Ce n’est pas une question anodine. En 2012, ils sont nombreux à se demander pourquoi dans leur pays, tout un ministère est dédié aux anciens combattants de la Révolution. 50 ans sont passés après l’Indépendance, et cette institution continue à exister.
Les gouvernements changent, les ministres sautent, les Présidents de la République meurent, mais le ministère des Moudjahidine demeure toujours immuable. Mieux encore, il consomme des budgets immenses qui dépassent largement ceux des autres secteurs, pourtant névralgiques et important pour le développement du pays. Ainsi, au moment où les jeunes Algériens souffrent le martyr à cause du chômage et divers autres fléaux sociaux, l’Etat offre chaque année des milliards de dollars à ce département ministériel qui gère les «affaires du passé». Un simple décompte, basé sur les montants dévoilés par les successives lois de finances, nous apprend que les autorités ont accordé pas moins de 17 milliards de dollars entre 2005 et 2013 ! Ce budget est-t-il réellement justifié alors que l’on dénombre que 100.000 moudjahid affiliés à l’Organisation nationale des moudjahidine ?
Pour de nombreux algériens, il s’agit d’un véritable gâchis surtout lorsqu’on sait que le pays souffrent de plusieurs déficiences dans des secteurs clés comme ceux de la Santé, de l’Enseignement Supérieur et l’Emploi. Il est à signaler qu’en 2011, la loi de finances a accordé à ce ministère un budget de 169, 614 694 milliards de dinars, soit près de 1,6 milliard d’euros. Ce budget est nettement supérieur aux budgets de plusieurs secteurs stratégiques à l’image de l’Agriculture, l’emploi, l’industrie, la Justice et les Transports ! Pour l’année 2013, la loi de Finances, qui a été récemment adoptée au Parlement, va offrir 221 050 281 000 DA, à savoir près de 2 milliards d’euros, à ce département ministériel. Ce budget dépasse largement celui de l’Aménagement du territoire, Tourisme et Artisanat, Postes et TIC, Habitat et urbanisme, Pêche, Culture, Communication, Travaux publics et Industrie et promotion des investissements !
Mais à quoi servira tout cet argent ? D’abord à payer les pensions de tous les Moudjahidines, des pensions qui font presque deux fois le SNMG. Ensuite à couvrir les frais des multiples avantages dont jouissent les Moudjahidines. Des avantages qui ne cessent de se multiplier. Pour preuve, depuis le 15 mars dernier, les pouvoirs publics ont offert le remboursement à 100 % des frais médicaux des moudjahidine et des ayants droits, sans aucune exception. On le voit bien, les Moudjahidine profitent bien des richesses nationales. On ne peut en dire autant pour les autres catégories de la population algérienne. Et cinquantenaire de l’Indépendance ou pas, rien n’indique que ce traitement de faveur accordé par l’Algérie aux Moudjahidines disparaitra un jour. Tant pis alors pour cette jeunesse oubliée, délaissée, et abandonnée à son triste sort…