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    À propos de l’avenir de l’islamisme

    Par : Mustapha Hammouche

    Quand Abdallah Djaballah dit qu’il “pense que le courant islamiste a toutes ses chances d’arriver au pouvoir, à condition de tenir des élections libres et transparentes”, il faut le croire. Pour cette fois-ci.
    Même si Louisa Hanoune veut rassurer. “Les Algériens n’ont pas oublié que ce sont les islamistes qui sont derrière la tragédie nationale”, dit-elle. Avec un degré de sincérité qu’il faudrait mesurer. Car si les Algériens oublient, tous les jours, ce que la porte-parole a fait pour le FIS, pourquoi n’oublieraient-ils pas, un jour de vote, ce que le FIS leur a fait ? Si nous vivions sur l’empire de la mémoire, comment pourrait-il encore y avoir une place pour un parti trotskyste, révolutionnaire et parlementaire, internationaliste et protectionniste, allié de l’intégrisme et chantre du modernisme ?
    L’expansion de la culture de l’oubli est à la base de tout le mouvement de régression que nous subissons depuis le début de l’indépendance. Pour conjurer toute contestation, le pouvoir organisa l’encadrement politique, policier et médiatique de la société, dans la stricte finalité du monopole de son historiographie. Elle s’arrête à son apothéose, en 1962. Plus rien ne se passera, sinon les réalisations des dirigeants de légitimité révolutionnaire restés au service de la nation qu’ils ont libérée. La loi sur l’information qui sera bientôt votée va inclure l’interdiction de parler d’histoire, sinon dans sa version officielle, dans la presse.
    L’École, avec le concours d’un islamisme bienvenu car décervelant, se chargera de formater les générations de l’indépendance à l’assimilation indiscutable du discours du tuteur.
    Entre incantation islamiste et lyrisme révolutionnaire, les Algériens perdent le sens du présent et de l’avenir. Ils finiront par se souvenir de la légende et de l’épopée, jusqu’à les sacraliser, mais pas du passé immédiat.  
    Puisque, pour une fois, la chef du PT fait œuvre de mémoire, rappelons qu’il n’y a pas que “la tragédie nationale” et ses dizaines de milliers de morts à conjurer. Le FIS a été jusqu’à nous interdire la cigarette, la parabole et… la lecture de journaux, là où il pouvait le faire !
    Cela ne nous empêche pas de nous engager, par centaines de milliers dans son œuvre rédemptrice : ce qu’il y a de tragiquement efficace dans le terrorisme idéologique, c’est que la victime, en se soumettant, se transforme en bourreau et soumet, à son tour, d’autres victimes. Il n’y a qu’à voir le nombre de vigiles de la foi qui occupent les institutions et sillonnent l’espace public en quête de vices à redresser. La liberté aussi s’apprend.
    Autrement, elle est redoutée en ce qu’elle comporte son corollaire, la responsabilité. Alors, quand la liberté de choisir est acquise, on élit un autre autoritarisme pour abattre un autoritarisme en place. Pour des électeurs dépouillés d’ambition citoyenne, et donc d’ambition politique pour leur pays, le tout est de voter contre. Alors tuteur providentiel pour tuteur providentiel, la légitimité de source divine l’emporte sur la légitimité de source historique ou politique.
    Là est l’avenir de l’islamisme, en Algérie comme ailleurs en Afrique du Nord.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr