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  • diplomate de pacotille

    Missoum Sbih n’est plus ambassadeur à Paris : Un proche de Bouteflika écarté

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    En poste en France depuis 2005, ce fidèle parmi les fidèles du président de la République a été rappelé «définitivement» à Alger et devra être remplacé par Amar Bendjemaâ, jusqu’ici ambassadeur à Bruxelles.
     

    L’ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih, en poste depuis novembre 2005, a été limogé, avons-nous appris hier de source diplomatique à Alger.  «C’est un rappel définitif», confie notre source, précisant que son collègue en poste à Bruxelles, Amar Bendjemaâ, est bien placé pour lui succéder en tant que représentant de l’Algérie dans la capitale française. Le rappel de Missoum Sbih aurait pu être banalement perçu pour un vieil homme âgé de 77 ans qui plus est n’a pas particulièrement brillé par son activisme à Paris qui est historiquement la tour de contrôle de la diplomatie algérienne. Mais sa proximité politique et presque filiale avec le président de la République fait de lui un symbole du règne de Bouteflika. Et, forcément, son limogeage s’apparente à un totem qui tombe tout aussi symboliquement en même temps que son mentor – Bouteflika en rééducation aux Invalides –, pratiquement au crépuscule de son pouvoir. Il est en effet difficile de ne pas y voir une relation de cause à effet entre la maladie invalidante du président Bouteflika et le renvoi de son ami, Missoum Sbih.

    Le fait est que ce vieux routier de l’administration et de la diplomatie algériennes fut remis en selle par Bouteflika qui l’a nommé conseiller auprès de la présidence en 2000. Il lui confie aussi la très sensible mission de réformer les structures de l’Etat au terme de laquelle il a élaboré avec une brochette d’experts un rapport exhaustif. Bouteflika a rangé dans le tiroir le document, mais pas son ami à qui il offrit en guise de cadeau le poste diplomatique le plus couru à Alger : l’ambassade d’Algérie à Paris.

    A la rue d’Argentine, Missoum Sbih n’a pas bougé depuis son installation en novembre 2005. Il aura survécu à tous les mouvements diplomatiques qui interviennent au moins chaque quatre ans. Malgré son palmarès plutôt famélique pour un poste aussi sensible dans un pays où vivent quatre millions d’Algériens, Missoum Sbih est resté scotché à sa place contre vents et marées.
    Pour de nombreux observateurs, son maintien à Paris n’est pas dicté par des impératifs diplomatiques en ce sens que Sbih n’a pas vraiment fait sensation en l’occurrence. Il n’y qu’à se rappeler le tristement célèbre traitement subi par son collègue Rachid Hasseni (actuellement en poste en Colombie) qui a été coffré par la police française dans le cadre de l’enquête sur l’assassin du défunt Ali Mecili. Le désormais ex-ambassadeur d’Algérie en France avait aussi perdu la voix en pleine tempête contre l’Algérie lancée par certains milieux de droite ou de l’extrême droite françaises.


    Un symbole du règne de Bouteflika


    Le constat vaut aussi pour les milieux d’affaires qui pointent «l’immobilisme» de l’ambassadeur pour concrétiser des projets d’investissement en Algérie. D’aucuns au sein du landernau algérois pensent que Missoum Sbih était en préretraite (certes dorée) à Paris. Son profil allait comme un gant au président Bouteflika pour qui Paris vaut bien une exception compte tenu de la charge symbolique et du contentieux historique entre l’Algérie et la France. Fidèle parmi les fidèles du Président, Missoum Sbih se devait donc d’être digne de la mission qui lui a été assignée : rester calme. Il aura rempli son contrat jusqu’au bout des forces… du président Bouteflika. Pour diplomatique qu’il puisse paraître, son rappel n’en est pas moins un signe de fin de règne. Pour lui et très probablement pour celui qui l’a nommé. Il est significatif de noter que tout ambassadeur à Paris qu’il était, Missoum Sbih a été tenu loin du Val-de-Grâce puis des Invalides où se repose son ami Bouteflika. Même le Premier ministre Sellal et le chef d’état-major de l’armée Gaïd Salah n’ont pas jugé utile de l’associer ne serait-ce que comme figurant dans la mise en scène télévisée du chef de l’Etat.
    Politiquement, la fin de mission signifiée à M. Sbih signe peut-être le début d’un processus de démantèlement du «système» Bouteflika arc-bouté sur un réseau dense de responsables à tous les niveaux de l’Etat. Surtout que son remplaçant Amar Bendjemaâ présente un tout autre pedigree politique.             
     

    Hassan Moali
  • Des profs de français, pour quoi faire ?

     

    Par : Mustapha Hammouche

    “L’Algérie est le deuxième pays francophone”, nous rappelle la ministre française de la Francophonie. D’autres sources nous l’ont assuré, pour nous faire plaisir, à nous, Algériens chantres du retour à notre identité linguistique. Mais, pour une fois que nous sommes deuxième et, et non avant-dernier, d’un classement, et sans être des partisans patentés de la francophonie, nous sommes preneurs, n’est-ce pas ?
    Allez savoir comment nous avons fait pour qu’en un demi-siècle d’arabisation, d’algérianisation et de GULN, nous en sommes encore à être les seconds locuteurs de la langue de Molière… tout en manquant d’instituteurs de français !
    Et demandons à la France de nous assurer la formation d’enseignants dans la matière, à en croire toujours Benguigui qui a abordé la question avec notre nouveau ministre de l’Éducation. Mais elle en a tellement abordé, de questions, en quarante-huit heures, madame Benguigui !
    Mais bien malin qui nous dira de quoi manque l’École algérienne. Car bien malin qui nous dira quelle école le pouvoir a, un jour, voulue pour nos enfants. Depuis le scandaleux laboratoire de “l’école fondamentale” qui a donné les résultats que l’on sait et dont l’impact a fait effondrer l’université, puis les sphères économiques et culturelles, les programmes scolaires ne sont plus que le produit de dosages annuels de matières. Ces dosages “de rattrapage” sont le fruit de rapports de force idéologiques changeants : plus ou moins d’éducation religieuse, plus de français que d’anglais ou l’inverse, bilinguisme, trilinguisme…
    On appelle cette épicerie pédagogique, la réforme scolaire.
    Dès les premières années de l’Indépendance, la stratégie d’affaiblissement des esprits suspects d’être culturellement infertiles pour les germes de l’idéologie baâthiste commandait le pilonnage économique, médiatique, politique et policier des francophones, c’est-à-dire des Algériens qui ont étudié en Algérie, et non à Tunis ou au Caire. Le Parti arborait une politique d’arabisation à marche forcée, des structures de mise en œuvre budgétivores, un discours usant de l’amalgame français-colon-ennemi, un contrôle politico-policier qui traque les francophones désignés, par glissements sémantiques successifs, comme francophiles, puis pro-français, puis “ennemis de l’intérieur”… tout cela pour demander à une ministre de la Francophonie — d’origine algérienne ! — de faire apprendre le français à de futurs éducateurs d’enfants de l’Algérie “depuis déjà” indépendante, comme aurait dit Brel ?
    Que d’opportunismes politico-linguistiques ont prospéré sur de généreux budgets de structures “de généralisation de l’utilisation de la langue arabe”, dans les “sociétés nationales” et les administrations ! Que de promotions ont été obtenues sur la base du profil linguistique au détriment de l’exigence technique ou scientifique, pendant que le travail continuait à se faire en français dans les entreprises, les banques et dans bien des administrations !
    Aujourd’hui, que le débat idéologique est dépassé, que la régression en matière d’apprentissage des langues — et donc des sciences — est consommée, ce sont nos dirigeants qui sont dépassés : ils contemplent une école qu’ils ont réduite en ruine et ne savent pas quoi en faire.

  • Législatives 2012, entre statu quo et veille insurrectionnelle

     

    Par
     

     
    Le couple Bouteflika-généraux se sont entendus sur une mise en scène grandeur nature.

    Trois possibilités s’offrent à nous à l’occasion de ces législatives.

    La normalisation de la vie démocratique, et c’est le décollage à coup sûr du développement de la société ; rien ne change, et c’est le renforcement du statu quo et de l’immobilisme avec son lot de répression de toute opposition au système de pouvoir et d’exacerbation de la délinquance économique ; ou alors l’implosion des deux acteurs antagoniques, les forces armées hégémoniques et la société civile, rendu possible par une situation insurrectionnelle inévitable, dans un affrontement tragique réduisant à néant la paix civile.

    La question que tout un chacun se pose, "que peut-on espérer des législatives de 2012 ?" doit être posée d’évidence autrement, sous un angle biaisé, en prévision du constat de l’absence de volonté chez le pouvoir de procéder à une réelle normalisation de la vie politique, tellement la volonté de changement est quasi absente de toutes ses manifestations, qui écarte d’emblée la première possibilité. De la sorte à s’interroger plutôt sur la question suivante : sous quelle forme de reconfiguration de la façade "démocratique", le pouvoir central occulte, qui s’ingénie à instrumentaliser cette diversion électorale, à l’abri du regard des Algériennes et des Algériens, est en train de bricoler dans l’ombre, pour conserver son pouvoir et préserver ses intérêts ?  De façon à s’interroger plutôt, après ce constat sans appel de la volonté du pouvoir à maintenir le statu quo, sur les dérives que peut engendrer cette situation, sur le devenir immédiat de la nation. Quelles conséquences cette sournoise et dangereuse manipulation pourrait avoir sur l’avenir immédiat de la vie politique et sur la paix civile qu’elle menace, en prévision de la non-satisfaction des attentes de la population, qui se profile, en matière de liberté et de souveraineté et par son exaspération devant le mensonge et les manipulations dont elle fait l’objet depuis toujours ?

    Car, pour tout Algérienne et Algérien, censé, frustré d’être privé de sa citoyenneté, souffrant d’une névrose permanente d’être dominé par un pouvoir illégitime, insatisfait de son besoin d’information et de transparence sur son fonctionnement, à qui il n’accorde, ni sa confiance en son État, ni en ses institutions, impuissant devant la dilapidation de ses biens par un pouvoir centralisé et despotique, qui instrumentalise un gouvernement dit "démocratique", mais qui en vérité n’est qu’un leurre à son profit exercé dans l’opacité totale pour une domination absolue de la société, qui ne fait que prolonger indéfiniment le désespoir et l’incertitude pour son avenir, rien ne pourra venir apaiser sa colère et encore moins, lui faire croire à la sincérité de cette grotesque manipulation imposée par une conjoncture nationale, régionale et internationale très défavorable.

    D’autant, qu’il est évident pour tout observateur désintéressé, que la volonté de reconfiguration de ce simulacre de "démocratie" répond pertinemment à cette conjoncture défavorable à laquelle le pouvoir algérien est confronté, et que cela ne résulte d’aucune volonté politique déterminée.

    D’abord sur le plan national, les révoltes chroniques et généralisées à l’ensemble de la société algérienne depuis janvier 2011, dont le contenu principal des revendications qu’elles expriment est la contestation de l’illégitimité du pouvoir, par la demande de changement des règles politiques, pour l’instauration d’un véritable système démocratique, qui l’a contraint à introduire un leurre de processus de réforme. Ensuite, sur le plan régional, avec les révolutions arabes en cours et la disqualification du système de pouvoir centralisé et totalitaire, auquel le pouvoir algérien s’identifie lui-même, dont il s’est senti obligé d’apporter une réponse, par un ravalement de la façade démocratique, pour que celle-ci apparaisse à l’opinion nationale comme un rétablissement de la légitimité démocratique. Mais surtout la pression des puissances internationales, qui ne peuvent plus assumer l’image de complicité avec un pouvoir anachronique, avec les bouleversements géopolitiques qu’ont engendrés les révolutions arabes. Dont ils sont contraints, eux aussi, de rendre compte à l’opinion internationale et surtout à leur propre opinion nationale. D’où l’objectif principal visé par le pouvoir algérien à travers ces législatives, qui est l’amélioration de son image devant l’opinion nationale et internationale, par leur mise en scène spectaculaire.

    En principe, les législatives sont une opération électorale, qui caractérise les sociétés démocratiques, fondés sur le suffrage universel. Elles concernent les élections des députés qui vont former l’institution de l’assemblée nationale, qui auront pour mission de légiférer et de promulguer des lois. Ces députés peuvent aussi bien appartenir à des partis politiques constitués librement ou être indépendants, militants ou non dans des associations issues de la société civile. Parmi ceux qui auront le plus de voix à l’issue de ces élections et par compatibilité pour un projet politique commun, formeront le gouvernement. La transparence de ces élections est garantie par la loi et tout contrevenant est passible de sanctions pénales. En démocratie, les députés sont désignés librement par le peuple, pour leur probité et leur sens du patriotisme, qui est évalué en fonction de leurs projets pour le développement de la société dans tous ses aspects. Avant le déroulement de cette consultation populaire, ceux-ci seront amenés à faire compagne, c’est-à-dire, faire valoir leurs projets pour la circonscription qu’ils prétendent représenter, s’ils seraient élus, qui seront débattus avec les électeurs pour essayer de les convaincre de la justesse de leur choix, jusqu'à la veille de ces élections. Aidés en cela par l’administration publique pour leur faciliter cette tâche d’intérêt général. Notamment, en leur facilitant l’usage de l’espace public, l’accès aux médias, la garantie de l’application et du respect de la loi concernant les procédures administratives pour l’obtention des autorisations nécessaires, etc.

    À chaque "bataille" pour les législatives, les électeurs retiennent leur souffle avant l’annonce des résultats définitifs, car les candidats à la députation pour lesquels ils ont voté, leur ont tenu des promesses, qu’ils aimeraient bien les voir élus, pour que leurs attentes en matière de développement de la société et de la gouvernance en général soient comblées.

    Une fois élus, si les promesses électorales n’ont pas été tenues en cours du mandat, les électeurs déçus manifestent leur mécontentement et leur désapprobation et poussent les élus à la démission. Par ailleurs, pendant leur exercice, lorsque des élus ou des membres de l’administration publique manifestent des signes d’enrichissement rapide, sitôt une enquête est déclenchée par les instances compétentes et au moindre indice de culpabilité l’affaire est portée devant une justice indépendante pour son instruction, et sera systématiquement relayée par des médias libres pour l’information des électeurs. Pendant ce temps-là ! l’accusé est amené à démissionner de ses fonctions, malgré la présomption d’innocence qui continue à courir pendant l’instruction du procès, jusqu’à la décision souveraine et définitive de la justice.

    Qu’en est-il des législatives en Algérie ?

    Depuis la fin de l’occupation coloniale française en 1962, jusqu'à ce jour, le peuple algérien a été privé de tous ses droits politiques, sinon de tous ses droits tout court. Le pouvoir étant exercé d’une manière absolue, sous la forme d’une domination despotique, brutale et sanguinaire, par une petite bourgeoisie bureaucratico-militaire, qui ne tolérait aucune opposition à son hégémonie totalitaire. Suite, au bain de sang qui a suivi les révoltes d'octobre 1988, ils instrumentalisèrent une démocratie de façade, basée sur la falsification des élections et la répression de l’opposition et de la presse libre, qu’elle n’arrive pas à instrumentaliser. Cette démocratie de façade est représentée aujourd’hui par l’alliance présidentielle, composée du FLN, du RND, du MSP et d’une multitude d’autres formations politiques et syndicales de moindre importance, qui gravitent autour du centre du pouvoir et qu’ils imposèrent à l’opinion nationale et internationale comme une façade pluraliste, mais en réalité elle fonctionne comme un "néo-parti" unique. La supercherie de cette démocratie de façade fonctionnera avec tout ce que ce système politique pluraliste comporte comme institutions, dressées comme des épouvantails dans un champ politique où il est interdit de s’aventurer pour quiconque n’est pas intronisé par ce centre de pouvoir, qui est exercé en réalité dans l’ombre, dans une opacité totale. La règle d’intronisation consiste en l’acceptation du principe hétéronomique (wala’) définissant le support de clientèle qui commande l’allégeance.

    Devant la conjoncture défavorable, à laquelle le pouvoir algérien est confronté depuis le début de l’année 2011, qui menace son pouvoir et ses intérêts, il se lança dans une propagande insolite, qui a démarré avec le discours du chef de l’État en avril de la même année, par la promesse de réformes qui devraient aboutir à la normalisation de la vie politique. C’est-à-dire, le rétablissement de la légitimité politique par l’instauration d’une vraie  démocratie et la fin de son instrumentalisation, par le rétablissement de la souveraineté nationale en rétablissant le suffrage universel et la fin de sa falsification. Le rétablissement des libertés civiques et la lutte contre la corruption et toute autre forme de délinquance économique.

    Dans les faits, six mois plus tard, le peuple algérien, suivant le menteur jusqu’au seuil de sa porte, comme dit le dicton populaire, amèrement déçu, constate que cette promesse de normalisation n’est qu’une énième diversion, qui a débouché plutôt sur un renforcement de la centralisation du pouvoir, l’accentuation de son caractère autoritaire et totalitaire, et une neutralisation plus efficace encore de toute possibilité d’émergence d’un quelconque contre-pouvoir, que ce soit en matière d’opposition politique que de médias ou presse libre, et la corruption demeurant au même degré de nuisance.

    Cependant, une nouvelle donnée est venue s’ajouter à la panoplie des moyens de manipulation de l’opinion dont dispose le pouvoir à ce jour : la dimension spectaculaire, imposée par la conjoncture nationale et internationale.

    En fait, les législatives sont en train de se préparer sous forme de mise en scène, destinée à un spectacle grandeur nature, auquel les opinions nationale et internationale sont conviées. Observateurs et médias étrangers sont invités pour une retransmission planétaire. Non, sans que le pouvoir algérien ait au préalable orchestré toutes les partitions en sa faveur, lui garantissant le maintien de son hégémonie sur la société. Neutralisation de l’opposition politique et de la société civile, promotion de l’islam politique, sous contrôle, pour leurrer l’opinion aliénée dans cette idéologie, en lui faisant croire à une réelle victoire par son intégration dans le paysage politique maghrébin. Simulation de vrais-faux conflits politiques au sein de l’alliance présidentielle, pour faire croire en une véritable pré-campagne électorale, par la provocation de conflits de clans et de personnes au sein du parti FLN, par la démission spectaculaire et absurde du MSP de l’alliance présidentielle, après dix ans de complicité dans la gestion de la façade démocratique, tout en conservant ses ministres dans le gouvernement ! Habilitation de nouveaux partis politiques par leur filtrage d’une manière très rigoureuse, qui en réalité auront pour rôle l’atomisation du corps électoral et le renforcement du néo-parti représentant l’alliance présidentielle, de sorte que même s’il n’y a pas de falsification du comptage des urnes, c’est ce néo-parti qui aura la majorité des voies. Ce qui met le pouvoir en confiance en lançant le défi de la présence d’observateurs internationaux pour superviser ces législatives. Encore, qu’il n’est pas certain que l’on assiste à un taux de participation  au vote aussi spectaculaire que ne l’a été la préparation de ces législatives.

    On ne peut donc rien espérer des législatives de 2012 ?

    À leur issue, peut-être même avant ou pendant leur déroulement, le peuple algérien, se rendant à l’évidence que rien ne changera, que la reconfiguration du gouvernement continue à se décider dans des lieux occultes au profit d’une bourgeoisie bureaucratico-militaire hégémonique et que le suffrage universel, même s’il est d’apparence propre, ne change rien à sa situation, exacerbant sa frustration, n’aura d’autre possibilité de réaction que de précipiter la troisième possibilité, c’est-à-dire la prédisposition de la situation à l’ouverture de la voie à toutes les dérives possibles, et à toutes les incertitudes sur la paix civile, pouvant basculer à tout instant vers une situation insurrectionnelle très violente. Dont, la tragédie sera plus importante encore que celle de la décennie meurtrière et destructrice des années 1990. Qu’à ce jour, personne ne peut prévoir l’étendue. Tellement le pouvoir n’est pas disposé à céder à ses privilèges et le peuple se sentant abandonné à lui-même, y compris par les élites, les intellectuels et les médias.

    Youcef  Benzatat