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  • L'échelle miniature

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    Le bilan est tombé, les survivants fêtés et les morts enterrés. L'opération menée à In Amenas a été un succès sur le faible nombre d'otages tués, ou un autre succès sur le grand nombre d'otages libérés. Mais elle a aussi pu être un échec, sur le calcul précis de la mort, problématique universelle. Pourtant, l'histoire n'est pas là, elle est dans la perception de l'opération où personne n'était mais sur laquelle chacun a un avis propre. Que l'on soit opposant au régime algérien, à son président, à l'armée algérienne ou à l'Etat algérien, ce qui n'est pas la même chose, par la méthode, la conclusion provisoire n'est pas la même.

    Par le calcul du nombre de morts ou l'éradication du terrorisme, les avis divergent, l'Algérie est de toute manière un immense site plein de gaz, surveillé par l'armée, avec 36 millions d'otages à l'intérieur. Mais par une question d'échelle, comment peut-on juger l'opération ? Avec ce que l'on a, quand on est un Premier ministre japonais élu par les Japonais, on peut qualifier l'opération d'échec quand des Japonais y meurent. Quand on est Français et que l'on a encore des comptes à régler ou chef de gouvernement de gauche et l'on vend de la guerre, comment qualifier l'opération ? Avec beaucoup de prudence diplomatique comme l'ont fait les décideurs français, Marine Le Pen y compris, ou avec beaucoup de ressentiment comme l'ont fait les médias du même pays.

    Mais en termes de territoire, il faut rappeler que l'Algérie n'a obligé personne à venir y travailler à 30 000 dollars par mois et c'est donc aux Algériens d'avoir un avis. Sauf qu'ils n'en ont pas un, mais plusieurs. Connus pour tout comprendre, tout surdéterminer par des optiques d'échelle, comment un homme, Algérien, qui n'a toujours pas compris ce que veut sa femme, comment une femme, Algérienne, qui n'a toujours pas compris ce que veut son mari, peuvent avoir un avis pertinent sur ce qui s'est passé à In Amenas ?

     

    Chawki Amari
  • Constitution, crise politique, front social, ses relations avec Bouteflika Les réponses d’Ahmed Ouyahia!!!!!!!

     

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    RNDparti taiwan, issue de la fraude!!!!!

    Il a parlé. Enfin. Ahmed Ouyahia s’est exprimé ce mercredi soir sur la télévision nationale pour la première fois depuis le début des révoltes dans les pays arabes et des émeutes qui ont secoué l’Algérie, début janvier. Des émeutes qui ont débouché sur une série de protestations sociales et politiques dans tout le pays, avec des grèves, des rassemblements et des tentatives de marches populaires. M. Ouyahia n’a pas choisi la chaîne terrestre ni Canal Algérie, les deux chaînes les plus captées par les foyers en Algérie et à l’étranger. Il a opté pour A3, une chaîne moins diffusée.
     
    Lors de l’émission « invité de l’heure de l’A3 », Ahmed Ouyahia, invité en tant que secrétaire général du RND, a répondu à plusieurs questions : la révision de la constitution, l’ébullition sociale, la crise politique, la corruption, l’économie nationale ainsi que ses relations en tant que Premier ministre avec le président Abdelaziz Bouteflika. Il a également démenti les rumeurs sur sa démission et parlé de la Libye et du vent de révolte qui souffle sur les pays arabes depuis fin 2010.
     
     
    Pas de crise politique en Algérie!!!!!!!!!
     
    Pour Ahmed Ouyahia, il n’y a pas, en Algérie, de crise politique majeure nécessitant la dissolution du Parlement et le départ du gouvernement. « Chez nous, le changement est intervenu en 1989. Il y a plus de 30 partis politiques, une centaine de titres de presse, nous n’avons pas d’opposants politiques en prison, ni d’exilés politiques. Le développement économique profite à toutes les régions du pays, même Bord Badji Mokhtar est devenue une petite ville », a expliqué M. Ouyahia.
     
    Le patron du RND a dit que son parti était contre l’arrivée au pouvoir par les crises en se réaffirmant son respect pour les principes de la démocratie et la vérité des urnes. « On n’est pas contre la dissolution du parlement et le départ du gouvernement parce qu’on n’est pas en crise politique », a insisté M. Ouyahia. Il s’est prononcé contre la Constituante qui serait, selon lui, le reniement de tout ce qui a été fait depuis l’indépendance. « La constitution, c’est‑à‑dire remettre tout à plat. Après va‑t‑on s’entendre sur quel type d’État ? Islamique, laïc, républicain ? », s’est‑il interrogé.
     
    Ahmed Ouyahia s’est prononcé pour une révision profonde de la Constitution et l’instauration d’un système semi‑présidentiel. « Le système parlementaire peut être viable dans 50 ans en Algérie, mais aujourd’hui il provoquera la paralysie du pays », a‑t‑il estimé. Il a indiqué que si le MSP n’était pas content de l’Alliance présidentielle, il n’était pas obligé d’y rester. Le Premier ministre a démenti toutes les rumeurs sur sa démission et affirmé : « je suis un serviteur de l’État et je suis fier de le faire ».
     
     
    Les émeutes provoquées par les barons de l’informel
     
    Le chef du RND a reconnu l’existence d’une crise sociale dans le pays. « Le front social est en ébullition », a‑t‑il dit. Les aides sociales de l’État restent insuffisantes malgré leur importance, la crise du logement n’a pas disparu, a‑t‑il dit. « Il y a un problème de transparence dans le logement », a ajouté M. Ouyahia. Concernant les étudiants qui demandent la suppression du système LMD, il a répondu : « il y a 600 000 étudiants inscrits au LMD. Comment peut-on supprimer ce système ? ».
     
    Le premier ministre a accusé certaines parties sans les nommer de chercher à transférer le conflit politique sur le terrain social.
     
    Ahmed Ouyahia est revenu sur la crise du sucre et de l’huile. Il a dit que les émeutes ont été préfabriquées à 60 % par les barons de l’informel, sans donner de noms, ni de précisions. Il a justifié le report de l’utilisation du chèque dans les transactions commerciales supérieures à 500 000 dinars par la nécessité de stabiliser le pays. M. Ouyahia a reconnu la puissance des tenants du commerce informel et leur grande capacité de nuisance sur la stabilité du pays. « La contrebande et l’informel, si on les combat frontalement, on risque de déstabiliser le pays. On le fait par tranches », a‑t‑il dit.
     
    Le premier ministre s’est aussi interrogé sur la destination finale de l’argent liquide qui sort de la banque d’Algérie et qui ne revient pas, provoquant la crise de liquidités dans les bureaux de poste. Il a parlé aussi de la hausse de l’euro sur le marché noir en accusant les barons de l’informel et les contrebandiers d’être derrière. « Durant les années 1990, 90 % des registres de commerce de l’import‑import étaient basés à Baraki, la Montagne, des quartiers (d’Alger) où il fallait mobiliser des brigades de gendarmerie pour effectuer des contrôles », a expliqué M. Ouyahia qui a affirmé que l’instabilité ferait l’affaire des « khalatine » (perturbateurs). « L’État n’est pas contre les jeunes, mais il l’est contre ces barons », a‑t‑il ajouté.
     
     
    Corruption, aide de l’État aux entreprises
     
    Évoquant les enquêtes sur la grande corruption à Sonatrach et dans la réalisation de l’autoroute Est‑Ouest, M. Ouyahia a souligné que les affaires de corruption n’ont pas été révélées par la presse  ou par des détectives privés, mais plutôt par les services de l’État. Sur l’économie, le Premier ministre a expliqué que les aides accordées par l’État au secteur public étaient destinées à relancer les entreprises publiques pour sauvegarder des emplois. 
     
    « Le secteur privé est en développement. Il est dominé à 90 % par des entreprises filiales et n’est pas présent sur tout le territoire, malheureusement ! », a expliqué M. Ouyahia qui a répondu aux patrons privés qui veulent bénéficier également des aides de l’État. « Nous accordons des aides au secteur public parce qu’il appartient à l’État. Si ces entreprises font des bénéfices, l’État va en bénéficier. Nous sommes prêts à aider le privé à condition qu’il accepte d’ouvrir son capital à l’État ».
     
     Au sujet de l’accord d’association avec l’UE, le Premier ministre a expliqué que les négociations actuelles portent sur le report de la date d’entrée de la zone de libre échange fixée à 2017. « On peut négocier le report ou le retrait, mais on ne peut pas se retirer », a‑t‑il dit.
     
     
    Le chef, c’est Bouteflika
     
    Sur la gestion de la crise sociale, le Premier ministre a dit que le gouvernement « ne peut pas tourner le dos à la société ». « La stabilité n’a pas de prix », a‑t‑il dit, en reconnaissant que la facture sociale est élevée ! « J’essaie d’attirer l’attention sur les mesures prises, mais il y a un chef à la maison », a expliqué M. Ouyahia. Le chef, c’est évidemment le président Abdelaziz Bouteflika !
     
    Le Premier ministre s’est interrogé sur l’incapacité des gouvernements algériens successifs à réduire la dépendance du pays vis‑à‑vis des hydrocarbures : « Il n’y a pas que les responsables qui ont échoué. C’est aussi une question de mentalités ».
     
    Sur ses ambitions présidentielles, le patron du RND a paraphrasé l’ancien président français Giscard  d’Estaing qui a dit un jour : « il y a un destin entre moi et la présidence ». Comprendre : pour Ouyahia, le Palais d’El Mouradia est une question de destin.
     
    Enfin, le Premier ministre a donné la position de son parti sur les révoltes qui secouent les pays arabes et particulièrement la Libye. « Ce qui se passe dans ces pays les concerne. Ce sont leurs affaires internes. Pour la Libye, nous sommes contre l’utilisation de la violence pour régler les problèmes. Nos préoccupations sont liées à la stabilité de la région, la sécurité de nos frontières, le développement du terrorisme et l’avenir de la présence étrangère en Libye ».
     
  • Exclusif : Le ministre de l’intérieur et des collectivités locales à Liberté Daho Ould Kablia : “L’État doit être fort, mais juste”

    Par : abrous outoudert / nissa hammadi

    Dans cet entretien, M. Daho Ould Kablia livre ses impressions sur les dernières émeutes qui ont secoué le pays, la marche du RCD, les revendications de la jeunesse. Il se refuse cependant à partager la vision “négationniste” qui tend, dit-il, à faire croire que rien de positif n’a été réalisé dans le pays. Sur la question de l’état d’urgence, au centre des revendications de l’opposition et de la société civile, le ministre parle pour la première fois de l’éventualité de l’examen de ce dossier par le gouvernement sans fournir cependant de pistes claires.

    Liberté : Monsieur le ministre, quels enseignements avez-vous tirés des dernières émeutes ?
     Daho Ould Kablia : L’appréciation des motivations qui sont à l’origine de ces évènements est de plusieurs ordres. On a dit que j’ai parlé de manipulation. Personnellement, je n’ai pas vu dans ces évènements une manipulation directe et profonde. J'ai relevé une spontanéité liée aux problèmes que rencontrent les Algériens, de manière générale, et les jeunes, en particulier. Il s’agissait d’un mouvement de jeunes et de moins jeunes qui n’avaient d’ailleurs pas leur place dans cette histoire. Le malaise est un peu profond. Il touche relativement toute la société, tant il y a cumul de revendications à caractère plus social et matériel que politique. Cela va du chômage, de la cherté de la vie, du manque de logements, le difficile accès des citoyens aux services publics, le mépris, la bureaucratie… Tous ces maux que l’on désigne communément par la “hogra”. Il y a des facteurs extrêmement importants, mais il y a également ce qui relève de la faiblesse de la communication, face à un discours négationniste. Il faut le dire, des milieux, y compris une partie de la presse, ne mettent l’accent que sur ce qui est négatif dans l’action du gouvernement. Il y a beaucoup de choses positives réalisées depuis l’année 2000 dans de nombreux secteurs. Évidemment, certains ont tendance à nier les progrès et les actions positives en faveur de la population.

    La plupart des émeutiers ne lisent pas la presse, ils n’ont fait que manifester leur ras-le-bol d’un certain vécu...
    Il suffit que ceux qui lisent distillent un certain discours pour qu’il soit repris et amplifié. Je ne nie pas que ces choses-là existent. Si je devais faire un inventaire de ce qui ne va pas très bien dans le pays, je peux vous citer plusieurs exemples. Seulement, il faut relativiser. Dans mes analyses par exemple, j’admets l’existence d’un sentiment d’injustice chez certaines catégories vulnérables en matière d’emploi et de logement. Je cite également la cherté de la vie, le désarroi moral des administrés, l'insuffisance dans la gestion de certaines assemblées élues qui ont tendance à s’éloigner des préoccupations des citoyens, l’absence des canaux de communication, la bureaucratie, la précarité des dispositifs d’aide à l’emploi, ne portant que sur des périodes limitées, le climat de réprobation suscité par les scandales liés à la corruption, le diktat des spéculateurs et des gros commerçants, l'absence de la place publique de la classe politique et des associations, le recul du rôle d’institutions de socialisation et de transmission des valeurs comme la famille, l’école et l’autorité parentale. Il y a les séquelles de la violence terroriste, de la décennie noire. Je perçois, en outre, dans mes analyses, l’émergence d’un discours négationniste occultant les réalisations socioéconomiques et l’incontestable amélioration de la situation sécuritaire.

    Vous venez de citer une liste exhaustive de motifs à l’origine du mécontentement des citoyens. Certains relèvent des missions de l’État. Il a donc failli à ses obligations ?
     J’ai parlé des éléments déclencheurs. Les gens étaient beaucoup plus préoccupés par ces problèmes qui sont de faux problèmes, car il n’y a jamais eu de pénurie d’huile ou de sucre en Algérie. C’est une flambée de prix qui a été fabriquée ou préfabriquée.

    Après ces émeutes, il y a eu un redéploiement de ministres sur le terrain. Ont-ils reçu des instructions dans ce sens ?
     Ils n’ont pas besoin d’instructions pour tirer des enseignements de ce qui s’est passé. Évidemment, l’État fait et doit faire un effort supplémentaire. Il doit mieux apprécier les aspirations des citoyens, les attentes des jeunes. Est-il possible de les satisfaire dans leur globalité ? Il y a des choses qui doivent se faire graduellement. L’État doit être fort, mais juste. Nous avons atteint certains seuils dans le rythme de réalisation de logements. Pouvons-nous faire plus ? C’est la question que nous nous posons. À partir de l’année 2000 à ce jour, nous avons construit deux millions et demi de logements. C’était à notre portée, au prix d’un effort extrêmement important et des surcoûts. Parce qu’il fallait faire appel à des entreprises étrangères, notamment asiatiques. Car en matière de logement, le seul paramètre sûr, c’est le financement qui existe. Maintenant, il faut que les entreprises nationales se mettent à niveau, il faut disposer d'une main-d'œuvre qualifiée et dégager les assiettes de terrain. Nous ne pouvons pas construire plus de cent logements à Alger. Nous examinons en ce moment prioritairement d'autres opportunités dans les domaines du logement et de l'emploi.

    Comment expliquez-vous que ces bilans positifs que rendent sans cesse publics les autorités ne se reflètent pas sur le vécu des Algériens au point de susciter des émeutes et des tensions sociales ?
     C’est difficile à expliquer. C’est peut-être aux sociologues de le faire pour pouvoir cerner les motivations qui font que des Algériens sont prompts à réagir avec violence inégalée.

    Ce sont pourtant ces mêmes jeunes qui ont défilé pendant la Coupe du monde du football et la Coupe d’Afrique qu’on a retrouvés lors de ces émeutes. Comment interprétez-vous ce passage d’une euphorie à un désenchantement total ?
     Il y a eu des violences même dans des moments de joie. Après l’affaire d’Égypte, vous avez vu les violences qui ont eu lieu ! Elles n’ont pas seulement ciblé les entreprises égyptiennes comme Djezzy ou autres ; d’autres infrastructures furent également saccagées. Il ne s’agit pas, évidemment, de toute la jeunesse. Il y a une crise existentielle chez beaucoup de jeunes. Inutile d’épiloguer sur cela. Le manque de loisir, de liberté, pas au sens politique du terme, les difficultés d’obtention de visa sont une réalité. Les jeunes se retrouvent alors à tourner en rond avec ce sentiment de frustration qui leur fait penser qu’ils sont rejetés par leur pays. Mais là aussi, il ne faut pas qu’on verse dans l'exagération. Il y a des faits concrets effectivement qui ont une influence sur la jeunesse. C’est le travail de tout le monde : du gouvernement, des associations, de la société civile, de l’école pour essayer de ramener ces jeunes à plus de civisme, de maîtrise de soi. Je ne dirais pas à plus de patience, car la patience a ses limites. L’effort par exemple dans la formation professionnelle a été considérable. Six cent cinquante mille postes de formation ont été créés dans notre pays. Ce n’est peut-être pas suffisant pour 5 à 6 millions de jeunes. Cela donne tout de même des résultats.

    Vous avez déclaré récemment que vous saviez que ces émeutes allaient survenir, pourquoi alors n’avoir pas pris des mesures à temps pour les éviter ?
    Quel genre de mesures ? Mettre un policier dernière chaque personne.

    Évidemment pas de mesures sécuritaires mais sociales ?
    Des mesures sont mises en œuvre. Toutes ces mesures sont envisagées dans le programme de Monsieur le président de la République. Elles sont en train d’être appliquées. Il se peut que dans certains secteurs, elles ne sont pas appliquées avec la rigueur et la constance nécessaires. Quand j’ai dit qu’on savait que la menace existait, je faisais allusion à ce qu’on a vécu ces dernières années. Ce qui s’est passé entre les 5 et 11 janvier est le résultat de ce que nous avons vécu, depuis cinq à six ans avec les petites manifestations locales. C’est le même genre : sit-in, manifestations, APC encerclées, Sonelgaz et certains services publics ciblés en priorité. La seule différence est que cela s’est passé en même temps, sous l’effet d’une contagion.

    En parlant justement de contagion, ne craignez-vous pas que ce qui se passe en Égypte et en Tunisie se propage en Algérie ?
     En Algérie, nous n’avons pas ressenti de revendications politiques. À aucun moment et je ne parle pas seulement des évènements de ce mois-ci, mais de tous les évènements récents, nous n’avons décelé une empreinte politique, des noms cités. Ce qui prouve, à mon avis, que l’État, malgré tout, jouit d’une certaine crédibilité. Au niveau de la population, du moins. Je sais que certains partis ne voient pas les choses de la même manière. Et puis, l’Algérie a ses propres caractéristiques. Il y a des possibilités d’évacuation de la colère, des cadres d’expression permettant aux gens qui ne sont pas d’accord de faire entendre leur voix, une liberté d’expression qui est beaucoup plus large dans notre pays qu’ailleurs. Même si, comme certains le disent, il n’y a pas de possibilité de s’exprimer dans les médias lourds, les médias privés sont importants et il y a Internet. Tous les partis et opposants peuvent s’exprimer et ils le font d’ailleurs avec beaucoup plus de violence que partout ailleurs. Ils s’attaquent y compris aux personnes. Il y a un État de droit, quoi qu’on dise, incarné par une justice indépendante, un développement équilibré. Ce qui n’est pas le cas de certains pays ou l’effort de l’État se focalise sur certaines villes et les investissements se font au profit de l’étranger. Chez nous, il y a un développement. Même s’il n’est pas tout à fait rationnel, il existe. En milieu aussi bien urbain que rural, les projets de développement sont extrêmement importants. L’eau arrive partout. Tous les indicateurs sont positifs : l’école, l’habitat, le gaz, la scolarisation, la santé… Donc, le rapprochement avec d’autres contextes n’est pas justifié.

    Vous dites que vous n’avez pas ressenti de revendications politiques chez les émeutiers. Le relais a été pris par la suite par des partis politiques, des syndicats, associations, organisations des droits de l’Homme qui demandent notamment la levée de l’état d’urgence et la rupture avec le système en place ?
    Ce n’est pas un relais. C’est une exploitation : la tentative de récupération d'un événement.

    Mais ce sont quand même des revendications politiques qui ont été scandées lors de la dernière manifestation : la marche du RCD que vous avez interdite...
    Combien de personnes ont participé à cette marche ?

    C’est à vous de nous donner votre estimation, Monsieur le ministre ?
    Quand le président du RCD dit lui-même qu’il a échoué, je ne vois pas pourquoi il faudrait considérer qu’il a réussi. Mais cela est son problème. C’est un parti d’opposition légal, qui assume sa responsabilité.

    Il a déclaré que l’empêchement de la marche est un signe de faiblesse de
    l’État...
    Il est responsable de ses propos. Je ne suis pas là pour polémiquer avec le RCD ou qui que ce soit.

    Mais, comment comptez-vous justement répondre à ces revendications dont la levée de l’état d’urgence ?
    C’est une question qui relève des prérogatives du gouvernement et non du ministre de l’Intérieur. C’est au gouvernement qu’il revient d’estimer si l’état d’urgence est toujours nécessaire ou pas. L’État d’urgence ne gêne nullement un certain nombre d’activités. L’état d’urgence a été mis en place pour lutter contre le terrorisme. Ce fléau n’est pas tout à fait éradiqué. Mais je ne veux pas me prononcer sur l’état d’urgence, si ce n’est pour dire que le gouvernement aura peut-être à examiner ce dossier pour voir si le fait qu’il soit toujours en vigueur peut apparaître positif ou si on peut s’en passer. Le jour où le problème sera posé au niveau de l’Exécutif, le ministre de l’Intérieur aura à donner son avis.

    Donc cette question est à l’ordre du jour ?
     Je n’ai pas dit qu’elle était à l’ordre du jour, j’ai seulement parlé de l’éventualité d’une discussion autour de la question de l’état d’urgence.

    La coordination nationale pour le changement et la démocratie envisage d’organiser dans les prochains jours une marche. Si la contestation s’amplifie, comment allez-vous réagir ?
     Les marches sont interdites à Alger, non pas parce que c’est le RCD ou la coordination qui ont appelé à des marches. Nous n’avons pas interdit la marche du RCD, mais toutes les marches au niveau d’Alger. Le refus n’est pas seulement signifié à l’opposition. Si un parti de l'Alliance envisage demain d’organiser une marche à Alger, je peux vous dire en tant que ministre de l’Intérieur, qu’elle sera interdite. Parce qu’il y a des raisons qui font que les marches ne sont pas autorisées dans la capitale. Aucun parti, aucune association ne peuvent maîtriser une marche, garantir qu’elle se déroule de manière pacifique. Alger est une ville de trois millions d’habitants. Il y a des problèmes qui peuvent ne pas être pris en compte par les organisateurs des marches. Comme l’intrusion d’éléments qui n’ont rien à voir avec l’objectif de la marche et qui sont là pour créer des troubles, pour casser, sans compter qu’il y a toujours la problématique du terrorisme.Si nous mobilisons les moyens de sécurité pour encadrer une marche ou une manifestation quelconque, nous le ferons au détriment de la lutte contre le terrorisme. Les terroristes peuvent profiter de cette occasion pour pénétrer à Alger. Tout ce que nous avons construit depuis plusieurs années sera alors vain. On m’a fait dire que ces jeunes auraient pu s’exprimer pacifiquement, que les partis auraient pu organiser des manifestations pacifiques. J’ai dit que les partis n’ont pas condamné les effets négatifs de ces évènements, les pillages, la mise à sac... Il faut imaginer que dans ce genre d’événements, la situation n’est plus maîtrisable et aucun citoyen n’est à l’abri. Les dégâts ont concerné autant les édifices publics, les acquis des citoyens, comme les écoles, les bureaux administratifs, Sonelgaz, Mobilis que les biens des privés et des citoyens les plus modestes. On a brûlé des véhicules, volé des biens, saccagé des petits magasins. Les jeunes ont effectivement des problèmes, mais des individus ont profité des ces évènements pour voler, piller, saccager. C’est une réalité qu'on ne peut occulter.

    Il est établi que la fermeture des espaces institutionnels et les canaux intermédiaires conduisent à des explosions. Allez-vous continuer à prendre ce risque ou permettre une ouverture ?
    Les marches et rassemblements ne sont pas interdits ailleurs. À Alger, des rassemblements et meetings se sont déjà déroulés dans des lieux clos qui peuvent être facilement sécurisés. Les marches à Alger non. Sauf si les choses changent. Si l’on se retrouve en face de personnes, des partis ou des associations qui pourraient offrir toutes les garanties que les choses se passeraient pacifiquement et normalement.

    Comment l’État apprécie-t-il les revendications de l’opposition et de la société civile et quel est votre avis ? Est-ce une révolte populaire, un soulèvement, une simple colère ?
    Pour ce qui est des jeunes, non ce n’est pas une révolte. C'est une revendication légitime qui s'est exprimée de manière illégale. Pour ce qui est des revendications de l'opposition, ses membres cherchent des opportunités de s’exprimer différemment avec des objectifs de médiatisation vers l’extérieur du pays. Ce qui a été dit pendant le rassemblement à partir d’un balcon l’a été, auparavant, largement reproduit dans les journaux. En l’occurrence, la suppression de l’état d’urgence, la libération de tous les détenus, l’ouverture du champ médiatique. Ce sont des slogans qui sont répétés et connus en tant que revendications de certains partis. Est-il nécessaire de faire une marche pour dire la même chose ?

    Votre avis sur ces revendications ?
    Chacun est libre d’exposer ses revendications. C'est la forme qui est à prendre en considération.

    Pourtant d’énormes moyens sécuritaires ont été mobilisés pour empêcher la marche du RCD dont le blocage d’accès à la capitale ?
    Il y a trois millions de véhicules qui entrent et sortent d’Alger quotidiennement. Il y a eu peut-être quelques bus détournés. Ce que je peux affirmer par contre, c’est qu’il n’y a pas eu plus de cinq cents personnes qui ont quitté Tizi Ouzou, ce jour-là. Combien sont arrivés à Alger ? Je ne peux pas le dire. Mais on ne peut pas affirmer que toute la capitale était bouclée. Pensez-vous que tous ceux qui venaient de Blida, Tizi Ouzou, de Tipasa… n’ont pas pu rentrer à Alger ce jour-là ?
    La veille et le jour de la marche, des communiqués étaient diffusés sur les ondes de la radio et de la télévision rappelant que les marches sont interdites à Alger. Des barrages filtrants ont été dressés aux différents axes d’accès à la capitale...
    ll Je ne pense pas. Nous avons des films pris à partir d’hélicoptères que nous pouvons vous montrer. Nous pouvons vous donner, aussi, le chiffre exact de véhicules qui sont rentrés et sortis.

    Alger reste une ville fortement quadrillée, même après les émeutes. À quoi répond cette préoccupation ?
     Il y a trois fois moins de policiers à Alger que dans des capitales arabes de même importance en matière de population. La capitale a besoin d'être sécurisée non seulement contre le terrorisme mais contre toutes les formes d'insécurité ou de criminalité dont les citoyens ne cessent de se plaindre.

    Pour quelles raisons, le chef de l’État ne s’est-il pas adressé au peuple lors des émeutes qui ont secoué le pays comme l’avait fait par exemple le président tunisien déchu trois fois en une dizaine de jours. Pourquoi avoir préféré déléguer trois de ses ministres ?
     Ce que je peux vous dire,
    c’est que le Président a donné des instructions et des orientations aux responsables en charge de ces
    problèmes.
    Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le ministre du Commerce. Donc sa position était connue. Il n’était pas absent.

    Quel est le degré de vérité dans les rumeurs qui le donnent malade, dans l’incapacité de finir son mandat ?
    Je vous confirme que Monsieur le président de la République suit la situation du pays et l'action du gouvernement au quotidien et qu'il fait part à tout moment de ses instructions, de ses observations ou de ses critiques.

    La menace d’attentats kamikazes pèse-t-elle toujours sur Alger ?
    C’est sûr que la menace est permanente. Nous découvrons dans de nombreuses casemates des bombes prêtes à l’emploi. C’est l’unique manière pour les terroristes de se manifester. C’est dans leur stratégie. Il n’y a plus d’accrochages, il n’y a que des attentats à la bombe, soit sur les chemins pistés, des routes nationales ou bien des attentats kamikazes dans les villes.

    Que vous inspirent les révélations de WikiLeaks sur l’Algérie ?
     D’après ce que j’ai lu, je n’ai pas vu personnellement qu’il ressortait des éléments négatifs sur l’Algérie.

    L’ambassade des États-Unis à Alger évoque un scrutin de 2009 parfaitement “chorégraphié”…
     Il y avait des observateurs de l’Union africaine, de la Ligue arabe, de l’OCI etc. qui étaient là. L’ambas-sadeur des États-Unis est dans son rôle de dire ce qu’il a dit. A-t-il apporté des preuves ?

    Où en est l’opération d’introduction de passeports et de cartes d’identité biomé-triques ?
    Le marché a été signé et visé par la commission nationale des marchés publics. Dans le contrat qui nous lie à cette entreprise, il était prévu un étalement des livraisons des équipements d’enrôlement de dossiers.
    Il y a 800 équipements. Nous allons recevoir dans moins d’un mois,
    200 appareils.
    Dès que ces appareils seront réceptionnés, puisque le personnel a été formé et les lieux indiqués, nous lancerons alors la production. Pour le moment, nous recueillons des dossiers avec toutes les conditionnalités exigibles pour un passeport biométrique, mais nous délivrons un passeport ordinaire.

    Le premier passeport biométrique, c’est pour quand ?
    Nous avons une soixantaine de machines, nous pouvons le faire tout de suite. Mais seulement nous attendons de pouvoir satisfaire un peu plus de monde.

    Certains voient dans le code communal des velléités de l’administration de mettre sous son contrôle les collectivités locales...
    J’ai travaillé avec la commission des affaires juridiques et administratives de l’APN et je n’ai pas senti un tel reproche. Au niveau du discours, tout le monde aime critiquer, mais je n’ai pas l’impression qu’au niveau de la commission juridique ni au niveau de la plénière que le projet du gouvernement sera remanié en profondeur. Il y a quelques amendements qui vont être apportés. Il y aura évidemment des gens qui seront contre car ils veulent que l’Assemblée soit un pôle de souveraineté intégrale. Cela n’existe nulle part au monde où les codes municipaux se ressemblent. Il y a des attributions qui sont conférées aux élus pour la gestion avec une très grande marge de liberté, d’initiative et de souveraineté. Mais il y a également dans notre pays, comme d’autres pays à caractère républicain, un État unitaire avec une législation et réglementation uniformes pour l’ensemble du pays.
    Il faut que l’État soit le régulateur, qu’il vérifie la conformité des actes de gestion des collectivités locales par rapport à ce qui existe. Nous n’allons rien imposer aux APC. De toute manière, une APC ne peut pas fonctionner sans l’appui et le concours de l’État. La commune, elle-même, est un démembrement de l’État. Il y a des missions de service public et des missions à caractère général qui sont confiées aux APC. Il faut que ces dernières fonctionnent de la même manière partout, dans le respect de la législation et de la réglementation qui est uniforme. Donc, dire que les chefs de daïra ou les walis vont prendre la place des présidents des APC, cela n’existe que dans l'imagination des gens. L’administration doit faire ce qui relève de son rôle d’administration. La collectivité fera ce que la loi qui sera adoptée par le Parlement lui dictera de faire.

    Sur quels projets se concentre actuellement votre département ?
    Nous envisageons une lutte contre la bureaucratie, une amélioration du service public et dans le cadre de la révision de la loi sur les associations, nous faisons un travail d'évaluation. Pour l’heure, le bilan n’est absolument pas positif, concernant le mouvement associatif. D’abord au regard de la loi elle-même. Certaines associations n’ont pas tenu d’assemblées générales réglementaires, n’ont pas établi de bilan moral et financier, leurs dirigeants ne sont pas élus dans les formes réglementaires. Nous sommes en train d’établir un fichier national de toutes ces associations. Dans un premier temps, nous établirons une liste d’associations les plus efficaces, efficientes, les plus orientées vers le soutien des populations. Il y aura un cahier des charges suivant lequel ces associations détermineront leurs activités.
    Les associations sont absolument nécessaires. C’est l’interface entre l’administration et la société. Dans son action propre qui vise la stabilité et l'ordre public, les libertés publiques, la gestion locale et le développement local, le ministère de l'Intérieur a ouvert des chantiers depuis plusieurs mois. La sécurité des citoyens, qui est la première des libertés, s'améliore par la prise de conscience des agents qui en ont la charge que leur mission première est de préserver la paix avec la rigueur nécessaire, mais aussi avec la retenue et le sang-froid qu'il faut en face des situations de tension. Sur un autre plan, le ministère de l'Intérieur est conscient qu'un nouvel effort doit être déployé pour faciliter l'accès des citoyens aux services publics et que pour les innombrables contentieux, une meilleure communication et une concertation plus grande sont indispensables à la résolution des problèmes. Des mesures sont prises et notifiées pour une application rigoureuse. Les aspirations de la jeunesse, l’avenir du pays seront examinés avec toute l'attention voulue, c'est la seule manière de rétablir la confiance en particulier avec les jeunes. Dans ce contexte, l'appui sur la société civile et les associations réellement représentatives est incontournable.