Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pas de vote

  • Des confusions dans les textes de loi

    Affaire de l’inscription de militaires sur le fichier électoral:

    La polémique enclenchée suite à l’inscription sur le fichier électoral de 33 000 militaires dans la wilaya de Tindouf va crescendo.l

    La Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) dénonce, en effet, une atteinte à loi que le ministère de l’Intérieur récuse. Dans une déclaration, dimanche dernier, Mohamed Talbi, directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, explique que «les militaires ont le droit de voter, à l’image des citoyens algériens». «L’inscription de militaires, même après expiration de la révision du fichier électoral, est liée à leur mobilisation lors des campagnes de secours, en raison des intempéries enregistrées dans le nord du pays», affirmait-il dans une déclaration à l’ENTV. Une explication qui n’a pas convaincu les partis ayant soulevé cette affaire, en particulier le Parti des travailleurs et El Islah.

    Nous avons repris la lecture des dispositions de la loi électorale pour tenter de comprendre cette question. Le nouveau code électoral, promulgué le 12 janvier dernier, stipule dans son article 4 que «nul ne peut voter s’il n’est inscrit sur la liste électorale de la commune où se trouve son domicile au sens de l’article 36 du code civil». Dans l’article 8 du même texte, il est écrit que «nul ne peut être inscrit sur plusieurs listes électorales». Sur ce point, le ministère de l’Intérieur n’a pas précisé si les militaires en question ont été radiés des listes de leur commune d’origine ou pas.

    Selon le président de l’APW de Tindouf, rapporte notre confrère El Khabar, «les dossiers des 33 000 militaires ne comportent pas les attestations prouvant qu’ils ont été rayés des listes de leurs communes d’origine». Le ministère de l’Intérieur récuse ces accusations. Pour le département de M. Ould Kablia, l’article 10 du code électoral permet l’inscription de militaires dans les communes où ils sont en poste. Cet article indique que «les membres de l’Armée nationale populaire, de la Sûreté nationale, de la Protection civile, les fonctionnaires des Douanes nationales, des services pénitentiaires et de la garde communale qui ne remplissent pas les conditions fixées par l’article 4 ci-dessus peuvent demander leur inscription sur la liste électorale dans l’une des communes prévues à l’article 9 de la présente loi organique».

    En revanche, cette disposition prête à confusion. Cet article 9 stipule que «nonobstant les dispositions des articles 4 et 8 de la présente loi organique, les citoyens algériens établis à l’étranger et immatriculés auprès des représentations diplomatiques et consulaires algériennes peuvent demander leur inscription : sur la liste électorale de l’une des communes suivantes, en ce qui concerne les élections des assemblées populaires communales et des assemblées populaires de wilayas : commune de naissance de l’intéressé, commune du dernier domicile de l’intéressé, commune de naissance d’un des ascendants de l’intéressé».

    Une caserne est-elle considérée comme un lieu de travail ou comme «le dernier domicile du militaire» ? Le ministère de l’Intérieur devra apporter des explications supplémentaires. Il est à souligner que les partis politiques et même les citoyens peuvent accéder au fichier électoral. L’article 18 stipule que «tout électeur peut prendre connaissance de la liste électorale le concernant. Peuvent, en outre, prendre connaissance de la liste électorale communale et en obtenir copie les représentants dûment mandatés des partis politiques participant aux élections et des candidats indépendants».
     

    Mehdi Bsikri
  • LE DRS ne veut pas de changementà ENTV,alors pas de vote.

    La création de chaînes généralistes exclue

    Audiovisuel : rien ne changera !


    zoom
    Audiovisuel : rien ne changera !

     


    Quand, en avril 2011, dans le feu du Printemps arabe, le président Bouteflika annonça, dans son discours à la nation, l’ouverture de l’audiovisuel au privé, les Algériens se mirent alors à rêver. A rêver de pouvoir enfin zapper localement sur une autre chaîne de télévision que «Al Yatima» (l’unique) ou encore la «zéro» et ses clones terrestres et satellitaires.


    Bien qu’on ne puisse soupçonner Abdelaziz Bouteflika d’être fan d’une télé libre, lui qui a dit être le rédacteur en chef de l’APS, l’annonce a quand même emballé tout le monde. Certains n’ont pas hésité à faire connaître leur volonté de mener cette aventure cathodique, comme ce fut le cas pour la presse écrite sous Mouloud Hamrouche. Mais, passée la peur panique d’une contagion révolutionnaire, le régime semble revenu aux normes «maison».

    Le ministre de la Communication, dont le discours évolue en fonction du contexte, a, cette fois, dit tout bas ce que le régime pense tout haut : les télés privées en Algérie, ce sera pas demain la veille… !  
    Ayant sans doute constaté que les Algériens se sont «calmés», Bouteflika a revu substantiellement à la baisse les maigres acquis algériens des révoltes de leurs voisins. «Nous commençons d’abord avec les chaînes thématiques. C’est écrit dans la loi organique. Après, il y aura peut-être une évolution de la législation et, en fonction de cela, la future loi sur l’audiovisuel fixera ce qui sera autorisé», a déclaré Nacer Mehal dans un entretien à nos confrères de TSA. C’est là un très mauvais signal émis depuis la Présidence et diffusé par le ministre de la Communication.


    Ouverture en clair-obscur


    En clair, le pouvoir n’a strictement rien lâché pour l’instant et les Algériens vont se contenter encore du «libre» débat sur l’ENTV que le ministre lui-même trouve médiocre. En décodé, le président Bouteflika et son gouvernement suggèrent que les promesses, fussent-elles solennelles, n’engagent que ceux qui les croient. L’ouverture de l’audiovisuel au privé, qui constitue un indicateur fiable du sérieux des réformes démocratiques d’un pays, vient d’être remise entre «guillemets». «Il y aura des débats et des amendements. Je ne peux préjuger. Peut-être verra-t-on un consensus autour d’une alliance entre le public et le privé.» Voilà le type d’ouverture en clair-obscur que nous propose ce ministre, qui se vante d’être un «combattant» de la liberté d’expression. 

    Comme pour mettre un gros bémol sur cette ouverture arlésienne, le ministre nous conseille de ne pas trop nous accrocher aux télés libres. «L’audiovisuel est un sujet extrêmement délicat et sensible. Ce n’est pas comme la presse écrite. C’est pour cela qu’il faut prendre ce qui est bon dans les expériences menées ailleurs pour l’adapter chez nous.» Explication : une télé libre est extrêmement dangereuse pour la pérennité de notre régime, qui sera contraint de laisser les Algériens le critiquer et évoquer ses sous et ses dessous devant le peuple.


    Message crypté


    Il est alors aisé de comprendre que la promesse du Président n’était qu’un écran de fumée… Un peu comme toutes ces lois cosmétiques que le régime a emballées dans le carton «réformes politiques» pour tenter de les «vendre» à l’étranger. Preuve, si besoin est, que le régime n’est pas disposé à ouvrir sa «boîte noire», le ministre de la Communication, qui s’acharne sur la presse écrite, affirme que même pour les chaînes mixtes public/privé, le gouvernement va «consulter l’ensemble des dispositifs de lois avec des équipes de juristes algériens».
    Il ne restera après à la future autorité de régulation de l’audiovisuel, dont la moitié des membres sera nommé par «Son Excellence», que de coudre un cahier des charges, le plus décourageant possible, pour mieux cadenasser ces hypothétiques chaînes de télévision hybrides.

    C’est dire, tout compte fait, que l’ouverture de l’audiovisuel au privé en Algérie s’annonce en mode crypté.
    La teneur des réformes politiques adoptées a déjà donné un avant-goût de ce que sera la fin du monopole de la télévision dans la tête de ceux qui nous gouvernent.
    On sait désormais qu’il s’agira, tout au plus, d’une division cellulaire de l’Unique pour en faire des petites, aussi médiocres les unes que les autres. Les Algériens vont tout de même pouvoir zapper d’une chaîne animale à une chaîne de musique en passant par celle de la cuisine gastronomique et politique algérienne.

    C’est peut-être cela, l’ouverture de l’audiovisuel dans l’esprit du régime. C’est du moins ce que suggère Nacer Mehal.
    Au final, cette velléité du gouvernement d’autoriser la création de télévisions privées n’est rien d’autre qu’un mauvais scénario dont le metteur en scène est visiblement  mal inspiré. En langage cinéma : coupez !...

    Hassan Moali
  • Profusion de partis politiques : Quel ancrage dans la société ?

     

    El Watan,

    Le paysage politique national vient d’enregistrer l’entrée en scène de huit nouveaux partis fraîchement agréés. A seulement deux mois du rendez-vous électoral. Et le ministère de l’Intérieur promet de statuer sur d’autres partis en attente d’agrément.

     

    Mais globalement, bien malin celui qui pourrait déterminer le nombre de partis que compte la scène politique nationale. Dans la foulée, il y a lieu de souligner qu’à seulement quelques semaines de l’entrée dans l’arène des partis, l’on soit dans la totale ignorance des formations qui devraient en être. La conduite de ce dossier, entre les mains de l’administration, requiert moult commentaires.

    Il importe de signaler que la multiplication des sigles n’est pas forcément synonyme de démocratie. D’aucuns se demandent si l’addition de nouveaux partis aux formations déjà existantes serait susceptible de charrier une espèce de valeur ajoutée démocratique. Est-il possible d’établir l’ancrage de tous ces partis qui ont la prétention de représenter un courant ou un autre ?

     

    Le moins qu’on puisse dire est que l’opinion commune admet que les élections précédentes ont toutes, sinon presque toutes, été truquées alors il conviendrait d’admettre qu’il n’y a à ce jour aucun repère qui puisse permettre de mesurer le poids de chacun. Et comme il devenu coutumier de constater qu’à l’approche des consultations électorales, des partis sortent de nulle part pour se lancer dans la course. Mais force est de relever que les avis divergent. Et c’est peut-être tant mieux ! «Ce sont des créations de laboratoire pour atomiser le champ politique. Ils n’expriment ni des programmes ni des trajectoires de lutte sociale, au mieux c’est pour assouvir des ambitions personnelles», juge l’universitaire Ammar Belhimeur.

     

    Ce n’est pas l’avis de ces nouveaux acteurs dont la plupart sont issus des formations politiques classiques. Ils estiment démocratique de fonder de nouveaux partis dès lors que «l’électorat n’est pas resté figé dans sa configuration d’il y a quinze ans».

    Mohamed Saïd du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) soutient l’option de l’ouverture tous azimuts du champ politique. «C’est une nécessité démocratique qui répond à un besoin et à une soif de liberté. L’éclosion de partis politiques permettrait aux Algériens, privés de leur droit durant de longues années, de participer librement à l’exercice démocratique. Il faut tenir compte du vent qui a soufflé sur le Monde arabe et ne va pas nous épargner. Il devrait y avoir une recomposition politique qui permettrait à l’ensemble des citoyens de participer à la vie politique nationale», justifie le patron du PLJ.

    Le RND du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, applaudit l’agrément de nouvelles formations : «C’est un renforcement du processus démocratique et un enrichissement de l’espace politique. Nous espérons qu’elles apporteront un plus», a déclaré Miloud Chorfi, porte-voix du RND.

    Trop de partis, moins de démocratie

    De l’avis du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) c’est tout le contraire. Le parti de Saïd Sadi brocarde une ouverture qui cache en réalité «un re-verrouillage» de la vie politique. Il voit, dans l’arrivée de nouvelles formations politiques, «une multiplication de sigles pour caser les clientèles du régime. Une bonne partie de ces nouveaux chefs doivent répondre de leurs actes devant la justice. Ce sont des délinquants», lâche non sans virulence le porte-parole du RCD, Mohcen Belabes. Pour lui, s’il s’agissait d’une réelle volonté politique d’ouverture, «pourquoi refuse-t-on d’agréer le Front démocratique (FD) de Sid Ahmed Ghozali, dont le parti existe depuis plus d’une décennie ?».

    «Nous devons laisser la liberté totale aux Algériens de créer des partis, des associations. C’est aux Algériens de décider qui les représentera, pas au ministre de l’Intérieur», tacle Amara Benyounes, transfuge du RCD, dont le le nouveau parti, le Mouvement populaire algérien (MPA), vient d’être agréé.

     

    Après une fermeture tous azimuts, le pouvoir ouvre brusquement l’écluse. A quel dessein ? «Tel que cela se passe, cela relève du folklore, du cabotinage. On ferme les vannes pendant dix ans au mépris de la loi et on les ouvre subitement, à quelques mois des élections. Quel est le message qu’on envoie ? Rien d’autre qu’un remake du carnaval fi dechra... Il n’y avait aucune justification légale à l’interdiction des partis, mais la gestion du pouvoir qui passe allègrement d’un non-respect de la loi à une inondation de sigles peut difficilement être vue comme étant animée d’un souci de démocratie. C’est quoi pour des électeurs 20 partis qu’on lâche comme on libère l’excès d’eau des barrages ? Une blague... La politique, c’est plus sérieux», analyse un fin observateur.

     

    Par ailleurs, la multiplication de partis va-t-elle bousculer le paysage pour une nouvelle reconfiguration ou plutôt ces nouveaux-anciens acteurs sont-ils pour autant partisans d’un ordre politique établi depuis l’ouverture politique de 1989 ? Pas si sûr, répond le sociologue Nacer Djabi, qui observe l’évolution de la classe politique. «Reconnaître de nouveaux partis est une bonne chose en soi, mais reste la question centrale qui est celle de leur efficacité et de leur représentativité. A part un ou deux, la plupart de ces nouveaux partis ne sont pas l’aboutissement de luttes sociales et politiques. Ce sont tous le produit de dissidences et de scissions avec les formations traditionnelles, dues à des divergences non pas doctrinales mais plutôt de querelles de personnes et de luttes d’appareil. Donc, ils ne seront pas porteurs de projets et de discours nouveaux. Ils vont capter les déçus des autres partis, ce qui pourrait les affaiblir sans pour autant aller jusque à une reconfiguration profonde du paysage politique», constate M. Djabi. En somme, une «explosion» de partis.

     

    Hacen Ouali

  • la peur de l’abstention

    L’enjeu de la participation au cœur du discours de Bouteflika :

     

    El Watan, 

    Le chef de l’Etat a sonné le clairon jeudi en vue d’une forte mobilisation des électeurs aux législatives du 10 mai prochain, qu’il qualifie d’élections pas comme les précédentes. Un scrutin que Bouteflika n’a pas manqué de comparer au «déclenchement de la Révolution de Novembre 1954» en raison des enjeux qu’il comporte dans un contexte international particulièrement sensible généré par la chute des dictatures dans le Monde arabe sous les yeux grand ouverts des Occidentaux.

     

    La réussite des élections législatives prochaines semble être la préoccupation majeure des dirigeants algériens, à leur tête le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui s’est exprimé jeudi à Arzew (salle omnisports) devant un parterre de travailleurs et de syndicalistes UGTA d’Oran. Cette fois, il n’était pas venu répondre aux préoccupations sociales de cette frange de la société, mais pour prononcer un discours de circonstance, fortement orienté vers la nécessité de participer au scrutin du 10 mai prochain. La réussite des élections législatives prochaines semble être la préoccupation majeure des dirigeants algériens, à leur tête le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui s’est exprimé jeudi à Arzew (salle omnisports) devant un parterre de travailleurs et de syndicalistes UGTA d’Oran. Cette fois, il n’était pas venu répondre aux préoccupations sociales de cette frange de la société, mais pour prononcer un discours de circonstance, orienté fortement vers la nécessité de participer au scrutin du 10 mai prochain.

     

    Les forts taux d’abstention enregistrés lors des derniers rendez-vous électoraux conjugués aux bouleversements que connaissent les pays d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient semblent dicter la démarche des hauts responsables, à l’instar du premier responsable du RND (et également Premier ministre) Ahmed Ouyahia à faire campagne pour une participation massive des électeurs. Le président de la République va plus loin que son Premier ministre, qui a qualifié de «vital pour la nation» le rendez-vous du 10 mai en le comparant, lui, au «déclenchement de la Révolution de Novembre 1954».

     

    Les dates symboles sont mises à profit et, alors que le secrétaire général du RND s’est exprimé à Oran lors de la Journée nationale du chahid, le 18 février, le chef de l’Etat a prononcé son discours la veille de la célébration du double anniversaire de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures. «Un parti, c’est un programme mais aussi des hommes. Si vous estimez que les candidats présentés par celui que vous préférez ne correspondent pas à vos aspirations, n’hésitez pas à aller chercher ailleurs ceux qui répondent le mieux à vos aspirations», a conseillé le président Bouteflika, sans doute pour donner une alternative aux abstentionnistes qui désapprouvent la composante des listes de candidatures élaborées selon des critères pas toujours convaincants.

     

    La dégradation, aux yeux de l’opinion, de l’image du député, souvent associée à la recherche d’une aisance financière – une idée justifiée par la concurrence pas toujours saine qui caractérise la course aux candidatures – contribue à la tentation de l’abstention. Aujourd’hui, le Président veut un autre genre de députés, plus compétents, plus intègres, pour une meilleure crédibilité. Aux voix qui n’ont pas cessé de s’élever du public pour glorifier sa personne et lui souhaiter un quatrième mandat, il répond : «Seul Dieu est éternel» et encore : «Si j’ai pris le temps de vous écouter, alors vous aussi écoutez-moi.» Il était, certes, ravi de recevoir tant d’éloges, mais la question n’étant pas à l’ordre du jour, il était surtout soucieux de faire passer son message, celui de l’importance de réussir le scrutin législatif.

     

    Il considère celui-ci comme «un pas décisif pour l’accomplissement des réformes politiques avec, à terme, la révision constitutionnelle qui sera en adéquation avec l’évolution de la société algérienne et les changements qui s’opèrent à l’échelle internationale». Mieux encore, le président Bouteflika pense que cette date du 10 mai va faire passer l’Algérie d’une ère à une autre avec comme promesse le respect des choix des électeurs, en insistant sur la stricte neutralité de l’administration et la transparence du vote. Comme garanties supplémentaires au dispositif juridique préconisé et à la nécessité de son application par les commis de l’Etat, il cite la large présence d’observateurs étrangers et une plus ample couverture médiatique nationale et internationale qui aura à travailler librement.

     

    La crédibilité des prochaines législatives revêt une importance capitale et le président de la République souhaite que le peuple algérien lance un message fort au monde, qui suite de près l’évolution de la situation. «Nous vivons, lance-t-il, une époque extrêmement difficile à laquelle il faut nous adapter à défaut de quoi, elle risque de nous avaler.» Une déclaration qui précède son appel à un changement qualitatif dans les mentalités et les comportements de laisser-aller, un message adressé à la salle mais qui englobe sans doute aussi ses propres partisans.

    7 milliards de dinars réservés à l’opération de vote

     

    Selon Daho Ould Kablia, 7 milliards de dinars est le budget réservé au scrutin législatif prochain. Le ministre a fait une brève déclaration, jeudi, en marge de la visite à Oran du président de la République. A propos des nouveaux partis, il a estimé que l’étude des dossiers qui suit la tenue des congrès constitutifs ne dépassera pas une semaine, un délai suffisant pour permettre à de nouveaux partis de participer aux élections. 5 partis sont déjà agréés en attendant l’étude d’autres dossiers (7 ou 8). Pour lui, il est peu probable que son administration refuse l’agrément aux formations qui y postulent.

     

    Djamel Benachour

    Une Constituante ou le mélange des genres ?

     

    La prochaine Assemblée populaire nationale a une mission sacrée. Elle aura à se prononcer sur un projet des plus importants : la révision de la Constitution, la loi fondamentale du pays.

     

    On peut donc qualifier cette Assemblée de constituante.» C’est le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui l’a déclaré, mercredi dernier, en marge de l’installation de la Commission nationale de surveillance des élections. Pour booster le taux de participation, qui constitue visiblement le grand souci pour le gouvernement, M. Ould Kablia veut mettre en avant l’important rôle que devrait jouer le prochain Parlement. On se doutait que ce responsable pouvait aller aussi loin dans le mélange des genres. C’est-à-dire jusqu’à qualifier exagérément la future Assemblée de constituante.

     

    Une Constituante, faut-il le préciser, est une institution collégiale qui a pour tâche la rédaction ou l’adoption d’une Constitution, c’est-à-dire le texte fondamental qui organise les pouvoirs publics d’un pays. Cela peut être une Constitution entièrement nouvelle ou une modification importante. Est-ce de cela que le ministre de l’Intérieur veut parler ? Jusqu’à présent, aucun responsable, dont l’initiateur de la révision constitutionnelle lui-même, à savoir le président Abdelaziz Bouteflika, n’a encore décliné la teneur de la réforme en question. Qu’il s’agisse d’une simple modification de la Loi fondamentale ou d’une réforme de fond, il y a un black-out total sur les intentions du pouvoir. Dans un pays où il y a absence de débat, la question reste posée. Mais lorsqu’on sait la tournure prise par la révision des lois sur les partis, sur l’information et sur la loi électorale, on peut deviner la suite… !

     

    Seulement, le cauchemar de l’abstention qui hante les esprits pousse certains responsables à faire des déclarations plus ou moins cocasses. Dans la quête d’un fort taux de participation qui fait tant peur, ce n’est pas le détail et la précision, voire même le bon sens, qui sont recherchés. En réalité, on ne voit pas tellement ce que compte apporter le chef de l’Etat comme changements à une Constitution qu’il a déjà triturée, piétinant le principe de l’alternance pour briguer un troisième mandat. La majorité des partis, organisations et personnalités politiques du pays reçus l’été dernier par la commission présidée par Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, réclament un retour à l’ancienne formule, c’est-à-dire à la limitation des mandats, à un renouvelable une seule fois. Leur appel sera-t-il entendu ? Personne encore ne le sait. Jusqu’où le chef de l’Etat est-il prêt à aller ?

     

    Dans son discours prononcé jeudi à Arzew, il a affirmé que les élections législatives du 10 mai prochain sont «tout aussi importantes que Novembre 1954». Pour oser un tel parallèle, le locataire du palais d’El Mouradia, veut frapper surtout les esprits. Il fait d’abord croire que le prochain Parlement sera chargé d’une importante tâche, celle de réviser la Constitution, et agite notamment la peur de l’intervention étrangère pour convaincre ses compatriotes à se rendre aux urnes le 10 mai prochain. Le chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur semblent avoir bien accordé leurs violons pour mettre en avant l’importance de la prochaine échéance électorale dans un seul objectif : un taux de participation appréciable pour se donner une légitimité !

    Said Rabia

    Réactions de partis politiques : déception, satisfaction et indifférence

     

    Le discours prononcé par le président de la République, jeudi à Arzew (Oran), à l’occasion du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a été perçu comme un «non-événement» par certains et comme «un discours positif» par d’autres, notamment chez la classe politique.

     

    Ainsi, dans la wilaya de Tizi Ouzou, le RCD estime que Bouteflika «est finissant et ne peut pas réveiller les vivants d’autant plus que son discours est plein de contradictions surtout quand il essaye de mettre en avant les méthodes des années 1970 alors qu’il a oublié qu’on est en 2012», commente Bousaâd Boudiaf, député de la formation de Saïd Sadi, qui ajoute : «Il faut savoir que les générations actuelles se rappellent à peine de leur passé même s’il n’est pas falsifié. Le 1er Novembre dans sa déclaration comme celle du Congrès de la Soummam ne sont pas à comparer avec des pseudo-élections qui ne serviraient qu’un clan, le clan de la clientèle. Le conseil national de notre parti a mis au clair les élections législatives. Et ce n’est pas le discours du Président qui y changera quelque chose.»

     

    Le MSP, pour sa part, voit les choses autrement. Il est certes favorable au discours du chef de l’Etat, mais il reste toutefois sceptique sur certains points. D’ailleurs, à ce propos, Adel Belhoul, chargé de communication du bureau du MSP à Tizi Ouzou, dira : «Nous avons certes relevé des points positifs de ce qu’a déclaré le président de la République à Oran, mais il y a certains choses qui ne concordent pas avec les thèses du parti.» Et de préciser que le parti de Bouguerra Soltani a eu des assurances, à travers le discours de Bouteflika, au sujet des prochaines élections législatives. M. Belhoul a aussi souligné que «le Premier ministre doit être un technocrate mais pas un chef de parti qui va préparer le scrutin de mai prochain».

     

    Selon lui, l’Algérie doit avoir un système parlementaire à l’image des autres pays. «Effectivement, le scrutin de mai prochain est un virage historique. C’est un rendez-vous déterminant où l’erreur est impardonnable», a-t-il soutenu. Pour le responsable de communication du MSP à Tizi Ouzou, «l’Algérie n’est pas en reste de ce qui se passe dans les pays arabes et particulièrement dans le Maghreb. L’Algérie doit donc assurer un scrutin transparent pour renforcer les libertés et bannir les habitudes du passé. En somme, à travers le discours de Bouteflika, on sent qu’il y a une volonté surtout d’éviter la fraude.»

     

    Même sentiment chez le FLN. «Le président à appelé un vote massif car c’est une manière de dire que l’avenir du pays est entre les mains du peuple», a souligné Saïd Lakhdari, député de la formation de Abdelaziz Belkhadem, qui ajoute : «Il a même exigé la neutralité totale de l’administration et il a levé toute équivoque pour ceux qui doutent encore des reformes. Il a même demandé aux partis politiques de choisir des candidats crédibles, comme il a également insisté pour que le scrutin prochain se déroule dans la transparence et la sérénité. Il a comparé les élections de 10 mai prochain au 1er Novembre 1954 parce qu’il pense à la création d’une deuxième République. En un mot, le discours de Boutelika est rassuran», relève le mouhafadh du FLN à Tizi Ouzou.

     

    Pour le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) de Mohamed Saïd, «il ne suffit pas de faire des discours et des promesses pour garantir la réussite du scrutions de mai prochain, d’autant plus que les anciens et les nouveaux partis vont aborder les élections à chances égales». «Comparer le scrutin du 10 mai 2012 au 1er Novembre 1954, c’est un peu trop pour au moins une raison. Le 1er Novembre, c’est l’aboutissement de presque un siècle et demi de lutte pour l’indépendance. Or, les législatives de mai interviennent dans une situation politique d’urgence», souligne Amar Ingrachene, représentant de la wilaya de Tizi Ouzou au conseil national du PLJ, qui poursuit : «Effectivement, des pressions extérieures s’exercent sur l’Algérie mais ce n’est pas une élection qui pourrait déjouer d’éventuels complots ou pressions étrangères. Nous attendons que le terrain nous démontre la volonté du Président.»

     

    Par ailleurs, il est à remarquer l’indifférence du citoyen au discours du chef de l’Etat à Oran. «Sincèrement, on ne savait même qu’il allait faire un discours», disent deux jeunes que nous avons interrogés, hier à Tizi Ouzou. «Je pense que cette fois-ci, il n’a encore rien dit sur ce qui s’est passé dans la région suite à la tempête de neige qui fait subir aux citoyens des moments pénibles. Des communes ont été sinistrées et il n’en a même pas soufflé un mot», ont-ils ajouté. Un père de famille enchaîne : «C’est la déception totale. D’ailleurs, j’ai décidé de ne plus écouter les déclarations du Président car il ne dit rien sur les souffrances du peuple.»

    Hafid Azzouzi