurait, dans le cas algérien, largement de quoi enquêter sur ces enquêtes qui ne vont jamais jusqu’au bout. Peut-être faudra-t-il revenir sur la dernière affaire Air Algérie et la saisie d’un avion à Bruxelles pour une question d’argent non remis, imbroglio judiciaire à propos duquel aucune enquête actuelle ou future ne réussira à expliquer qui est responsable dans ce cas.

    Il est en tout cas difficile d’accuser la main étrangère de vouloir salir le pavillon algérien puisque la partie plaignante, la compagnie privée hollandaise K’Air, est dirigée par un Algérien qui a tenu à répondre à l’ex-PDG d’Air Algérie, un Algérien, à quoi l’APS, agence officielle algérienne, a répondu à son tour, rectifiant le PDG de K’Air ainsi que l’ex-PDG d’Air Algérie qui, à son tour, a chargé la compagnie et sa gestion actuelle.

    Tout le monde aura noté que l’actuel PDG d’Air Algérie n’a toujours rien dit, attendant certainement le résultat d’une enquête à propos du prochain crash de la compagnie prévu cette fois à l’heure. En attendant d’attendre, le président de la République serait encore retourné en France se soigner, en avion bien sûr, mais pas avec Air Algérie. Si ça continue, ils vont finir par le saisir. Combien seront-ils à Alger à accepter de donner de l’argent en caution pour le récupérer ? Bon sujet d’enquête.

    Chawki Amari
  • L'infinie tristesse des surlendemains

     

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    le 23.04.14 | 10h00 1 réaction

     

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    En ces jours d'après-plébiscite, le plus triste est ce fin mot de l'histoire, celle de délinquants recrutés par le directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou qui n'ont pas été payés et ont profité de la marche pour casser et se venger. Entraînant une riposte extrêmement brutale de la police, au point où la DGSN a ouvert une enquête. Le régime, source de stabilité, est donc à l'origine et à la conclusion de ces tristes événements, par les délinquants qu'il paye pour assurer la sécurité de ses ministres détestés, puis par la sauvage répression qui s'abat sur des civils noyautés par les mêmes délinquants.

    Non, peut-être que le plus triste est cette version de l'histoire qui commence à être relayée par les télévisions et les journaux privés financés par l'Etat, expliquant après avoir tenté de nier que ces images viennent d'Algérie ou qu'elles viennent de 2001 (comme si c'était moins grave), que les policiers qui ont participé à ces exactions sont des individus qui ont revêtu des uniformes de police. C'est là où il devient très triste de réaliser qu'en Algérie, on peut acheter des uniformes de la police, des matraques, des casques et des bottes qui font mal dans la supérette du coin. Non, en fait, le plus triste est ce triste Ould Ali El Hadi, directeur de campagne de Bouteflika, mais dont la fonction officielle est directeur de la culture de Tizi Ouzou, ce qui renseigne tristement sur l'état de la culture.

    En réalité, non plus, le plus triste est d'assister à la vie trépidante du chef de l'Etat, venu sur sa chaise, votant assis pour repartir se coucher. Et si la véritable tristesse était cette tristesse collective qui n'en finit pas et n'est même pas récupérable ? Car si les mères et les épouses n'avaient pas décidé par lassitude d'arrêter de pleurer, l'Algérie serait l'un des pays les mieux arrosés de la planète. On aurait même pu y faire pousser des pâtes et de la joie.

     

    Chawki Amari

     

     

     

     

     

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  • La répression policière choque les Algériens

     

    Après les brutalités de Tizi Ouzou

     

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    | © D. R.
     
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    La vidéo choc qui continue à faire le buzz sur les réseaux sociaux et met clairement et crûment à nu la sauvagerie avec laquelle la police a réprimé des manifestants lors de la marche avortée du 20 avril, à Tizi Ouzou, s’est révélée fort embarrassante pour le régime.

    Ces images, filmées par un anonyme, ont eu l’effet d’une bombe et, pour tout dire, elles tombaient mal (pour Boutef IV) quand on sait que les faits se sont produits deux jours à peine après la réélection du président sortant pour un quatrième mandat.
    Ces images se posent comme une pièce à conviction des plus accablantes qui ne laisse point de doute quant au caractère profondément répressif du «système». Au-delà de la «bavure» policière, elles témoignent d’une violence plus ancienne et plus profonde.
    Une violence d’Etat. Elles disent le caractère coercitif et résolument fermé du «récit dominant». On n’est pas obligé d’être spécialiste en sémiologie de l’image pour y voir un abus de pouvoir et, surtout, un abus «du» pouvoir dans le monopole de la violence légitime (Weber). Un pouvoir qui bascule, sans scrupules et sans ménagement, dans la violence illégitime.

    Un air de Ramallah

    Depuis l’assassinat de Abane, la violence politique, on le sait, est dans l’ADN du régime. De moyen d’accession au pouvoir, elle est érigée depuis belle lurette en mode de gouvernance. Dont acte ! Par ailleurs, cette vidéo trahit le caractère pas très «républicain» d’une institution censée agir sous le magistère de la loi au lieu de servir une caste. Une nouvelle fois, les troupes du général Hamel se seront distinguées par une propension à abuser de la matraque et à «casser de l’Algérien» dès qu’il nourrit la moindre velléité de battre le pavé et d’agir en citoyen à part entière. Au final, ces images sont révélatrices de l’ampleur de la cassure, pas seulement entre les services de sécurité et la population, mais, surtout, entre le pouvoir et le peuple. Une cassure que résume cet officier de police qui nous confia un jour, dans un commissariat : «J’ai le sentiment de porter l’uniforme de la police coloniale.»

    D’aucuns, en voyant ces «flics», en uniforme ou en civil, s’acharner sur un jeune homme qui ne remue plus, lui assénant des coups de pied au train et le traînant comme du gibier, ont pensé au comportement de la police israélienne face aux manifestants palestiniens, et il est difficile de leur donner tort.Cette bastonnade hystérique, administrée avec une haine démesurée à ce corps qui ne répond plus disent, en sous-texte, l’entêtement du pouvoir à vouloir dresser à tout prix la population à l’obéissance civile après lui avoir coupé tout canal d’expression pacifique et après avoir confisqué tous les espaces publics.Bien sûr, le patron de la police, le général Hamel, s’est empressé de diligenter une enquête pour faire la lumière sur ces dépassements.

    Visiblement gêné, le DGSN fait une nouvelle fois de la com’, pour ne pas dire de la «politique», pour rattraper les bourdes à répétition de ses hommes. Sauf qu’il ne s’agit nullement, ici, d’une bavure «isolée». Qu’on se souvienne de Ghardaïa, du laxisme coupable de la police au moment où des voyous détruisaient méthodiquement les mausolées de Ami Saïd et autres symboles-clés de la culture mozabite.
    Une attitude qui a grandement contribué à nourrir le pourrissement. Qu’on se souvienne de la brutalité avec laquelle des militants pacifiques ont été réprimés mercredi dernier à Alger. Qu’on se souvienne de toutes les manifestations non violentes réprimées dans le sang depuis les événements de 2001.

    Casser la citoyenneté active

    Au-delà de l’émotion et de l’indignation que ces images ont suscitées et à juste titre, celles-ci nous amènent à nous interroger sur la trame idéologique et doctrinale dans laquelle elles s’inscrivent. Ces séquences, en apparence hachées, traduisent l’échec retentissant d’un régime se revendiquant de l’histoire du Mouvement national à fédérer les Algériens autour d’un vrai projet national, d’un vrai contrat social basé sur la libre adhésion de chacun plutôt que sur la soumission de la majorité silencieuse par la force et le chantage.

    Depuis 1962, le pouvoir, sous ses différents visages, se sera échiné à empêcher l’émergence d’une citoyenneté active et participative pour lui substituer une masse informe de néo-indigènes interdits de questionnement. En ramenant le problème à une simple histoire de «bavures» anecdotiques, nos gouvernants entendent le confiner dans un registre technico-sécuritaire quand il est, avant tout, question des fondements mêmes du régime de gouvernance et de pensée. Et cela nous renvoie de plein fouet à cette «violence d’Etat» dont nous parlions tantôt.
    Celle-ci se manifeste dans tous les segments de la société. Comment s’étonner, dès lors, que la police agisse avec autant de hargne et de mépris ? Comment lui demander de respecter notre intégrité physique quand notre «polis», notre «ethos» et notre intégrité citoyenne sont piétinés, profanés et bafoués tous les jours ?

    L’élection est vidée de son sens. L’intronisation par la fraude, l’argent sale, la manipulation de masse et l’arrogance d’un président à l’article de la mort est vécue par un large secteur de l’opinion comme un viol du corps électoral.
    A quelques encablures du scrutin, des gendarmes ont débarqué dans les locaux d’Al Atlas TV, saisi le matériel de la chaîne et l’ont fermée manu militari en raison de sa position éditoriale, quand les chaînes de Mahieddine Tahkout qui, elles, pour le coup, sèment la haine et appellent au lynchage de l’opposition, continuent à émettre en toute impunité.

    L’ANEP est instrumentalisée sans vergogne pour étouffer financièrement la presse «récalcitrante», comme nos confrères d’El Djazaïr News et Algérie News viennent de l’apprendre à leurs dépens. L’une des rares bouffées d’aération cathodique qui égayait notre morne paysage audiovisuel, en l’occurrence l’émission System DZ animée par notre ami Abdallah Benadouda, est tout bonnement supprimée de la grille de la chaîne de Ali Haddad au motif qu’elle se permet une trop grande liberté de ton qui n’est pas dans l’esprit de la maison.

    A l’heure où nous mettons sous presse, Kadi Mohand, un militant de RAJ, et un ressortissant tunisien, Moez Benncir, qui l’accompagnait, croupissent à Serkadji pour avoir pris part à la manifestation de mercredi dernier, à Alger. Toutes ces violences successives ne pouvaient que faire le lit de la violence policière à laquelle nous assistions, impuissants, ce samedi, à Tizi Ouzou.

    A force de brimer la société, de casser les initiatives, de terroriser les cadres, de réprimer l’opposition, d’étouffer les syndicats, de noyauter les associations, d’acheter les juges, de domestiquer le FCE, de surveiller les partis, de persécuter les intellectuels… qu’attendre de la police, sinon de briser les os des derniers Algériens debout ? Evidemment, le régime va encore nous seriner son leitmotiv de campagne : Printemps arabe. Ou… Printemps berbère dans le cas de Tizi. Oui. Désamorcer le printemps avant qu’il ne bourgeonne dans les têtes et ne donne des idées aux autres saisons.

    Nos chers experts de la GDF (gestion démocratique des foules) n’ont donc pas encore compris que ce sont précisément ces méthodes qui ont poussé les peuples à la révolte en emportant tout sur leur passage ? Conseil tactique : un masque à oxygène, vite, sinon ce sera tous les jours le 20 Avril !
     

    Mustapha Benfodil
  • Algérie : vingt-deux ans après le coup d’État, la violence reste le moteur du régime

     

     

    Bentalha1Algeria-Watch, 11 janvier 2014

     

    Depuis 1997, Algeria-Watch s’efforce de documenter les violations de droits humains en Algérie, en particulier les terribles exactions perpétrées par les forces de sécurité du pouvoir au cours de la « sale guerre » des années 1990. Et, depuis 2007, nous marquons chaque date anniversaire du coup d’État du 11 janvier 1992 par un communiqué évoquant la situation d’un pays toujours inscrit dans la logique mortifère qui fut alors inaugurée par le « pouvoir des généraux ». On trouvera ici l’ensemble de ces communiqués, dont la (re)lecture laisse aujourd’hui un amer sentiment de répétition, malgré l’admirable et obstinée mobilisation de toutes celles et tous ceux qui, en Algérie, n’ont pas baissé les bras et se battent toujours pour la justice et les libertés, à commencer par les familles de « disparus » des années 1990. Ce communiqué du 11 janvier 2014 ne marque hélas aucune rupture à cet égard.

     

    « L’arrêt du processus électoral a été une violence. » Dans un moment d’égarement lucide alors qu’il assumait la fonction d’apparence institutionnelle du pouvoir ou parce qu’il négociait des marges de manœuvres avec les « décideurs », le président Abdelaziz Bouteflika avait énoncé en 2000 une vérité qu’il ne répétera pas : la violence est le moteur du système algérien. C’est pourtant une vérité structurelle, sociale, politique, économique. S’il n’existe à ce jour aucun développement durable en Algérie, y prévaut une violence durable et cet ADN de la dictature gangrène la société toute entière. Vingt-deux ans après l’interruption du processus électoral et la « démission » forcée du président Chadli Bendjedid et après au moins 150 000 morts et des milliers de disparus, les Algériens subissent, encore, la brutalité du régime.

     

    Immobilisme et sénescence

     

    Officiellement, le pays est supposé vivre en avril 2014 un moment politique majeur : l’élection d’un président de la république avec la nécessité d’un changement générationnel. Et alors qu’aucun candidat sérieux ne s’annonce, les Algériens assistent, médusés, à un florilège théâtralisé des fourberies du système. Avec à l’affiche, une pièce absurde qui pourrait s’intituler Les ancêtres redoublent de férocité, titre prémonitoire emprunté au magistral Kateb Yacine. En l’occurrence, une sinistre farce avec chaise roulante, paradis fiscaux et baïonnettes relayée par une presse « indépendante », caisse de résonance du vide, qui tente d’accréditer une mise en scène poussive. L’intrigue, plutôt ténue, tient à la capacité d’un vieil apparatchik malade d’être candidat à sa propre succession.

     

    Cet immobilisme terminal évoque bien plus la sénescence systémique soviétique que l’interminable décrépitude au pouvoir de Bourguiba en Tunisie. Tandis que les observateurs patentés font mine de s’interroger sur l’« avenir » de Bouteflika, le régime des vrais « décideurs » exprime sans scrupules qu’il demeure le seul maître du jeu. Leur message n’a rien de subliminal et il s’énonce sans ambages : la société algérienne n’est pas concernée par le destin de son pays. Derrière ces diversions de presse, se profile effectivement l’extrême violence d’une situation où la population est mise hors-jeu. Car elle ne subit pas seulement une violence symbolique en étant ainsi exclue totalement par un groupe opaque de « décideurs » – souvent en osmose avec des centres extérieurs soucieux comme eux de préserver « durablement » leurs situations de rente respectives, qui se partagent la prédation des richesses pétrolières et gazières du pays.

     

    Le coup d’État du 11 janvier 1992 n’était pas un accident, c’était la réaction d’un système tenu par des oligarques sans autre culture que celle de la violence, pour préserver les circuits de corruption alimentant leurs fortunes, en empêchant l’émergence politique de la société et la mise en œuvre de modalités pacifiques de régulation des conflits et des contradictions. Il s’est alors trouvé des théoriciens de « gauche » pour fournir au nom de l’anti-islamisme « républicain »le discours censément « progressiste » ad hoc pour justifier une épouvantable répression. Un discours largement promu par le régime à l’étranger, tout particulièrement en France, où il a trop souvent été complaisamment relayé, cautionnant ainsi les crimes que l’on ne voulait pas voir (pourtant dénoncés par d’autres, bien minoritaires).

     

    Ces belles âmes mesurent-elles aujourd’hui combien elles ont été bernées par un régime qui tient plus que jamais – en partage avec l’extérieur, ce dont ne se souviennent jamais ces « patriotes » ! – les leviers de la rente tout en livrant la société à la bigoterie et à l’obscurantisme ? Tant qu’ils ne contestent pas le pouvoir, les imams peuvent en effet faire preuve d’inventivité sur des registres variés. Ils peuvent discourir sur la longueur du bâton avec lequel les hommes se doivent de battre les femmes, ils peuvent impunément verser dans la pensée magique en décrétant, par exemple, que le séisme est une punition divine voire que la Terre est plate… Les religieux de la dictature sont libres d’exercer la « violence » qui ne gêne pas le système, celle qui condamne les femmes et corsète la société en stigmatisant science et participation citoyenne.

     

    Vingt-deux ans après le coup d’État, c’est toujours le coup d’État !

     

    L’Algérie possède indiscutablement de considérables réserves de change. Mais le pays est sans ressort, brisé par la violence imposée par le régime, celle qui a poussé des armées de cadres biens formés à quitter le pays tandis que le chômage anéantit l’avenir de dizaines de milliers d’autres. Le pétrole et le gaz rapportent de l’argent, mais le système de la violence permanente a appauvri l’économie.

     

    Les milliards de dinars sont dilapidés pour des « éléphants blancs » couvrant une corruption systémique de grande envergure, alors que des régions entières ne sont pas encore raccordées au gaz de ville et ne bénéficient pas d’eau potable. Des crédits sans lendemain sont distribués aux jeunes, pour les « acheter ». Des centaines de milliers de logements sont construits, dont la garantie d’existence ne dépasse certainement pas trois ans, sans infrastructures ni transports publics, mais que les familles désespérées continuent de s’arracher. Et, pendant ce temps, le pays est dévasté écologiquement : les barons corrompus de l’administration, acoquinés avec ceux des petites mafias privées sectorielles (du sable, des carrières, de l’eau, etc.), s’enrichissent en saccageant méthodiquement des sites naturels magnifiques.

     

    Vingt-deux ans après le coup d’État, c’est toujours le coup d’État ! Alors comment s’étonner des émeutes, quasi quotidiennes depuis plus de dix ans et qui se sont multipliées en 2013, devenant de plus en plus violentes ? À défaut de communication entre État et citoyens, à défaut de relation autre que clientéliste ou répressive, quelle autre échappatoire en effet ? Le système, passé maître dans leur gestion, s’en arrange fort bien.

     

    Vingt-deux ans après le coup d’État, c’est toujours le coup d’État ! Les massacres des années 1996-2004 ont vidé de nombreuses campagnes de centaines de milliers de leurs paysans, qui s’entassent depuis dans les bidonvilles des grandes villes du nord du pays, sans espoir de retour. Leurs enfants, qui ont grandi trop vite, ne rêvent que de quitter ce pays qui ne leur offre plus aucun avenir. Nombre d’entre eux, année après année, choisissent la voie de la harraga (émigration clandestine vers l’Europe), au risque de leur vie – ils sont déjà des milliers à l’avoir perdue. Tandis que d’autres choisissent directement, de plus en plus souvent, l’atroce immolation par le feu…

     

    Vingt-deux ans après le coup d’État, c’est toujours le coup d’État ! Que sait de nos jours un(e) adolescent(e) algérien(ne) à propos de ce qui structure son être ? Il/elle a grandi depuis 1999 avec Bouteflika et la violence faite à la vérité : on ne lui parle que de « réconciliation nationale », alors que la loi du silence et du déni continue de reproduire le mensonge et la haine. Sans parler de l’impressionnant désastre que constitue le système public d’éducation, devenu totalement incapable – quel que soit le dévouement des enseignant(e)s – d’assurer à la jeunesse la transmission des connaissances de base, faute de moyens et de volonté politique.

     

    Pour que l’espoir renaisse, malgré tout

     

    De la violence coloniale à celle du coup d’État de 1992, il est donc plus que jamais nécessaire aux témoins qui le peuvent d’expliquer le fonctionnement de toutes ces violences. Et des raisons historiques qui les rendent en Algérie tellement plus intenses et plus systématiques que chez ses deux voisins maghrébins, la Tunisie et le Maroc, comme peut le signaler une analyse de l’« économie politique de la violence au Maghreb ».

     

    On ne peut pas redonner la vie à ceux qui l’ont injustement perdue, ni réparer des destins irrémédiablement brisés par des « décideurs » qui n’ont que la violence comme mode de gestion. Pour toutes ces vies perdues, pour ce pays dont l’élan vers le développement et le progrès a été brisé, nous avons un devoir de déconstruire ce système et d’en révéler, au risque de la redondance, le moteur : la violence.

     

    Ce n’est qu’à cette condition que l’espoir pourra renaître. D’où l’importance, tout aussi grande, de soutenir toutes celles et ceux qui résistent, malgré tout. Et d’abord malgré le quadrillage serré de toute la société que perpétuent depuis des décennies les dizaines de milliers d’agents du Département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire). Car face à la répression et à la désinformation de tous les instants, des Algériennes et de Algériens résistent obstinément. Comme les familles de disparus, qui se battent pour la vérité et la justice, on l’a dit. Mais aussi les syndicats autonomes de la fonction publique (éducation, santé, poste, transports…) et, depuis peu, du secteur privé, qui se mobilisent de plus en plus face à la dégradation de la situation sociale.

  • L’admirable défi tunisien

     

     

    Par : Mustapha Hammouche

    La Tunisie vient d’adopter une nouvelle Constitution, quelques jours après le troisième anniversaire de la chute de la dictature Ben Ali.
    Elle consacre la république, la démocratie, la parité homme-femme et la liberté de conscience. Ce n’est pas encore le triomphe du principe de laïcité mais, pour un pays inscrit dans la sphère dite de culture arabo-musulmane, ce n’est pas rien. C’est même l’unique Constitution dans le monde dit arabe à inscrire le droit à la liberté de conviction.
    Avec ce texte, la Tunisie a pris une longueur d’avance historique sur les États de l’espace “arabe”. Bien sûr, une fois gravés dans le texte fondamental, la préservation de ces acquis démocratiques subsistera comme l’enjeu politique à venir de la Tunisie. Car c’est évidemment par intelligence tactique que les islamistes tunisiens, en général, et Ennahda, en particulier, ont souffert la consignation de la liberté de croyance et l’égalité des sexes dans le texte fondateur de la nouvelle République de Tunisie.
    Ce document ne vaut pas par son seul contenu. Il vaut aussi par le fait qu’il est le produit d’un débat entre les forces politiques et civiles du pays. Il est à la fois l’aboutissement d’un rapport de force et celui d’un consensus national. En cela, aussi, il constitue un évènement inédit dans le monde dit arabe. En Algérie, par exemple, où le pouvoir se prévaut d’une Constitution multipartite, et donc démocratique, nous n’avons pas connu de texte fondateur issu d’une délibération nationale depuis la plate-forme de la Soummam. Il est, d’ailleurs, significatif que le principal animateur de ce premier rendez-vous national ait été assassiné par les opposants d’une Algérie démocratique et que les héritiers de ces derniers continuent, plus d’un demi-siècle après le Congrès de la Soummam, à cultiver une conception sectaire du pouvoir. Et pour justifier l’arbitraire qui préside à la conception et au fonctionnement institutionnels, le personnel de notre régime autoritaire explique au peuple ingénu que “la révision de la Constitution relève de la prérogative du président de la République” ! Il paraît qu’on lui aurait même accommodé des variantes de “révisions”, pour qu’il puisse, quand il le souhaite, et s’il le souhaite, disposer de “la réforme” qui l’agrée.
    C’est, justement, ce processus de restauration autoritaire, venu contrecarrer, chez nous, les acquis démocratiques d’après-1988 qui prévient de la précarité des conquêtes démocratiques dans notre sphère culturelle. Entamée au lendemain de l’abolition du parti unique, et hâtée depuis 1999, la remise en cause a vidé de son sens la notion même de parti pour personnaliser l’idée même de pouvoir.
    Par la méthode et par le résultat, les députés de l’ANC de Tunisie viennent, en quelques semaines de chicanes, d’altercations et de compromis, de fonder, dans un contexte arabo-musulman globalement intolérant vis-à-vis des libertés individuelles, une exception tunisienne. L’ampleur du progrès donne cependant la mesure de sa précarité. Le plus dur reste donc à faire : soumettre le projet démocratique à l’épreuve de la pratique et l’imposer à une sphère culturelle hostile à la démocratie.
    Avec un remarquable réalisme, le président Marzouki semble avoir déjà pris la mesure du défi : “Le chemin est encore long”, a-t-il noté.
    Et d’ajouter : “Il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre Constitution fassent partie de notre culture.”

     

  • 36 millions de mouton algeriens

    L’économie expliquée aux moutons

     

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    Sa mission sur Terre semble d’une terrible simplicité, mais le mouton est une créature complexe, finalement plus rentable qu’un homme, même éleveur de moutons. Car une fois découpé et démonté, il reste dans le mouton une masse de pièces détachées qui peuvent être vendues à part.

    La viande évidemment, les abats et la cervelle, mais aussi les os ou les cornes, les boyaux et, bien sûr, sa peau pour le cuir et sa laine pour la laine. On a ainsi pu calculer qu’un mouton, même acheté à 50 000 DA, peut être revendu à 100 000 en pièces détachées, avec une bonne stratégie commerciale.

    L’inverse exact étant ce récent classement de l’Algérie pour ce qui est de la création d’entreprises et des lourdeurs étatiques, où elle a encore perdu plusieurs places, occupant la 152e position sur 183 pays étudiés. Ce triste classement a plusieurs raisons qu’il serait inutile de rappeler ici aux dépressifs. Mais surtout, il est établi dans ce rapport que pour les entreprises, les coûts à l’export sont égaux à ceux à l’import, là où tous les Etats donnent logiquement la priorité à l’export.

    Ainsi donc, depuis des années, le gouvernement fait semblant de s’intéresser à l’exportation, assure qu’il aide les producteurs et fait tout pour sortir l’Algérie de sa dépendance des hydrocarbures. Et depuis toutes ces années, il ne s’en est jamais donné les moyens, considérant l’exportation comme une simple importation à l’envers, consignée dans un cahier pour analphabètes avec deux colonnes.

    Qu’il soit Ouyahia ou son prédécesseur, on mesure toujours trop tard les dégâts occasionnés, la très faible croissance de 3% pour cette année n’étant que la conséquence d’une gestion d’amateurs. Donnez un mouton à un ministre de l’Economie, il importera une machine pour le découper, mangera sa viande et jettera le reste. En fin de digestion, il vous expliquera comment ne pas manger pour réduire
    la facture d’importation.

     

    Chawki Amari
  • Le camp de chasse “secret” des Qataris

    Alors que les émiratis repeuplent la réserve d’outardes à El-Bayadh

     

     

    Par : Salim KOUDIL

    L’outarde, cet oiseau d’environ deux kilogrammes, s’est retrouvé, le temps d’une journée, au centre d’un conflit d’intérêts sous-jacents entre deux pays du Golfe, les Émirats arabes unis et le Qatar. Le théâtre de ce duel se trouvait à près de 500 kilomètres au sud-ouest d’Alger, exactement à El-Bayadh. Le tout autour d’un lâchage d’outardes d’élevage et du thème de la chasse.

    Un avion d’Air Algérie affrété, une trentaine de journalistes déplacés, trois fourgons, cinq 4X4, quatre escortes de la Gendarmerie nationale, un camion et une ambulance de la Protection civile, deux voitures de dépannage et la mobilisation d’une centaine de personnes de la région.  Une opération suivie de très près, à partir d’Abou Dhabi, par le chairman de National Holding, Cheïkh Jawaan Awaidha Al-Khaïli, membre de la famille royale émiratie. Tout ce remue-ménage pour un lâchage d’une cinquantaine d’outardes d’élevage ! Évidemment, ça ne pouvait pas être aussi simple. Cette grosse opération de charme organisée par les Émiratis dépassait le cadre de la chasse ou de la protection d’une espèce d’oiseau. Au bout, le message principal que les organisateurs ont voulu lancer pouvait se résumer en une phrase : “Nous n’avons rien à voir avec les Qataris.”
    Cette opération des Émiratis se voulait une manière de se démarquer des autres émirs du Golfe, essentiellement les Qataris, qui viennent chasser régulièrement dans la région. Une manière aussi de montrer patte blanche à  l’État algérien avec lequel de nombreux projets sont en cours. C’est qu’il y de gros intérêts au bout.
    Il faut préciser que ce lâchage d’outardes a été organisé par le Centre émirati de protection et d’élevage d’oiseaux, EBBCC (Emirates Bird Breeding Center for Conservation).
    Il n’est autre qu’une filiale de National Holding, qui est derrière le gigantesque projet Dounia Parc à Alger, un investissement prévu de 5,2 milliards de dollars. Ce n’est pas l’unique investissement des Émiratis en Algérie. D’autres, même s’ils sont de moindre importance, sont au centre des discussions entre les responsables de National Holding et l’État algérien. Entre autres, il y a le projet des fermes-pilotes, Mahasil (environ 200 millions de dollars), en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, ou encore celui de Kablat El-Djazaïr à Bouira, dont le montant varie entre 40 et 60 millions de dollars. Près de 6 milliards de dollars en jeu.

    Des Qataris, bien cachés, et bien… protégés
    Le “road-movie” que la délégation a effectué hier à partir de l’aéroport d’El-Bayadh pour rejoindre Labiodh Sidi-Cheïkh a été émaillé par un “incident” qui s’est avéré des plus instructifs. Après trois heures de route, une partie du cortège de véhicules s’est retrouvée perdue au milieu de nulle part. Ni signal réseau ni trace de vie à des centaines de kilomètres à la ronde.
    Il s’est avéré que ce coin du territoire s’appelait Benoud et se trouvait non loin de Oued Namous. Un des fourgons voulait emprunter une piste, mais les gendarmes de l’escorte se sont empressés de le lui interdire ! Une réaction qui surprit plus d’un. Au même instant, un véhicule de la gendarmerie, rempli de nourriture, est passé à grande vitesse devant les véhicules à l’arrêt. L’un des accompagnateurs, enfant de la région, lança à cet instant qu’il s’agissait du “ravitaillement du camp des Qataris” ! (Voir Photos : http://www.liberte-algerie.com/galerie-photos)Il indiqua, ensuite, avec la main une direction. C’était à une centaine de mètres de là. Il y avait un gigantesque camp de tentes blanches. Voilà pourquoi les gendarmes, visiblement très gênés d’ailleurs, avaient interdit au fourgon d’aller dans cette direction. Celui qui dévoila le “secret” s’étala après. “Les Qataris sont là depuis plusieurs années et ils chassent les outardes et les gazelles.”
    Il précisera également qu’il y avait auparavant sur les mêmes lieux les Saoudiens, “mais ils sont partis depuis le début des années 1990 et je crois qu’ils sont maintenant au Maroc”.

    Soutien algérien !

    L’un des détails croustillants dans cette  “escapade” désertique est la présence de plusieurs représentants d’institutions étatiques algériennes. Il y a ainsi le directeur général de la DGF (Direction générale des forêts), d’ailleurs partenaire des Émiratis dans cette opération. Mais pas seulement ! Le chef de cabinet de la wilaya d’El-Bayadh, des représentants des ministères de l’Agriculture et du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, et bien d’autres représentants des autorités locales. Cette présence en force semble être une façon de montrer un soutien aux Émiratis.
    D’ailleurs, il suffisait d’écouter le DG des forêts, Mohamed-Seghir Nouai, répondre aux questions des journalistes sur l’identité des chasseurs pour être édifié. “Je vous le dis et je le répète, il n’y a jamais eu d’Émiratis présents ici et qui ont chassé les outardes.” Par contre, quand il s’agissait des Qataris, il feignait ne pas l’entendre.

    “C’est de la politique”

    Et les outardes dans tout ça ! Le lâchage de cette espèce protégée et dont la chasse est interdite en Algérie s’est fait à environ 160 km de la ville d’El-Bayadh, entre Labiodh Sidi-Cheïkh et Brézina. Une cinquantaine de ces oiseaux d’élevage ont été “libérés” devant un parterre de journalistes. Mohamed-Seghir Nouai affirma que “cette année, il y aura un lâchage de 800 à 1 000 outardes et on compte faire plus l’année prochaine”.
    Un des responsables de National Holding, dépêché spécialement d’Abou Dhabi pour la circonstance, en l’occurrence le Libanais Saed Shanti, s’est voulu plus explicite. “Nous faisons de l’élevage d’outardes parce que ça rentre dans la culture des Émiratis et on veut transformer l’Algérie en un modèle mondial tel que l’Afrique du Sud en créant des cartographies pour la chasse” tout
    en insistant : “Pour le moment, évidemment, il n’est pas question de chasse mais de protection de cette espèce.”
    À noter qu’au moment du lâchage d’outardes, un homme, la cinquantaine environ, d’un air moqueur dit à ceux qui étaient à ses côtés : “Dans quelques heures, ces oiseaux vont être mangés, que ce soit par des loups ou par les loups humains. D’ailleurs, je suis sûr que ceux qui habitent les alentours ont déjà préparé leur souricière.” Il ajoutera : “C’est clair et net que tout ce qu’ils font, c’est politique”, avant de se faufiler en regardant derrière lui.

     

  • Les conséquences fâcheuses du népotisme en Algérie

     

    Par Le Matin DZ |

     

     

     

    La question du pouvoir en Algérie aurait pu être réglée sans violence si la propension de certains dirigeants à ériger un pouvoir personnel avait été mise de côté.

     

    De Boumediene à Bouteflika, le pétrole a servi plus à se maintenir au pouvoir qu'à construire des institutions viables.

     

    En plus, la découverte du pétrole, dans la deuxième moitié des années cinquante, aurait pu faciliter la réalisation des desiderata du peuple algérien. Néanmoins, bien que la France ait retardé l’indépendance du pays de six ans, après la découverte du pétrole à Edjeleh et à Hassi Messaoud en 1956, il n’en demeure pas moins que l’action des maquis intérieurs et les efforts accomplis par la diplomatie algérienne finiront par apporter leur fruit en 1962.

     

    D’une façon générale, cette source d’énergie, depuis son avènement, n’apporte pas que du bonheur au peuple algérien. Au contraire, elle est, dans le premier temps, à l’origine de la furie coloniale et, ensuite, le facteur de l’instabilité politique après l’indépendance. En tout état de cause, bien qu’on ne puisse pas affirmer que cette cupidité animait tous les dirigeants de la révolution algérienne, force est de reconnaitre qu’à l’indépendance, les dirigeants successifs n’ont utilisé cette ressource que pour renforcer leur pouvoir, et ce, sans se soucier des préoccupations du peuple algérien. Remontant jusqu’à la guerre d’Algérie, Hocine Malti, dans Histoire secrète du pétrole algérien, paru aux éditions La Découverte, décrit comment le pouvoir personnel, celui des 3 B notamment, est survenu en pleine guerre d’Algérie. "Ils ont été suivis plus tard par un quatrième B (Houari Boumediene), qui a instauré un régime dictatorial –qui prévaut jusqu’à ce jour –, avant que Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika n’entament l’œuvre de destruction du pays", poursuit-il.

     

    Tout compte fait, malgré les tiraillements internes, la fin du joug colonial est célébrée dans la plus grande hilarité. Bien que les nouveaux mîtres aient préparé, avant le cessez-le-feu, un projet les remettant à la case de départ, c’est-à-dire à un statut de sujétion, il n’en reste pas moins que le peuple a cru à un retour rapide à la normale. Mais, l’histoire a prouvé que cette domination sauvage n’est pas prête de cesser. Et pourtant, tous les ingrédients, pour réussir le pari de construire une grande nation, sont réunis. En plus de l’unité effective du peuple algérien en 1962, l’Algérie dispose aussi de grandes ressources énergétiques, notamment le pétrole et le gaz. "On ne peut que constater, plus d’un demi-siècle plus tard, que le bonheur de ce peuple lui a été volé par ses dirigeants, que le pays est devenu enfer, tandis que le sort de millions d’Algériens n’est que mal vie et souffrances, voire sang et larmes", note à juste titre Hocine Malti.

     

    De toute évidence, sans que ce jugement soit entaché de la moindre animosité, le malheur du peuple algérien vient de la cupidité de ses dirigeants. En effet, bien que le peuple algérien se soit prononcé sans ambages au referendum d’autodétermination, les nouveaux dirigeants lui dénient par la suite le droit de choisir librement son destin. "Ces dirigeants despotiques se sont emparés du pouvoir par la force des armes au lendemain de l’indépendance, un pouvoir que des successeurs corrompus ne veulent toujours pas remettre, à la fin de la première décennie du XXIème siècle, entre les mains de son propriétaire légitime, le peuple, et qui ont fait des hydrocarbures leur bien personnel", affirme Hocine Malti.

     

    Toutefois, bien que les Algériens tentent de s’organiser, à chaque fois, la victoire revient au régime dont la force de frappe est incommensurable. Résultat des courses : la perspective de l’instauration d’une République juste et démocratique est renvoyée aux calendes grecques. Et pourtant, à les écouter, on dirait que l’Algérie se porte à merveille. Constitué sur la base clanique, ce pouvoir décrète que sans lui, l’Algérie tomberait en panne. Or, comme l’affirme le spécialiste algérien du pétrole, "la véritable malédiction est dans le système de gouvernance instauré par ces dirigeants, qui attribue tout le pouvoir à un homme et à un quarteron de généraux. Elle est dans le mode de transmission de ce pouvoir au sein d’un seul et unique clan qui prétend être une « famille révolutionnaire ». Elle est également dans la façon sont gérés les hydrocarbures au profit de cette seule caste".

     

    Immanquablement, si la manne pétrolière avait été utilisée à bon escient, au lieu d’être utilisée à affermir un système, l’Algérie aurait sûrement atteint un niveau de développement comparable à celui des grandes nations. Hélas, un demi-siècle après le recouvrement de l’indépendance, la survie du peuple algérien dépend littéralement de la vente des hydrocarbures. En tout cas, il est un secret de polichinelle que le pays évolue au rythme du marché de l’or noir. À titre d’exemple, en 1986, quand le prix du baril a atteint son plus bas niveau, les Algériens ne trouvaient rien à acheter dans les magasins.

     

    Par ailleurs, après les événements d’octobre 1988, qui ont donné naissance au forceps à la démocratie, le régime s’est enfin ouvert à la compétition. Et dès les premières élections où les Algériens pouvaient s’exprimer, ces derniers ont sanctionné le régime en votant en faveur d’un parti extrémiste, le FIS en l’occurrence. Cela dit, la prise du pouvoir par celui-ci aurait plongé le pays dans une crise encore plus abyssale. Toujours est-il, en démocratie, on doit accepter le choix majoritaire, sinon ça ne servira à rien de lutter pour la démocratie si elle exclut la victoire des uns ou des autres.

     

    Cela dit, la perspective de perdre le pouvoir a fait sortir les vrais décideurs de leur gond. Vingt ans après le coup d’État de janvier 1992, on peut dire que les architectes du coup de force ont pensé à leurs intérêts qu’à celui de l’Algérie. Sinon comment expliquer que l’Algérie soit gouvernée par des personnes dont la moyenne d’âge dépasse les 70 ans, alors que la majorité écrasante de la population ne dépasse pas la trentaine. En tout cas, dans les pays où le dirigeant sert l’intérêt de son pays, il ne trouve aucun inconvénient à céder la place. L’exercice des hautes responsabilités – et c’est le moins que l’on puisse dire, est harassant. Or, en Algérie, les postes clés sont occupés par des dirigeants dont l’âge avoisine les 80 ans. C’est intrigant quand même !  

     

    Boubekeur Aït Benali

  • algerie livre le pays pieds et mains liés aux qataris

    Le groupe Qatari Qtel en voie d’acquérir totalement Wataniya Telecom

    Les avertissements de l’Algérie

    Par : Nabila SAIDOUN

    Djoudi, ministre des Finances a déclaré clairement que l’Algérie ferait valoir son droit de préemption.

    On n’en a pas encore fini avec l’imbroglio appelé “Djezzy”, qui n’a pas manqué de mettre à mal tout le gouvernement algérien, que nous voilà embarqués dans une nouvelle histoire avec le second opérateur de téléphonie mobile privé opérant en l’Algérie. Et c’est, bien sûr, Karim Djoudi, ministre des Finances, reconduit dans le nouveau gouvernement, qui ouvre le bal avec une déclaration “sans nuance” en guise de message d’avertissement à l’encontre de Wataniya Telecom Algérie-Nedjma.  “L'Algérie ferait valoir son droit de préemption sur la filiale algérienne Nedjma du groupe koweitien Watania Telecom si elle vendait la totalité de ses actions à l'opérateur de téléphonie mobile qatari Qtel, qui détient déjà depuis 2007 51% de son capital”, a-t-il affirmé, hier, alors qu’il est interpellé par un journaliste sur la question en marge de la septième commission algéro-qatarie qui se tient actuellement à Alger et d’insister “si Qtel rachète totalement Wataniya, donc il y a changement d'actionnariat, et s'il y a un changement d'actionnariat, il y a une règle qui s'applique, c'est le 51/49”. À rappeler que la marque commerciale  Nedjma, introduite en Algérie en 2004 sous la bannière Koweitienne Wataniya Telecom, est devenue qatarie à partir de 2007 à hauteur de 51%, soit 80% des actions de Nedjma sans que cela ne fasse réagir les autorités algériennes d’aucune manière. La présidence du Conseil d’administration (CA) de Qtel est, alors, assurée par le puissant Cheikh Abdullah Bin Mohamed Bin Saud Al-Thani qui, dit-on, dirige le groupe d’une main de fer dans un gant de velours, en plus de son aura en tant que personnage influent dans l’Émirat. En fait, le groupe spécialisé dans les télécoms n’a jamais caché ses ambitions de se hisser dans “le Top des 20 meilleures compagnies de télécoms dans le monde à l’horizon 2020” et  annonce la couleur avec l’acquisition de Tunisiana. Il est même dit que “le CA de Qtel approuve toutes les propositions de nouvelles et importantes affaires, y compris l'acquisition de filiales, de grands projets d'immobilisation et de l'acquisition ou la cession d'actifs significatifs”. Il était donc prévisible, voire une logique d’affaire tout à fait dans l’air du temps, d’apprendre aujourd’hui la ferme intention des Qataris de vouloir étendre leur actionnariat. Les autorités de régulation du Koweït auraient même donné leur feu vert à cette opération de rachat, dont le montant est estimé par les marchés boursiers à 1,8 milliards d'euros, soit 622 millions de dinars koweitiens. Pour autant, M. Djoudi a estimé qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur une telle acquisition. Mais le plus curieux réside dans sa démarcation. “Cette question ne se pose pas pour mon secteur, il faut voir avec les ministères des Télécommunications et de l'Investissement”, a-t-il ajouté, alors que sur le dossier Djezzy, Djoudi était le seul habilité à se prononcer sur le sujet. Ce changement serait-il lié à la nouvelle composition du gouvernement avec pour rappel que Benhamadi est reconduit dans son poste de ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication et c’est Cherif Rahmani  qui a été désigné à la tête de l’Industrie, des PME et de la Promotion de l’Investissement. Autre détail de taille qui peut peser dans l’échiquier demeure au niveau de la gestion même de ce type de problèmes dont les “maladresses” peuvent ternir les relations avec un autre pays et ça pourrait être le cas avec les Qataris. L’Algérie a dû tirer des leçons avec le dossier Djezzy, toujours en suspens d’ailleurs. Les spécialistes vont jusqu’à se poser des questions sur la pertinence de  bloquer, ainsi, des partenaires étrangers dans la gestion de leur patrimoine. “La règle du 51/49% a été instaurée pour mieux réguler le transfert des dividendes” nous explique un spécialiste du domaine soutenant que “du reste, ça ne peut avoir aucun autre impact” et d’insister que “c’est très naïf, voire irréaliste, de la part de nos dirigeants de croire qu’ils peuvent contrôler ou dicter la conduite (même indirectement) des filiales qui appartiennent à des groupes cotés en Bourse”. “Cela va même à contre-courant de toutes les règles de finances”, précise-t-il, et de conclure : “En continuant à évoluer dans une bulle, l’Algérie va perdre toute crédibilité.”

  • no moment

    Dilem du 09 septembre 2012

  • Le peuple, l’intelligentsia, le système mafieux et la problématique du changement

     

    Posté par Rédaction LQA on sept 8th, 2012 // 9 Commentaires - [ ]

    Adel Herik

     « Encore un énième état des lieux! », diront certains.

    Oui, mais en attendant que le miracle s’accomplisse et que la solution qui nous permettra de nous débarrasser du pouvoir mafieux se trouve à portée de main, nous n’avons d’autre choix que de cogiter, encore et encore, afin de comprendre le problème qui se pose à nous – celui du changement – dans tous ses aspects et ses implications et d’explorer toutes les voies qui sont susceptibles de nous mener à la solution.

    Le changement, pourquoi faire?

    « Pourquoi voulez-vous qu’il y ait un changement dans notre pays? », nous demanderont d’autres. « Voudriez-vous que nous revenions au point de départ, celui de juin 1991, qui a vu les militants du FIS occuper les places publiques d’Alger, demandant à Chadli – surnommé Mesmâr  Dj’ha par Abassi Madani – de se démettre et d’organiser des élections présidentielles anticipées? Vous avez bien vu où cela nous a menés! Notre pays vient à peine de sortir de la terrible tragédie des années 90 et vous voudriez encore le replonger dans de nouvelles turbulences? Non, merci. Et puis, si c’est pour ramener au pouvoir un nouveau parti unique islamiste qui nous imposera un nouveau bâillon et implantera l’économie de bazar, mieux vaut vivre en paix dans la semi-démocratie actuelle. Celle-là, au moins, nous la connaissons. Prenons notre mal en patience, les choses finiront par s’améliorer graduellement. Les vieilles croûtes au pouvoir aujourd’hui, les boutef, toufiq, nezzar, DOK, zerhouni et compagnie, finiront bien par passer l’arme à gauche un jour ou l’autre et une nouvelle génération plus instruite, plus compétente et plus ouverte prendra les commandes du pays. »

    Le changement de système de gouvernement est-il vraiment nécessaire? Pourquoi? Évidemment, la réponse à cette question dépend beaucoup de la situation personnelle de chacun. Il est certain, cependant, que tant qu’une grande majorité de la population n’est pas convaincue que sans changement de système de gouvernement la situation de notre pays et celle des Algériens et Algériennes – en dehors, bien sûr, de ceux et celles qui occupent le sommet de la pyramide – ne fera que se détériorer, il n’y aura pas une pression populaire suffisante qui rendra le changement inéluctable et forcera la classe dirigeante à procéder à de véritables réformes ou laisser la place à d’autres. Cette pression populaire est aujourd’hui très faible : seules quelques associations et groupes de militants, dont le nombre est malheureusement très réduit, osent crier leur rejet de l’incompétence et de l’abus de pouvoir dont font preuve les représentants de l’État. La Justice aux ordres du pouvoir mafieux et son appareil sécuritaire surdimensionné se chargent très vite de les faire taire en les mettant derrière les barreaux, dans l’indifférence générale. Cette indifférence de la population, pour ne pas dire sa totale passivité, est un obstacle de taille sur la voie du changement.

    Le changement, et après?

    Alors que la grande masse du peuple, bien qu’étant quotidiennement confrontée à toutes sortes de problèmes et constatant la dégradation continue de la qualité des services publics et du cadre de vie en général, ne fait rien pour manifester son rejet du système mafieux responsable, par sa corruption, son incompétence et sa totale absence de vision, de cet état de fait, et détourne la tête pour ne pas voir les militants que le pouvoir mafieux emprisonne pour un oui ou pour un non, l’intelligentsia opposée au pouvoir, bien qu’étant parfaitement consciente de la nécessité de mettre fin à ce système mafieux, se noie souvent dans une dialectique sinueuse et use ses nerfs et ses claviers dans des combats douteux aux enjeux parfaitement illusoires.

    Ainsi, cette intelligentsia n’arrive toujours pas à dépasser la dichotomie État islamique – État démocratique (laïc?). Dans ce milieu (virtuel?) relativement confiné, où les claviers crépitent en permanence – le mien tout autant que les autres, soit dit en passant  :-D –, les débats tournent toujours – quand ils ne virent pas à l’insulte, l’invective et la foire d’empoigne –  autour de la confrontation entre « islamistes » et « modernistes », islam et Occident, chariaa et laïcité. Ceux et celles qui essaient patiemment de dépasser ce stade de confrontation, en tentant une synthèse entre les deux termes de la contradiction, arrivent difficilement à se faire entendre. Même le retour à la déclaration du 1er novembre 1954, qui parle de l’édification d’un « État démocratique et social dans le cadre des principes islamiques » n’arrive pas à mettre définitivement fin à la division des rangs de cette intelligentsia en deux camps antagoniques. « Quelle démocratie? », demandent les uns, « Celle qui interdit le hidjab et veut confiner la religion dans les cœurs dans un pays où la population est musulmane à 99%? »  « L’islam, oui, mais pas pour en faire un tremplin pour la conquête du pouvoir et la suppression du peu de libertés qui existent », renchérissent les autres. Bref, au niveau de cette intelligentsia plus déboussolée et perplexe que jamais, chacun met ce qu’il veut dans le concept de changement et refuse obstinément de concéder à l’autre la moindre parcelle de terrain.

    Les voies du changement seraient-elles  impénétrables?

    Passivité et indifférence de la population, division de l’intelligentsia sur le type d’État à mettre à la place du système mafieux : voilà déjà deux obstacles majeurs sur la voie du changement. Ce ne sont, hélas, pas les seuls. En effet, en sus de la division au sein de l’intelligentsia entre partisans de l’État islamique et partisans de l’État démocratique (laïc?), il y a aussi une autre division en deux camps : les tenants de la méthode du tsunami populaire et ceux qui penchent plutôt pour un travail de sensibilisation et de mobilisation par l’intermédiaire des partis politiques.  Une troisième méthode a également des adeptes : de temps à autre, l’Armée est appelée à prendre ses responsabilités, afin d’imposer le changement et dégager les vieilles croûtes dont les rides enlaidissent le paysage politiques. Changement imposé de l’extérieur du système – tsunami populaire ou action des partis politiques – ou de l’intérieur – par le biais d’un coup d’État mené par un groupe d’officiers au sens patriotique particulièrement aiguisé : voilà les alternatives qui s’offrent à nous s’agissant de la méthode.

    Chacune de ces voies présente un certain nombre de difficultés. Pour ce qui est de la voie du soulèvement populaire, la plus grosse difficulté réside dans la totale imprévisibilité d’un tel phénomène. Quel est le rôle de l’intelligentsia? Doit-elle attendre que la population descende massivement dans les rues pour s’y précipiter aussi, afin d’encadrer et orienter le mouvement? Ou bien doit-elle réfléchir à la meilleure manière de provoquer ce soulèvement – jugé inéluctable – le plus vite possible?

    La voie de l’action partisane, si elle permet à l’intelligentsia de définir clairement son rôle – c’est celui du schéma classique de la révolution bolchévique de 1917, qui reste, pour certains, le modèle parfait de toute révolution populaire des temps modernes –, présente du point de vue de ses détracteurs maintes failles. L’argument que ces derniers avancent le plus souvent afin de disqualifier cette méthode est l’apport quasiment nul à la dynamique du changement de tous les partis politiques qui existent déjà – en dehors du FLN et du RND, qui sont les partis du pouvoir mafieux – depuis 1989, c’est-à-dire 24 ans. Ces partis – même celui de la sémillante Louisa, qui l’eut cru, et peut-être aussi le  « vieux » FFS – ont tous fini par être mis en orbite autour du pouvoir mafieux par le machiavélique DRS. Comme un rat des champs fasciné par le serpent qui s’apprête à le dévorer, ces partis sont totalement paralysés et tournent à vide, pendant que leurs chefs s’adonnent au sport favori de la classe politique algérienne qui gravite autour du pouvoir (il s’agit, vous l’aurez deviné, de la conjugaison du verbe manger à la mode de chez nous).

    Reste la solution du patriote en treillis – une sorte de réincarnation du colonel Boumediene à l’ère du cyberespace – qui se réveillerait un bon matin de son long sommeil pour prendre le taureau par les cornes, convoquer quelques lieutenants tout aussi mal réveillés que lui, se rendre aux Tagarins, sortir toufiq de son bureau et l’embarquer dans une jeep, puis dévaler en trombe le boulevard Frantz Fanon, emprunter, toutes sirènes hurlantes, le boulevard Salah Bouakouir, puis l’avenue de Pékin, jusqu’au Palais d’El-Mouradia, où se niche le petit boutef, le prendre par le collet et le traîner jusqu’à la jeep où il irait, pauvre petit vieux chauve terrifié et tremblant de tous ses membres, prendre place sur la banquette arrière aux côtés de son alter-ego toufiq-la-muerte, impassible et emmuré à tout jamais derrière son image mythique de  «rab edzayer » machiavélique et cruel. Je ne vous raconte pas la suite, car cela commence à ressembler à un mauvais thriller politique des années 70.

    Le peuple, l’État et la culture mafieuse

    Après ce bref tour d’horizon dans le monde clos (virtuel?) de l’intelligentsia qui se consacre à la réflexion sur la nécessité, les buts, les voies et les moyens du changement dans notre pays, revenons maintenant à la réalité du terrain.

    Si quelqu’un s’amusait à juxtaposer, en utilisant les puissants moyens informatiques du 21ème siècle, une tranche de réalité algérienne de 1962 avec une autre tranche de réalité, prise au même endroit, mais en 2012, il verrait immédiatement la mutation qui a eu lieu en 50 ans et qui a fait passer le pays d’une culture patriotique majoritairement rurale, teintée d’idéalisme et enracinée dans des traditions séculaires de horma, de nif, etc., à une culture mafieuse majoritairement urbaine, celle de la bête de proie toujours prête à happer tout ce qui passe à proximité, ou bien encore celle du proxénète ou du gangster, qui ne connaît d’autre loi que celle de son couteau ou de son revolver. Cette culture mafieuse est aujourd’hui partout, dans tous les rouages de l’État et dans tous les quartiers de nos grandes villes.  « Malheur au faible! », telle est la devise des mutants qui ont aujourd’hui pris la place des Algériens et Algériennes de jadis.

    Un véritable changement sera-t-il possible sans éradication de cette culture mafieuse qui a contaminé toute la société? Et quid de l’État? N’est-il pas totalement infesté par la vermine mafieuse? Faudra-t-il tout détruire et recommencer à zéro? L’expérience des peuples de notre région qui nous ont précédés dans la voie du changement nous donne tous les jours à voir et analyser les progrès – et les souffrances aussi – de ces peuples dans la mise en œuvre du processus de changement. Du cas extrême libyen, où l’État – ou semblant d’État – a disparu avec son fondateur et chef Kadhafi, au cas syrien, où la classe mafieuse au pouvoir a entraîné l’opposition dans une guerre impitoyable qui finira elle aussi par briser l’État en même temps que le pouvoir mafieux, en passant pas le cas égyptien, où le président Morsi a réussi à se débarrasser de manière élégante de son adversaire galonné, le maréchal Tantaoui, il y a matière à réflexion. Il apparaît clairement, à travers ces expériences, que le changement ne se fera pas sans casse, que c’est un processus qui comporte énormément de risques et qu’il peut capoter à tout moment. La culture mafieuse ne cèdera pas facilement le terrain conquis depuis des décennies à la culture patriotique.

    Conclusion?

    A la fin de ce rapide tour d’horizon sous forme de questionnement, que pouvons-nous dire en guise de conclusion? Rien de définitif, hélas. Chacun(e) de nous se situe dans un camp et a une préférence pour une méthode, mais nous avons tous aujourd’hui en commun notre sentiment d’impuissance face à une situation qui nous apparaît comme étant fondamentalement dégradante et indigne, celle d’un peuple qui a réussi à se libérer de la colonisation au prix de lourds sacrifices, qui dispose d’une manne pétrolière que lui envient ses voisins moins chanceux et de potentialités naturelles et humaines appréciables, mais qui végète depuis trop longtemps dans la mal-vie et la désespérance, sous la botte d’une clique mafieuse qui a pris le pouvoir par la force et qui le conserve par la force, la ruse et la manipulation. Nous rêvons pour ce peuple – le nôtre – d’un avenir brillant, à la mesure de ses potentialités. Ce rêve, nous finirons bien par le réaliser, inchallah – et si ce n’est pas nous, ce seront nos enfants. En attendant, nous devons chasser toute forme de désespoir et continuer à cogiter et à chercher, tout en gardant clairement à l’esprit ces deux vérités que tous les combattants pour la dignité et la liberté à travers l’histoire connaissent : premièrement, le peuple – et lui seul – peut accomplir des miracles; deuxièmement, sans union de tous les patriotes, aucun combat ne peut être gagné. Ce que les militants chiliens contre la dictature de Pinochet avaient, en 1973, résumé par la formule « el pueblo unido, jamas sera vencido » (Le peuple uni ne sera jamais vaincu).

  • Documentaire: Le Secret des 7 Soeurs - Le Temps des Mensonges


    Documentaire: Le Secret des 7 Soeurs - Le Temps... par MinuitMoinsUne

  • tous les malheurs de l'algerie et de l'afrique en generale a cause du petrole

    Le premier choc pétrolier s'est produit en 1973 ; ses effets se font sentir jusqu'en 1978. Les 16 et 17 octobre 1973, pendant la guerre du Kippour, les pays arabes membres de l'OPEP, alors réunis au Koweït, annoncent un embargo sur les livraisons de pétrole contre les États « qui soutiennent Israël ». Le 6 octobre 1973, la majorité d’habitants de l’Etat hébreu célèbre Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif. C’est le moment choisi par une coalition arabe menée par l'Égypte et la Syrie pour lancer une attaque militaire surprise en réponse à la défaite de la guerre des Six Jours qui opposa, du 5 au 10 juin 1967, Israël à l'Égypte, la Jordanie, la Syrie et l'Irak dans l'espoir de récupérer par la force les territoires conquis par Israël, la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan en particulier. L'offensive éclair déstabilise dans un premier temps Israël mais Tsahal parvient rapidement à rétablir la situation. L’aide militaire américaine, marquée par des livraisons d’armes par pont aérien à partir du 14 octobre 1967, a permis à l’Etat hébreu de débloquer une situation critique. La réaction arabe face à l'intervention américaine ne se fait pas attendre. Réunis le 16 octobre à Koweït City, les principaux producteurs du Golfe décident d’augmenter unilatéralement de 70 % le prix du baril de brut. Ils imposeront quelques jours plus tard une réduction mensuelle de 5 % de la production pétrolière et un embargo sur les livraisons de pétrole à destination des Etats-Unis et de l’Europe occidentale. L’

  • no moment

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  • Rente pétrolière et exportations hors hydrocarbures


    Par : Mustapha Hammouche

    Dieu que c’est long de faire un consortium ! C’est à syndiquer des moyens de plusieurs entreprises volontaires pour réaliser une opération ou plusieurs opérations de même type.
    Le ministère de l’Industrie vient de programmer, avec le soutien de l’Onudi et de l’ambassade de France, la mise sur pied de trois consortiums d’exportation. La première année sera consacrée à la création d’un “cadre juridique adéquat” et l’identification “des marchés étrangers porteurs”, à des “rencontres qui seront ainsi animées par des experts de l’Onudi” et à des “visites à des pays maghrébins et européens”.
    Pour les rencontres et les visites, c’est déjà une activité nationale ! Que de ministres “accompagnés d’une forte délégation d’opérateurs” viennent et vont à longueur d’exercice. Avec la France, on a même spécialisé deux chefs de délégation de haut niveau pour assurer la continuité de l’échange… de visites. Et puis, pourquoi faudrait-il une année pour donner un “cadre juridique” autorisant d’éventuelles actions commerciales solidaires d’entreprises de même branche ? Qu’un dispositif légal soit nécessaire pour rendre possible une telle démarche, de nature strictement managériale, révèle une volonté non pas d’encouragement mais d’encadrement de l’initiative de gestion.
    Quand on a voulu “encadrer” l’investissement, il a suffi d’insérer quelques articles prohibitifs à la loi de finances complémentaire pour 2009. Sans études, sans rencontres, sans voyages. Pendant que le “cadre base légal” de l’économie est tout orienté vers le blocage de l’investissement, la tutelle de l’industrie semble fonctionner au seul effet d’annonce. Comme cette histoire d’usine Renault dont on veut rendre la réalisation imminente en dépit de dénégation du premier concerné, on passe à un autre sujet d’illusion : l’exportation de produits alimentaires. Ce ne pouvait pas être des automobiles, ce serait aller trop vite en besogne.
    On aura pensé à tous les artifices organisationnels et promotionnels pour inciter à l’exportation, mais pas au développement qui constitue la vraie base d’une perspective commerciale à l’international. Le pouvoir semble prisonnier d’un dilemme : approvisionner le marché local et enclencher une tendance à l’équilibre de la balance commerciale hors hydrocarbure sans libérer l’initiative économique ! Il rêve encore d’un développement sans société entrepreneuriale. Il cherche un modèle où l’on peut créer de la richesse mais dont la répartition doit dépendre aussi exclusivement que possible de la décision politique. Un modèle où l’on se bouscule pour être député, pour certains “à la recherche de l’argent et de la célébrité”, comme l’avoue le ministre de l’Intérieur, et où les capitaux fuient un “cadre juridique” hostile à l’initiative pour se réfugier dans des formes patrimoniales improductives.
    Le non-développement est un choix politique ; il n’a rien à voir avec l’absence d’instruments d’organisation ou de promotion du commerce. 
    Pour sortir l’exportation hors hydrocarbures de sa position marginale dans le commerce international, il faut renoncer à l’usage politique de la rente et la consacrer à sa vocation logique : le développement. Mais nous voici rendus à l’impasse : cela revient à demander au système de renoncer à sa nature rentière.